Le blog de Nicolas de Rouyn

Bonjour.
Ceci est un blog dédié au vin et au monde du vin, qu'on appelle aussi le mondovino. Et à tout ce qui entoure le vin, les belles tables,
les beaux voyages, les tapes dans le dos et les oreilles tirées.
Cela posé, ce qu'on y lit est toujours de-bon-goût-jamais-vulgaire,
ce qui peut plaire à votre mère. Dites-le lui.
(Only dead fish swims in ze stream).
Les photos sont signées Mathieu Garçon, sauf mention. Pour qu'elles soient belles en grand, il suffit de cliquer dessus.
Au fait, il paraît que "l'abus d'alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération".
Nicolas de Rouyn



vendredi 29 avril 2016

Bordeaux primeurs 2015, les commentaires
et les notes de Bettane+Desseauve

Deux choses en ce 29 avril quasiment légendaire. La parution du troisième numéro de ENMAGNUM. Il est disponible à prix doux, il est beau comme un soleil, il est passionnant, il est chez votre marchand de journaux, n'hésitez surtout pas.





Les 2015, l'avis de Bettane+Desseauve

L'autre événement (non, le mot n'est pas trop fort), c'est la publication sur enmagnum.com des commentaires et notes de dégustation des bordeaux primeurs 2015.
On m'a beaucoup expliqué que, une fois Parker à la retraite, il n'y aurait plus d'intérêt pour les critiques, voilà quand même une bonne semaine que je suis harcelé par des producteurs bordelais qui veulent les notes de Bettane+Desseauve. Comme quoi, entre les avis des commentateurs blasés à la recherche d'un ailleurs toujours plus vert et celui des gens vraiment intéressés (producteurs et public acheteur), il y a un monde d'incompréhension. Ce qui devrait inciter les uns à plus de modération dans leurs propos (il n'en sera rien). Un peu comme pour les Foires aux vins.
Bref, pour lire les notes et commentaires de plus de 500 bordeaux primeurs 2015, il suffit de cliiic.
Faites-le, c'est gratuit.




vendredi 22 avril 2016

Super bordeaux 2015, les premiers prix tombent

La semaine s’achève avec les sorties de quatre super bordeaux à des prix qui illustrent parfaitement l’une des idées qui sous-tendent ce classement imaginé par Bettane+Desseauve.


Le numéro 3, en vente chez votre marchand de journaux à partir du 29 avril.


Un super bordeaux, c’est un bordeaux qui fait aimer le bordeaux. Des vins très bons, excitants, pas (trop) chers, avec de l’enthousiasme dans le verre, des dégustateurs épatés et vos potes, bluffés. C’est aussi le meilleur tremplin pour comprendre les autres, les inoubliables, les incroyables, les classés, les tout grands.

Voici les quatre premiers sortis.

L’Isle-Fort, bordeaux supérieur
Harmonieux, tanin délicat, très joli fruité, frais, brillante réussite (15 à 16/20)
8,40 euros HT, chateauprimeur.com

Lanessan, haut-médoc
Notes de cèdre et d’épices douces, tanin noble, ultra-médocain (17 à 18/20)
10, 30 euros HT, chateauprimeur.com

Vrai-Canon-Bouché, canon-fronsac
Complexe, notes de bulbe typiques, grand tanin, vin de race (17 à 18/20)
14 euros HT, ventealapropriété.com

Le-Pape, pessac-léognan
Agréable finesse de texture, tanin élégant, vin de charme vinifié par l’équipe de Haut-Bailly (15 à 16/20)
17,50 euros HT, chateauprimeur.com

Ces quatre vins font partie de notre sélection « les 101 super bordeaux en primeur 2015 ». Retrouvez les 97 autres dans EN MAGNUM #3, en vente chez votre marchand de journaux à partir du 29 avril.


Sur la table de tri du château Le-Pape en septembre 2015 (photo moi)






jeudi 21 avril 2016

Les primeurs, pour quoi faire ?

Les primeurs seize, quinze et dix ans après

C’est le moment, tout commence.
Ici et là, au fond d’un uber ou devant un écran de bureau, l’Homme s’interroge, compulse des fichiers de notes et de commentaires, affole les applis, compare des prix qui sont tous les mêmes ou à très peu près, appelle un pote qui s’y connaît.
L’Homme va acheter du bordeaux en primeurs.
Il prend son temps, ce n’est pas comme si sa vie en dépendait. Il est loin le temps où il fallait se positionner, comme on dit dans le commerce chic, avant la sortie de la deuxième tranche, plus chère évidemment. Il n’y a plus de deuxième tranche et si il y en a encore, l’Homme sera en vacances, alors, les primeurs, hein.
Parfois, il s’agace d’un rien. Se demande qui de Bettane+Desseauve, leurs 101 super bordeaux, ou de Jane Anson, la nouvelle chroniqueuse trop hype du Figaro, a le plus raison pour haut-carles ou carmes-haut-brion, les chouchous du millésime. C’est la saison où l’Homme se pose de vraies questions (dois-je acheter figeac ou pontet-canet ?).
Non, il ne se dit pas que s’il n’achète pas là maintenant, il ne l’aura pas son cheval-blanc OWC, comme ils disent chez Berry Bros (CBO en français). Au fond, il s’en fout un peu. Il est normal, le Raymond. Il sait bien que le jour où il ouvrira l’une des bouteilles qu’il va acheter samedi, dix ou quinze ans plus tard, tout ceci, ces tourments, sera oublié.
Il est comme moi, Raymond, ce n’est pas un spéculateur, c’est un jouisseur.
Dans un registre voisin, il ne se dit pas non plus que c’est l’affaire du siècle cette histoire de primeurs. Il a lu sur le site de tel magazine anglais ou américain que les vins dont on parle se retrouvent moins cher qu’en primeur, trois ans après. Enfin ça, il l’a lu, mais il n’a rien vu de tel, même pas dans les Foires aux vins d’octobre, moi non plus, pourtant il paraît, mais bon.
Non, le Raymond, je vais tout vous dire.
Il achète des bordeaux en primeurs pour en avoir.
- Quoi ? C’est tout ? Tu parles d'une info.
- Ben oui, tu t’attendais à tomber de ta chaise ? C’est pas Wikileaks, ici.
Comme moi, il sait le bonheur d’attaquer un rang de douze dans ses casiers équipés en rangs de dix (ceux qui savent, savent). Le plaisir de tirer un bouchon de haut-marbuzet 2000 acheté en 2001, mais à qui ? C’est comme le malartic-lagravière 2001, qui me l’a vendu ? Osef, comme on dit sur internet. Mais quel pied de sortir ça. Et comme c’est bon. Et bon d’en avoir en sachant que t’en as encore. Le petite-église 06, je me souviens. C’est le beau Gérard Super-Bordeaux qui me l’a fourgué comme un truc de la plus haute importance, que je devais pas rater ma vie, tout ça. T’as vachement bien fait, Gérard, il est parfait, en place, très bon, ce p’tit pomerol de deuxième rideau. Et comme j’ai complètement oublié le prix, neuf ans après, il est encore meilleur. Je l’ai, je suis content, c’est tout bien, je l’ai bu, bonheur avec onze à suivre.
Voilà à quoi servent les primeurs. En avoir, les couver pendant dix ou quinze ans, oublier le prix, les boire avec ravissement et les amis.

Et le seul truc auquel l’Homme est devenu vraiment attentif, c’est à qui il achète ces vins qui lui seront livrés dans deux ans. Ça ne rigole plus comme du temps de 1855. Les marchands sérieux sont ceux qui appartiennent à de gros négociants bordelais historiques à une ou deux exceptions près, ceux qui sont adossés à des millions de quilles en stock, pas les malins de cour de récré qui montent des sites trop chouettes pour être honnêtes.
Il finira par dégainer la Visa, Raymond. Pour ça. En avoir, l’oublier, le retrouver, la poussière, ces plaisirs. C’est simple.


mercredi 20 avril 2016

Le jardin secret de Caroline Frey
(est dans le Valais)

Caroline Frey est l’œnologue et la directrice des vignobles de sa famille, à l’exception de ceux de Champagne. Elle a la charge de Château La-Lagune, cru classé du Haut-Médoc ; du domaine Paul Jaboulet Aîné (Rhône nord) et du château Corton C (ex-Corton-André) en Bourgogne (clic). Elle passe sa vie en voiture dans une sorte de rallye triangulaire et éternel et voilà qu’elle s’investit dans une nouvelle aventure dans cette région suisse que les Français appellent le « petit Rhône » et les Suisses, le « Rhône supérieur » (rires).
Elle a signé ce matin chez le notaire et cet après-midi, elle était dans ses nouvelles vignes pour « faire une 500 ». Comprendre que son nouveau vignoble est mené en bio-dynamie à partir de maintenant, une 500 est un préparat dynamisé.
Bravo, mais c’est dans le droit fil de ce qu’elle a entrepris à La-Lagune, chez Jaboulet et, j’imagine sans tarder, à Corton C. De ses montagnes, elle m’a adressé par sms la photo de sa parcelle :





Interview par téléphone. Allo ?

Vous venez d’acheter un domaine dans le Valais ? 
Un domaine, non. Juste une parcelle bien placée sur le coteau de granit à Fully, parfait pour la petite-arvine. Depuis que je travaille sur la colline de l’Hermitage, j’ai du goût pour le granit. Cette histoire de Valais, je l’ai dans la tête depuis longtemps, depuis que j’ai commencé dans le vin, depuis mon stage de fin d’études chez Denis Dubourdieu, en 2002. Il s’agit de 2 000 m2, pas plus, mais je les ai cherché longtemps.
La petite-arvine, c’est un cépage blanc, n’est-ce pas ? 
Oui, c’est du blanc qui marche bien en sec et qui fait de belles vendanges tardives. Cette parcelle ne produit pas encore de petite-arvine, ce sont des pinots, des chasselas et des sylvaners que je vais sur-greffer cette année. Le but est de ne produire que de la petite-arvine en vendanges tardives.
Vous allez rester avec vos quatre ouvrées comme on dit en Bourgogne ? 
Oui, c’est mon jardin. L’idée est que je puisse m’en occuper entièrement, je tiens à tout faire d’un bout à l’autre du cycle, de la taille aux vendanges et aux vinifications, bien sûr.
Un nouveau vignoble Frey ? 
Non, un vignoble Caroline Frey.
Il y a une maison et un chai ? 
Non, juste les vignes. Mon voisin m’hébergera dans sa cave pour les premières vinifications. Je reçois beaucoup de soutien des autres vignerons qui semblent contents de me voir parmi eux. C’est un beau terroir avec des gens qui travaillent bien.
Ça fait combien de bouteilles, 2 000 m2 ? 
Sûrement pas beaucoup, surtout en vendanges tardives. Le vigneron à qui j’ai acheté envoyait ses raisins à la cave coopérative du coin et n’a pas su me dire ce que cela représentait en nombre de bouteilles.
Combien coûte ce type de vignoble ? 
Cette vigne m’a coûté entre 10 et 15 francs suisses du mètre carré selon l’endroit. J’ai encore beaucoup de travail en termes d’aménagement du terrain, il faut refaire les accès ou décider de faire de l’alpinisme.
C’est un retour aux sources dans votre histoire de dix ans avec Denis Dubourdieu. Il a été votre professeur, votre président d’université, votre maître de stage, votre consultant à La-Lagune, puis chez Jaboulet. Maintenant, vous vous mettez à votre tour aux liquoreux ? 
Exactement. J’en parle beaucoup avec lui, je sais à quel point il aime ce cépage, j’espère pouvoir le faire venir bientôt.


Cette photo a été prise un jour de vent
tout en haut de la colline de l'Hermitage
par Mathieu Garçon


mardi 19 avril 2016

Les prix du 2015 en primeur,
ça va se passer comment ?

Les lilas et les primeurs fleurissent en même temps


Comme chaque année, il faut se demander qui va en vouloir.
Les Américains semblent tenir la corde sur le 2015. Grand marché d’amateurs curieux, les USA se positionnent déjà via quelques gros marchands de la côte Ouest (ils donnent le ton) et de la côte Est (ils font les volumes).
Londres, comme toujours, explique qu’il va falloir être très light sur les augmentations. Comme la livre ne se tient pas très bien face à l’euro, si le vote du 23 juin sur le Brexit ne se passe pas comme il faudrait, le plongeon risque d’être sévère.
On nous serine en boucle que la Chine serait atone, ce que nous ne croyons pas. Le repli des grands premiers crus dans les ventes aux enchères n’a aucun impact sur les ventes en primeur.

Bref, on peut se dire deux ou trois choses.
Un, les petits volumes de la Rive droite sont plus faciles à vendre vite et, la plupart des commentateurs s’accordent sur l’excellence des saint-émilion, pomerols et satellites.
Deux, la restauration haut de gamme du monde entier a grand besoin d’un millésime prestigieux sur des marques de même acabit, après quatre années de vaches maigres.
Trois, le « prestige » de Bordeaux n’est entamé que dans quelques caboulots du XIe arrondissement de Paris. Le reste du monde a du goût pour les crus classés.

Nous pensons que, comme chaque année, les propriétaires bordelais soucieux du statut de leur cru afficheront des prétentions dispendieuses qu’ils estiment positionnantes. Nous croyons que ceux qui sont toujours attentifs aux marchés (Bernard Magrez, domaine de Chevalier et tous ceux qui se placent autour des vingt euros hors taxes par bouteille) connaîtront le succès qu’ils méritent. Quelques étiquettes (les vedettes de la Rive droite, évidemment) s’envoleront avec bonheur. Et d’autres qui auront poussé le bouchon un peu loin construiront en urgence des chais à bouteilles.

Quoiqu’il se passe, n’oublions pas que le vin est globalement très bon et que rien ne pousse les propriétaires, qui sont aussi des chefs d’entreprise, à limiter le développement de leurs marques quand ils tiennent enfin un grand millésime après quatre années plates. Et que l’éternel pipeau romantique (partage, convivialité, tout ça) sur le vin n’empêche pas qu’il faut verser des salaires tous les mois et une collection de taxes et impôts de toutes natures et provenances qui n’a d’équivalent nulle part ailleurs. Tout ceci ne prêche pas pour une campagne au rabais. Et je ne parle pas des tarifs de la nouvelle gamme BM-Audi-Benz.

Il va de soi que nous guettons les sorties et que nous les commenterons. Surtout celles de nos chouchous.

(À peine le temps de me demander comment illustrer ce petit texte et vlan, voilà la première sortie. C’est le château Lanessan qui inaugure la série avec un modeste 10,30 euros HT la bouteille chez Chateauprimeur.com. Pour un vin très joliment fait par Paz Espejo, la remarquable maître de chai espagnole, c’est quasi donné.)


Le chai de Château Pavie, signé Alberto Pinto, où grandit le 2015

vendredi 15 avril 2016

Joël Robuchon à la Grande Maison, c'est terminé

Voici le communiqué de presse qui vient de tomber :

« Joël Robuchon et Bernard Magrez vont cesser leur collaboration à "La Grande Maison" de Bordeaux.

Le chef le plus étoilé du monde avait débuté cette aventure fin 2014 après
le rachat de l’hôtel particulier bordelais par Bernard Magrez. Un projet ambitieux d’hôtel-restaurant "haute couture" pour lequel Joël Robuchon avait pensé une cuisine française d’exception, récompensée par deux macarons au Guide Michelin seulement un an après son ouverture. 


Néanmoins, dans un contexte économique difficile avec un ralentissement
du tourisme lié aux attentats de 2015, "La Grande Maison" a décidé de changer de cap et d’adapter sa formule. 


Joël Robuchon reste l’ambassadeur des vins Bernard Magrez à travers le monde. 

 Il souhaite rendre hommage à son ami Bernard Magrez et remercier
toute l’équipe du restaurant pour le formidable travail accompli depuis l’ouverture. »


On retrouve là le pragmatisme de Bernard Magrez, il ne reste jamais longtemps à regarder tomber les factures sans réagir. Ce très bel endroit va trouver une direction différente puisque la piste « grand restaurant » semble s'essouffler, ce qu'on peut aisément comprendre, les patrons des beaux hôtels et des belles tables à Paris ne disent pas autre chose. Précisément, la force de Magrez c'est de n'être pas un jouet du destin.
On va trouver une nouvelle Grande Maison plus adaptée à l'époque, sans doute, et c'est très bien ainsi. J'y avais dîné-dormi fin mars et voilà quelques photos prises ce soir-là.


L'entrée de la Grande Maison


La table du petit-déjeuner

J'adore cette moquette