Le blog de Nicolas de Rouyn

Bonjour.
Ceci est un blog dédié au vin et au monde du vin, qu'on appelle aussi le mondovino. Et à tout ce qui entoure le vin, les belles tables,
les beaux voyages, les tapes dans le dos et les oreilles tirées.
Cela posé, ce qu'on y lit est toujours de-bon-goût-jamais-vulgaire,
ce qui peut plaire à votre mère. Dites-le lui.
(Only dead fish swims in ze stream).
Les photos sont signées Mathieu Garçon, sauf mention. Pour qu'elles soient belles en grand, il suffit de cliquer dessus.
Au fait, il paraît que "l'abus d'alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération".
Nicolas de Rouyn



lundi 6 février 2023

« Si Michel te fait confiance, on te fait confiance »

 

Qui succède à Michel Rolland ? C’est lui, c’est Julien Viaud le nouveau président des laboratoires Rolland & Associés. Il s’inscrit dans le sillage formé depuis si longtemps par Dany et Michel Rolland. Ceci après seize années de vie commune, si l’on peut dire. Comment est-ce possible ? C’est ce que nous lui avons demandé. Les réponses sont passionnantes. Il a 43 ans, il est fin prêt.

 

Il y a un début à cette histoire. Dites-nous.

Je travaille avec Michel Rolland depuis le 4 septembre 2006. Après des études à l’école de SupAgro à Montpellier, j’ai commencé ma carrière dans le sud, auprès d’un vigneron catalan dans une propriété près de Perpignan. La viticulture dans le Roussillon était alors compliquée, il y avait peu d’argent et un climat difficile à maîtriser. Je suis donc devenu régisseur de cette propriété de cinquante hectares. Lourde tâche, il n’y avait aucune main d’œuvre à disposition. Du tracteur à la commercialisation en passant par la vinification, j’ai donc rapidement mis la main à la pâte. Bonne école et mission difficile que j’ai tenue pendant cinq ans, avant de retourner à Bordeaux, la capitale mondiale du vin.

Là je rencontre Michel et Dany Rolland et ils m’engagent. J’hérite alors du Médoc. Je commence par déguster avec Michel, une expérience très formatrice qu’il faut pousser loin pour faire sa place et arriver à lui conseiller les meilleurs vins qui lui permettent les plus beaux assemblages. J’y apprends une méthode, je m’inspire de son travail et, peu à peu, je fais les choses à sa place en essayant de faire mieux. Aujourd’hui, les réglages se font à deux, nous sommes vraiment dans un échange bienveillant. Rejoints ensuite par Mikael Laizet et Jean-Philippe Fort, nous partageons ces séances avec un goût propre à chacun et une rigueur de travail que nous avons hérité de Michel.

 

Que comptez-vous faire du style Michel Rolland, le conserver, lui donner un nouveau visage ?

Si je fais du Michel Rolland, je vais le faire mal. Et puis Michel Rolland ne fait pas son vin, il répond seulement à une demande de son client. Comme lui, je remets en cause l’idée qu’il y a un style Rolland. Il a son goût qu’il exprime au travers de ses propriétés, mais le style Rolland n’existe pas. Il m’a enseigné aussi une certaine psychologie. Il faut être solide en face de propriétaires puissants et influents comme Bernard Magrez, par exemple. Pas le droit à l’erreur dans ces moments. C’est d’ailleurs dans son bureau que j’ai découvert une citation qui lui ressemble : « La confiance est comme une allumette, elle ne s’allume qu’une fois ».

 

Vous vous êtes porté acquéreur, mais qu’achetez-vous ? Une liste de clients ?

Les clients ne nous appartiennent pas, ils nous font confiance, ils ont un projet. Ils ne sont pas à vendre. Mon projet d’entrepreneur, je l’ai présenté à Michel. Ce n’était pas mon unique interlocuteur, il a fallu que Dany et leurs enfants acceptent ma candidature. J’achète un laboratoire et une liberté de travail. En tant que salarié, je savais que je ne pourrais pas faire aboutir toutes mes idées et c’est pourquoi j’ai voulu passer par la case entrepreneuriat.

 

Vous auriez pu vivre cette aventure entrepreneuriale autrement.

Je n’avais pas envie de perdre du temps. Consultant est un métier compliqué. Il faut créer la demande et le besoin. J’achète aussi une histoire et l’aventure internationale qui va avec. Il y a une mémoire des épisodes de consultance à travers le monde et une confiance qui se crée sur la longueur. Une confiance que Michel a largement construite au fil des années avec la famille Antinori, confiance reconduite lorsque j’ai repris cette propriété avec ces simples mots : « Si Michel te fait confiance, on te fait confiance ».

 

À l’inverse, est-il difficile d’aller au-delà de cette relation intuitu personae ?

Toutes les propriétés m’ont vu grandir. Je les consulte avec Michel depuis quinze ans, le passage de témoin est assez naturel. Certains en profitent pour aller voir ailleurs, ce n’est jamais agréable d’en perdre, mais on en gagne toujours de nouveaux.

Aujourd’hui, le laboratoire compte un peu plus de 250 clients, et j’en ai une soixantaine dans mon portefeuille. Les gens nous font confiance, j’ai récupéré Léoville-Poyferré, la famille Cuvelier m’a donc accepté, tout comme la famille Tesseron. La transmission est fluide, même si je suis conscient qu’il ne faut pas que je me repose sur mes lauriers, quelque chose que j’ai hérité de Michel. J’ai eu l’occasion de l’accompagner dans son fief, en Argentine, il me montrait les terres qui, vingt ans avant, étaient vierges et qui, maintenant, prospèrent grâce à la vigne. J’apprends chaque jour un peu plus du regard novateur de cet homme, que l’on n’arrive jamais en terrain conquis, qu’il faut toujours rester concentré. C’est une force d’être à ses côtés, on garde les pieds sur terre et le sourire pour envisager l’avenir.

 

 

Julien Viaud, successeur de Michel Rolland

 

 

 

 

 La photo est signée Mathieu Garçon

7 commentaires:

  1. Petite rectification si je peux me permettre.
    Ma famille a fait partie des premiers clients du labo Chevrier avant que Michel ne le rachète.
    De ce fait nous avons été dans les premiers clients de Dany et Michel à Libourne.
    Michel nous suivait jusqu’à ce qu’il prenne son envol comme créateur du métier de flyingwinemaker. Pour s’occuper des clients bordelais il a recruté jean philippe fort.
    Ce dernier est le premier de l’équipe initiale qui œuvrait cours des girondins à libourne.
    Naturellement Jean philippe Fort a conseillé officiellement ou en off de nombreuses propriétés …. il s’est épanouit à côté de Michel.
    Puis il y a eu le transfert à Pomerol et sauf erreur, l’embauche de Mickael, Steeve (parti vers d’autres horizons il y a 4-5 ans. Julien n’a rejoint l’équipe qu’après ces 3 là.

    Longue vie au labo sous les conseils de la nouvelle génération.

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    1. Merci de ce commentaire. Mais qui êtes-vous ?

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    2. Désolé d’avoir publié en anonyme mais… je ne suis pas identifié 🥴 je suis Laurent Rousseau petit vigneron du LIBOURNAIS

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    3. Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.

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  2. On se croise souvent sur les réseaux sociaux

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  3. Oui et je vous lis toujours attentivement 🥴👍

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