Vous l’avez lu partout, la ligne à grande vitesse va donc perforer le Ciron, cette toute petite rivière indispensable à l’élaboration du sauternes (c’est parce qu’elle provoque des brumes et brouillards les matins en fin d'été que se développe le botrytis sur les baies des vignes du Sauternais).
Pourtant, les autorités de l’État (la Cour des comptes) ou mandatée par celui-ci (Commission d’enquête publique) avaient conclu à l’inutilité coûteuse du projet, appuyées en cela par une consultation populaire qui avait réuni 14 000 signatures contre cette imbécilité. Oui, mais l’État s’assied sur ces recommandations, l’État se moque bien de l’avis du peuple, comme il se moque du vignoble, l’État s’en fout parce que ses représentants y voient d’autres intérêts, plus personnels, donc plus importants que l’intérêt public.
En une touchante démonstration d’œcuménisme, la droite et la gauche locale, bordelaise, se sont congratulées après la décision du régime.
L’impéritie de ce gouvernement, largement démontrée, trouve ici une nouvelle expression et la ministre de l’Écologie, une nouvelle occasion de se taire, elle n’est plus à un renoncement près.
On invoque le Progrès, comme autrefois ; on nous assène que l’Europe est pour et que c’est bien la preuve. J’ai même entendu un menteur dire sans rire devant une caméra que cela allait diminuer le trafic routier. Comme si les TGV embarquait du fret. Même la Poste a cessé de les utiliser.
Le problème, c’est la survie du sauternes, ce vin prodigieux, et du Sauternais, ce terroir si fragile. Là encore, le régime s’en fout. Là encore, la filière est bien peu mobilisée. Aujourd’hui, c’est Sauternes. Et demain, une centrale atomique sur le Rhône ? Ah non, il y en a déjà. La colline de l’Hermitage transpercée par un tunnel ? Un vieux projet, bloqué une fois par un ministre communiste. Un aéroport sur le plateau de Pomerol ? Tiens, voilà une piste de Progrès.
Je comprends comment on peut devenir zadiste.