Robert Parker qualifiait ce genre de vin de Sleeper
of the year. Nous dirons qu’il est l’étoile montante d’un ciel très chargé
en étoiles. Quelques heures avec Justin Onclin, longtemps négociant et propriétaire depuis 2007, ont confirmé
toutes nos impressions. Il est aussi le propriétaire, heureux semble-t-il, de Château Branas-Grand-Poujeaux à Moulis. Ici, il nous raconte le château Villemaurine à Saint-Émilion et Thierry Desseauve nous raconte le vin.
Justin Onclin |
Vu d’en dessous
« Historiquement, la propriété est très peu
connue. Les locaux la connaissaient un peu pour les carrières souterraines qui
sont superbes. À l’époque, il y avait de très grandes fêtes ici. Beaucoup de gens
se souviennent de Villemaurine parce qu’ils ont assisté à des réceptions avec 1
000 ou 2 000 personnes. Aujourd’hui, la mairie n’autorise plus ça. »
Des caves légendaires et immenses |
Le beau monde
« Nos voisins sont Trotte-Vieille, Troplong-Mondot, Le
Prieuré et Pavie-Macquin. De l’autre côté du village, à l’ouest, il y a tous
les grands. Les terroirs sont sensiblement les mêmes qu’ici. Le nôtre est
d’ailleurs assez semblable à celui de Clos-Fourtet, nos vins se ressemblent un
peu, c’est amusant. »
De la terrasse, les vignes et le village |
Justin avec Hubert
« J'ai beaucoup investi dans l’outil de
production. Avec un terroir superbe, il faut faire des vins à la hauteur. Il y
avait du travail et nous allons dans le bon sens. La qualité est reconnue. On dispose
de huit hectares en cru classé et de 3,5 hectares en saint-émilion grand cru,
pour notre second vin. Avec six personnes, on fait 40 000 bouteilles par
an. Il y a un beau potentiel de développement. Je sais faire du vin, je suis
passionné, mais je ne suis ni technicien ni œnologue. Hubert de Boüard
conseille la propriété. Il m’inspire et il m’aide et c’est moi qui prends les
grandes décisions. Je définis le vin que je veux faire pour inscrire la
propriété dans l’histoire de Saint-Émilion. »
Le portail d'entrée du domaine |
Une place à prendre
« On vend notre vin entre 45 à 50 euros et je
crois qu’on peut dire que c’est une affaire pour un vin qui fait partie du top
des grands crus classés. D’après moi, on challenge les premiers. Pour ce niveau
de qualité, ce n’est pas cher. Quand on sera plus connu, le prix
augmentera. À Branas, dès la première année, je me suis aligné sur les prix de
nos voisins au prix de Poujeaux et de Chasse-Spleen. C’est une stratégie
gagnante. Aujourd’hui, personne ne se pose de question sur notre
positionnement. »
Il suffisait d’oser
L’avis de Thierry Desseauve
« Villemaurine
fut longtemps l’un de ces crus classés inconnus dont les dégustations avaient
tôt fait de nous convaincre qu’il valait mieux le rester. En 2007, Justin
Onclin achète la propriété. Flamand de Bordeaux, il y dirigea l’une des plus
importantes maisons de négoce, Onclin n’est pas un vigneron, mais il connaît
parfaitement le Bordelais viticole et le potentiel de ses crus. Rive gauche, il
a d’abord acquis une pépite à Moulis, Branas Grand-Poujeaux. Villemaurine sera
son coup de maître. Un terroir de douze hectares d’un seul tenant, situé sur le
plateau calcaire magique qui enserre le nord du village du Saint-Émilion. Sur
ce socle fondamental, une mince couche de terre (argilo-limoneuse pour une
partie, plus caillouteuse pour l’autre) constitue un terroir privilégié pour
les merlots et cabernet francs. Lorsque Villemaurine a été mis en vente, tous
les spécialistes du secteur savaient qu’il s’agissait d’un joyau, mais nombre
d’entre eux furent douchés par un évènement. Villemaurine, cru classé évident, ne
l’était plus depuis 2006. Onclin relève le gant. Avec bonheur. Villemaurine
retrouve son rang en 2012. Et maintenant ? Nous verrons. Son environnement
immédiat regorge de premiers crus classés et ses performances impressionnent depuis
2015. »
Photos Leif Carlsson
Cette chronique a été publiée dans EnMagnum #18 sous une forme différente. Ce numéro est
en vente chez votre marchand de journaux jusqu’en mars.
Voilà la couverture de ce numéro 18, une vision inattendue de la saison.
Voilà la couverture de ce numéro 18, une vision inattendue de la saison.