Une étiquette fin chic |
Dans le genre « c’est moi qui l’ait fait »,
l’histoire de La Connivence est assez parfaite. Il était une fois une paire de
footballeurs qui croisent dans un dîner le dernier en date des héritiers
Malet-Roquefort, plus connu pour le fameux château La Gaffelière, grand de
Saint-Émilion qui fait un vin de finesse comme on aimerait en voir plus
souvent. Une dynastie en place depuis quatre siècles, le vin peut être une
affaire de famille. Là, il n’est plus question de famille et à peine d’affaire.
Nos deux sportifs se verraient bien à la tête d’un vignoble. Où il est question
d’avoir son nom sur l’étiquette, de diversifier un peu son capital. Ils
auraient pu tomber plus mal. Alexandre de Malet-Roquefort a l’avantage d’être
un fin connaisseur des arcanes libournaises comme des mystères du vin.
Ils leur proposent d’acquérir un tout petit pomerol,
l’ancien Château des Templiers, étiquette disparue depuis longtemps et vigne confiée en fermage à
un voisin, bon viticulteur qui laisse une vigne en bon état. Un hectare et
demi, c’est très peu, très bourguignon, mais enfin, il y en a d’autres dans ces
micro-formats et du meilleur, Le Pin, La Violette… Et bon, au prix de
l’hectare, hein.
Pourquoi ce nom, La Connivence ? Johann Micoud (foot,
XXe siècle) : « Parce que c’était une histoire de complicité entre
amis. » Bien. Et pourquoi un vignoble, pourquoi pas un lavomatic ?
Johann Micoud, encore : « J’avais envie d’un vin à partager avec mes
amis en toute convivialité ». Ce qu’on appelle aussi des éléments de
langage. Cela dit, il vient d’une famille de vignerons du Midi et d’un club,
les Girondins, où le bordeaux est servi à tous les repas. Il a des excuses.
Alexandre de Malet-Roquefort est plus habitué à
ces questions bizarres : « c’était une belle opportunité, nous
l’avons saisie. » Oui, c’est plus clair comme ça.
Le vin en est à son troisième millésime en bouteille, 2008,
9 et 10. Le 08 commence à s’exprimer. Le 09 dans la puissance, le 10 dans la
finesse, mais on sent deux très grands millésimes en devenir. Pour faire bonne
mesure, 2 000 bouteilles d’un « autre » vin sont produites sous
l’étiquette La Belle Connivence. Le premier vin est commercialisé autour de 150
euros la bouteille et le second doit tourner autour des soixante. En projet, un
mini-chai (dix petites cuves et trente barriques) comme il est fait obligation
aux vignerons de Pomerol. Pour l’instant, on vinifie chez des copains.
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