Cette photo a été prise lors de la dégustation de présentation de la cuvée par la paire Bizeul-Bizot |
Hervé Bizeul n’est jamais
à l’abri d’une idée neuve, d’un défi inhabituel, d’un coup de gros culot. Par ricochet, nous non plus. Le dernier en date s’appelle « Cent phrases
pour éventails ». Oui, un nom de cuvée à la Bizeul, dans le droit fil de
Walden, Un faune sous un olivier etc., Aimer-prier-rêver-se taire ou quelque
chose comme ça, La petite Sibérie, De battre mon cœur etc.
Ce nom, Cent
phrases…, est le titre d’un ouvrage de Paul Claudel, ce que précise l’étiquette.
Ce n’est pas un plagiat, c’est une citation. Walden aussi était le titre d'un bouquin.
Ce vin, Cent phrases…, est une
co-production Bizeul-Bizot. Jean-Yves Bizot est un vigneron superstar de
Bourgogne, très gros talent, très gros prix. C’est à cause (ou grâce à) des
gars comme lui que Bizeul a planté il y a dix ans des pinots noirs sur ces
terres de Vingrau dans le Roussillon. Il a commencé à produire ces vins vers le
millésime 2015, j’en avais acheté tout de suite, j’avais eu raison, j’ai
continué. Ça valait 25 euros, c’est aujourd’hui à 30, ça va encore (pour moi). Puis,
il a produit une cuvée baptisée Là où le soleil se lève, toujours en pinot noir,
120 euros, les prix montent. Puis il a isolé quelques arpents pour faire Cent
phrases avec Bizot. Production minimale, quelques dizaines de cols, 360 euros
le premier millésime, l’idée est qu’ils n’en produisent que les années propices.
Là, je m’étais insurgé. Même si j’ai toujours défendu l’idée qu’un vigneron
pouvait s’enrichir de son travail, que l’enrichissement professionnel n’était
pas réservé à quelques footballeurs, chanteurs de charme ou informaticiens de
Californie, que le vigneron y avait droit aussi, je ne voyais pas ce qui
justifiait ce prix bourguignon,
le prix d’un grand gevrey-chambertin premier cru, un
Lavaux Saint-Jacques par exemple, j’ai trouvé ça très exagéré. S’en suivit un petit
frais entre Hervé Bizeul et moi, vite dilué dans le temps et la bienveillance. Aujourd’hui son Cent
phrases se négocie autour des 1 200 euros TTC la bouteille, si on en trouve.
C’est une belle réussite d’image, de recherche, de
viticulture, de travail et de valorisation du travail, de réflexion, de
connaissances, d’expertise même. Là, mon sac à superlatifs est vide. Vous et moi n’en boirons jamais plus ?
Pas grave.
Bref, j’ai changé d’avis, je salue la
démarche. Je m'insurgeais, je m’incline. Quelques sms plus tard, Hervé me dit qu’il y aura un
2023 sauf catastrophe. Je ne sais pas à quel prix il va le sortir, je m’attends
à du lourd.
Et je me suis souvenu avoir publié sur ce blog et sous le
titre « Le prix du vin, un avis différent » un texte sur le prix des
vins signé Jean-Yves Bizot, c’était en mars 2013, lien ci-dessous. Il y a dix ans,
Bizot prévenait le monde que ses prix allaient augmenter, il expliquait
pourquoi, c’est lisible, on le comprend, je le défendais. On a vu la suite, logique pour certains vins (toute petite production, très grosse
demande). On a vu aussi les dérapages, un vin de négoce sûrement très bon (manquerait plus que ça) facturé
à plus de 5 000 euros la bouteille. N’importe quoi, madame.
Sinon, pour les petits budgets, je recommande le texte de Paul Claudel Cent
phrases pour éventails, 8,10 euros sur Amazon. Mais ça ne se boit pas.
Pour lire le texte de Jean-Yves Bizot, cliquez sur le lien ci-dessous :
https://bonvivantetplus.blogspot.com/2013/03/le-prix-du-vin-un-avis-different.html
Lisez aussi les carnets de vendanges 2023 de Bizeul sur son blog, cet article est passionnant :
https://www.closdesfees.com/blogs/2023/08/21/vendanges-2023-jour-j2-kiffer/?utm_source=mailpoet&utm_medium=email&utm_campaign=les-newsletter-total-derniers-articles-de-notre-blog_7
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