Le blog de Nicolas de Rouyn

Bonjour.
Ceci est un blog dédié au vin et au monde du vin, qu'on appelle aussi le mondovino. Et à tout ce qui entoure le vin, les belles tables,
les beaux voyages, les tapes dans le dos et les oreilles tirées.
Cela posé, ce qu'on y lit est toujours de-bon-goût-jamais-vulgaire,
ce qui peut plaire à votre mère. Dites-le lui.
(Only dead fish swims in ze stream).
Les photos sont signées Mathieu Garçon, sauf mention. Pour qu'elles soient belles en grand, il suffit de cliquer dessus.
Au fait, il paraît que "l'abus d'alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération".
Nicolas de Rouyn



samedi 17 novembre 2012

L’avantage de la Paulée de Bizeul

Dans le rafraîchissoir, des muscats de chez Bizeul assez extraordinaires,
mais pas dispo à la vente ou pas encore


Il y a un gros malentendu.
En tant qu’amateur, je suis confronté quotidiennement à de jeunes vins. Dans les restaurants, d’abord. Les restaurateurs, basiques comme ils sont, se jettent sur les millésimes médiatiques pour complaire à une clientèle de jobards que je n’inviterai pas à dîner chez moi. Au lieu de servir des millésimes souples et moins chers qui auraient autrement d’allure quand on les boit jeunes et qui, mais c’est pas sûr, allègeraient un peu la case « boissons » (ah, ah) des additions.
En tant que pro, puisqu’il est admis qu’on déguste les vins jeunes pour s’en faire l’écho au moment où ils sont commercialisés. Exercice avec lequel j’ai de plus en plus de mal, à mesure que ma toute petite expertise s’affirme. D’où le plaisir intense des belles verticales qui tapent dans l’historique, comme au Davos du vin, la semaine dernière à la Villa d’Este.
Je sors de la Paulée du Clos des fées au restaurant Macéo, à Paris.
Hervé Bizeul recevait ses clients pour leur faire déguster sa production. Les vins du jour, bien sûr, ainsi va le commerce, mais pas que. Il y avait aussi des millésimes plus anciens. On ne remonte pas au XIXe siècle, Hervé est un jeune homme et son domaine, une création récente. Mais enfin, il y avait le clos-des-fées 07, 06, 05 et 03 et la petite-sibérie 09 et 01.




D’abord, ce micro-événement a été un succès. Une gentille foule se pressait à la dégustation à l’étage avant de se retrouver au rez-de-chaussée pour s’asseoir autour de tables d’hôtes, tous ensemble dans un shuffle parfait, tout le monde parlait avec tout le monde, Hervé ravi, il a le goût du convivial. Au passage, j’ai fait l’emplette de quelques cols du « faune sous l’olivier joue du fifre en se grattant la tête » ou quelque chose comme ça, ce genre de nom très « sud ». Une absolue merveille de vin rouge que j’attendrai le temps qu’il faudra, une bouteille tous les deux ans pour estimer l’état de l’art.

La démonstration est là, une fois de plus. Un vin avec dix ans dans la bouteille, c’est mieux que le même au bout de deux, trois ans. Bizeul me disait que ses vins étaient considérés comme des vins à boire jeunes (parce que jeune domaine, jeune vigneron, appellation sans image, etc.) par le commerce, les restos, le public, ce qui le fatigue beaucoup, ce que je comprends. Un grand vin se reconnaît à son aptitude au vieillissement. Le Clos des fées produit de grands vins. Un clos-des-fées 03 est une belle démo de cette idée-là.
Arrêtons de boire les vins trop jeunes, ayons des caves, sachons oublier la caisse pendant cinq, sept, dix ans. Ici ou là, à la campagne chez des amis bienveillants, une grand-mère opportune ; dans un espace partagé et adéquat, il y en a plein Paris. Délectons-nous le moment venu des arômes et des saveurs entremêlés, ce qu’on appelle la complexité, dans la force de leur bel âge. Je ne vais pas pousser la comparaison, mais c’est évident. Et ne perdons pas de vue cette volupté de l’attente, même longue, même très longue, qui produit des plaisirs d’un raffinement intense.
Si, j’te jure.
Cessons de piaffer et prenons tout notre temps. C’est une des qualités de la civilisation dans laquelle nous avons la chance de propulser nos exigences.

6 commentaires:

  1. Hervé et Claudine, en plus d'etres des gens geniaux et agreables a frequenter, font des vins incroyables et forts en identité, dommage que les gens snobe ce travail de titan.
    bravo pour ton achat Nicolas, je me souviens plus du nom de cette cuvee mais par contre oui de l'impact agreable qu'il ma laissé en le degustant.

    Fredi

    ps: salutations a toi et a madame de Rouyn, ca m'a fait super plaisir de te revoir et vous me manquez vachement.

    RépondreSupprimer
  2. Des muscats en secs ou en liquoreux???

    RépondreSupprimer
  3. ce WE L'Angelus 1988 somptueux, accompli, avec de beaux tanins,parfumé sans être trop riche, bref un excellent compagnon d'un confit de canard aux pommes sarladaises
    eh oui attendre ces grands vins me semble le minimum de respect qu'on leur doit(mais il faut plein, plein d'autres choses pour les attendre...)
    amitiés
    Bertrand

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Par exemple, les vins du millésime d'avant arrivé à maturité. C'est le principe justificateur de l'entretien d'une cave

      Supprimer
    2. Et pour attendre les grands millésimes, il y a les petits millésimes qui le suivent immédiatement.

      Supprimer