Le blog de Nicolas de Rouyn

Bonjour.
Ceci est un blog dédié au vin et au monde du vin, qu'on appelle aussi le mondovino. Et à tout ce qui entoure le vin, les belles tables,
les beaux voyages, les tapes dans le dos et les oreilles tirées.
Cela posé, ce qu'on y lit est toujours de-bon-goût-jamais-vulgaire,
ce qui peut plaire à votre mère. Dites-le lui.
(Only dead fish swims in ze stream).
Les photos sont signées Mathieu Garçon, sauf mention. Pour qu'elles soient belles en grand, il suffit de cliquer dessus.
Au fait, il paraît que "l'abus d'alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération".
Nicolas de Rouyn



lundi 27 mars 2017

Guiraud Premier



Cette année, c’est Château Guiraud qui ouvre le bal des primeurs avec une offre pour son grand sauternes 2016 à 35,50 euros hors taxes chez ChateauPrimeur.com
L’amateur concerné notera avec plaisir que ce grand sauternes sort au même prix que l’an dernier pour son millésime 2015.
Le commentateur sourcilleux s’étonnera de voir Guiraud lancer les hostilités sept jours avant l’ouverture de la Semaine des primeurs.
Que faut-il en conclure ?
Que Guiraud est sûr de son vin, des commentaires qui l’accompagneront ?
C’est possible.
Que Guiraud veut prendre le plus de place possible dans le petit interstice réservé aux sauternes par le négoce ?
C’est possible aussi.
En tous cas, un aussi grand bordeaux à 42 euros TTC, c’est pas bien cher.

mardi 21 mars 2017

Retour à Calon



C’est la seconde fois que j’y vais. Tout a changé. Ou va changer. Engins de chantier, fenêtres percées, poussière sur les chaussures. L’admirable chartreuse n’est qu’un vaste chantier, elle n’est pas au bout de ses peines. Je me souviens y avoir bu du champagne dans une coupe avec madame Gasqueton, une fois, une seule fois, dans ce salon, les tapisseries d’Aubusson, les marqueteries des tables de bridge, les motifs usés des tapis (toute l’histoire est ici, clic). Il y avait aussi le regretté Michel Creignou, drôle et distingué, nous nous étions arrêtés chez un charcutier de Pauillac de sa connaissance pour acheter du grenier médocain. Côté chais, en revanche, tout est en place. Cuvier et chai à barriques (de la place pour plus de mille barriques), nickel. Galerie des vieux millésimes enfermés dans des cellules monacales, encore vide, mais prête. Nouveaux bureaux, nouvelle salle de dégustation, de réunion. Bref, c’est beau, efficace, moderne et sobre. Et environnemental, comment faire autrement ? Optimisation des ressources en eau et en énergie, réduction des intrants, gestion et valorisation des déchets et effluents, mutualisation des services et préservation de la biodiversité. Il ne manque rien.

Si les choses avancent vite depuis l’arrivée du nouvel actionnaire et de Laurent Dufau, le gérant qu’il a nommé, la priorité n’était visiblement pas la piscine ou les jardins. Non, les premiers soins ont été apportés à l’outil technique et ça, on voit bien que c’est très réussi. À la vigne aussi, mais c’est moins spectaculaire. Arrivé en 2013, Laurent Dufau a lancé les travaux aussitôt. Du même geste, il produit des vins de haut niveau. Pour ce faire, il a eu l’intelligence de ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain. Comprendre qu’il a gardé le directeur technique nommé par madame Gasqueton en 2006, l’excellent Vincent Millet, un garçon
« fin et inspiré » selon Michel Bettane. La restructuration du vignoble, initiée par Millet à son arrivée, commence à montrer ses raisins dans le grand vin 2016. L’idée étant de donner plus de place au cabernet-sauvignon. Et de produire, bien sûr, de plus en plus de grand vin et chaque fois meilleur.

1 100 barriques tiennent sans se bousculer
dans le nouveau chai à barriques de Calon-Ségur


En tout, la société Suravenir (groupe Crédit Mutuel-Arkéa) aura investi 30 millions d’euros au terme du programme de restauration du domaine, prévu pour fin 2018. La replantation du vignoble est annoncée à l’horizon 2032. L’actionnaire n’est pas venu faire un petit tour à Calon-Ségur, il s’implique fort et pour longtemps.
2013, 2014, 2015 ont, déjà, marqué leur époque et le niveau d’exigence de l’équipe renouvelée. Par exemple, le 2015 se promène dans l’existence assorti d’un 19/20 B+D du meilleur effet. Comme cette note progresse chaque année, que nous réserve 2016 ?

Une splendeur en magnum, jeune, frais, goûteux, parfait. 46 ans.