Un clocher, une querelle |
Soucieux de donner au débat toute sa dimension, je publie le communiqué de presse de la Confédération paysanne de Gironde qui, par la voix de sa porte-parole Claire Laval, développe une argumentation différente de ce que j'exposais sur ce blog, lundi dernier.
Ainsi, chacun pourra se faire un avis.
«CHATEAU» : Stop à la captation d’héritage !
En 2005, les négociateurs européens ont accepté que les mots Chablis, Bourgogne, Sauternes, Champagne, Chianti etc.… (dix-sept appellations en tout…) soient considérés comme des termes « semi génériques ». Ceci s’est fait sous la houlette de Philippe Casteja, membre éminent du CIVB et alors président de la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux.
Aujourd’hui, la Commission de Bruxelles veut autoriser l'emploi de la mention « Château » pour les vins américains sur le marché européen. Paris se retrouve isolé dans son refus de céder la mention « château » aux vins américains, ces vins élaborés en « wineries » à partir d’achats de vendanges sans aucune notion d’origine et qui gagneraient ainsi un faux air d’AOC.
Jusqu’à maintenant, le droit communautaire réservait la mention « château » à des « exploitations viticoles exactement identifiées », produisant des vins d’AOC et disposant d’un lieu de vinification (chai, cuvier…), permettant de traiter d’une façon distincte la vendange issue des parcelles de l’exploitation. A Bordeaux, le terme « Château » est une signature d’authenticité du vigneron et une garantie d’origine pour le consommateur. Est-ce pure stupidité ou fruit de transactions opaques au service d’intérêts obscurs ?
La Commission Européenne continue d’organiser méthodiquement l’usurpation par des vins industriels d’une image construite par des générations de vignerons. Refusons la concurrence déloyale ! Défendons et valorisons l’origine de nos vins !
Pour info, Claire Laval est propriétaire du château Gombaude-Guillot, un fin pomerol dont les vignes sont menées en bio depuis vingt ans.
Vous trouverez ici mon article sur ce sujet.
http://www.winetourisminfrance.com/fr/magazine/1391_la_fin_des_clos.htm
RépondreSupprimerMon ami Régis Chaigne, un producteur bordelais et talentueux, m'a adressé ce mail de l'un de ses clients chinois. Je le publie ici avec son autorisation, bien entendu.
RépondreSupprimerBonjour Nicolas,
Des mails comme cela, j'en reçois à la pelle...
Quand on est déjà implanté sur un marché, on propose souvent l'alternative "marque" pour servir le client, mais systématiquement un acheteur va préférer un "château" avec un jus moyen qu'une marque avec un très bon jus.
Par exemple trio gagnant sur la Chine, le Japon, l'Afrique, etc... : château + médaille d'or + étiquette traditionnelle
L'étiquette dorée de Ch Ballan-Larquette va très bien ;-)
La vulgarisation du mot "château" n'affectera sans doute pas les très grands.
Mais pour les sans grade, je ne suis pas optimiste si n'importe quel négoce de n'importe quel pays s'approprie cette mention.
Amicalement,
Régis
Le 27/09/2012 14:09, XXXX.XX a écrit :
Monsieur Chaigne,
Bonjour.
Merci pour votre proposition, je l’ai transféré au client chinois, mais il préfère avoir un nom de château, j’attends sa décision.
Si le tarif nous convient, je vous demanderai un échantillon.
Dans l’attente, je vous en remercie par avance.
Sincères salutations
XXX
(les noms ont été enlevés)
Puissiez-vous m'épargner la lecture des accords adpic...
RépondreSupprimerhttp://joanmiro.com/wp-content/uploads/2009/05/joanmiro1.jpg
tiens c'est marrant, derniérement ayant eu l'outrecuidance d'affronter notre auteur sur le sujet en parlant de vins de propriété vs les vins de wineries, je me suis vu renvoyé dans mes buts, ma prose restant à la hauteur de mon ortographe ce que j'avoue sincèrement. toutefois je m'aperçois que bien que d'aprés lui j'étais hors sujet, il publie un article qui comfirme ce que j'avais alors écrit. merci
RépondreSupprimerConvenons que votre prose n'était pas tout-à-fait de la même eau. Et j'ai publié ce communiqué par simple souci du débat. Et j'ai aussi publié votre commentaire, je vous rappelle.
SupprimerEt c'est tout à votre honneur M. de Rouyn !
SupprimerPour rebondir sur votre débat après lecture dudit article, vous avez simplement confondu le terme générique de "château", au sens architectural, avec celui vinicole qui, né à Bordeaux, s'y marie avec le concept d'autonomie culturale. Heureusement que la qualité du vin n'est pas proportionnelle à la taille de l'habitation du producteur ! ;)
A ce critère d'une exploitation viticole indépendante, il faut y ajouter celui du bénéfice de l'AOC, un concept ancien de ce côté-ci de l'Atlantique mais plutôt flou aux yeux des immenses wineries américaines - pour lesquelles un vin d'une appellation US peut contenir 25% de vin d'une autre appellation. Une pratique qui a existé chez nous mais qui a cessé... il y a plus d'un siècle !
Donc, NON, quand Amélie Couture du CAVB dit que "ces termes sont libres de toute contrainte [car] il suffit de les enregistrer dans le cadre d’une marque pour pouvoir les utiliser", c'est faux, du moins c'est incomplet.
Pour le reste, Anonyme se trompe également concernant la terminologie : un vin de château (ex. Château Bon Vivant) est une marque domaniale donc de producteur, et un vin qui ne porte pas la dénomination de château (ou clos, ou domaine, etc., tel Mouton Cadet) est sauf exception une marque commerciale = de négociant. Grand Vin de Latour ou Petrus sont effectivement des exceptions, dont le statut mythique ne justifie pas que la masse des viticulteurs travaillant à une échelle humaine se prive de l'usage d'une dénomination pour ainsi dire ancestrale, qui fait partie de notre patrimoine. Economiquement comme symboliquement, ça a beaucoup de valeur et nous n'avons donc aucun intérêt à la céder à nos amis Américains.
Les tribulations de la Commission européenne m'ont également fait réagir. J'aborde la question des marques dans un autre article, mais pour plus de détails sur cette dénomination "château" au sens vinicole, vous êtes les bienvenus sur mon blog :
http://alexissabourin.wordpress.com/2012/09/30/441/