Le blog de Nicolas de Rouyn

Bonjour.
Ceci est un blog dédié au vin et au monde du vin, qu'on appelle aussi le mondovino. Et à tout ce qui entoure le vin, les belles tables,
les beaux voyages, les tapes dans le dos et les oreilles tirées.
Cela posé, ce qu'on y lit est toujours de-bon-goût-jamais-vulgaire,
ce qui peut plaire à votre mère. Dites-le lui.
(Only dead fish swims in ze stream).
Les photos sont signées Mathieu Garçon, sauf mention. Pour qu'elles soient belles en grand, il suffit de cliquer dessus.
Au fait, il paraît que "l'abus d'alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération".
Nicolas de Rouyn



jeudi 11 octobre 2012

Crushpad, c'est moi qui l'ai fait

Vu de loin, c’est le genre d’histoire qui ne m’enthousiasme guère. Sauf que. De quelque chose qui a l’air d’une embrouille à l’américaine en mode do-it-yourself, on passe à quelque chose d’assez génial, à partir du moment où l’on se penche sur l’affaire.

L'étiquette et la contre-étiquette de L'escargot manqué

De quoi s’agit-il ?
De la possibilité offerte à l’amateur de réaliser son propre vin. Pas à partir de poudre de perlimpimpin, mais bien à partir de raisins provenant d’une douzaine de parcelles réparties sur quelques appellations bordelaises du Médoc et du Libournais. Ainsi pour un prix par barrique qui va de 7 500 euros à 12 000 euros environ, le candidat choisit son assemblage à partir de quelques cuves. Il choisit son mode d’élevage entre barriques neuves et barriques d’un ou deux vins. Il réalise son étiquette. Bien entendu, il n’est pas seul avec ses pipettes. L’œnologue Éric Boissenot assiste chacun dans l’architecture de son vin. C’est ludique, mais sérieux et les résultats sont là, les vins sont bons et suffisamment différents pour justifier le concept. Une soixantaine de barriques sont élevées pour une cinquantaine de clients. Certains sont des clients historiques, telle cette belle actrice chinoise qui « fait » des barriques depuis le premier jour. L’histoire a commencé en 2005 dans la Napa Valley, en Californie, sous le nom étrange de Crushpad. Cette dénomination de console de jeux va changer, la famille Cazes (Lynch-Bages, les Ormes de Pez, L’Ostal Cazes, les Sénéchaux, Cordeillan-bages, etc.), nouvelle propriétaire de la marque, a décidé de lui donner un nom un peu plus « concerné », il n’est pas définitif à l’heure qu’il est. Les vins, de diverses provenances bordelaises sont de simples bordeaux génériques, ce qui n’affecte en rien le succès de l’opération, évidemment.

L'étiquette et la contre-étiquette de The Moment


Qui sont les clients ?
50 % d’Européens, 30 % d’Américains, 20 % de Français, tous Parisiens, sauf un Bordelais. Les motivations de ces gens sont très différentes. Du simple désir d’avoir son nom sur une étiquette inventée et dessinée par le maquettiste maison jusqu’à une sorte de training à l’usage de néo-vignerons. Ainsi, déjà deux clients sont passé à l’acte, ont acheté des vignes et poussé leur aventure jusqu’au bout. Dans l’organisation Crushpad, si le client a tout pouvoir sur la vinification, il ne peut intervenir sur la viticulture. Les étiquettes qui illustrent ce billet montrent assez le côté drôle et distancié de cette clientèle. Ainsi « L’escargot manqué », ainsi nommé parce qu’un tout petit escargot avait échappé aux doigt des trieurs. Drôle. « Babula » est le sobriquet dont sa femme affuble le client de cette cuvée. Un autre met le portrait de son épouse sur l’étiquette, chacun y va de sont trait d’humour, de son bout de vie. L’un d’eux commercialise son vin à des tarifs stratosphériques, mais on ne sait rien de ses succès commerciaux. D’autres se sont mis à plusieurs pour se payer une barrique (300 bouteilles). Notre belle actrice chinoise les vend chaque année au profit d’œuvres caritatives. Tout et le contraire de tout, c’est ça qui est bien, cette liberté absolue.

Jean-Charles Cazes, le patron du groupe Lynch-Bages, et Steven Bolger, créateur du concept aux Etats-Unis et « racheté » par les Cazes avec la marque, ont dédié l’ancien chai de Haut-Bages-Averous (second de lynch-bages), dans le village de Bages, à l’histoire ex-Crushpad, preuve de leur confiance dans cette aventure qui ne fait que commencer. D’ailleurs, Jean-Michel Cazes, dans sa bienveillante neutralité, trouve ça intéressant. Alors…

Pour mieux lire les étiquettes, cliquez dessus pour les agrandir

9 commentaires:

  1. Dis-donc, mais ça c'est un article que j'aurais aimé écrire. C'est super intéressant cette histoire, j'avais l'impression que les vins "do it yourself" n'avaient aucun intérêt, tu me prouves que j'avais tort. J'aime bien, ça, quand tu me donnes tort (dans les limites d'une fois par mois).

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    1. Ben moi pareil, j'ai été voir en trainant les pieds et sur la promesse d'un ou deux millésimes de lynch-bages. En fait, c'est rigolo et pas crétin du tout. Même pas un truc de riches, pfff.

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    2. Sinon, on a raté les vendanges OFF à Cheval, on leur a beaucoup manqué, je pense.

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  2. Créé aux USA par Bill Harlan à Meadowood (où il a aussi des parts dans cet hôtel chicos de chicos), là-bas, c'est un truc de riches ! Succès énorme au point qu'ils ont dû tout agrandir fissa ! Et ça continue.

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    1. Si c'est Bill H qui a inventé ça, je comprends mieux

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  3. En fait il a repris l'idée de louer une vigne ou de l'avoir en propriété ou en copropriété pour un business man dont c'est le hobby mais qui ne peut consacrer son temps complet à la chose. Il a accès alors à des installations de vinification idéales et à la guest house,où il peut faire venir ses amis et leur faire déguster son vin, l'ensemble des copropriétaires ou co locataires constituant un vrai club. C'est encore plus malin que crushpad! Michel Bettane

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  4. ça existe aussi en Champagne, depuis plusieurs années maintenant.
    Je vous fais passer les infos par email si vous le souhaitez, et je vous invite à nous rendre visite très bientôt (très très bientôt).

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