La grande presse nationale, toujours prompte à taper sur la tête du vignoble français, regorge d’articles décrivant les revers commerciaux de nos belles bouteilles. La faute à qui ? À cette tendance à se tirer une balle dans le pied, à cette paresse qui fait recopier les dépêches douteuses de l’AFP sans autre curiosité, à ce prohibitionnisme maladif qui considère le vin comme une drogue, le vigneron comme un dealer. Du calme, les moutons. Au lieu de la déroute annoncée, on devrait parler de repli, de contraction. L’état du monde, c’est-à-dire l’ambiance générale et les inquiétudes qu’elle suscite, n’y est pas étranger, bien sûr.
Tout n’est pas si noir.
Dieu merci, il y a des organismes (pas français) qui font et publie d’autres chiffres. Encore faut-il les lire. Ainsi quand on se penche sur les publications du LivEx, on voit la vie avec d’autres yeux.
Qu’est-ce que c’est, LivEx ?
Une banque de données et une place de marché, ce sont des Anglais, grands spécialistes du commerce du vin depuis le premier jour. La banque de données compile depuis longtemps les prix (de sortie, de commerce, d’enchères) des vins et les volumes de transactions. Par conséquent, quand Livex donne un éclairage, on y voit plus clair. C’est mieux pour avancer.
Et que dit LivEx ?
LivEx annonce plusieurs choses. D’abord que le record toutes
catégories de l’année est détenu par cristal 2015 de Rœderer, le champagne le
plus échangé en valeur. En volume et sans surprise, c’est dom-pérignon 2013. Pour
les vins tranquilles et en volume, c’est plus étonnant. Le podium est détenu
par climens (barsac), tempier (bandol) et talbot (saint-julien). Autres
champions du monde. Pour entrer dans le détail, c’est le châteauneuf-du-pape
rayas qui domine (en valeur) tous ses confrères dans la vallée du Rhône,
Guigal fait de même en volume. Et on ne sera pas surpris non plus d’apprendre que les
vins de Lalou Bize-Leroy et de la Romanée-Conti tiennent la corde en Bourgogne
et pétrus à Bordeaux (en valeur tous les trois).
La France devant et, comme toujours, on est meilleur en Hermès ou en Dior qu’en Zara ou H&M.
Pour finir
Pas de désastre, donc. On ajoute à ces chiffres réconfortants le volume de récolte 2023 qui fait repasser la France en tête des producteurs de vin mondiaux.
Ce qui, évidemment, ne change rien à l’état compromis de certains vignobles hexagonaux et aux rides nouvelles apparues sur le joli front des marchands.
Pourtant, tout d’un coup, on respire mieux, non ?
Et pendant ce temps…
Nono Le Maire, sorte d’asperge transgénique mutée en
ministre, prévoit dans la loi de finance 2024 de supprimer l’exonération de
taxes sur le gazole non routier (pour les tracteurs). Tiens l’agriculteur, tiens le viticulteur, c’est
pour toi, prends bien ça dans ta gueule. C’est ton cadeau de Nonoël, un nouveau concept nuisible. Ce ministre hors-sol, fin politique, a décidément le sens de l’opportunité économique. Il paraît que la révolte gronde dans les campagnes. On peut le comprendre. Quel amateur.
Avec toute ma solidarité.
Merci à Sophie Claeys et son blog La Champagne de Sophie Claeys de m’avoir ouvert les yeux.
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