Le formatUn grand week-end à Naples dans le cadre des World Series de l’America’s Cup est une excellente occasion de ne pas parler d’autre chose. Il faut dire que la météo m’a bien aidé. Un temps béni des dieux après un hiver sec comme un coup de trique. Des trombes d’eau (de pluie) trois jours de suite ne favorisent pas l’accès à la mer, à la voile, à la régate.
La CupJ’adore ça. Je suis la Cup depuis des années, j’ai été deux fois à Valence en 2007 et en 2010, je connais la plupart des intervenants, tous les bateaux, toutes les histoires, je suis une groupie. Je ne vais pas citer toutes les stars qui étaient là, leurs noms ne disent rien au profane. Le nouveau format de la Cup, tel qu’il a été conçu par Larry Ellison et Russell Coutts, tenants du titre, met en scène un circuit mondial de pré-courses à bord de catamarans à aile rigide de treize mètres de long, en attendant les big boats pour la Cup elle-même qui mesureront 22 mètres de long.
Là, le circuit faisait escale à Naples et les épreuves se couraient dans la baie, le long de la passegiata, le front de mer, au vu de chacun. En fait, à peu près personne en raison des conditions météo, bien peu napolitaines.
On a buDu coup, nous nous sommes très fort concentré sur les repas et les cartes des vins. Deux restaurants sortent du lot. Le Terrazza Calabrito, place de la Victoire, au coin de l’America’s Cup Park. De la salle, à travers le rideau de pluie, on ne voyait pas les bateaux qui, de toute façon, ne couraient pas. En revanche, on voyait très bien le fond des verres et les étiquettes des vins. Si tous n’étaient pas passionnants, tous valaient de s’y pencher. Un verre de moët brut-impérial pour commencer, la marque est très présente en Italie, et nous ravis de commencer dans des eaux connues, pour ne pas se faire peur. En fait, ce qui étonne, c’est le volume de moët-et-chandon que les Italiens sont capables d’ingurgiter en peu de temps.
Nous avons attaqué avec un blanc très agréable, frais et rafraîchissant, au fort nez de fenouil. Finocchio, ricanent les nouveaux amis italiens.
Pour suivre un aglianico alcooleux, concentré, beaucoup de soleil et pas de vent dans le verre, il y fait trop chaud. Très grosse évolution en direction de l'élégance après deux heures de carafe. Il fera le bonheur de cette fin de déjeuner.
Puis vint Dagromis, un nebbiolo de Angelo Gaja. Le vin est en place, parfait et sans surprise. Il y a un moment où le savoir-faire se sent.
Un pinot noir de Hofstatter, vin du Haut-Adige, une version un peu austère du pinot noir. Mais une belle architecture qui fait le vin content d'être bu. Petite évolution vers du mieux sur la durée.
Radici, un fiano di avellino avec un nez prononcé de pissotière évoluant sur un floral bizarre. En bouche, euh, pareil. Retour soulagé vers l’aglianico du début.
Pour finir, un blanc étonnant, bu presque glacé (on ne choisit pas toujours ses amis), un greco di tufo de chez Feudi san Gregorio, furieusement aromatique malgré le froid.
Je n’ai pas buJ'ai décliné le limoncello à la fin. Trop, c'est moins bien qu'assez. Et vraiment, se dépater la bouche au citron... Après le dîner, parlez-moi d'un vieux dom-pérignon, nous nous entendrons.
Et aussiAu Ristorante Mimi, voilà Ferrari, un effervescent de Franciacorta, blanc de blancs, non millésimé, ce n’est pas du champagne, mais ça y ressemble un peu. Plus léger, moins de complexité, pas très chez nous, mais pas loin. Suivi d’un San Leonardo 99 fabuleux, une
taglia bordelese, c’est-à-dire un assemblage cabernet sauvignon, cabernet franc, merlot. Fraîcheur et intensité, fruité et profondeur. Une de ces bouteilles dont se dit après coup qu'il eut été dommage de passer à côté. Il y eut d’autres vins, nous n’avons pratiquement fait que ça. Et avec d'autant plus d'application que :
- les prix pratiqués dans la restauration napolitaine rendent toutes vos envies possibles.
- les vins proposés ont (presque) tous entre cinq et quinze ans d'âge, un rêve pour l'amateur.
- le service est nickel, quel que soit le niveau de l'établissement. Carafage, température, verres, tout est bien.
Le mot de la finAllez en Italie boire des vins italiens. Et même des vins français. Ce Ristorante Mimi, qui ne payait vraiment pas de mine, proposait une verticale de trois millésimes (95, 96, 97) de romanée-conti à la moitié du prix pratiqué en France dans les restaurants qui en ont. Même chose pour les étiquettes moins prestigieuses de la carte.
La photo du haut : le bateau du défi China Team, skippé par l'ami Fred Le Peutrec, est sorti de l'eau à la fin de la régate, comme tous les bateaux. L'aile rigide (semblable à une aile d'avion) est démontée et le tout est rangé sous de grandes tentes-ateliers montées pour l'occasion