Tout Bordeaux, et le mondovino à sa suite, bruisse de la folle rumeur. 2010 mieux que 2009. Bien sûr, en échange, tous les spécialistes du doute et du soupçon ricanent. Pour des raisons obscures, ils n'aiment ni le succès, ni le beau travail, ils n'aiment pas les dons du ciel, ils marchent à l'ombre. En revanche, ils sont au premier rang des exécutions capitales, ils se délectent des malheurs. Qu'une région viticole essuie un revers et les voilà au banquet du sang frais, ils en font des caisses, annoncent l'irréversible, dénoncent. Pour l'heure, journalistes de circonstance et experts auto-proclamés, réunis sous les mêmes sourcils circonflexes, crient déjà au scandale, à la folle augmentation des prix, à la bande organisée, à la reconstitution de ligue dissoute. Au nom de quoi ? De la défense du consommateur. Qui s’en fout. Qui sait bien qu’il n’achètera jamais la Bentley S et Angelina J, ce qui ne l’empêche pas de bien dormir avec Simone et la Polo. Des vins de qualité que ses moyens lui permettent de s’acheter (à tous les étages de l’argent), il y en a plein le Guide Bettane & Desseauve et plein le Grand Tasting et tout va bien.
Les scrogneugneus, qu’on n’entendait pas en 2006, 7 et 8 feraient mieux de se réjouir. C’est une chance énorme donnée au vignoble de réussir, de continuer à être un exportateur de premier ordre, un modèle pour le monde et ce, malgré les vilenies et les misères dont les ennemis du vin jalonnent à domicile la route des producteurs. Vous n’avez pas été à Shanghaï ? Vous avez bien fait, rien à voir. Pas de vin dans le pavillon France de l’Exposition universelle. Énorme, cette capacité à s’autodétruire que le monde entier ne nous envie pas. 2010, millésime de rêve ? Deux millésimes de suite ? Youpi. Et espérons que 2011 sera aussi, encore, une fois de plus un très, très grand bonheur pour les amateurs, les vrais. Et une chance pour les producteurs dont la notoriété (et la survie) ne se nourrit que de celle du millésime.
Le blog de Nicolas de Rouyn
Bonjour.
Ceci est un blog dédié au vin et au monde du vin, qu'on appelle aussi le mondovino. Et à tout ce qui entoure le vin, les belles tables,
les beaux voyages, les tapes dans le dos et les oreilles tirées. Cela posé, ce qu'on y lit est toujours de-bon-goût-jamais-vulgaire,
ce qui peut plaire à votre mère. Dites-le lui. (Only dead fish swims in ze stream).
Les photos sont signées Mathieu Garçon, sauf mention. Pour qu'elles soient belles en grand, il suffit de cliquer dessus.
Au fait, il paraît que "l'abus d'alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération".
Nicolas de Rouyn
Ceci est un blog dédié au vin et au monde du vin, qu'on appelle aussi le mondovino. Et à tout ce qui entoure le vin, les belles tables,
les beaux voyages, les tapes dans le dos et les oreilles tirées. Cela posé, ce qu'on y lit est toujours de-bon-goût-jamais-vulgaire,
ce qui peut plaire à votre mère. Dites-le lui. (Only dead fish swims in ze stream).
Les photos sont signées Mathieu Garçon, sauf mention. Pour qu'elles soient belles en grand, il suffit de cliquer dessus.
Au fait, il paraît que "l'abus d'alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération".
Nicolas de Rouyn
bien dit! les scrogneugneu sont à la solde du cartel des alcools lourds qui dévastent notre jeunesse, et de l'industrie de la pharmacie qui déprime les autres. a moins qu'ils en soient aussi les victimes, déprimés déprimants. vive le vin joyeux, heureux, et les millésimes qui s'alignent pour le bonheur des convives de toutes les bourses!
RépondreSupprimerJeanne
Enfin un commentaire ayant une véritable perspective. Devrait être une lecture obligatoire pour tous les spounzs qui vont tant de bêtises !
RépondreSupprimerl'important c'est que 2010 soit moins bon que 2011 et le reste on s'en branle! vraiment! vous êtes bien de mon avis?, vous devriez lire Balzac brave jeune homme
RépondreSupprimerJe suis bien de votre avis, mais le reste on ne s'en branle pas, je n'ai pas lu Balzac depuis quelques semaines et j'adore que vous m'appeliez jeune homme. Elles vont finir par le croire. C'est le "brave" devant jeune homme qui me défrise un peu, mais bon.
RépondreSupprimerCher monsieur (je ne vous connais pas mais la plume enrobée de grâce et de malice avec laquelle vous écrivez me fait donner du "cher monsieur"),
RépondreSupprimerSur le fond, j'approuve votre point de vue. L'exigence de qualité, mêlée aux bienfaits d'une nature bienveillante, donne en effet l'occasion de se réjouir. Mais votre propos me fait vaciller quand il souligne l'échelle des valeurs sur laquelle le monde du vin a allègrement grimpé ces dernières années. Je pense à ce chiffre hallucinant paru dans la RVF il y a quelques mois : le prix du Bordeaux a augmenté de près de... 1000 % en 30 ans. C'est fait, le vin est devenu un produit de luxe que de moins en moins de gens peuvent s'offrir. Eloi Durbach, que vous avez interviewé ici même, se souvenant de ses jeunes années, rappelait qu'il y a 40 ans, un petit vin coûtait 2 francs et qu'un grand vin se payait 10 francs. Un rapport tout à fait acceptable. On en est bien loin aujourd'hui. Car le problème est bien là : à force de sortir des millésimes du siècle et autres billevesées, l'inflation continue à faire enfler le prix des vins, surtout s'ils sont bordelais (ah, l'export !). Qu'en pensent les collègues vignerons des autres régions viticoles ? Précisons d'abord qu'ils ne boivent pas de Bordeaux, ou si peu, - parce qu'ils y trouvent tant de boisé ou parce qu'ils ne peuvent plus se payer un grand cru classé -, mais qu'ils réfléchissent beaucoup et se disent : "Pourquoi pas moi ?"
...Ce vigneron en Côte Rôtie, vendant déjà son 2009 à 32 €, ne trouvait pas incongru de placer sa bouteille en face d'un Margaux à 50 € et nous non plus d'ailleurs. Et par ricochet, cet autre vigneron de Bandol, célébré depuis plusieurs années dans les guides comme la valeur montante du vignoble, ne se sentait pas ridicule à l'idée de vendre sa cuvée au même prix que celles de ses illustres voisins Pibarnon et Tempier. Oui, pourquoi pas moi, finalement ?
RépondreSupprimerLa course est lancée et on ne peut s'empêcher, ne vous déplaise, de penser que ces grandeurs de millésimes sont des arguments purement marketing. Surtout dans ces temps de crise ou comme par hasard, l'exception se répète à l'envi. N'oublions pas qu'un vin a besoin de temps, souvent, pour s'exprimer. Que parfois, il est prêt plus tôt et que souvent, il réclame un peu de patience. Dire qu'il n'est pas d'une grande année alors qu'il est simplement fermé ou inachevé est faire preuve d'une hâte fort dommageable. Avez-vous goûté un Bordeaux 2004 récemment ? Admirable de droiture et de netteté. Un Châteauneuf 2006, coincé entre deux années folles ? Splendide, immensément aromatique.
J'ai goûté la palette des Syrah 2009 récemment au Marché aux Vins d'Ampuis, dans ce millésime "d'anthologie" (forcément, puisqu'il venait après un maigre 2008). Eh bien, tout était obstrué, serré, muet. La matière était belle et bien là, mais cachée, pas prête pour le bal. Alors on s'est régalés des 2008, au profil plus simple mais tellement avenant et digeste !
L'argument est ressassé, mais c'est peut-être parce qu'il détient un fond de vérité : il est encore regrettable que quelques journalistes (je me sens à l'aise pour dire cela, j'en suis un aussi) détiennent le pouvoir de faire ou défaire un millésime, alors qu'ils se basent sur la dégustation de bruts de cuve, ersatz de vins encore en évolution. Et puisque vous connaissez la vigne, vous n'ignorez pas que d'un domaine à l'autre, d'une parcelle à l'autre, d'une exposition à l'autre, d'une méthode culturale à l'autre, d'un micro-climat à l'autre, rien ne peut être pareil. Surtout si le talent d'un vigneron s'en mêle.
En tant qu'amateur et revendeur, puisque je suis également caviste, j'ai confiance dans l'homme qui fait le vin et me le fait déguster, sans chichis. Au fond d’une cave aux murs décatis, aux antipodes de ces chais de salons d'esthétique, le vin n'a pas d'étiquette, ni de code barres ni de cours boursier. Il est bon ou pas mais c'est en lui que je crois.
Au plaisir de vous lire plus souvent.