Le blog de Nicolas de Rouyn

Bonjour.
Ceci est un blog dédié au vin et au monde du vin, qu'on appelle aussi le mondovino. Et à tout ce qui entoure le vin, les belles tables,
les beaux voyages, les tapes dans le dos et les oreilles tirées.
Cela posé, ce qu'on y lit est toujours de-bon-goût-jamais-vulgaire,
ce qui peut plaire à votre mère. Dites-le lui.
(Only dead fish swims in ze stream).
Les photos sont signées Mathieu Garçon, sauf mention. Pour qu'elles soient belles en grand, il suffit de cliquer dessus.
Au fait, il paraît que "l'abus d'alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération".
Nicolas de Rouyn



lundi 24 juin 2013

Le prix du vin, sujet creux

L’un des sujets les plus creux qui se puisse trouver dans ce monde qui nous passionne, c’est le prix du vin. Depuis qu’il a rompu d’avec le pain, qu’il n’est plus un aliment, mais un plaisir, son prix a connu une envolée certaine. Bien sûr, sa qualité aussi. On boit beaucoup moins, du coup, et on boit mieux. Tout le monde le sait et pourtant quelle agitation, que de débats, d’invectives.
Portés par l’enthousiasme de ceux qui, peu à peu, découvrent les subtilités du divin breuvage, les prix des plus célèbres étiquettes ont atteint rapidement des altitudes stratosphériques qui les ont définitivement coupés du monde des vivants que nous sommes. Devenues peu ou prou objets de luxe, parfois de spéculations, signes extérieurs de richesse, symboles statutaires, ces grandes cuvées ne touchent plus terre. Nous, oui.

Pour vous comme pour moi, le drame est très relatif. La qualité générale des vins a fait d’immenses progrès. La différence de qualité entre un lafite et ses suivants s’est amenuisée assez nettement. Seul son prix creuse un écart significatif. Aujourd’hui, ces vins extrêmes ont été remplacés dans les cœurs et dans les caves des amateurs par d’autres, un deuxième rideau d’excellence qui constitue une sorte de relève. S'il nous arrive de goûter ici ou là un pétrus ou un haut-brion, on pousse des petits cris de joie, on ferme les yeux et voilà tout. On ne boit pas de pétrus à tous les repas ? La belle affaire. Ça n’empêche personne de dormir ni de soigner sa cave avec d’infinies précautions pour être sûr de toujours boire bon, ceci dans le cadre forcément limité par des moyens de gens normaux.
Seulement voilà.
Le prix du vin provoque de véritables poussées d’urticaire chez certains de ceux qui ne peuvent plus acheter et boire les plus grands, mais pas seulement ceux-ci. Les autres qui se bagarrent dans le ventre mou du marché (de 20 à 60 euros) y ont droit aussi. Tous ces vignerons se voient intimer l’ordre de baisser les prix à longueur de rubrique dans la presse spécialisée ou pas et, surtout, sur le Net. Voyez la récente campagne des primeurs, c’est hallucinant le culot de ces chroniqueurs qui savent mieux que l’homme de l’art ce qui est bon pour lui, eux qui n’ont jamais rien vendu d’autre que leur vieille bagnole d’occasion. Comment, disent-ils, vous osez augmenter vos prix ? Ceux-là n’ont pas de mots trop forts, insinuant le pire, volontiers injurieux, pour stigmatiser l’esprit de lucre qu’ils discernent à l’évidence chez ces vignerons cupides, leur refusant par là-même le droit de gagner de l’argent, de réussir, de transmettre. Droit qu’ils accordent volontiers à un footballeur inculte ou un chanteur inepte au motif unique que les carrières sont courtes.
Mais le vigneron et sa récolte annuelle, non.
C’est pourtant, aujourd’hui, un chef d’entreprise malmené par une réglementation décourageante et une législation obscène. Il est loin le temps romantique du vigneron-paysan qui prie le ciel qu’il fasse beau temps. Aujourd’hui, il doit savoir tout de l’ordinateur, de la comptabilité, du commerce, de la communication, de la logistique, des RP, des RH et de tous les acronymes d’un monde administratif qui s’en donne à cœur joie en la matière. Chacun reconnaît au moindre informaticien à succès le droit d’être l’homme le plus riche du monde. Le vigneron, lui, non. C’est un peu bizarre.
Depuis quand un entrepreneur devrait baisser les prix de sa production pour complaire au plus grand nombre ? Dans quel secteur de l’activité humaine voit-on des choses pareilles ? Ou alors, c’est la grande distribution qui pèse sur les producteurs de lait avec les dégâts que l’on connaît. Nos procureurs du vin souhaitent-il le même sort aux vignerons ?
Ces garçons et ces filles qui, à force de talent, de passion et de travail — et de travail encore et encore, mettent sur le marché des bouteilles sublimes n’auraient pas le droit de voir toute cette débauche d’énergie récompensée parce qu’un Guignol déguisé en Robespierre les cloue au mur (des cons, forcément).
On sait pourtant ce qu’il faut de batailles pour gagner un euro de plus par bouteille. Qui parfois sert à changer la Mercedes — et alors ? — ou qui, le plus souvent, accélère les remboursements d’emprunts importants et permet de travailler mieux, plus propre, plus précis, plus fin. Pour, qui sait, gagner un autre euro de plus par bouteille au bout de quelques années et pour que, mis bout à bout, tout ceci ressemble, in fine, à la réussite d’une vie de labeur. Un scandale ?

L’actualité la plus récente me laisse penser que si certains vignerons vendaient leur très belle production à des prix plus élevés, ils pourraient plus facilement faire face à des désastres climatiques à répétition au lieu de se retrouver dans les plus scabreuses des positions financières à chaque passage de grêle.



49 commentaires:

  1. 1) Tout de même paradoxal qu'on boive beaucoup moins depuis que le vin est meilleur ! ;-)

    2) Le prix des vins au restaurant reste un problème. Non du fait des vignerons, mais du fait de la marge tout à fait exagérée que s'autorisent certains restaurateurs.

    3) Je connais un autre métier où les « producteurs » ont dû revoir leurs prix (imposés) à la baisse : la presse ! ;-)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. 2) En Italie, où on produit du bon vin dans la totalité des régions, il est rare que la marge du restaurateur dépasse 50 à 100%.
      En France, dans les années 50 on pratiquait couramment une marge de 100% qu'on appelait "la culbute"),sauf dans les villages où l'on produisait du vin.
      Aujourd'hui une marge de 500% ou plus n'est pas rare.
      Pourquoi une telle inflation, qui fait que pour boire du bon vin français au restaurant il faut aller en Belgique, aux Pays-Bas ou en Allemagne?
      Les restaurateurs allèguent que c'est la faute du fisc qui les impose comme s'ils pratiquaient une marge de 500% même s'ils peuvent prouver le contraire.
      Connaissant bien les inspecteurs du fisc je n'y crois pas. Alors pourquoi, donc? Et surtout pourquoi ne lit-on jamais un article bien documenté sur cette question essentielle dans la presse spécialisée?
      barry

      Supprimer
    2. Blandine, d'accord trois fois.

      Supprimer
    3. Barry, ce que vous dites sur la restauration italienne est vrai et les 500 % à la française aussi.

      Supprimer
  2. « Depuis quand un entrepreneur devrait baisser les prix de sa production pour complaire au plus grand nombre ? Dans quel secteur de l’activité humaine voit-on des choses pareilles ? » demandez-vous ; en fait il y en a une, et ça cause sa perte : l’industrie musicale, ou, aujourd’hui, ne pas pouvoir se procurer les dernières (et pas que, d’ailleurs) sorties gratuitement semblent être un concept d’un autre âge. Bref c’est la mort (professionnelle) des jeunes musiciens qui arrivent car, à part si on s’appelle les Rolling Stones, ils ne peuvent plus vivre de leur art uniquement qu’avec leurs concerts. Comme nos vignerons demain ? Sans doute pas, car les amateurs auront du mal à télécharger leurs vins ( !), mais bon, vous voyez ce que je veux dire. Bref, j’acquiesce à 400% à votre effarement devant ce phénomène de de vitupération contre les prix des vins.

    RépondreSupprimer
  3. C'est assez fascinant de constater à quel point des intelligences pourtant bien formées n'arrivent pas à comprendre que le prix n'est pas établi par le producteur mais in fine par l'acheteur. C'est vrai, il faut un peu réfléchir à la chose.
    Si donc combat il doit y avoir, ce doit être contre ces riches chinois, américains, brésiliens qui ne voient pas l'argent selon les vues de Thomas d'Aquin.
    Vaste débat, là encore !

    RépondreSupprimer
  4. Chère Blandine, je réagis à votre point 2.

    Le restaurateur français est aujourd'hui, majoritairement, en difficulté financière et/ou se paie moins qu'un smic horaire (on a tous un contre-exemple en tête, certes, mais la profession dans son ensemble est en grande galère).
    Quand il fait payer sa bouteille au coefficient 4, il paie celui qui fait à manger, celui qui nettoie le couvert, celui qui sert (tous à 18 euros de l'heure minimum charges comprises), son loyer, sa mise aux normes (!) et son emprunt (et j'en passe). S' il en reste un peu, il se paie lui-même.

    Il fait payer 30 euros son vin qu'on trouve à 8 par ailleurs. C'est scandaleux mais c'est un trompe-l-oeil. Pour etre plus près de la realité, il devrait le faire payer 10 et facturer 20 euros de "frais de service" qui sont ses frais réels et qui n'ont rien à voir, effectivement, avec ce que lui coûte le vin à l'achat. Gilles


    RépondreSupprimer
  5. Enfin un qui comprend les réalités de notre métier !!
    Bravo pour ce billet qui défend le viticulteur ! On vous envoie bientôt lutter contre la loi Evin ?
    Stéphany Lesaint

    RépondreSupprimer
  6. Nicolas,
    je me suis toujours insurgé devant les prix délirants que j'ai qualifiés d'indécents pour certains grands vins et je ne m’arrêterai pas de si tôt.
    Oui, il y a bien de la morale là dedans et tant que cette morale n'aura pas peu ou prou pénétré la finance et le commerce, notre société continuera de crever doucement et nous aurons bien du mal à redonner à nos jeunes le goût de l'effort et du travail. Je pense que cette génération de l'argent facile et disproportionné a donné le tournis et un mode de pensée à nos générations et à celles montantes : c'est un vrai problème philosophique et de société.
    Il y a des vignerons qui ont fait le pari de ne pas vendre un vin à un prix supérieur à ce que pourrait mettre le voisin pour se payer sa bouteille du dimanche : ça existe : Olivier Jullien, par exemple. Et quand tu parles du ventre mou de 20 à 60 euros, je crois que nous ne vivons pas sur la même planète.
    Sache encore que ce qui me fait hurler, ce n'est pas de ne pas pouvoir ou de ne plus pouvoir me payer ces vins si chers, mais c'est au nom du principe. Parce que ces vins-là, je les goûte et justement parce que je les goûte, je sais qu'il y a beaucoup de belles choses, bien plus émouvantes ailleurs et à un prix décent.
    Ce n'est pas un sujet creux, non ; c'est un grand bluff. Et du reste, tu le sais bien et c'est un argument quasi fallacieux, mais habile de t'en sortir comme cela : car quand même faire un papier si long sur un sujet que tu trouves creux : chapeau !
    François, si c'est le client qui fixe in fine le prix, penses-tu réellement que le propriétaire de l'Angelus a contacté ses clients pour fixer ce prix honteux de sortie de son vin en primeur ce printemps ? Oui, je sais bien que tu vas me dire que si au bout du compte le client n'est pas content, il n'achètera plus. Soit. Mais le problème, c'est que Angelus peut pratiquer les prix qu'il veut, il y aura toujours des clients pour acheter le plus cher possible. Je me demande même si ce n'est pas ce prix stratosphérique qui attire une certaine clientèle.
    Et pour que ce bluff fonctionne, il faut bien entretenir les mythe, ou les fabriquer et éviter par exemple le plus possible les confrontations à l'aveugle où les mythes sont bousculés ...Mais il y aura bien ici ou là quelques jolis billets pour redorer le blason : n'est ce pas Nicolas ?

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Effectivement il y a un problème de morale dans la loi du marché… Mais celui-ci se pose-t-il vraiment pour les vins ? Je m’explique en prenant un autre exemple de prix délirant : les loyers sur Paris. Louer 900 euros un studio sous prétexte que c’est la loi de l’offre et de la demande me semble amoral car cela revient à exploiter la misère de personnes n’ayant pas d’autres choix s’ils ne veulent pas dormir dans la rue. Vendre 900 euros une bouteille de vin c’est juste condamner le consommateur à boire autre chose… Après c’est au vigneron de choisir s’il veut que ses voisins puissent ou non boire ses vins…
      Je ne suis pas plus content que vous du prix de ces vins, mais ce qui m’énerve surtout c’est d’en entendre parler à longueur de magazines sachant que je ne les approcherai jamais. Je préfère qu’on me parle de vins que je peux boire. J’ai d’ailleurs stoppé dernièrement mon abonnement à la RVF …

      Supprimer
  7. quand un restaurateur fait payer 30 euros un vin qu'on trouve dans le commerce à 8, lui, il l'a payé 4 ou 5 ...

    RépondreSupprimer
  8. Nicolas, heureusement qu'il y a une presse specialisee pour entretenir le mythe des "grands" vins... sinon franchement qui les acheterait a` ces prix?

    Il y a quand meme deux choses:
    - les personnes pretes a` payer plus de quelques centaines d'euros un flacon ne connaissent generalement strictement rien au vin & achetent la marque (ou le prix).
    - les vins dans cette tranche de prix ne sont pas superieurs
    a` des vins de 80-100 euros.

    Enfin je note que certains domaines excellents restent tres discrets et ne font pas de tapage. Ils vendent tout et leurs
    clients qui sont allocataires evitent de se repandre dans les forums, parce ce qui est vraiment bon et rare, on se le garde pour soi ou pour les potes... Non?

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ou on les vend avec une marge énorme (voir mon comm en réponse à Jérôme, plus bas).

      Supprimer
    2. Ouais... Les marges enormes ca reste quand meme sur les grosses etiquettes tres connues que je ne vais pas citer parce que ca m'enerverait de leur faire de la pub.

      En fait le prix tre`s eleve' et la reputation rassure le client qui de lui-meme n'est generalement pas a` meme de comprendre la qualite' intrinseque du vin. Il pense avoir achete' le meilleur et la degustation ne changera pas son point de vue.

      De fait pour atteindre ce type de client (aka profil pigeon) il faut entre autre un prix de vente extremement eleve'. D'ou` certaines politiques commerciales.

      Ce n'est pas trop grave car a` mon avis il y a beaucoup de tres bons vins `a des prix "normaux". Il faut chercher un peu... et savoir ce que l'on veut.

      Supprimer
  9. Jérôme :

    "Mais le problème, c'est que Angelus peut pratiquer les prix qu'il veut, il y aura toujours des clients pour acheter le plus cher possible. Je me demande même si ce n'est pas ce prix stratosphérique qui attire une certaine clientèle."

    Pas de plus belle preuve que c'est bien l'acheteur quifait le prix !

    Bon, pas le temps là de rentrer dans les détails mais pour faire bref et en simplifiant : si le vin est considéré par tous comme trop cher, il ne se vendra pas, à moins que le producteur baisse son prix ou accepte de le garder pour lui-même.

    Ce que je retiens surtout du billet sensé de Nicolas, c'est l'évolution majeure de ces dernières années : oui, un vin comme Rollan de By, Haut-Carles, Fleur Cardinale peut se comparer à des classés dix fois plus chers : rien que pour cela, on devrait crier victoire car quelque part, on n'est pas que des buveurs d'étiquettes !
    Désolé de ne pouvoir être plus long : un avion m'attend ! Mais plein de choses à dire… qu'on dira encore et encore sur notre blog !

    RépondreSupprimer
  10. De Jean-Paul Jauffret de CVBG et Pt de Vinexpo " Le prix du vin monte toujours jusqu'au moment où il ne se vend plus. A ce moment-là, le propriétaire est content parce qu'il est sûr qu'il ne pouvait pas vendre son vin plus cher "

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Moi, Jacques, je trouve ça normal que le propriétaire d'un cru cherche à en tirer le meilleur prix. La dernière fois que tu as vendu ta bagnole d'occase ou ton appartement, tu as fait exactement pareil, non ? Moi, oui.

      Supprimer
  11. jolie plaidoirie pour les vignerons innocents. Merci pour eux.

    RépondreSupprimer
  12. Je partage assez votre point de vue.
    Cela revient à dire buvons moins, mais buvons mieux.
    Quand aux médias, si le jugement porté sur le prix peut sembler hatif, il ne demeure pas moins vrai que les dégustations, si elles sont sérieuses, doivent permettre au journaliste d'émettre un avis sur le rapport qualité/prix d'un vin.
    Personnellement, à la longue, le prix devient de moins en moins un déclencheur d'achat.
    J'ai pris le parti d'essayer de gouter préalablement systématiquement tout ce que je vais acheter.
    Ensuite, je mets un point d'honneur à acheter le vin choisi à celui qui me l'a fait gouter en priorité.
    Car le pire dans tout ça est ce vieux réflexe qu'on peut avoir de vouloir court-circuiter les réseaux. Je goutte chez le caviste, il me présente le vigneron et je commande en direct, sur le net ou en GMS. Non, ce n'est pas correct (pour économiser 5%)

    RépondreSupprimer
  13. de la platitude25 juin 2013 à 18:56

    On a finalement assez peu d'occasions d'être "vrai" dans sa vie et la consommation de vin n'en fait pas partie

    RépondreSupprimer
  14. Hum.

    Si je suis assez d'accord avec la première partie, j'ai quelques réserves sur le reste. Ventre mou entre 20 et 60 euros? Laisse moi rire. Le vrai ventre mou il est bien plus bas, hein. C'est surtout les quilles se retrouvent vendues cavistes entre 7/8 et 20 euros non?
    Enfin, bon, moi, ce que j'en dis.
    Le vin, s'il peut être considéré comme "oeuvre d'art" pour certains ne doit pas se départir de son côté populaire, au sens le plus noble du terme. Si tous les prix venaient à augmenter de façon exponentielle, qui boirait encore du vin? Oui, je ne suis pas sûre que les vins à 50 euros soient accessibles à tous... Que le vigneron touche une juste rémunération de ses efforts, okay. Qu'il en vienne à spéculer... C'est un autre métier, hein. Enfin, c'est MA vision, parce que les vins que je bois couramment sont ces vins là, des vins accessibles. Sur lesquels tout le monde gagne sa vie, oh pas forcément des fortunes, mais c'est aussi un choix.

    RépondreSupprimer
  15. François,
    certes, c'est le client qui accepte de payer fort cher, trop cher etc... Mais celui qui met le vin sur le marché a aussi le choix de se fixer des limites.
    Je ne crois pas à la loi de l'offre et de la demande, en tout cas, dans ce que le mot "loi" suggère de mécanisme. Il y a de l'humain là dedans, il y a de la conscience et parfois aussi hélas de l'inconscience. Qui dit conscience dit morale et là, chacun a la sienne.
    Je propose dans son acceptation habituelle de remplacer le vocable "loi de l'offre et de la demande" par " la règle de je m'en mets le plus possible dans les fouilles", là, je suis d'accord, ça existe, j'y crois. On peut trouver ça normal, on peut trouver ça indécent, passé une certaine limite.
    Parce qu'il ne faut pas s'y tromper. Ceux qui s'insurgent contre le prix du vin et de certaines bouteilles ne s'insurgent pas contre le prix élevé de Grange des Pères autour de 60 (je crois !), mais bien plus sur les prix de Lafite, Petrus etc ... à près de 1000 ou contre certaines augmentations injustifiées comme celle de Angelus. J'aime beaucoup dans le film du GJE où des pointure proposent le nom de Angélus quand ils dégustent Reignac ...
    Clos d'Ambonnay à 2000 euros, c'est décent ? Voilà le type de questions auxquelles il faut répondre. La vraie question est de savoir si on peut ou on doit parler de morale là dedans.
    J'imagine que la fracture (entre les tenants du oui ou du non à cette question) est fondamentale et relève bien du politique (et je n'ai pas dit de la politique).
    Maintenant, si Nicolas est invité chez Krug pour goûter le Clos d'Ambonnay, il va peut-être trouver ce prix normal et justifié.

    Bien cordialement,

    Jérôme Pérez

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. J'ai déjà été au Clos d'Ambonnay et j'ai déjà voyagé en Maserati. L'un et l'autre ne sont pas à ma portée financière. Je te jure, Jérôme, que ça ne m'empêche pas de dormir. Pour le Krug, c'est un tout petit nombre de bouteilles, 2 ou 3 000, même pas, qui concerne un tout petit nombre de ce qu'il est convenu d'appeler des grands amateurs. Pour les bagnoles, les villas à Saint-Tropez et les Falcon 50, c'est pareil. Ça s'appelle le luxe et c'est élaboré à destination de ceux qui ont les moyens du luxe. Mais je vais te dire un secret, le plus grand Krug, celui qui illustre le mieux le style de la maison et les intentions historiques des élaborateurs, c'est le premier prix de la gamme, pas les clos ou les millésimes.
      Est-ce politique ? Je pense à nos grands Bourguignons qui livrent des quilles à des allocataires historiques à des prix à peu près normaux (50 à 100 euros) et qui retrouvent très vite leurs bouteilles sur le marché à six fois ces prix. C'est lourdingue pour le vigneron qui fait des merveilles rares, non ? C'est pas lui "qui s'en met plein les fouilles", comme tu dis.
      Et puis, il y a reignac et angélus. 20 et 250 euros. L'inconnu total et la marque historique. Les "pointures" confondent ? C'est une bonne nouvelle pour ceux qui ont du reignac, voilà tout. Moi, j'ai bien peur qu'au bout de quelques années, plus personne ne confonde. Mais c'est une autre histoire et c'est même pas certain, mais quand même, on peut s'attendre à une capacité d'extra-vieillissement plus important avec un angélus.
      Pour finir (on n'en finira jamais), je ne vois pas d'indécence dans un prix élevé, j'y vois une chance pour celui qui vend et qui va pousser encore plus loin sur la voie de l'excellence grâce aux moyens que le commerce de son vin lui donne. C'est ce qui se passe partout. S'en mettre "plein les fouilles" n'est pas une attitude de producteur. Gagner sa vie le mieux possible est un comportement largement répandu et vraiment pas condamnable. Surtout par les temps qui courent.

      Supprimer
    2. 2000 euros pour du roteux??? C'est quoi ce delire? Ca doit targeter les mafieux russes...

      Le champ c'est sympa, consensuel et convivial -- tout le monde aime... Mais pas plus de 30-40 euros la quille! Pitie'! Et y'a des trucs sympas moins cher.

      Supprimer
  16. Quel plaisir d'avoir sous les yeux un article agréable à lire pour l'heureux mélange des mots mais aussi pour son contenu! Bravo!

    Pour ma part, il m'arrive de croire que le vigneron est plutôt «artiste» que producteur, c'est une des raisons pour laquelle souvent les prix dégringolent - tout ce qui touche à la «création» a tendance à être sous évalué, comme si l'orginalité, les efforts, la patience et le brin de génie ne pouvaient être récompensés. C'est dommage!

    Comme tout le reste, le luxe devient abordable et du coup, commun... Je n'ai pas de problème à ce qu'il y ait hausse des prix car tout travail bien fait mérite ses lauriers!

    Bonne journée et merci pour cette belle réflexion!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ben oui, mais vous voyez, il y a des gens, même sérieux, à qui l'idée de payer un gros prix donne des boutons, amis que ça ne dérange pas d'acheter trop cher un téléviseur fabriqué à des millions d'exemplaires. Je ne comprends pas cette démarche.

      Supprimer
    2. Vignerons "artistes", "genies"??? Jamais vu.
      Les prix degringolent? Ah bon...

      Supprimer
  17. c'est un peu court jeune homme !

    RépondreSupprimer
  18. Je t'ai fait une réponse plus longue que ton comm ;-)

    RépondreSupprimer
  19. Merci pour ta péninsule ... -))

    j'y lis en effet la fracture : de visions du monde. Mais ça, on le savait déjà.
    pas de morale dans le commerce et dans la finance d'un côté, la nécessité d'en mettre de l'autre.
    le débat sociétal actuel est ici bien résumé.

    ça ne nous empêchera ps de boire un coup ensemble

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. J'espère bien !
      Comme ça, on pourra se dire pourquoi on n'est pas d'accord et pourquoi le prix du vin ne relève pas, à mon sens, de la morale.

      Supprimer
  20. Tout qui est rare est cher. La plupart des consommateurs seront heureux de payer pour une expérience malgré les blogueurs/communistes à la Lalau/Pousson qui déteste tous les producteurs/critiques/sommeliers qui gagne d'argent!. Money makes the world go roumd!!!
    Marc

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Stoooop !
      Pousson n'est pas communiste, mais alors pas du tout.
      Lalau ? Je ne sais pas et, vraiment…

      Supprimer
  21. M'enfin bref, tout ça pour dire qu'on vit dans un système très libéral. Et qu'en conséquence, des riches s'enrichissent de plus en plus, à tel point de créer un marché de produits de luxe (dont certains vins= inaccessibles au commun des mortels. Ces riches enrichissent eux même certains vendeurs de produits de luxe (dont des producteurs de vins). A chacun (consommateur et producteur) de voir avec sa propre conscience si cela est "normal".
    On peut également penser que ce système se déséquilibre à tel point de créer des ultras-riches et un marché pour ultra-riches qui va avec, et à l'inverse que cela produit des inégalités avec des personnes très très pauvres.
    Maintenant, nous ne sommes pas non plus à la place de ces producteurs qui ont l'opportunité de se faire du gras avec le système dans lequel on vit. La tentation est grande. Si on me met la Brigitte Bardot de 20 dans mon lit, je suis incapable de préjuger de comment j'agirais, tout en couple que je suis.
    Merci Nicolas pour votre Blog très intéressant.

    RépondreSupprimer
  22. Un bon vin sera toujours trop cher pour ceux qui ont de la jalousie à noyer dans leur verre.
    Bravo à Nicolas pour ce billet d'humeur.
    Une admiratrice

    RépondreSupprimer
  23. Il n'y a malheureusement pas de vérité sur le prix du vin. En tant qu'amateur on le sait, on l'accepte, mais parfois certains jours on en rage, c'est tellement humain.
    Une chose est sur, le côté excessif de certains producteurs nous obligent à plus de curiosité et en cela nous permette de magnifiques découvertes. Il faut les en remercier.
    D.Joye

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bien sûr, personne n'est obligé de boire toujours la même chose…

      Supprimer
  24. Il n'y a finalement pas si longtemps de cela, il n'était pas rare d'entendre, aussi bien dans la bouche de certains vignerons que de représentants de la filière et ce, dans toutes les régions : " un bon vigneron est un vigneron qui produit beaucoup ! Un bon vigneron est un vigneron qui vend toute sa production ! "
    Aujourd'hui j'espère que cela n'est plus le cas. Pour la production j'en suis persuadé. Il vaut mieux produire bon que beaucoup, même si dans certains secteurs la quantité reste la priorité.
    Vendre toute sa production ne sert à rien si cela ne permet pas de gagner de l'argent !
    Eh voilà, j'ai dérapé, j'ai fauté ! Dans la même phrase : GAGNER et ARGENT.
    Il existe des vignerons qui réussissent à bien vivre de leur travail, dans des petites AOC et certains sont montrer du doigt. J'ai même entendu des : "je ne veux pas devenir comme lui".
    Gagner sa vie correctement, dans le milieu de l'agriculture en général, c'est à dire en travaillant la terre, ce n'est pas bien perçu dans notre culture.
    Un vigneron, un paysan, ca doit être pauvre sinon c'est pas un vrai !
    Le drame vient aussi du fait que la grande distribution ( 80 % de l'approvisionnement vin des particuliers ) fait pression de façon permanente sur les producteurs, sur le négoce. Ils veulent du prix, pas du vin.

    RépondreSupprimer
  25. Bon, en France le fait de gagner et d'avoir de l'argent, vous rends immédiatement suspect.
    Allez comprendre??
    Il est malheureusement devenu courrant de voir des paradis fiscaux un peu partout quand on a transformé son pays en enfer fiscal.

    Denis de Suisse :-)))

    RépondreSupprimer
  26. Si vous speakez l'anglische, lisez donc cet article de Matt Kramer parlant de l'insanité des prix en Californie, en rappelant discrètement au passage un autre exemple qu'on oublie trop souvent : la totale folie des prix des produits cosmétiques.

    C'est ici :

    http://www.winespectator.com/webfeature/show/id/48587

    Et c'est intéressant :-)

    RépondreSupprimer
  27. Parlons en…
    http://ideesliquidesetsolides.blogspot.com.es/2013/08/le-vin-na-pas-de-prix.html

    RépondreSupprimer