Le blog de Nicolas de Rouyn

Bonjour.
Ceci est un blog dédié au vin et au monde du vin, qu'on appelle aussi le mondovino. Et à tout ce qui entoure le vin, les belles tables,
les beaux voyages, les tapes dans le dos et les oreilles tirées.
Cela posé, ce qu'on y lit est toujours de-bon-goût-jamais-vulgaire,
ce qui peut plaire à votre mère. Dites-le lui.
(Only dead fish swims in ze stream).
Les photos sont signées Mathieu Garçon, sauf mention. Pour qu'elles soient belles en grand, il suffit de cliquer dessus.
Au fait, il paraît que "l'abus d'alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération".
Nicolas de Rouyn



lundi 6 février 2012

Un dîner de grands vins


Un immeuble haussmannien, un beau quartier. Paris, un soir d’hiver, sec et glacial, un grand appartement chaud et chaleureux. Nos hôtes sont drôles et sympas, très généreux avec leurs vins, le plaisir des grands amateurs réside dans le partage. Un samedi soir entre soi, puisque le samedi soir on ne « sort » pas. Une compagnie agréable, finance, médecine, vin, art, lettres. Des métiers qui vont très bien ensemble. Des connaisseurs, chacun entretient des caves de bon niveau, y consacre de l’argent, y passe du temps. Nous étions réunis pour boire de grandes choses et c’est ce qui s’est passé, sans exagération dans le grand.
Deux champagnes, quatre bourgognes grands crus, une curiosité de Corse et un sauternes autour d’un menu home-made et fait pour.
Deux champagnes
Ils n’avaient rien d’autre en commun que d’être parfaits, chacun dans son registre. Un Bollinger La grande année 2000 en magnum et un Taittinger Comtes de Champagne 1998 en bouteille. Un assemblage de cépages et un blanc de blancs, la terre et le ciel. Je suis bien incapable de dire une préférence tant ces deux grands vins étaient beaux. Bien sûr, j’ai toujours un faible pour les 100% chardonnay, mais là, le Bollinger était si suave, si éloigné de l’habitude que j’ai des champagnes de la marque, leur vinosité, qu’on en demeurait tout séduit.





Quatre bourgognes grands crus
Dans l’ordre, et après débat, grands-échezeaux 96 (Mongeard-Mugneret), la-romanée 00 (Comte Liger-Belair, chez Bouchard Père &Fils), bonnes-mares 03 (G. Roumier) et clos-saint-denis 03 (Dujac). Le grand-échezeaux n’était pas au mieux, une matière et une structure un peu brouillonne. La-romanée, trop jeune et le bonnes-mares, plus jeune encore, presque un crime, mais pour l’un comme pour l’autre, on voyait bien que les années à venir allaient tenir les promesses chuchotées. And the winner is le clos-saint-denis, hallucinant de fraîcheur et de fruit, une richesse d’arômes ultra-séduisante, la table subjuguée, le silence se fait, on goûte, l’œil dans les étoiles, oui, il n’y a qu’une bouteille, mais cette seule bouteille justifiait tout et nous l’avons bue à point nommé. Faut-il rappeler l’étonnement toujours devant autant d’expressions si différentes d’un seul cépage ? Pourtant, pas de débutant parmi les auteurs de ces vins, pas de terroir discutable, pas de climat approximatif. Que du grand cru et du meilleur. Et nous nous sommes félicités de les avoir bus dans cet ordre, plutôt que de commencer par les plus jeunes, comme cela se pratique souvent.
Une curiosité de Corse
Il s’agit d’un très rare vin blanc issu de vignes franches de pied, dans le sud de la Corse, une toute petite parcelle cultivée avec grand soin par Yves Canarelli, 500 bouteilles à la fin. Franchement, je n’ai pas été décoiffé par ce vin, que j’ai jugé un peu plat et pas à ce point étonnant. Il était pourtant à parfaite température, autour de 12°C, et à sa place sur le fromage. Mais bon, ce n’est pas si fréquent de goûter un « franc de pied ».


Un sauternes
On va me trouver de parti-pris et c’est vrai. J’ai une passion grandissante pour les vins liquoreux et ce gilette crème-de-tête 1950 m’a comblé d’aise. Le vin était d’une nuance d’acajou assez foncée, un caramel vieil or, quelque chose comme ça. Il avait digéré son sucre et tenait ses soixante ans passés avec une belle vigueur. Cette rare occasion de goûter un grand et vieux sauternes a confirmé ce goût particulier que j’ai et que j’ai bien raison d’avoir. C’est important de se rassurer sur ses choix, de temps en temps. On se trompe si souvent. J’ai fini la bouteille avec bonheur, les yeux mi-clos, pendant que la compagnie dissertait sur les mérites comparés de deux ou trois vieux cognacs. Rappelons que le château-gilette passe vingt ans en cuve béton avant commercialisation. Il n'y a pas d'autre exemple de cette pratique à Bordeaux. Que je sache.

17 commentaires:

  1. Si vous n'aviez pas organisé ce petit tasting un Samedi soir je serais bien venu, mais lààà...:)

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  2. Tiens, pas de Bordeaux rouge dans un appartement Hausmannien, voilà qui annonce une révolution culturelle voire idéologique! Mais quel plaisir de voir ce millésime décrié 2003 (ce n'est pas du bourgogne, c'est du coooôte du Rhône, disent les inénarrables snobinards du vin) donner tant de plaisir! Michel Bettane

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    1. Oui, Michel, ce clos-saint-denis 03 était parfaitement exceptionnel !

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    2. Et au delà du clos-saint-denis 2003 et de ses apparentes qualités, la remarque sur la révolution culturelle en cours dans les appartements hausmanniens n'est pas tombée dans l'oreille d'un sourd. J'aime!

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    3. Oui, ça existe. Mais, je ne suis pas sûr que ce soit nouveau à ce point.

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  3. Olivier:
    Un petit VinCE 2012 à Budapest (23-25mars) pour gouter des Tokaj de 72 et 56? Bon ok c'est moins in et V.I.P que votre somptueux dîner!

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  4. Très volontiers ! J'adores les tokajs

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  5. Et en 1972, il y eut du botrytis. La texture s'en ressent. 56 connais pas

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    1. Allons-y voir à Budapest. C'est quoi un VinCE ?

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    2. Sans blague; sur quelle rive se trouvent les thermes ?

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  6. Au fil de l'eau, un fleuve les modèle, s'en éloigne, les ignore et va former, trop rarement, ses brumes en aval du pays

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  7. Bonjour, une question pour ma culture générale...
    Je n'ai même pas encore lu tout le billet mais la bouteille de "La Romanée" m'a sautée aux yeux. Je la regarde et peux lire le nom de "Bouchard père et fils" sur son étiquette. Je suis étonné car j'avais à l'esprit que le Comte Liger Belair avait le monopole sur la parcelle de cette appellation.
    Dans le billet, je vois le terme "Comte Liger Belair chez Bouchard Père et Fils".
    Qu'est-ce que cela signifie ?

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  8. @Damien R. Vous avez raison et, comme il est indiqué sur l'étiquette le cru la-romanée est bien un monopole appartenant à et exploité par le Comte Liger-Belair. Il se trouve que, à cette époque, les Liger-Belair vendaient à Bouchard tout ou partie de leur production (en barriques ou en vrac, je ne sais pas) à la maison de négoce Bouchard Père & Fils (groupe Henriot) qui élevait le vin, le mettait en bouteilles et le commercialisait. Je pense que ce n'est plus le cas aujourd'hui et que Louis-Michel Liger-Belair assure lui-même l'entièreté du processus.

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  9. Olivier:
    voila le lien du programme de VinCE:
    http://vincebudapest.com/orarend/
    Tokaj c'est le 25 à 13h30 :o)

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