De l’inoubliable Catherine Péré-Vergé, il restera une trace interminable, la persistance des vins immenses. Mais aujourd’hui, son fils Henri Parent soutenu fidèlement par sa sœur Anne-Catherine a pris les rênes des vignobles et y imprime sa marque, année après année. Les trois pomerols (la-violette, le-gay et montviel) sont désormais traités en micro-vinification. C’est vingt fois plus de travail, c’est aussi une signature rare, une manière inhabituelle. Soutenu par Michel Rolland, œnologue et mémoire de cette maison, Henri ne lâche rien de ce qui faisait les spécificités des vins de sa mère et acquiert à grandes enjambées une taille patron qui lui va plutôt bien. À table, nous avons partagé un double magnum de la-violette 09, une grande émotion.
Château Pavie à Saint-Émilion
En peu d’années, le dîner Perse pour Pavie est devenu une sorte de dîner officiel d’ouverture des primeurs à Saint-Émilion. Il faut dire que Gérard et Chantal Perse font les choses admirablement et sans afféterie. Au passage, j’ai vu un magnum de pavie 2012 en vrai, c’est beau à regarder. Assis à côté de Michel Rolland, j’ai profité de ses commentaires sur les vins, c’est intéressant et de son humour particulier (« c’est bon, le vin rouge » ou « quand c’est bon, c’est bon »), c’est très drôle venant de lui et voilà qui met un peu de distance et de légèreté dans toute cette histoire qui, au soir du troisième jour, pourrait se révéler répétitive, voire lassante. On notera la présence appréciée d’un grand champagne de chez Egly-Ouriet qui, lui aussi, relance l’intérêt avec beaucoup d’élégance. Et il y a eu le grand moment, le ciel en perspective, l’infini touché du bout de la langue, pavie 2000. D’année en année, de dîner Perse en dîner Perse, pavie 2000 confirme son statut de très, très grand vin, un jus pour l’éternité. Vivement l’année prochaine.
Château La-Conseillante à Pomerol
Belle réunion dans le chai du fameux pomerol. Les Nicolas présentait la-conseillante 2014 et recevait négociants et courtiers, journalistes et dégustateurs, du beau monde. Valmy Nicolas qui assure la co-gérance de l’affaire familiale a prononcé un discours net, clair et précis, sans véhémence et sans langue de bois. Il a affirmé quelques sains principes et des convictions. Rien de révolutionnaire, mais un grand bol d’air. Bravo et merci. Il y a des patrons sur le plateau de Pomerol et pas seulement des propriétaires. J’ai goûté là un la-conseillante 06, entre autres millésimes. Si vous en avez, buvez-en. C’est très bon et c’est prêt.
Le Figeac-Gate
Bon, soyons clairs, il n’y a pas de drame, mais un commentaire facebooké par Bernard Burtschy sur figeac 2014 a provoqué un peu d’émoi. Le voilà :
« Traumatisé par le classement de 2012, Figeac a fait appel au célèbre consultant Michel Rolland qui a appliqué au millésime 2014 la thérapie de cheval qui a fait son succès. La proportion d'un merlot tapageur a été portée au sommet, l'élevage est intrusif, le vin ressemble plus à un superbe Pomerol qu'à un Figeac. Faut-il vendre son âme au diable ? »
Frédéric Faye, directeur de Figeac, refuse à raison (ce n’est pas son rôle) d’entrer dans la polémique. On peut le faire à sa place et rappeler que c’est précisément à cause de la manière dont les vins de Figeac patinaient dans la choucroute que la famille Manoncourt, conseillée par Valmy Nicolas, a engagé Michel Rolland comme consultant pour sortir le cru de l’ornière dans lequel il s’enlisait. Il me paraît un peu exagéré de dire qu’il a fait du pomerol, mais je n’ai pas une connaissance assez intime des vins de Figeac pour l’affirmer avec force. En revanche, on peut dire que tout est mis en œuvre depuis des années pour faire évoluer Figeac. Les replantations en sélection massale, la modernisation des chais sont de bons exemples. Et puis, il y a un moment où on ne peut pas s’entêter dans une direction si celle-ci ne rencontre pas l’assentiment du marché. Persister dans le malencontreux aurait pu contraindre la famille à des extrémités (vendre Figeac) qu’elle n’était pas prête à assumer. J’ai simplement goûté cette pomme de discorde, j’ai trouvé ça bon avec un milieu de bouche plus étoffé (la Rolland’s touch ?), mais avec aussi la tension historique de figeac et j’achèterai quelques magnums de 2014, voilà tout. Le jour même de la publication de son commentaire, Bernard dînait chez les Perse à la même table que Michel Rolland sans que ça déclenche un pugilat, hein. Ce n’est pas un provocateur et Michel en a vu (et en verra) d’autres. Et puis moi, je ne veux pas me fâcher avec Bernard, c’est le seul du métier qui pense que je déguste pas si mal, alors…
Une petite agacerie
Chercher le journal du jour et/ou des magazines à Saint-Émilion intra-muros est voué à l’échec. S’il y a un marchand de vins tous les dix mètres, il n’y a pas de marchand de journaux et ça m’agace. Il n’y a aussi qu’un seul boulanger assez moyen, mais c’est une autre histoire, on n’est pas là pour s’empiffrer de pain, même bon. Les journaux, on les trouve hors les murs, dans une supérette où la brave dame dispose d’à peu près tout ce qu’on a envie de lire. Mais quand même, si Saint-Émilion se fout des journaux, j’invite mes camarades à faire comme moi. L’an prochain, j’irai à Pauillac. Là, les journalistes peuvent acheter des journaux.
Voilà. C'est ça. Viens-à-Pauillac. Tu en as mis du temps pour comprendre.
RépondreSupprimerIl fallait quand même une vraie raison
Supprimer;-)
Ben voilà. Tu l'as. Cochon qui s'en dédit.
SupprimerC'est sans doute qu'ils sont tous abonnés à Charlie ;-)
RépondreSupprimerah ah ah, très drôle
SupprimerVendangeur de la 11ème heure, je me suis décidé à "suivre" Nicolas de Rouyn. Le 31 mars, il était temps. Le lendemain eût été inconvenant. Il faut dire qu'un homme qui défend les grands vins et les marchands de journaux ne peut pas être un mauvais bougre, et il n'avait que 7899 abonnés sur Twitter. Etre le 8000 ème, je n'ai pas résisté. 8001, ça a aussi de la gueule, n'hésitez plus !
RépondreSupprimerC'est beaucoup d'honneur, cher TD. Hélas, tu n'es pas le 8 000e, mais le 7 900e.
SupprimerEuh, désolé.
;-)
"le vin ressemble plus à un superbe Pomerol qu'à un Figeac" : cette phrase me laisse sacrément perplexe : ça veut dire quoi ? Que les pomerols sont des sous-st-émilion ? Alors même qu'on voit l'adjectif superbe ?
RépondreSupprimerBref : même pas une tempête dans un dé à coudre : juste une mauvaise humeur comme il en arrive à Burtschy une fois par décennie… et encore !
Si cela avait été Dubourdieu, là, on rentrait dans du fort-chabrol !
Bref : enrobons la chose dans un humour bordelais, et ça ira tout bon !
Et tu sais que Rolland n'en manque pas.
SupprimerTout va bien et l'incident est clos.
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SupprimerJe comprends tout a` fait ce que veut nous dire BB. Faire appel a` un flying-winemaker pour designer un vin. On connait tous ce que font Michel Rolland, Dubourdieu, Stephane de Renoncourt, etc... C'est pour le moins "efficace", ils sont payes pour ca. Apres on aime ou on n'aime pas. Moi je n'aime pas du tout.
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