Mettre ensemble un grand vin et un grand parfum, l’idée
n’est pas neuve. Je l’ai déjà fait deux fois pour Série limitée – Les Échos. Une
première fois avec la journaliste Aymone Vigières d’Anval pour une rencontre
entre Mathilde Laurent, « nez » des parfums Cartier et Véronique
Drouhin, winemaker de Joseph Drouhin. La deuxième fois avec le journaliste
Jean-Luc Barde entre Jean-Claude Ellena (« nez » des parfums Hermès)
et l’œnologue Michel Rolland.
Force est de constater que ces gens sont toujours ravis de se
rencontrer, ils s’intéressent toujours beaucoup au travail de l’autre, se
posent mutuellement mille questions et puis, voilà. On aura écouté des choses
intelligentes, c’est déjà ça, mais il est illusoire de croire qu’on puisse
imaginer un parfum qui sent le vin. Même les très aromatiques
meursault-perrières sont à peu près impossibles à dupliquer.
Cette fois, Jean Merlaut a rencontré Stéphanie de Bruijn,
créatrice de parfums uniques (réservé aux gens assez riches pour s’offrir un
parfum perso) et lui a soumis quatre millésimes de son gruaud-larose, cru
classé de Saint-Julien. 2011, 2001, 1989, 1964. La verticale est belle qui
commence avec un 2011 prêt à boire et très moderne, c’est-à-dire fin et suave.
Suivi d’un 01 en pleine forme, d’un 89 qui n’est pas au bout de ses âges et d’un
64 magnifique, mais bien mince avec ses 50 ans, un vin que je ne recrache pas
tant il est important qu’il figure enfin dans mon ADN . La parfumeuse (elle,
elle dit « parfumeur ») a cherché à distinguer des arômes présents
dans chacun de ces vins. Ainsi pour le 2001, les arômes de tabac, de
bergamote, de mousse d'arbre ont été choisis et présentés sur des mouillettes
de carton aux narines expertes des invités. D’autres pour les autres
millésimes. La parfumeuse a poussé l’expérience jusqu’à créer un parfum unique
pour Gruaud-Larose et tout ça était très sympathique.
Pas super-convaincant si les arômes retenus ne sont pas des évidences. Ainsi on a vu passer des mouillettes aux arômes de vernis que je n’ai pas reconnus dans le vin.
Peu
importe, au fond, la réalité de la proximité entre vin et parfum. Ce qui
compte, c’est la dégustation intelligente et, dans ce cas, la dimension ludique
est une bonne idée. Et il se trouve que la stricte dégustation des quatre
millésimes a beaucoup gagné à ce petit jeu. Plus d’attention, plus de pistes,
les vins ont été analysés par chacun avec, il me semble, plus de sérieux que
d’habitude.
Bien
joué.
Quatre étiquettes en 50 ans. Devinez où va ma préférence. |
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