Le blog de Nicolas de Rouyn

Bonjour.
Ceci est un blog dédié au vin et au monde du vin, qu'on appelle aussi le mondovino. Et à tout ce qui entoure le vin, les belles tables,
les beaux voyages, les tapes dans le dos et les oreilles tirées.
Cela posé, ce qu'on y lit est toujours de-bon-goût-jamais-vulgaire,
ce qui peut plaire à votre mère. Dites-le lui.
(Only dead fish swims in ze stream).
Les photos sont signées Mathieu Garçon, sauf mention. Pour qu'elles soient belles en grand, il suffit de cliquer dessus.
Au fait, il paraît que "l'abus d'alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération".
Nicolas de Rouyn



mardi 26 décembre 2023

Mouton-rothschild 2021,
l'étiquette vient de sortir, elle est belle

 


 

Voilà l’étiquette de mouton-rothschild 2021. Comme chaque année, un artiste est chargé de l’illustration qui vient se poser sur la partie haute. Du grand art depuis bientôt quatre-vingt millésimes. Unique au monde. C'est Philippe de Rothschild qui avait lancé cette idée en 1945, au sortir de la guerre. Et ce millésime 1945 portait un V pour victoire, mis en scène par Philippe Jullian.
Pour prix de son travail, chaque artiste reçoit quelques caisses du mouton de “son” millésime.
2021 est la création la plus récente pour ce vin qui va sortir ces temps prochains.
L’artiste japonaise Chiharu Shiota a créé cette silhouette qui retient des ballons figurant sûrement une grappe de raisins. L
œuvre sappelle Universe of Mouton.
Chacun se fera son avis sur cette création, mais il est certain que cette tache de couleur vive est assez forte, appealing comme disent les Britanniques.
On n’est pas obligé d’être familier avec l’œuvre de l’artiste retenue par Julien de Beaumarchais, le second fils de Philippine de Rothschild, mais on ne peut pas négliger que, depuis bientôt soixante-dix ans, les plus grands artistes se sont frottés à l’exercice. Cocteau, Chagall, Mirò, Braque, Dali, Balthus (censuré aux USA), Picasso, César, Bacon, Kandinsky, d’autres encore, plein, la liste est interminable et montre bien que “faire un mouton” est un passage obligé.
Et moi, je trouve ça très réussi.



samedi 23 décembre 2023

Mes magnums (204)
le magnum indispensable pour Noël

Château Coutet, barsac 2020


 

 

Pourquoi lui

Il y a mille raisons de choisir un barsac. La suavité intense, pour l’hédoniste. Et le prix, pour les radins (25 magnums ont été tiré, hop, on se dépêche). La propriété impeccable, tenue d’une main ferme par Philippe Baly et sa nièce Aline Baly, est le reflet des qualités du vin. À moins que ce ne soit le contraire. Ne pas hésiter à le boire jeune, il a toutes les qualités requises.

 

Avec qui, avec quoi

Avec une assemblée de qualité, de ceux qui ne prennent pas les liquoreux de Bordeaux pour des vins de vieux. Et pour faire valoir vos compétences pointues, dites qu’on prononce « coutette » et pas « coutet ».

 

Combien et combien

120 euros.

25 magnums

 

Ce qu’en dit le Nouveau Bettane+Desseauve
Parfaite émotion du style de cette propriété avec le goût du rôti, des fruits confits et les arômes citronnés subtils propres au terroir barsacais.

93


 

 

 

Cette chronique a été publiée sous une forme différente dans le numéro 34 du magazine EnMagnum, en vente chez votre marchand de journaux.

Ci-dessous la Une de ce beau journal :






samedi 16 décembre 2023

Vins français,
un rayon de soleil transperce le brouillard

 



La grande presse nationale, toujours prompte à taper sur la tête du vignoble français, regorge d’articles décrivant les revers commerciaux de nos belles bouteilles. La faute à qui ? À cette tendance à se tirer une balle dans le pied, à cette paresse qui fait recopier les dépêches douteuses de lAFP sans autre curiosité, à ce prohibitionnisme maladif qui considère le vin comme une drogue, le vigneron comme un dealer. Du calme, les moutons. Au lieu de la déroute annoncée, on devrait parler de repli, de contraction. L’état du monde, c’est-à-dire l’ambiance générale et les inquiétudes qu’elle suscite, n’y est pas étranger, bien sûr.

 

Tout n’est pas si noir.

Dieu merci, il y a des organismes (pas français) qui font et publie d’autres chiffres. Encore faut-il les lire. Ainsi quand on se penche sur les publications du LivEx, on voit la vie avec d’autres yeux.

Qu’est-ce que c’est, LivEx ?

Une banque de données et une place de marché, ce sont des Anglais, grands spécialistes du commerce du vin depuis le premier jour. La banque de données compile depuis longtemps les prix (de sortie, de commerce, d’enchères) des vins et les volumes de transactions. Par conséquent, quand Livex donne un éclairage, on y voit plus clair. C’est mieux pour avancer.

Et que dit LivEx ?

LivEx annonce plusieurs choses. D’abord que le record toutes catégories de l’année est détenu par cristal 2015 de Rœderer, le champagne le plus échangé en valeur. En volume et sans surprise, c’est dom-pérignon 2013. Pour les vins tranquilles et en volume, c’est plus étonnant. Le podium est détenu par climens (barsac), tempier (bandol) et talbot (saint-julien). Autres champions du monde. Pour entrer dans le détail, c’est le châteauneuf-du-pape rayas qui domine (en valeur) tous ses confrères dans la vallée du Rhône, Guigal fait de même en volume. Et on ne sera pas surpris non plus d’apprendre que les vins de Lalou Bize-Leroy et de la Romanée-Conti tiennent la corde en Bourgogne et pétrus à Bordeaux (en valeur tous les trois).
La France devant et, comme toujours, on est meilleur en Hermès ou en Dior qu
en Zara ou H&M.

 

Pour finir

Pas de désastre, donc. On ajoute à ces chiffres réconfortants le volume de récolte 2023 qui fait repasser la France en tête des producteurs de vin mondiaux.

Ce qui, évidemment, ne change rien à l’état compromis de certains vignobles hexagonaux et aux rides nouvelles apparues sur le joli front des marchands.

Pourtant, tout d’un coup, on respire mieux, non ?

 

Et pendant ce temps…

Nono Le Maire, sorte d’asperge transgénique mutée en ministre, prévoit dans la loi de finance 2024 de supprimer l’exonération de taxes sur le gazole non routier (pour les tracteurs). Tiens l’agriculteur, tiens le viticulteur, c’est pour toi, prends bien ça dans ta gueule. C’est ton cadeau de Nonoël, un nouveau concept nuisible. Ce ministre hors-sol, fin politique, a décidément le sens de lopportunité économique. Il paraît que la révolte gronde dans les campagnes. On peut le comprendre. Quel amateur.

Avec toute ma solidarité.

 

 

Merci à Sophie Claeys et son blog La Champagne de Sophie Claeys de m’avoir ouvert les yeux.


 

jeudi 14 décembre 2023

Mes magnums (203)
Un grand nuits de grande maison



Faiveley, Les Montroziers, nuits-saint-georges 2020

 

Pourquoi lui

Parce que les Faiveley, c’est une famille formidable. François, le père, qui a su éviter à la Bourgogne les dégâts d’un Robert Parker. Erwan, le fils qui s’est retrouvé président du groupe à 25 ans parce que son père en avait décidé ainsi. Et Eve, sa sœur, appelée pour gérer la communication du groupe. Une septième génération compétente qui aligne les beaux résultats sous le signe du charme et du style, on en rêvait. Cette maison de Nuits-Saint-Georges dispose d’un beau capital de vignes, 120 hectares. Dont une part à Nuits, évidemment.

 

Avec qui, avec quoi

Du calme. Oui, ce magnum fait envie, mais « un homme, ça s’empêche » disait le père d’Albert Camus. Prenez ça au premier degré et laissez vieillir cette bouteille quelques années.

 

Combien et combien

103 euros

Nombre de magnums non communiqué.

 

Ce qu’en dit le Nouveau Bettane+Desseauve

Une gourmandise épicée avec le fond typique du nuits-saint-georges, sa sensation terrienne avec, en 2020, des tannins tout en délicatesse et une pointe de salinité.

92

 

Cette chronique a été publié dans EnMagnum #34 sous une forme différente. 
Ci-dessous, la Une de ce beau magazine du vin :

 



mardi 5 décembre 2023

Mes magnums (202)
un clos-vougeot de grande maison

 

Maison Louis Jadot, clos-vougeot grand cru 2019

 


 

 

Pourquoi lui

Tous ceux qui ont croisé une fois Jacques Lardière savent pourquoi ils vénèrent la maison Louis Jadot. Jacques a pris sa retraite et confié le volant des vins Jadot à un successeur de talent et de discrétion. La maison possède ou vinifie des grands crus partout où il faut être. Le Clos de Vougeot fait partie de ces climats mythiques de la Bourgogne, 50 hectares pour près de 80 propriétaires.

 

Avec qui, avec quoi

Avec un amateur dans dix ou quinze ans. Ce clos-vougeot est un très grand vin, très-trop jeune. L’attente est un plaisir en soi. Des années à regarder cette bouteille au fond de votre cave, c’est comme une promesse mille fois répétée et, enfin, tenue.

 

Combien et combien

204 euros.

Nombre de magnums non communiqué.

 

Ce qu’en dit le Nouveau Bettane+Desseauve

Couleur intense bleu noir, grand nez énergique, rebondit en permanence en bouche avec l’aération, grand avenir.

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vendredi 1 décembre 2023

Le Grand Tasting
Le dernier espace de civilisation

 

 


 

Ce matin, le Grand Tasting numéro 18 ouvre grand ses portes dès 10:00 et pour deux jours, aujourd'hui et demain. C'est au cœur de Paris, au Carrousel du Louvre.
Ceux qui aiment le vin, sa grande culture, ses hautes figures, ne rateront pas l'évènement. Normal, c'est le plus agréable, le plus confortable des salons du vin en France. Comme toujours, il y a environ 350 domaines, maisons, châteaux, soit environ 3 000 vins à goûter. Vous ne goûterez pas tout, personne ne fait ça. En vous promenant dans les allées, l'œil vigilant, vous choisirez. C'est la version Grand Tasting debout. Si, comme moi, vous préférez les sports assis, vous irez direct voir un peu le programme des masterclass et vous avez bien raison, il y a du lourd, des merveilles, des occasions uniques de découvrir, d'apprendre. Masterclass, ça veut dire classe de maître. Donc, il y a un ou plusieurs maîtres, on dit aussi experts, pour vous expliquer et vous faire goûter les subtilités des millésimes de telle verticale de champagne ou les différences entre les vins d'une même appellation, ce genre de bonheur très instructif. Jolis moments en perspective. Et ne ratez pas le carré des Italiens, c'est le coin adorable du Grand Tasting.

Je n'y serai pas pour la première fois depuis 2009. D'impérieuses nécessités me retiennent dans ma campagne lointaine. Je ne suis pas inquiet, je connais bien les Bettane+Desseauve, je sais que ce sera comme chaque année, impeccable et très bien organisé. Je regrette déjà cette absence obligée. Cette parenthèse enchantée va me manquer. Alors, vous le Parisien, allez-y de ma part le cœur léger, vous me raconterez.




Plus d'infos sur :
https://www.grandtasting.com/

 


 


mardi 21 novembre 2023

Cette crise qui enfle





Allons bon, encore une crise. Le mondovino bruisse des rumeurs les plus alarmantes sur l’état du marché mondial du vin. Baisse des expéditions en Champagne ; tassement des enchères à la vente des Hospices de Beaune, bon indicateur et aussi, semble-t-il, chez les maisons de vente habituelles ; primeurs à Bordeaux « catastrophiques » selon quelques acteurs informés ; petites appellations en grand trouble ; baisse générale de la consommation. On me murmure dans l’oreillette qu’il n’y a plus de clients pour les grands vins à gros prix. Le repli serait général. Ce que ne confirment pas quelques vignerons de ma connaissance. Disons qu’ils ont plus de chance, de meilleurs produits, des prix en phase avec les marchés, la Loire est un bon exemple. Disons aussi qu’ils sont, sans doute, peu nombreux dans ce cas et qu’ils ne font pas les gros volumes.

Un esprit un peu tordu aurait vite fait de conclure que c’est une bonne nouvelle. On entend déjà les mauvais coucheurs rappeler qu’ils l’avaient bien dit, que cette mentalité de lucre qui envahit le vignoble avec ses prix toujours plus élevés allait lui revenir en pleine poire, les mêmes fatigants que les salaires des footballeurs ne dérangent pas du tout. Et que, maintenant, il va falloir revoir les tarifs à la baisse. Je n’en crois rien. Certains le feront pourtant, quelques temps, histoire de vider les chais en prévision de la prochaine récolte. Mais, comme les poissons volants, ce ne sera pas la majorité du genre.

Un esprit mieux construit expliquera que l’important, c’est le réseau de distribution. S’en remettre à des négociants et des courtiers coupe les propriétés de leur public, des prix pratiqués, des points de vente et c’est une erreur.

Il m’apparaît que cette crisette de circonstance est plus liée à l’atmosphère générale, à ce bordel XXL qui règne en France, assemblage réussi d’arrogance et d’incompétence. L’actualité d’où qu’elle vienne nous empêche de « déjeuner en paix ». La perspective que ces folies passent sous une douche froide rapido (« pour Noël », donc) étant plus que douteuse, il se peut bien que nos amateurs français, prudents et frileux, se mettent pour un long moment à la bière, puisque c’est moins cher. Surtout au restaurant. Sans moi.

Mais qu’un rayon de soleil se pose sur les JT et le business reprendra as usual.

mercredi 1 novembre 2023

Mes magnums (201)
Un blanc profond dans le bon format

 Clos de L'Oratoire des Papes, châteauneuf-du-pape blanc 2022

 


 

Pourquoi lui

Cette propriété, membre historique du groupe de domaines Advini, a fait des progrès qualitatifs considérables depuis sa reprise en main. À la vigne avec des pratiques culturales irréprochables, comme au chai. Des vinifications créatives emmènent les blancs vers plus de fraîcheur, plus d’arômes. Peu à peu – et depuis son installation dans un site d’exception – le Clos de L Oratoire des Papes rejoint les sommets de l’appellation avec des prix d’autrefois. Cest reposant.

 

Avec qui, avec quoi

Le millésime plutôt solaire fait un vin généreux et la vinification lui donne ce qui lui manquait de tension et de salinité en finale. Bingo, faites le fier devant vos amis, vous tenez un grand vin quils ne connaissent pas et que vous veillerez à ne pas servir trop froid. 12°C est la bonne température.

 

Combien et combien

100 euros environ.

1 000 magnums.

 

Ce qu’en dit le Nouveau Bettane+Desseauve

Parfaitement à la hauteur de ce que peut faire cette propriété conduite avec beaucoup de soin. Son terroir de premier ordre s’exprime avec justesse, affichant un fruité blanc profond et gourmand et cette trame saline propre aux vins du domaine.
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Ce magnum a été publié dans EnMagnum #33, encore en vente quelques jours chez votre marchand de journaux. Pour info, voici la Une très réussie de ce numéro 33 :

 

 



mardi 24 octobre 2023

Billecart chez Brétaudeau, la bonne idée

 

Jérôme Brétaudeau et Mathieu Roland-Billecart

 


Une bonne nouvelle pour se dire que tout ne va pas si mal.
La maison Billecart-Salmon vient d’investir chez Jérôme Brétaudeau, remarquable vigneron, l
as des as du muscadet. Un goût partagé sans doute pour les grands blancs et les pinots noirs somptueux. Après avoir signé Brétaudeau comme consultant en bio-dynamie, Mathieu Roland-Billecart franchit un pas de plus en déclarant vouloir pérenniser le domaine viticole de Brétaudeau. C’est bien d’apporter une touche de rigueur à un vigneron de génie en même temps qu’une distribution plus rationnelle. En tous cas, je suis comme tout le monde, j’adore les cuvées de ce domaine nantais et, surtout, surtout, sa cuvée Statera, tellement rare et désirable que les marchands ne vendent cette toute petite production qu’à l’unité et j’aime bien aussi les vins de Billecart-Salmon, surtout le Brut Nature, et depuis longtemps.
Si Billecart-Salmon n’est pas le premier Champenois à investir dans la Loire, il est le premier à viser aussi juste.
Bien joué, les garçons.

 

 

Source : Sophie Claeys et son blog à lire d'urgence. Le lien ci-dessous :

https://lachampagnedesophieclaeys.fr/la-maison-billecart-salmon-investit-dans-le-domaine-de-jerome-bretaudeau/

Photo : Leif Carlsson

vendredi 13 octobre 2023

Mes magnums (200)
Pour fêter le deux-centième magnum publié ici,
voici un très grand vin de Champagne

 

Charles Heidsieck, champagne brut 2012

 

 


 

Pourquoi lui

Charles Heidsieck, l’homme comme les vins, une histoire mythique et, d’abord, l’histoire d’un mythe. Celui d’une marque qui a traversé les bonheurs les plus divers, et quelques malheurs, en conservant toujours une clientèle de passionnés très attachée à un style particulier et parfaitement adorable. Et qui commence dès l’entrée de gamme. Alors, ce millésime miraculeux tombe bien, dans le droit fil du grand 2008. Dix années de cave pour un éblouissement, bravo, c’est fort. Et publier ce magnum en discret hommage à Cyrille Brun et son prédécesseur Régis Camus aujourd’hui retraité et que nous aimons tant. Cyrille vient de rendre son tablier pour rejoindre l’Italie et Ferrari (l’effervescent du Trentin, pas les autos).

 

Avec qui, avec quoi

En apéritif haut de gamme ? Pourquoi pas ? À table avec une gastronomie de luxe et d’été ? Oui, aussi. Après dîner, en vin de conversation ? C’est la bonne idée. Avec des morceaux de scamorza, cette sorte de mozzarella fumée très addictive. Ces vins d’exception méritent un traitement raffiné, une attention particulière. Faites l’effort.

 

Combien et combien

300 euros le magnum.

Nombre de magnums non communiqué, un secret de Polichinelle très champenois.

 

Ce qu’en dit le Nouveau Bettane+Desseauve

Charnu et intense, avec un début d'évolution aromatique, qui s'appréciera très bien sur des poissons fins. Autant dans l’esprit du millésime que dans celui du style Charles.
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lundi 9 octobre 2023

Versailles, Charles III et les petits millésimes




L’affaire avait de l’allure, c’est d’accord. Faisons vite.

Voilà la liste des vins servis au roi d’Angleterre :
Pol-roger, cuvée Winston Churchill, champagne 2013, en magnum.
Olivier Leflaive, bâtard-montrachet 2018, en magnum.
Mouton-rothschild, pauillac, premier GCC 2004, en double magnum.

Voyons cela. 

 

Le champagne 2013 est un joli millésime, mais pourquoi n’avoir pas choisi 2012 ? Prenons le classement des millésimes du Figaro. Il nous apprend que 2013 est classé 3 sur 5 et 2012, 5 sur 5. Pourquoi pas le meilleur pour King Charles III ?

Le bâtard-montrachet, pareil. Le Figaro : 2018, 4 sur 5. Le 2017, 5 sur 5. Et pourquoi un bâtard ? Pourquoi pas le montrachet directement ? Un message caché, peut-être ? Là encore, c’est petit bras. Et, là encore, pourquoi pas le meilleur pour Sa Majesté ?

Le mouton, même chose. Le Figaro : 2004, 3 sur 5. Le 2005, 5 sur 5, comme le 1989 ou le 1990. En plus, c’est Charles, alors prince, qui a signé l’étiquette de ce millésime de mouton. Basse flatterie et faute de goût ou tout le monde sen fout ou les deux.
Encore ? Pour prix de l’œuvre, Prince Charles a reçu quelques caisses de mouton 2004, il connaît par cœur. (Pour info,
tous les artistes choisis par la famille Rothschild reçoivent quelques caisses du millésime quils ont illustré).
Et même pas un bel yquem pour conclure. L
art de vivre à la française est tout décoiffé.

Décidément, on n’y est pas. S’ajoute l’info qui prétend que les domaines ont offert les vins. Vrai ou faux, je n’en sais rien. Si c’est le cas, il y a un effet petite combine, dîner au rabais. Cest moche.

Les royals à Windsor, c’est sublime. Les Macron à Versailles avec la bande de lofteurs me font penser aux Bidochon s’ils venaient de gagner à l’Euromillions. Tout ça pour ça, pfff.

 

P.S. : King Charles et sa suite ont été reçus au château Smith-Haut-Lafitte en pessac-léognan. Certes, ce n’est pas un premier grand cru, mais il s’est vu servir un 2005, grand millésime bordelais. Ceci rattrape-t-il cela ? En tous cas, les Cathiard ont joué fin. Bravo.

 

 


lundi 2 octobre 2023

Mes magnums (199)
Seyssuel, le nouveau terroir hype du Rhône nord

 

Graeme et Julie Bott, Kamaka, Terroir de Seyssuel,
IGP collines rhodaniennes 2020

 

 


 

Pourquoi lui

Aussitôt installés dans le décor, les Kiwis d’Ampuis se sont intéressés au fabuleux terroir de Seyssuel pour l’essentiel abandonné depuis la crise du phylloxéra. Ils ont rejoint une poignée de pionniers et voilà leurs premières récoltes. Ils l’ont baptisé Kamaka qui veut dire à peu près « caillou », en maori, puisque que Graeme vient de là, cette Nouvelle -Zélande si lointaine et si désirable. Un grand rouge, de la belle syrah et un terroir qui deviendra appellation dès que l’Inao aura fini sa sieste.

 

Avec qui, avec quoi

Avec des gourmands, une gastronomie de viandards, de rieurs, de moqueurs. Le bonheur à table sous forme de syrah peut être d’une désarmante simplicité, complicité, convivialité. Mais pas tout de suite maintenant, cette cuvée épatante mérite qu’on l’attende quelques années, quatre ou cinq minimum.

 

Combien et combien

98 euros départ domaine.

150 magnums.

 

Ce qu’en dit le Nouveau Bettane+Desseauve

Cette syrah traduit tout le potentiel de son terroir, avec ce qu’il faut d’intensité aromatique. On aime son tannin civilisé et la fraîcheur de sa finale précise et savoureuse. Belle réussite.

93

lundi 25 septembre 2023

Le drôle de jeu des appellations

Il y a cet entêtement à contenir le vigneron dans un carcan de règles toutes plus stupides les unes que les autres. Les exemples abondent et tout ceci ne date pas d’hier. Le succès de Trévallon sanctionné par une modification de l’encépagement autorisé par l’appellation, l’obligeant à sortir de l’appellation, sûr qu’il était du bien-fondé de son encépagement et déjà porté par le succès de son vin. Jérôme Bressy à Gourt de Mautens et ses cépages autochtones, autorisés puis interdits par l’appellation. Même motif, même punition pour Jean-Charles Abbatucci, en Corse. Guillaume Tari à La Bégude (bandol) et la couleur de son rosé manquant de « typicité ». Déclassée, la cuvée. Dito pour Marcel Richaud à Cairanne. D’autres encore. Tous ensemble, ils commencent à faire une petite foule et, comme par hasard, ce ne sont pas les mauvais qui sont lésés.

 À quoi jouent les appellations ?

 

Souvent l’argument imbécile de la typicité fait office de prétexte à tout faire. Et puis, parfois, c’est pire et dans le registre de l’étrange, l’appellation côtes-de-provence vient de nous donner un bel exemple. Tout d’un coup, en fin de campagne viticole, voilà que les scrogneugneus de l’office de gestion (ODG) vient de limiter les rendements autorisés, passant de 55 hl/ha à 50 hl/ha avec une possibilité de « réserve personnelle » à la champenoise. Juste avant les vendanges. Au terme d’une année de travail. Ils s’en foutent à l’ODG. En cause, un relatif repli du marché. Évidemment, les bons vignerons, ceux qui vendent toute leur production s’insurgent. Normal, c’est incompréhensible. Quelle idée d’imposer à des chefs d’entreprise une baisse de chiffre d’affaire de 10 %. Dans quel métier un patron accepterait cet oukase ? Qu’on laisse cette possibilité à ceux qui ne s’en sortent pas, très bien. Qu’on l’impose à tous est juste insupportable pour ceux dont le savoir-faire, la vision, les bonnes décisions ont porté leur production au firmament du succès.

 

Autre exemple incompréhensible

 

Dans un registre différent, je tombe sur une contre-étiquette qui indique que le vigneron n’a pas le droit de mentionner les cépages (photo ci-dessous). Moi pas comprendre ou, pour le dire autrement, c’est quoi cette connerie ? Il va falloir que l’ODG de l’appellation fiefs-vendéens-brem se tienne au courant. Là, ignore-t-on les obligations d’information qui tombent sur le vignoble à compter de 2024 ? Et, puis quoi, c’est sale d’indiquer que le vigneron assemble du pinot noir et de la négrette, conformément aux canons de l’appellation ? L’ODG pense que ça n’intéresse pas l’amateur ou qu’il faut le priver de cette information majeure ? On marche sur la tête. On m’avance la règle des 85/15 qui autorise le vigneron à compléter sa production avec du vin du millésime de l’année d’avant. L’argument ne tient pas. 

 

La contre-étiquette de L'Orée du Sabia,
un vin produit tout près des Sables d'Olonne.


 

Anybref, on se demande quelle mouche pique ces appellations. Pourquoi empêcher à ce point le vigneron de faire valoir sa production, ses idées, ses talents ? Les appellations, à force de coercition, deviennent indésirables. Le succès de l’appellation-refuge Vin-de-France montre bien quel désintérêt pointe chez les vignerons créatifs. À force de congédier l’innovation ou la créativité ou le beau travail ou les cépages anciens ou tout ceci assemblé, les appellations se tirent dans le pied. Pas facile pour avancer.

 

 

mercredi 20 septembre 2023

Mes magnums (198)
Un grand blanc de Châteauneuf-du-Pape. Inratable

 

Domaine Saint Préfert, Cuvée Spéciale Vieilles Clairettes blanc 2017





Pourquoi lui

Isabel Ferrando, la madone du domaine Saint-Préfert, est une sorte de diva à Châteauneuf-du-Pape. À raison. Elle porte haut les valeurs vinicoles de l’appellation. Ici, des vignes de clairette rose mutante plantées en 1940 (83 ans quand même) livrent une petite quantité de magnums d’un vin blanc hors-pair, sans doute dans le Top 3 des châteauneufs blancs. Des niveaux de finesse et d’arômes proprement hallucinants.

 

Avec qui, avec quoi

Des rhône-lovers, des amateurs, des vrais, c’est le meilleur choix. Ce magnum n’est pas fait pour un apéro de copains, de match de foot. Il y a douze verres dans un magnum, quatre convives suffiront bien.

 

Combien et combien

304 euros.

800 magnums uniquement (pas de 75 cl)

 

Ce qu’en dit le Nouveau Bettane+Desseauve

L’élevage est présent mais le vin est de grandes dimensions, fin et profond, avec une richesse de saveurs minérales et florales superbe. Une des plus belles cuvées de clairette que l'on puisse trouver dans la région.

95

 

 

 

Ce sujet a été publié dans le numéro 33 du beau magazine EnMagnum, en vente chez votre marchand de journaux en ce moment.

Ci-dessous, la couverture du beau magazine :

 


 

 

jeudi 14 septembre 2023

Le Nouveau Bettane+Desseauve 2024
vient de paraître. Les détails

 


 

Voilà tout ce qu’il faut savoir sur le Guide Vin de référence.

 

Qu’est-ce que c’est ?

Un guide sur le vin édité comme un magazine. C’est-à-dire avec des reportages, des portraits et plein de photos. Et, bien sûr, des palmarès, des commentaires, des notes, une sorte de best of à la française. Il paraît chaque année à la même époque depuis 2005, sous la marque Bettane+Desseauve. Et à la fin, c’est un gros livre.

 

Qui fait quoi ?

Sous la direction de Louis-Victor Charvet, un petit gang de dégustateurs mené par Michel Bettane et Thierry Desseauve a tout dégusté, pas tout retenu, pas tout publié. L’idée n’est pas l’exhaustivité (c’est reposant).

 

Qui édite ?

L'éditeur, c’est Flammarion.
358 pages en couleurs et en grand format. Depuis la création du magazine EnMagnum, le grand format est la règle chez Bettane+Desseauve.

 

Et on trouve quoi ?

Plus de 1 200 producteurs à découvrir ou retrouver en suivant le guide, à travers :

- des coups de cœur, des découvertes, les valeurs sûres, les bonnes affaires 

- des appellations et une grande variété de domaines passés à la loupe, 

- des nouveaux et des nouveautés région par région,

- des carnets de notes, des portraits et des reportages pour comprendre et voyager
« dans le meilleur du vin » comme dit le dossier de presse.

 

Il paraît quand ?

Il est en vente depuis hier chez votre libraire. Au prix de 24,90 euros.

 

Le commentaire de Michel Bettane et Thierry Desseauve

« Quand nous avons commencé notre travail de dégustation en commun, il y a maintenant quelques décennies, nous avions coutume de ranger les vins dégustés en quatre classes. « L’école verte » était la première, non à l’époque pour caractériser les rares vins bio, mais pour stigmatiser ceux, en grand nombre, que l’évident manque de maturité des raisins rendait astringents et acides. Tout aussi fournie était « l’école flottarde » et son océan de vins dilués et sans substance. Venait ensuite, pour les fins palais, « l’école puante » et son cortège d’arômes animaux, ce qu’un négociant bordelais fameux en son temps pour son expertise aromatique décrivait comme « une odeur de sconse, derrière l’oreille » (anecdote confiée aux auteurs par un propriétaire médocain célèbre qui la tenait de son non moins célèbre père) et que certains sommeliers ou journalistes de ce temps prenaient pour « le vrai goût du terroir ». 

Plus prosaïques, les œnologues d’aujourd’hui savent que ce faux goût est provoqué par une levure très désagréable, la brettanomyces. La dernière classe, de loin la plus modeste en nombre, était celle qui comprenait ce que Doutrelant qualifiait de bons vins.

Cinquante ans plus tard, la situation n’est plus la même. 

Les jajas bricolés d’autrefois sont devenus des vins techniquement irréprochables, résolument marchands et installés sur les rayons à des tarifs compétitifs. Souvent également furieusement banals. Dans le même temps, un autre peloton, de plus en plus détaché de la masse, a émergé : pas celui des bons vins d’antan, sympathiques, souvent imprécis, mais celui des grands vins, exprimant avec une justesse et une pureté de définition jamais atteintes auparavant leur terroir d’origine.
Ce qui différencie ces grands vins des autres, ce ne sont plus les défauts, mais bien la personnalité et l’authenticité. C’est précisément la mission de ce guide, le 27e que nous signons, que de vous révéler le génie propre de chacun de ces grands vins. Ce guide magazine a pour vocation de faire vivre auprès des amateurs et des professionnels du vin le génie propre de chaque vignoble, de chaque producteur, de chaque vin. Raconter l’histoire des crus, défendre la diversité des origines et partager l’émotion des bons vins, c’est ce que nous voulons expliquer à travers le Nouveau Bettane+Desseauve ».


La couverture du Guide pour le reconnaître en librairie :