Depuis que Dominique Demarville a les clés de la cave de Veuve Clicquot, déjeuner avec lui à l’hôtel du Marc, sublimement restauré, est chaque fois une expérience inattendue. On s'attend à l'hommage habituel aux productions de la maison avec le discours en forme de piqûre, mais pas du tout.
La dernière fois, il avait sorti une étonnante-épatante bouteille de coteaux-champenois, assemblage de quatre ou cinq millésimes du début des années 80. Histoire de montrer que les vinifs en rouge, chez Clicquot, on maîtrise. Bien vu.
Cette fois, pour fêter l’union (civile) entre Joël Robuchon et la grande maison de Reims, son président et lui ont donné un grand déjeuner très instructif. Non pas pour apprendre que Veuve Clicquot dispose de vieux flacons admirables, on le savait déjà ou on s’en doutait. Ce n’est pas non plus pour nous prouver que le champagne vieillit très bien et, sans doute, d’une façon plus homogène que les vins tranquilles. Ça aussi, nous le savons déjà et nous sommes, les uns et les autres, d’ardents défenseurs de cette idée des vieux champagnes si suaves.
Non, Demarville voulait nous emmener en voyage dans le rosé. Le champagne rosé, vous savez, c’est la star des vacances d’été et de la Saint-Valentin.
Après un blanc 1990 en jéroboam, admirable de puissance et de maturité, nous sommes arrivés très vite au rosé 1976, en jéro aussi.
Premier enseignement, les vins issus de millésimes très chauds (1959, 1976, 2003) vieillissent très bien, comprendre qu’ils ont assez d’acidité pour y parvenir ou que d’autres facteurs le permettent. Des mystères, encore.
Deuxième enseignement, le champagne rosé vieillit très bien. Depuis certaine dégustation de Comtes rosé dans les crayères de Taittinger, je le savais aussi. Chez Clicquot, ce vin, dans ce format, ce jour-là, était ébouriffant. L’effervescence champenois avait laissé place à une douce pétillance, la couleur était marquée dans une gamme orangée très éloignée des pâleurs recommandées par le marketing tropézien, le nez était d’une rare subtilité et la bouche somptueuse dans ses notes de kirsch, de coing et, même, de porto. Si, si. Un très grand vin de conversation, de méditation, porté qu’on peut être par une longueur très inhabituelle. Une gourmandise des plus raffinées. Disons-le sans fausse honte, nous nous sommes roulés dedans. En revanche, c'est le genre de vin qui fait monter d’un seul coup votre niveau d’exigence, quel métier.
Comment voulez-vous servir le 14 février un rosé du commerce à votre amoureuse-x ?
Tout se complique.
"amoureuse-x ?"
RépondreSupprimerSi ça ce n'est pas de l'intelligence journalistique…
:-)
Ben oui, c'est comme ça. On peut dîner en tête-à-tête avec son amoureuse ou son amoureux, qu'on soit fille ou garçon. Achète les journaux de temps en temps, François ! Je te jure, ya de l'actu.
SupprimerAu même lieu et avec le même hôte j'en ai goûté un autre : "Champagne Veuve Clicquot Cave Privée rosé magnum 1975 est d'une énergie à couper le souffle et je suis d'ailleurs assez impressionné par la qualité de présentation de ces champagnes. Est-ce le fait de jouer sur leurs terres, sans avoir jamais voyagé qui leur donne cette force, cette énergie et cette conviction ? C'est assez spectaculaire. Ce rosé est élégant, de grande classe et la qualité du pigeon est telle que cela le propulse à des hauteurs rares. C'est un rosé de grande valeur et je ne suis pas sûr que si j'en avais un en cave, il arriverait à atteindre ce niveau. C'est le jus court que l'on prend seul sur la pointe du couteau qui donne un coup de fouet magistral au 1975. "
RépondreSupprimerBravo pour ce beau billet.
Merci François.
SupprimerJamais goûté le 75, mais là, d'un seul coup, j'en ai une furieuse envie.
Oui, Dom Pérignon rosé, Dom Ruinart rosé, par exemple, cela peut-être renversant ... (et cela se trouve dans le commerce, Nicolas)
RépondreSupprimer:-)
Laurent, oui. Mais pour le 76 ou le 75 qu'évoque François Audouze ci-dessus, on va se rhabiller.
SupprimerJe vois plutôt de la crapulerie dans cette formulation "amoureuse-x" (entendez-vous Marie-Anne Chazelle zozotait..?).
RépondreSupprimerQuant au rosé, non vraiment, gardons-le pour une saison plus rouge ou jaune, c'est selon, plus fruitée et intense, une saison pleine de sève et raccrochons les wagons sur un blanc de blancs millésimé mais déjà évolué pour un risotto al dente et un peu crémeux avec quelques éclats de ce diamant noir si hivernal qui vous fouette l'imagination. Ainsi, vous pourrez mieux aller de la conversation à l'exigence des sens... "calme et droit".
Merci pour le mot "crapulerie" assorti de vos doctes conseils.
SupprimerSomme toute "crapulerie" n'avait rien de docte et "friponnerie", encore moins ?, mais s’assortit mieux à l'esprit d'un 14 février.
SupprimerDes conseils ? Je vais me rhabiller ex tempore.
Olivier:
RépondreSupprimer"un vin de méditation" pour la Saint Valentin, est-ce vraiment l'esprit?
(il y a une manip particulière à faire pour poster un commentaire d'un ipad?)
"(il y a une manip particulière à faire pour poster un commentaire d'un ipad?)"
SupprimerJe ne sais pas et je ne crois pas
Olivier:
RépondreSupprimerDans ce cas le système de sécurité a base de mots étranges n'est pas compatible ipad ce qui est bien dommages!