Le blog de Nicolas de Rouyn

Bonjour.
Ceci est un blog dédié au vin et au monde du vin, qu'on appelle aussi le mondovino. Et à tout ce qui entoure le vin, les belles tables,
les beaux voyages, les tapes dans le dos et les oreilles tirées.
Cela posé, ce qu'on y lit est toujours de-bon-goût-jamais-vulgaire,
ce qui peut plaire à votre mère. Dites-le lui.
(Only dead fish swims in ze stream).
Les photos sont signées Mathieu Garçon, sauf mention. Pour qu'elles soient belles en grand, il suffit de cliquer dessus.
Au fait, il paraît que "l'abus d'alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération".
Nicolas de Rouyn



samedi 23 février 2013

Pendant que j’y pense (3)



1 Ce matin, petit déj avec Jancis Robinson, son mari Nicholas Lander, critique gastronomique du Financial Times et Michel Bettane. La raison, Wine Grapes, son gros bouquin sur tous les cépages du monde, une sorte de dictionnaire ampélographique très bien édité, vient de sortir, indispensable. Oui, 1 368 cépages passés en revue. Et oui, Moritz, le caberlot est mentionné, mais ne fait pas l’objet d’une notice complète. Ya toujours du boulot. Elle est drôle et sympathique à la fin, cette Jancis MW. On est voisins à Paris, en plus. D’ici qu’on se retrouve pour dîner à la Mascotte, ya pas loin.
 

2 Lu sur un blog cette phrase dont l’angélisme niais le dispute à la ringardise intense. Un samedi matin pour ricaner, c’est cadeau : " C’est ce qui me plaît chez eux c’est qu’ils dépouillent le vin de ses oripeaux de représentation, de son côté marqueur social : dis-moi ce que tu bois et je te dirai qui tu es, de tout le cinéma que l’on met autour. " Genre on l’a pas déjà lu cent fois il y a cent ans ? Le débat n’aurait pas avancé ? Si, bien sûr. Et ce n’est pas parce que l’époque pédale un peu dans la semoule qu’il faut y aller de son petit élan populiste maquillé en avancée libertaire, la grosse voix et l'indignation de façade.




3 Une belle journée chez Louis Latour à Beaune. Visite des caves du château de Grancey, ce champignon noir qui recouvre inexorablement des milliers de bouteilles de très à très, très anciennes. À table, un magnifique chevalier-montrachet 08, suivi d’un corton-grancey 02 et d’un romanée saint-vivant 90. Évidemment, le dernier a supplanté le deuxième et c’est grand dommage. Le sentiment que nous sommes tous passés à côté de cet admirable corton-grancey. Encore un millésime décrété petit et qui se révèle avec le temps. En revanche, bien sûr, personne n’a raté le romanée-saint-vivant. Mais alors, pas raté du tout. Merci, Louis-Fabrice.

Louis Latour
Après le déjeuner, Louis Latour est venu prendre un café avec nous. Louis est le père de Louis-Fabrice. Chez les Latour, on s’appelle Louis ou Louis-quelque chose de génération en génération. Le fils de Louis-Fabrice s’appelle donc Louis, vous suivez ? Louis Latour a écrit un essai d'œnologie historique passionnant sur la viticulture bourguignonne du premier au XIXe siècle, Vin de Bourgogne, le parcours de la qualité. Et il en parle avec beaucoup d’esprit et autant de science à un âge où la parole se libère. Passionnant et drôle et incisif. Pourquoi s'être arrêté au XIXe siècle ? "Pour ne pas entrer dans les débats contemporains". L'Histoire, pas les polémiques… Comme on le comprend.


4 Déjeuner cette semaine autour des châteauneuf-du-pape Clos de l’Oratoire des Papes de la maison Ogier. L’œnologue travaille bien et ses vins, en rouge comme en blanc, rejoignent peu à peu la tête de l’appellation. J’étais entouré d’acheteurs de grands établissements parisiens et j’ai pu mesurer le décalage entre la réalité des marchés et les débats sur les réseaux sociaux. Ces gens, qui sont tous des salariés de groupes hôteliers, ont une vision du vin d’un pragmatisme rafraîchissant. En même temps, ils adorent ça. Les voilà, comme souvent, tiraillés entre leurs goûts, leurs coups de cœur, les modes, leurs impératifs de gestion, les clients, le vin au verre, le coéfficient multiplicateur, la nécessaire diversité, etc. Ils ne font pas le plus simple des métiers. Respect.




5 Autre déjeuner au Laurent. Là, on a goûté le pessac-léognan du Château Carmes Haut-Brion. Cette maison qui vient d’être reprise affiche une ambition énorme, mais seulement un millésime signé par le nouveau patron, Guillaume Pouthier, ex-Chapoutier (non, ce n’est pas un jeu de mots, c’est comme ça). Du coup, histoire de nous montrer son univers de référence, il avait apporté une cuvée Silex de Dagueneau et un clos-de-tart 01. Mais pourquoi ce grand bourgogne ? "Pour son toucher de bouche".  Le garçon a de l'ambition. Et, quand même, un carmes-haut-brion 86, un âge qui semble idéal, tant le vin est en place dans un équilibre qui laisse penser qu'il en a encore sous le pied. Un grand moment dans le confort parfait du Laurent et de sa sommellerie hors-pair.




6 Un soir de grand froid, nous nous sommes réchauffés l'âme et les pieds avec un côtes-du-lubéron 03 du château La Verrerie, retrouvé à fond de cave à la faveur d'un rangement. Un vin chaud dans un millésime bouillant, ça fait quelque chose d'assez brouillon, mais de belle matière et de grande longueur. Un vin viril, rustique, agricole, pour un peu on ferait appel au catalogue de mots des Tontons flingueurs. Il était là et bien là, en tous cas.


7 Et aujourd'hui, c'est Hollande qui va tenter de gratter des électeurs au Salon de l'agriculture. Une seule question : il y va ou il y va pas au Pavillon des vins ? Les paris sont ouverts. Résultats dans la soirée.



En savoir plus sur le cépage caberlot, ici et


11 commentaires:

  1. Il est venu, il a vu et il a bu...

    http://www.lavigne-mag.fr/actualites/francois-hollande-au-salon-de-l-agriculture-le-vin-ne-sera-pas-diabolise-68863.html

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Va pour le symbole.
      Aux actes maintenant, citoyen-président

      Supprimer
  2. 2002 un millésime décrété petit en bourgogne rouge?
    Nous n'avons pas les mêmes valeurs, Nicolas, moi ça me convient tout à fait...
    :-)

    François

    RépondreSupprimer
  3. Nicolas, 2002 un millésime décrété petit?
    Nous n'avons pas les mêmes valeurs...
    :-)

    F

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bordeaux, Languedoc et Roussillon, Rhône… Il n'y a guère que la Champagne qui a sorti un grand millésime que je sache (mais je peux me tromper). Pour la Bourgogne, c'est ce qu'il est convenu d'appeler un millésime classique, mais pas un grand. Pas un petit, non plus, d'accord. Je retire.

      Supprimer
    2. Ah non, là, pas d'accord ! 2002, c'est le plus grand en Bourgogne entre '99 et '05, et plus particulièrement en blanc d'ailleurs. Je sors d'une horizontale : Musigny VV de Voguë exceptionnel, RSV DRC grand, de la Tour VV, Chapelle Rossignol-Trapet et Clos Saint-Jacques Esmonin vraiment excellents. 2002 est peut-être le millésime récent qui se boit le mieux aujourd'hui, et il a de la réserve !

      Supprimer
  4. Jancis, je ne sais pas, mais son co-auteur, le Dr. José Vouillamoz, émérite ADN-profiler des cépages, a bu Il Caberlot (2007, au RAW fair à London).. that seems to have done the trick!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Tu as raison, Jancis est la plus connue des trois, mais j'aurai du préciser que ce gros bouquin a été écrit par trois personnes. Vouillamoz que tu mentionnes et une autre MW, Julia Harding.

      Supprimer
  5. Yep et Vouillamoz sera un des conférenciers du prochain WWS. Disons là que le nom de Jancis est le "porteur" de l'ouvrage. C'est de bonne guerre dans l'édition.

    RépondreSupprimer
  6. Vous ne lui avez pas parlé de son article sur le Financial Times au sujet de Jaboulet ? Bizarre....

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Nous étions là pour parler d'elle, pas pour parler de moi.
      ;-)

      Supprimer