Le blog de Nicolas de Rouyn

Bonjour.
Ceci est un blog dédié au vin et au monde du vin, qu'on appelle aussi le mondovino. Et à tout ce qui entoure le vin, les belles tables,
les beaux voyages, les tapes dans le dos et les oreilles tirées.
Cela posé, ce qu'on y lit est toujours de-bon-goût-jamais-vulgaire,
ce qui peut plaire à votre mère. Dites-le lui.
(Only dead fish swims in ze stream).
Les photos sont signées Mathieu Garçon, sauf mention. Pour qu'elles soient belles en grand, il suffit de cliquer dessus.
Au fait, il paraît que "l'abus d'alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération".
Nicolas de Rouyn



lundi 25 septembre 2023

Le drôle de jeu des appellations

Il y a cet entêtement à contenir le vigneron dans un carcan de règles toutes plus stupides les unes que les autres. Les exemples abondent et tout ceci ne date pas d’hier. Le succès de Trévallon sanctionné par une modification de l’encépagement autorisé par l’appellation, l’obligeant à sortir de l’appellation, sûr qu’il était du bien-fondé de son encépagement et déjà porté par le succès de son vin. Jérôme Bressy à Gourt de Mautens et ses cépages autochtones, autorisés puis interdits par l’appellation. Même motif, même punition pour Jean-Charles Abbatucci, en Corse. Guillaume Tari à La Bégude (bandol) et la couleur de son rosé manquant de « typicité ». Déclassée, la cuvée. Dito pour Marcel Richaud à Cairanne. D’autres encore. Tous ensemble, ils commencent à faire une petite foule et, comme par hasard, ce ne sont pas les mauvais qui sont lésés.

 À quoi jouent les appellations ?

 

Souvent l’argument imbécile de la typicité fait office de prétexte à tout faire. Et puis, parfois, c’est pire et dans le registre de l’étrange, l’appellation côtes-de-provence vient de nous donner un bel exemple. Tout d’un coup, en fin de campagne viticole, voilà que les scrogneugneus de l’office de gestion (ODG) vient de limiter les rendements autorisés, passant de 55 hl/ha à 50 hl/ha avec une possibilité de « réserve personnelle » à la champenoise. Juste avant les vendanges. Au terme d’une année de travail. Ils s’en foutent à l’ODG. En cause, un relatif repli du marché. Évidemment, les bons vignerons, ceux qui vendent toute leur production s’insurgent. Normal, c’est incompréhensible. Quelle idée d’imposer à des chefs d’entreprise une baisse de chiffre d’affaire de 10 %. Dans quel métier un patron accepterait cet oukase ? Qu’on laisse cette possibilité à ceux qui ne s’en sortent pas, très bien. Qu’on l’impose à tous est juste insupportable pour ceux dont le savoir-faire, la vision, les bonnes décisions ont porté leur production au firmament du succès.

 

Autre exemple incompréhensible

 

Dans un registre différent, je tombe sur une contre-étiquette qui indique que le vigneron n’a pas le droit de mentionner les cépages (photo ci-dessous). Moi pas comprendre ou, pour le dire autrement, c’est quoi cette connerie ? Il va falloir que l’ODG de l’appellation fiefs-vendéens-brem se tienne au courant. Là, ignore-t-on les obligations d’information qui tombent sur le vignoble à compter de 2024 ? Et, puis quoi, c’est sale d’indiquer que le vigneron assemble du pinot noir et de la négrette, conformément aux canons de l’appellation ? L’ODG pense que ça n’intéresse pas l’amateur ou qu’il faut le priver de cette information majeure ? On marche sur la tête. On m’avance la règle des 85/15 qui autorise le vigneron à compléter sa production avec du vin du millésime de l’année d’avant. L’argument ne tient pas. 

 

La contre-étiquette de L'Orée du Sabia,
un vin produit tout près des Sables d'Olonne.


 

Anybref, on se demande quelle mouche pique ces appellations. Pourquoi empêcher à ce point le vigneron de faire valoir sa production, ses idées, ses talents ? Les appellations, à force de coercition, deviennent indésirables. Le succès de l’appellation-refuge Vin-de-France montre bien quel désintérêt pointe chez les vignerons créatifs. À force de congédier l’innovation ou la créativité ou le beau travail ou les cépages anciens ou tout ceci assemblé, les appellations se tirent dans le pied. Pas facile pour avancer.

 

 

mercredi 20 septembre 2023

Mes magnums (198)
Un grand blanc de Châteauneuf-du-Pape. Inratable

 

Domaine Saint Préfert, Cuvée Spéciale Vieilles Clairettes blanc 2017





Pourquoi lui

Isabel Ferrando, la madone du domaine Saint-Préfert, est une sorte de diva à Châteauneuf-du-Pape. À raison. Elle porte haut les valeurs vinicoles de l’appellation. Ici, des vignes de clairette rose mutante plantées en 1940 (83 ans quand même) livrent une petite quantité de magnums d’un vin blanc hors-pair, sans doute dans le Top 3 des châteauneufs blancs. Des niveaux de finesse et d’arômes proprement hallucinants.

 

Avec qui, avec quoi

Des rhône-lovers, des amateurs, des vrais, c’est le meilleur choix. Ce magnum n’est pas fait pour un apéro de copains, de match de foot. Il y a douze verres dans un magnum, quatre convives suffiront bien.

 

Combien et combien

304 euros.

800 magnums uniquement (pas de 75 cl)

 

Ce qu’en dit le Nouveau Bettane+Desseauve

L’élevage est présent mais le vin est de grandes dimensions, fin et profond, avec une richesse de saveurs minérales et florales superbe. Une des plus belles cuvées de clairette que l'on puisse trouver dans la région.

95

 

 

 

Ce sujet a été publié dans le numéro 33 du beau magazine EnMagnum, en vente chez votre marchand de journaux en ce moment.

Ci-dessous, la couverture du beau magazine :

 


 

 

jeudi 14 septembre 2023

Le Nouveau Bettane+Desseauve 2024
vient de paraître. Les détails

 


 

Voilà tout ce qu’il faut savoir sur le Guide Vin de référence.

 

Qu’est-ce que c’est ?

Un guide sur le vin édité comme un magazine. C’est-à-dire avec des reportages, des portraits et plein de photos. Et, bien sûr, des palmarès, des commentaires, des notes, une sorte de best of à la française. Il paraît chaque année à la même époque depuis 2005, sous la marque Bettane+Desseauve. Et à la fin, c’est un gros livre.

 

Qui fait quoi ?

Sous la direction de Louis-Victor Charvet, un petit gang de dégustateurs mené par Michel Bettane et Thierry Desseauve a tout dégusté, pas tout retenu, pas tout publié. L’idée n’est pas l’exhaustivité (c’est reposant).

 

Qui édite ?

L'éditeur, c’est Flammarion.
358 pages en couleurs et en grand format. Depuis la création du magazine EnMagnum, le grand format est la règle chez Bettane+Desseauve.

 

Et on trouve quoi ?

Plus de 1 200 producteurs à découvrir ou retrouver en suivant le guide, à travers :

- des coups de cœur, des découvertes, les valeurs sûres, les bonnes affaires 

- des appellations et une grande variété de domaines passés à la loupe, 

- des nouveaux et des nouveautés région par région,

- des carnets de notes, des portraits et des reportages pour comprendre et voyager
« dans le meilleur du vin » comme dit le dossier de presse.

 

Il paraît quand ?

Il est en vente depuis hier chez votre libraire. Au prix de 24,90 euros.

 

Le commentaire de Michel Bettane et Thierry Desseauve

« Quand nous avons commencé notre travail de dégustation en commun, il y a maintenant quelques décennies, nous avions coutume de ranger les vins dégustés en quatre classes. « L’école verte » était la première, non à l’époque pour caractériser les rares vins bio, mais pour stigmatiser ceux, en grand nombre, que l’évident manque de maturité des raisins rendait astringents et acides. Tout aussi fournie était « l’école flottarde » et son océan de vins dilués et sans substance. Venait ensuite, pour les fins palais, « l’école puante » et son cortège d’arômes animaux, ce qu’un négociant bordelais fameux en son temps pour son expertise aromatique décrivait comme « une odeur de sconse, derrière l’oreille » (anecdote confiée aux auteurs par un propriétaire médocain célèbre qui la tenait de son non moins célèbre père) et que certains sommeliers ou journalistes de ce temps prenaient pour « le vrai goût du terroir ». 

Plus prosaïques, les œnologues d’aujourd’hui savent que ce faux goût est provoqué par une levure très désagréable, la brettanomyces. La dernière classe, de loin la plus modeste en nombre, était celle qui comprenait ce que Doutrelant qualifiait de bons vins.

Cinquante ans plus tard, la situation n’est plus la même. 

Les jajas bricolés d’autrefois sont devenus des vins techniquement irréprochables, résolument marchands et installés sur les rayons à des tarifs compétitifs. Souvent également furieusement banals. Dans le même temps, un autre peloton, de plus en plus détaché de la masse, a émergé : pas celui des bons vins d’antan, sympathiques, souvent imprécis, mais celui des grands vins, exprimant avec une justesse et une pureté de définition jamais atteintes auparavant leur terroir d’origine.
Ce qui différencie ces grands vins des autres, ce ne sont plus les défauts, mais bien la personnalité et l’authenticité. C’est précisément la mission de ce guide, le 27e que nous signons, que de vous révéler le génie propre de chacun de ces grands vins. Ce guide magazine a pour vocation de faire vivre auprès des amateurs et des professionnels du vin le génie propre de chaque vignoble, de chaque producteur, de chaque vin. Raconter l’histoire des crus, défendre la diversité des origines et partager l’émotion des bons vins, c’est ce que nous voulons expliquer à travers le Nouveau Bettane+Desseauve ».


La couverture du Guide pour le reconnaître en librairie :




 

mercredi 13 septembre 2023

Mes magnums (197)
La beauté d'un grand blanc du Rhône

 

Domaine Georges Vernay, les chaillées de l’enfer, condrieu 2020

 




Pourquoi lui

D’abord, c’est un grand vin, un très grand viognier, des vignes de cinquante ans. Ensuite, rendre hommage aux vignerons qui travaillent ces terrasses caillouteuses (les chaillées) et brûlantes à la pioche et au treuil (l’enfer). Enfin, célébrer Christine Vernay et son mari Paul pour le travail entrepris depuis la mort de Georges, père de Christine, sans lequel l’appellation condrieu n’existerait pas ou plus. Des gens de qualité appréciés par tous leurs voisins.

 

Avec qui, avec quoi

Ce genre de grand blanc au caractère marqué va avec tout ou presque. Viande ou poisson, c’est vous qui voyez. Dans tous les cas, une gastronomie raffinée, ce n’est pas un vin de barbecue, et donc les convives qui méritent tout ça. De grands amateurs seront les bienvenus.

 

Combien et combien

200 euros.

32 magnums.

 

Ce qu’en dit le Nouveau Bettane+Desseauve

Grand corps avec beaucoup de matière et de présence en bouche, fruit intense et charnu, pulpeux, son élégance toute en finesse est équilibrée en finale.

96

 

 

 

 

 

Ce sujet a été publié dans le numéro 33 du beau magazine EnMagnum, en vente chez votre marchand de journaux en ce moment.

Ci-dessous, la couverture du beau magazine :

 


 

 

 

lundi 11 septembre 2023

Les nouveaux cinq-étoiles de l'édition 2024
du Nouveau Bettane+Desseauve

 

Voici les nouveaux cinq-étoiles distingués par Michel Bettane et Thierry Desseauve avec Louis-Victor Charvet et les autres dégustateurs de la maison. Une promotion qu’on ne retrouve pas dans toutes les régions. Cette année, rien en Alsace, pas plus en Bourgogne ou en Champagne, rien dans le Rhône. Cette rigueur quasi-sévère est la nouvelle politique appliquée par Michel et Thierry pour ne pas sombrer dans une course aux étoiles sans queue ni tête, cette manière de jeu télévisé où tout le monde gagne. Cet enfumage qui ne sert personne et surtout pas l’amateur de vins, lecteur du Nouveau Bettane+Desseauve et/ou de EnMagnum.
Attention, cela ne signifie pas qu’il n’y a pas d’autres cinq-étoiles dans le Guide, cela dit juste qu’il n’y a pas d’autre nouveau. Tu mords le distinguo ?

Et comme toujours, tous les détails dans le Nouveau Bettane+Desseauve 2024, mercredi en librairie.

 

Beaujolais

Domaine Jules Desjourneys

 

Bordeaux

Graves 

Château Haut-Bailly (pessac-léognan)

Château Smith-Haut-Lafitte (pessac-léognan)

Sauternais 

Château Coutet (barsac)

Rive droite

Château Bel-Air Monange (saint-émilion grand cru classé)

 

Loire

Domaine du Clos Naudin (vouvray)

 

Provence

Château Simone (palette)

Domaine Tempier (bandol)

 

Sud-Ouest

Domaine Cosse-Maisonneuve (cahors)

 

 

Un verre Lalique, une truffe blanche et un simone blanc.
Tout près du paradis



Naturellement, je m’attends à tous les commentaires qu’une telle promotion peut susciter. « Et Machin, il les mérite pas, les cinq-étoiles ? » Si, vieux, sûrement, mais pas cette année. Et ce n’est pas moi qui décide et toi non plus. D’accord ? Et c’est sans relation non plus avec les annonceurs des publications de la maison. Le croire montre à quel point tu ne connais pas les rouages et l’indépendance de la maison Bettane+Desseauve. 

 

vendredi 8 septembre 2023

le Nouveau Bettane +Desseauve 2024,
une avant-première

 

Voilà du talent, en voilà plein.

Des étoiles montantes dans le ciel de l’excellence chère au vignoble français. Qu’ils soient fils ou fille de, qu’ils aient créé leurs exploitations ne change rien, quand on est bon, soucieux de bien faire, ça finit par se voir et la fine équipe de têtes chercheuses de Bettane+Desseauve les a repérés, tous ces jeunes.
Le Guide nouvelle formule, le Nouveau Bettane+Desseauve marqué 2024 paraît mercredi prochain. Ce qui suit est un avant-goût en avant-première.

Pour le reste, les détails sur chacun de ces jeune gens, je vous renvoie au Guide, très vite en librairie (le 13 septembre, donc).

 

Ambre Delorme dans les vignes de La Mordorée

 

La liste de ces talents 2024


Ambre Delorme

Domaine de la Mordorée, Rhône

 

Maï Roblin-Bazin

Juliénas, Beaujolais

 

Antonin et Victor Coulon

Domaine de Beaurenard, Rhône

 

Louis Gimonnet

Champagne

 

Anthony Aubert & Jean-Charles Mathieu

Négociants en Languedoc

 

Alice Gitton-Pouponneau

Loire

 

Clément Bärtschi

Bugey

 

Sophie et David Devynck

le Clos Sauvage, Beaujolais

 

Arthur Lotrous

les Sources d’Agapé, Beaujolais

 

Matthieu Collardot

Puligny-Montrachet

 

Jean-Baptiste Jessiaume

Bourgogne


Et puis, il y a plein dautres listes, des génies, des étoiles, des classements, des petits prix et des gros, des vins à boire, à attendre, tout ce qui fait un beau Guide chez Bettane+Desseauve.



Photo presse.

dimanche 3 septembre 2023

Tout change pour l’hermitage la-chapelle


La nouvelle étiquette de la-chapelle


Caroline Frey a pris deux décisions majeures pour autant de bonnes idées.

1.    Ses deux cuvées en appellation hermitage, la-chapelle en rouge et chevalier-de-sterimberg en blanc seront désormais diffusées par la place de Bordeaux aux côtés d’autres grands vins du monde entier. C’est très bien pour l’avenir de ces deux vins et pour leur rayonnement planétaire. C’est moins bien pour les amateurs qui verront les prix de ces deux cuvées augmenter de façon sensible. Forcément. Cela dit, pourquoi pas ? Qu’est-ce qui devrait obliger ces vins rares à se commercialiser à la moitié, voire au tiers, du prix des grands crus d’autres régions et du Rhône nord, déjà ?

2.    Pour faciliter la gestion de cette opération, Caroline Frey a créé une nouvelle entité juridique, le Domaine de la Chapelle, dont elle assure la présidence. Premier geste la construction d’un chai réalisé par un architecte danois et destiné à recevoir les raisins des 26 hectares consacrés à ces deux hermitages. On le sait, la-chapelle est la cuvée préférée de Caroline Frey parmi tous les vins qu'elle produit dans le Rhône, à Bordeaux, en Bourgogne et dans le Valais. La marque Paul Jaboulet Aîné sera remplacée par Domaine de la Chapelle à partir du millésime 2021.

 

Ainsi, le domaine Paul Jaboulet Aîné que la famille Frey possède depuis 2006 pourra se concentrer sur les autres vins du domaine (cornas, côte-rôtie, etc.) et sur les activités de négoce dont le vin bio Parallèle 45 est le fer de lance. De fait, la cuvée Maison Bleue en hermitage devient le haut de gamme de la marque.

Ce genre de mouvement est assez fréquent. Récemment, chez Piper-Heidsieck avec la cuvée Rare devenue une marque à part entière. Avant cela, Moët & Chandon et la cuvée-phare Dom Pérignon. Il y en a d’autres.

 

 

 

Pour mémoire, la-chapelle est un blockbuster dans les ventes aux enchères, le prix moyen constaté le plus récent s’établissant à 26 885 euros la bouteille 75 cl dans le millésime 1961 (source : Wine Searcher, septembre 2023). Pour les budgets serrés, un négociant parisien vend une bouteille de 1961 un peu plus de 10 000 euros. Et pour les budgets plus… dilatés, un négociant bordelais propose le magnum du même millésime à plus de 80 000 euros. Oui, mais bon.

 

 

Jai beaucoup écrit sur les aventures de Caroline Frey, ses vins, la colline de lHermitage vue de sa fenêtre, ses bordeaux, ses bourgognes, son jardin secret dans le Valais, etc. Pour retrouver tous ces textes, tapez "Caroline Frey" dans la barre de recherche en haut à droite de cette page et bonne lecture. Ça vaut tous les détours.