
Il est le fils de son père, tenace, précis, organisé. Et puis, il a son côté rentre-dedans, un physique à la Terminator, sa façon d’être sûr que rien ni personne ne peut lui résister. Je ne lâche jamais, dit-il. On s’en doutait déjà. De prime abord, Paul Aegerter surprend, il n’est pas dans le moule de la vinocratie bourguignonne. C’est une sorte d’hyper-actif qui s’est lancé dans le grand bain très tôt. A 20 ans, il crée sa première société, une histoire de voitures, de passion. Il est toujours très « bagnole » mais moins. À 23, il rejoint le vignoble et son père, la société devient Aegerter Jean-Luc & Paul, c’est écrit sur l’étiquette. Grand A et petit a. À Jean-Luc, le savoir-faire, les vins, leur élaboration, la garde des traditions. À Paul, le commerce, l’innovation nécessaire, les gammes qui parlent aux gens. Les slogans sur les étiquettes, il fallait oser, mais ça marche. Paul croit à des choses simples, « même si on n’est pas connu, il suffit de parler aux gens et, si vous ne faites pas le malin, on vous fait confiance ». Une façon toute personnelle de mettre le pied dans la porte, servie par des produits adaptés et par les belles boutiques Aegerter de Beaune et de Nuits qui portent bien l’image. Le résultat se mesure aisément, le chiffre d’affaires multiplié par trois en sept ans. Pour être sûr de convaincre, il ajoute : « je ne me laisse jamais marcher sur les pieds ». Un côté Smith, Wesson and me totalement attendrissant.
La photo : Paul Aegerter photographié dans son chai par Mathieu Garçon