« Pesticides : notre santé en danger ». Je n’ai pas vu l’émission, pas voulu m’énerver devant ma télé, autre chose à faire, la vie, quoi. Plus tard, je reçois un communiqué de presse en provenance de la filière des vins de Bordeaux, présidée par Allan Sichel. Je trouve cette réponse particulièrement bien argumentée et très juste dans ses précisions face aux approximations d’une télé à scandales.
On lit attentivement :
« − Cash Impact
aurait pu dire que des molécules de produits interdits depuis plus de 10 ans
peuvent encore laisser des traces dans l’environnement, c’est pour cela qu’ils
ont été interdits.
− Cash Impact aurait pu révéler que le Diuron,
bien qu’interdit depuis 10 ans en agriculture, est toujours autorisé pour
d’autres usages, notamment le bâtiment (peintures et anti mousses de façades).
− Cash Impact ne devrait pas laisser croire,
sans preuves, que des viticulteurs fraudent en achetant à l’étranger des
produits interdits en France.
− Comme Allan Sichel s’y était engagé lors de
son interview avec Elise Lucet, le CIVB a investigué. Il est en mesure de
révéler aujourd’hui que toutes les parcelles de vigne situées à proximité des
écoles mentionnées dans Cash Impact, c’est-à-dire Listrac, Arcins et Pauillac
sont aujourd’hui traitées avec des produits homologués en bio ce qui atteste
donc de
contaminations
anciennes pas nécessairement agricoles.
− Cash Impact aurait pu souligner la division
par deux des ventes de pesticides classés CMR en Gironde entre 2014 et 2016 :
850 tonnes en 2016 contre 1 800 tonnes en 2014, soit – 55 % en trois ans (Source
DRAAF Nouvelle Aquitaine).
− Cash Impact aurait pu parler de la baisse de
35% des ventes d’herbicides en Gironde entre 2014 et 2016 (Source DRAAF
Nouvelle Aquitaine)
− Cash Impact aurait
pu montrer les vignes arrachées près de sites sensibles (écoles, crèches)
− Cash Impact aurait pu donner le chiffre de
1,3 km de haies protectrices, plantées depuis 2014 près des sites sensibles de
la seule AOC Blaye Côtes de Bordeaux.
− Cash Impact aurait pu souligner que 745
sites sensibles font l’objet d’une information spécifique et que 903
viticulteurs sont désormais alertés chaque année à la nécessaire vigilance
qu’ils doivent avoir vis-à-vis de leurs voisins.
− Cash Impact aurait pu rappeler que la
Gironde est le premier département de France en tonnage pour les pesticides
agréés en agriculture biologique. Ils représentent d’ailleurs plus de 35 % du
tonnage total des pesticides utilisés à Bordeaux, en augmentation de 30% par
rapport à 2015 (Source DRAAF Nouvelle Aquitaine).
− Cash Impact aurait pu ainsi expliquer qu’un
grand nombre de viticulteurs de Gironde utilisent des pesticides certifiés bio,
même s’ils ne font pas partie des 7% du vignoble en agriculture biologique.
− Cash Impact aurait pu parler du travail des
professionnels bordelais pour obtenir la ré-homologation du cuivre et de la
bouillie bordelaise tellement indispensables à la viticulture bio et à la
viticulture conventionnelle.
− Cash Impact aurait pu souligner l’action de
la filière dans la recherche et les évolutions règlementaires pour l’obtention
de cépages naturellement résistants qui permettent de diminuer de 80% le nombre
de traitements par an.
− Cash Impact aurait pu mentionner que plus de
60% des entreprises de la filière viti-vinicole bordelaise sont maintenant
engagées dans une certification environnementale.
− Cash Impact aurait pu interpeller les firmes
agrochimiques sur l’insuffisance de leurs investissements pour l’obtention de
solutions alternatives du type « bio contrôle ».
− Cash Impact aurait pu s’interroger sur la
façon dont les firmes agrochimiques se dégagent de leurs responsabilités sur le
dos de leurs clients agriculteurs et viticulteurs. Elles tiennent un double
discours qui promeut le tout chimique et dans le même temps imposent des
consignes de sécurité irréalistes avec le port d’équipements de protection
individuels, tout en sachant qu’ils sont insupportables sous la chaleur de juillet.
Le sujet des
pesticides mérite d’être traité avec rigueur et justesse sans aucun
sensationnalisme.
Il n’y a pas
d’omerta à Bordeaux.
Les professionnels
des vins de Bordeaux souhaitent que le Ministère de l’Agriculture accompagne
les viticulteurs dans un plan de sortie des pesticides, d’ailleurs proposé dans
le plan filière remis à Monsieur Stéphane Travert le 29 janvier 2018.
Enfin, les
professionnels des vins de Bordeaux interpellent les firmes agrochimiques et
attendent qu’elles proposent des solutions alternatives sans impact sur la
santé des viticulteurs, des ouvriers agricoles et des riverains.
Les femmes et les
hommes du vin de Bordeaux, les vignerons, les négociants, leurs salariés, tous ceux
qui travaillent pour cette filière, déjà pleinement engagés dans la transition
écologique, sont fiers d’être les artisans du changement qu’ils mettent en
oeuvre avec volontarisme.
Bordeaux a pris un
virage historique. »
Bref, à Bordeaux,
personne n’est engagé dans l’extermination de sa clientèle. On s’en doutait un peu.
Bravo à ceux qui ont réagi aussi vite et aussi bien.
Sous prétexte de "faire bouger" les choses les media cherchent à choquer en vue de mobiliser l'opinion. C'est vrai, ça marche et après tout on cette méthode à des vertus. Mais quand les limites bougent, comme en témoignent les avancées faites dans le vignoble français et en particulier à Bordeaux je me pose une question. Pourquoi continuer à condamner sans jamais encourager ? A partir du moment où les choses évoluent positivement pourquoi ne pas le dire ? Pourquoi ne voir que la face sombre et renoncer à encourager les bonnes volontés ? Les media sont ils condamnés à diviser sans cesse ? Ne serait-ce pas la forme médiatique de ce qu'est le populisme en politique ?
RépondreSupprimerOn ne parle jamais des trains qui arrivent à l'heure…
RépondreSupprimerDois-je rappeler que je ne publie pas les commentaires insultants en provenance d'anonymes ? Déjà "anonyme", c'est énorme.
RépondreSupprimer… des moins que rien…
RépondreSupprimerMême Audiard aurait zappé !
Pour rebondir sur votre conclusion : le premier consommateur d'un vin, avant la clientèle, est le vigneron lui-même.
RépondreSupprimerL'invitation envers les firmes agrochimiques est une ouverture constructive et intéressante car c'est plutôt là que ça se joue !
On peut regretter le style virulent et à charge de certaines émissions ou média, mais force est de constater qu'il ne se passe pas grand chose sans scandales... On est quand même 30 ans après les 1ères mesures agri-environnementales, 25 après la Conférence de Rio, 10 ans après le Grenelle de l'environnement et son plan écophyto. Quel bilan ? La consommation de pesticides en agriculture continue d'augmenter et les représentants de la profession agricole nous servent toujours le même discours "demain j'arrête !"... Il me semble qu'on peut légitimement être un peu exaspéré, surtout si on met en regard les très importants efforts financiers que fait la collectivité au bénéfice de l'agriculture.
RépondreSupprimerNe perdons pas de vue que les pesticides "bio" entrent dans le total des pesticides consommés.
SupprimerCe qui relativise pas mal le propos.