C’était une fin d’après-midi, dans une de ces
crises de rangement de cave, un truc qui vous prend de loin en loin sans
beaucoup d’efficacité, mais qui a un gros mérite, celui de remettre la main sur
des bouteilles oubliées.
Voici la Ferme des Lices, belle histoire et
bonne bouteille.
Oubliée, retrouvée, et en passagères
clandestines, plein de bulles qui remontent à la surface, pour un éclat de
rire, une déconnade, un bonheur passé.
La Ferme des Lices est une pure invention
d’une jeune fille qui s’appelle Laurence Berlemont. Œnologue, elle a créé un
business dédié à Brignoles dans le Var et gère un certain nombre de propriétés
en Provence, vins et d’huiles d’olive. Chef d’entreprise et mère de famille,
elle vit très vite, roule beaucoup, a des idées et s’enthousiasme chaque fois
qu’il est nécessaire.
Un beau matin, voici que sa route croise celle
d’une riche Américaine, propriétaire d’une villa agréable dans l’un de ces
domaines privés, fermés et gardés comme on n’en trouve guère qu’à Saint-Tropez.
Au fil de la conversation, rendez-vous est pris pour voir les vignes. Là,
Laurence comprend que chaque propriétaire est détenteur de 2 à 5 000 m2
de bonnes vignes, que le raisin part à la coopérative, que la vigne est un
gentil décor de vacances. Armée de son bâton de pèlerin, elle commence à
convertir chacun à son idée.
Ce n’est pas simple d’expliquer à des gens
propriétaires de parcelles importantes et constructibles, à Saint-Tropez en
bord de mer, qu’ils vont signer un contrat à long terme pour faire un vin dont
vous me direz des nouvelles, sûrement, mais pas tout de suite, donnez-moi deux
ou trois ans pour y arriver. L’équation personnelle de Laurence Berlemont
balaie les obstacles à force de conviction, les yeux qui brillent peuvent se
montrer convaincants et une dizaine de propriétaires lui font confiance.
Il s’agit de créer le seul domaine viticole
privé de la commune de Saint-Tropez. Elle paiera le raisin en bouteilles
étiquetées au nom de chacun des propriétaires. La plupart sont des étrangers,
ils trouvent l’idée drôle et flatteuse et vogue la galère. Laurence s’occupe de
tout, investit le petit garage de l’Américaine pour mettre des cuves, la vigne
est belle, les vacances sont bonnes, tout le monde est content.
L’aventure s’appelle La Ferme des Lices,
Saint-Tropez sur l’étiquette est une mention avantageuse, le vignoble est mené
en bio, le vin est bon dans les trois couleurs, cavistes et restaurateurs
locaux s’intéressent, les propriétaires des vignes bombent le torse, l’histoire
est lancée.
Cette bouteille retrouvée est un millésime
2006, il est prêt à boire. C’est un vin bien structuré, arrondi, sans excès de
soleil, sans intention de faire genre. À mes yeux, l’un des meilleurs rouges de
la presqu’île. Un assemblage gagnant de syrah et de cabernet-sauvignon qui,
comme toujours dans ces cas-là, réclame un peu de patience pour être bu à son
meilleur.
Oui, on peut sans doute acheter du vin à la Ferme des Lices en direct, essayez via le site, ici.
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