C’était mercredi, dans la pâle lumière d’un joli soleil d’hiver qui envahissait la table en jouant avec les nuages. Un déjeuner tout près du bonheur parfait avec notre cher Henry Marionnet, l’un des plus brillants vignerons de France. Il voulait absolument que nous goûtions son vin le plus fou, un gamay en primeur issu de vignes plantées franc de pied (non greffée) et vinifié sans soufre ajouté. Une sorte de course en sac avec un pied attaché dans le dos. Évidemment, si nous sommes là, c’est que Marionnet est sûr de son coup, de sa « grande première mondiale ». Il a tiré 6 000 bouteilles de sa parcelle de 1,3 ha.
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Ce fameux vin de Marionnet dans la sublime lumière de la salle à manger du Laurent. Sublime et même unique. |
La grande salle à manger est calme, il y a u peu de monde, mais ce n’est pas comble. On reconnaît un visage ou deux, ce n’est pas comme au printemps sur la terrasse où le type le moins connu, c’est vous. Ou moi. Les coups portés au tourisme international à Paris font leur effet et ce n’est pas en cette période pré-électorale que les politiques se font voir au Laurent. Nous, nous y sommes et nous y sommes bien.
L’une des raisons qui me poussent à apprécier Henry Marionnet, ses vins, tient dans son enthousiasme de jeune homme, cette manière unique de créer des trucs, d’aller voir, sa passion inextinguible pour le vin et comment le comprendre et celle, plus mystérieuse, qui l’emmène à la recherche du vin d’avant, du vin des premiers siècles ou des suivants, mais des vins tels que les vignerons d’avant le Progrès les élaborait à l’attention à peu près exclusive des grands de ce monde-là. Une démarche qui lui a permis de découvrir de drôles de vignobles avec des arbres morts autour desquels s’entouraient la vigne, les vendanges avec des échelles, il les a faites.
- Et c’était bon, ce vin, Henry ?
- Non, pas très, ce n’était pas un grand vin, mais c’est la dernière vigne de goué, tu comprends. Ce cépage a disparu quand le monde s’est mis à aller mieux. On le cultivait pour produire du vin en toutes circonstances, quelle que soit la météo. Un coriace comme ça ne pouvait pas être un grand cépage fin. C’est un blanc.
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Le voilà, ce vin, cette "première mondiale". |
Son gamay franc de pied sans soufre est à la bonne température, Henry Marionnet recommande 12°C. C’est un vin d’une bonne couleur tenue, mais sans exagération, un vin vif, joyeux, tonique, gouleyant, incroyablement digeste, très bon, léger en alcool (12,5 %), du beau gamay facile et très agréable. C’est gourmand, c’est subtil. Quoi d’autre ? Buvez-en, parce que tout ça n’est même pas cher.
En plus, c’était mon premier 2016. Et au Laurent. Quelle journée.
Bonjour
RépondreSupprimerJ'ai envie de dire : " c'est tout ? " : ) ceci pour m'étonner de ne pas lire le prosélytisme habituel du vin nature. Donc sincèrement bravo ce commentaire reste celui d'un vin et pas un billet politique. Ceci dit sans soufre ajouté ( à la mise c'est bien cela ? ) devient la version light des tenants du mouvement bobo bio et sera peut être même bientôt exclu de la nouvelle religion ? Car pas assez pur ? Il eût été utile peut être d'expliquer pourquoi un rouge bien fait n'a pas forcément besoin de soufre ? Pas une critique juste une question : )
un vin nature, ça veut dire quoi ?
RépondreSupprimerpour un vin bio, il y a une règlementation (qu'on peut critiquer mais qui est claire)et des contrôles de l'application par des organismes sérieux
Merci pour tous ces partages; un bonheur de se promener sur votre blog
RépondreSupprimerÇa m’a l’air d’être une pure merveille
RépondreSupprimerL’une des raisons qui me pousse(nt) à apprécier Henry Marionnet, ses vins, tient à (dans) son enthousiasme de jeune homme
RépondreSupprimerqu'est ce que vous en pensez?