Le blog de Nicolas de Rouyn

Bonjour.
Ceci est un blog dédié au vin et au monde du vin, qu'on appelle aussi le mondovino. Et à tout ce qui entoure le vin, les belles tables,
les beaux voyages, les tapes dans le dos et les oreilles tirées.
Cela posé, ce qu'on y lit est toujours de-bon-goût-jamais-vulgaire,
ce qui peut plaire à votre mère. Dites-le lui.
(Only dead fish swims in ze stream).
Les photos sont signées Mathieu Garçon, sauf mention. Pour qu'elles soient belles en grand, il suffit de cliquer dessus.
Au fait, il paraît que "l'abus d'alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération".
Nicolas de Rouyn



vendredi 20 juin 2014

Moi en Prud’homme de Saint-Émilion
avec une cape rouge

Dans un instant, ça va commencer.

Un matin d’été, pas trop chaud, du vent, du soleil, des nuages délicats. Les vignes ondulent sur le coteau. Une petite foule se rassemble dans les jardins de la mairie, c’est jour de Jurade. Je suis à Saint-Émilion où, par la grâce de mon nouvel ami le jurat Michaël Thureau (Châteaux et domaines Castel), je vais être intronisé prud’homme de Saint-Émilion.
C’est un honneur, oui.
La Jurade de Saint-Émilion rassemble les représentants des châteaux de l’appellation et de ses satellites. Ils sont environ 140 jurats. Cette organisation très ancienne a vu le jour en des temps obscurs où il fallait défendre les hommes et les domaines, au creux d’un Moyen-Âge assez piquant. On est en 1199. Huit siècles plus tard, cette tradition chrétienne de haute histoire est toujours vaillante et son interprétation contemporaine n’en a rien altéré, c’est ma première surprise.
Dans le vacarme du grand poulailler, on entend clairement les voix des ricaneurs. Vous pensez, des gens déguisés dans de longs manteaux rouges, un cérémonial qui passe par l’église, un langage et des motivations d’un autre âge, nos modernes calés sur leurs certitudes se gaussent. Ils sont les seuls. Le public de touristes qui envahit quotidiennement les ruelles en pente de la petite cité ne rigole pas, il est comme moi, impressionné. Tout, des processions à la grande messe chantée et jusqu’au banquet, en passant bien sûr par la cérémonie d’intronisation a beaucoup de tenue. C’est une réalité solide dans ce monde en manque de repères qui fait le lit de l’émotion, exclusivement, au lieu de faire le détour par la réflexion. Là, on parle de travail et de mérite, on parle des siècles, de l’histoire, de la lente construction qui a permis à Saint-Émilion d’être Saint-Émilion, dans sa gloire et son décor uniques. À la différence d’autres confréries, tout se passe à la lumière, en plein ciel et au soleil, au vu et au su de qui passe. Mais peut-être n’est-ce qu’une question de climat.


De gauche à droite, le frère et la sœur auteurs des Gouttes de Dieu, le manga qui cartonne,
un bon copain qui bosse dans la région et Jean-François Quenin, président du syndicat.

Me voilà intronisé Prud’homme de Saint-Émilion sous l’œil bienveillant de notre cher Hubert de Boüard, premier jurat. Ce qui s’accompagne de l’obligation de chanter la gloire de Saint-Émilion, charge légère dont je m’acquitte depuis longtemps déjà et avec gourmandise.


À propos de gourmandise, j'ai bu ça au déjeuner qui a suivi l'intronisation.
C'était la première fois et j'ai failli tomber de ma chaise.

4 commentaires:

  1. Joli récit Nicolas, on se prend à rêver d'y avoir participé. Félicitation en tout cas.

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  2. Merci Nicolas pour ce blog. Je commence à m'intéresser au vin tout en restant une grande inculte, c'est donc un plaisir à lire.

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  3. Merci pour votre Blog et vos billets en tous genres Nicolas.

    Je ne suis qu'un néophyte de 24 ans, mais le ton adopté pour distiller toutes vos trouvailles et diverses informations est totalement en accord avec ce que je recherche.

    Une nouvelle fois, MERCI!!

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