Le blog de Nicolas de Rouyn

Bonjour.
Ceci est un blog dédié au vin et au monde du vin, qu'on appelle aussi le mondovino. Et à tout ce qui entoure le vin, les belles tables,
les beaux voyages, les tapes dans le dos et les oreilles tirées.
Cela posé, ce qu'on y lit est toujours de-bon-goût-jamais-vulgaire,
ce qui peut plaire à votre mère. Dites-le lui.
(Only dead fish swims in ze stream).
Les photos sont signées Mathieu Garçon, sauf mention. Pour qu'elles soient belles en grand, il suffit de cliquer dessus.
Au fait, il paraît que "l'abus d'alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération".
Nicolas de Rouyn



vendredi 20 avril 2012

Les Chinois, les vins chinois et Dijon


C’était un soir à Dijon. Les longues plaines du campus de l’Université de Bourgogne. Une grande salle dont les baies vitrées donnaient sur la pluie. Près de cent personnes se pressent avides de découvrir une sélection de vins chinois annoncés comme étant les meilleurs.

Le format
Cette dégustation avait ceci d’amusant que chaque vin était présenté, expliqué, argumenté par un propriétaire chinois ou, le plus souvent, par son représentant. Dans la salle, des étudiants français et chinois, des journalistes, très peu, des œnologues français qui œuvrent en Chine, des dégustateurs de haut niveau (Mei Hong, la Chinoise du Grand jury européen). Une petite foule ravie et bon enfant. Les explications dispensées avec les vins nous ont permis de découvrir la démesure de la viticulture chinoise. Ses dizaines de milliers d’hectares aux rendements si faibles en raison des conditions climatiques. Ses châteaux plus grands que Versailles. Ses alignements de cuves à perte de vue. Ce marché en forme d’El Dorado.


Les vins
Des blancs en jolie forme. Les chardonnays semblent se plaire dans l’Empire du Milliard. Des trois vins que nous avons goûtés, deux d’entre eux n’auraient pas déparé au milieu de confrères à eux, en Bourgogne ou sous d’autres cieux.
Les rouges, c’est plus compliqué. Pour l’essentiel, il s’agit d’assemblages dits bordelais, avec des proportions changeantes selon les domaines entre cabernet-sauvignon, merlot et cabernet franc. Le problème réside dans la viticulture, pas dans la vinification. Deux types de soucis. Pour la plupart, les vignes sont plantées en franc-de-pied, ça part dans tous les sens, c’est difficilement contrôlé. L’hiver, pour éviter les ravages de températures extrêmes, elles sont carrément enterrées. Il existe des solutions, appliquées au nord des Etats-Unis, et des matériels adaptés pour gérer des vignes sur porte-greffe dans des climats continentaux. Arracher et replanter signifie dix ans de délai… Pas simple à prendre comme décision. L’autre point dur concerne la détection des parcelles qualitatives et leur adaptation aux cépages. Sur des territoires aussi grands, il est plus compliqué de déceler le meilleur. Un travail immense de parcellarisation est à mettre en œuvre, c’est la clé. En attendant, rien de ce que nous avons goûté n’était mauvais ou très bon.


Alors ?
Le vin chinois est en marche. Il arrivera tout en haut de l’échelle à marche forcée. Il n’est pas dit que ces vins inonderont le Vieux Monde, compte tenu du gigantisme du marché intérieur. En revanche, tôt ou tard, ils se poseront en challengers des vins importés en Chine. Avec un avantage de prix, bien entendu. Et d’origine. Ce qui ne changera pas la situation de nos grands crus, mais rendra la vie des moins célèbres particulièrement compliquée.




Les photos : reportage Youri Soltys

5 commentaires:

  1. Bonjour,

    Merci de cet article qui dépasse le discours condescendant habituel sur les vins chinois. Un point sur lequel je ne vous rejoins pas : l'avantage concurrentiel prix par rapport au reste du monde n'est pas acquis pour les meilleurs vins chinois. Plusieurs raisons à cela :

    Produire du bon vin coûte relativement cher en Chine. Les vignobles à potentiel sont isolés (Ningxia, Xinjiang, Yunnan), il faut y faire venir la main d'oeuvre en abondance et même dans un pays où elle est encore peu chère, l'impact se fait sentir et il va aller en augmentant (les salaires progressent vite...).

    Les prix des meilleurs vins chinois seront mécaniquement poussés vers le haut par une clientèle nationale qui préférera acheter chinois. L'exemple californien est intéressant, certains 'cult wines' atteignent des prix inimaginimables dans un pays moins bien loti du côté de l'économie. Ce patriotisme viticole donne même un bon rapport qualité prix à certains grands crus bordelais.

    Voilà qui pourrait laisser un peu de place aux bons vins importés à des prix intermédiaires.

    Je vous suis sur tout le reste.

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    1. N'oublions pas les taxes à l'importation des vins pratiquées en Chine continentale

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  2. ... taxes à l'importation qui sont (mal) élevées mais qui peuvent être absorbées par la pratique de marges avals très grasses ou de la contrebande via Hong Kong. Tout ceci n'étant pas éternel, ces taxes devraient finir par jouer leur rôle pénalisant pour les vins importés en concurrence directe avec le haut du panier chinois.

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  3. Je serais curieux d'avoir la liste de cette dégustation, que des noms connus ou aussi des cuvées basiques ? (il faut penser a relever les n° de lot quand ils existent)

    Sinon +1 pour Thomas, je suis du même avis pour l'absence d'avantage concurrentiel pour ces raisons dans les provinces qu'il cite mais il ne faut pas oublier le Shandong qui en plus de autoconsommation locale oeno-touristique possède une porte ouverte sur Tianjin et Beijing. Ce qui avec une région pleine de vrais terroirs calcaires et ouverte sur le commerce peut modifier les perspectives.

    J'y rajoute que si on fait un parallèle avec les vins "icons" Américains, Sud Africain ou Néo-zélandais d'aujourd'hui, les futurs "icons" Chinois auront pour objectif d'être les plus chers du new-nouveau monde : La face l'oblige !

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