Bref, en ce moment, nos bordeaux parlent d’argent et ça couine dans les chaumières. Tel ou tel y va de son propos aigre-aigre, dénigrant comme il peut, se scandalisant à bon compte (c’est le cas de le dire), mais rien ne change. Les gens sont amateurs de primeurs. Peut-être moins qu’avant, mais qu’un vin sorte à bon prix et c’est la ruée. Ce qui renvoie les Cassandre à leurs tristes calculs.
Et pendant que se passent ces agitations sans objet, le commerce continue comme devant.
Un exemple.
Une caisse de quatre millésimes de chez Jayer.
L’icône Henri, pas la famille.
Le cros-parantoux, le drapeau d’un peuple tout entier, l’emblème d’une nation quasiment.
Trois bouteilles de1997, cinq 98, une 99 et trois 01. La caisse de douze, quoi.
Le prix : 84 600 euros hors taxe la caisse. Avec la TVA, on passe la barre des
100 000 euros. Pas mal, non ? Sur la capture d'écran ci-dessous, les prix sont exprimés par bouteille :
Extrait du mail tombé dans ma boîte (cliquez sur l'image pour l'agrandir) |
Mais Nicolas, comment peux-tu comparer l’incomparable ? Déjà, on m’objecte mille arguties, dont la rareté. Go sit on a cactus. Ces très grands vins français sont montés tout en haut de l’échelle des prix. Ils n’en redescendront plus ou au hasard d’une enchère, mais pas de manière significative. Un grand petrus dans un grand millésime et avec une garantie de provenance à peu près sérieuse atteint parfois ces prix-là et c’est aussi rare qu’un Jayer ou à peu près. Et tous les vins émouvants coûtent de l'argent dès qu'ils ont trois points de notoriété. Comment blâmer les producteurs ?
Sinon, les bordeaux 2014, eux, ne sont pas chers à ce point et il semble qu’en plus, cette année, ils collent assez bien au marché. Lequel a quand même fait un effort pour comprendre et rééchelonner ses illusions.
Si vous êtes un riche collectionneur malais, on peut craindre que tout ce qui précède vous endort, non ?
Voilà, voilà. C'est la première année que je lis autant de commentaires encourageant à boycotter les primeurs, en particulier Outre-Manche. Des manifestants qui bloquent l'accès à l'usine des primeurs avec leurs banderoles "N'achetez pas !" sans expliquer pourquoi au demeurant. Et certains qui distribuent des tracts "Refusez de payer tels vins de l'hémisphère sud si peu cher, exigez de les payer plus cher que le prix auquel ils vous sont proposés !". Je vais commencer à douter de leur indépendance...Un Bordeaux bashing comme je n'en ai encore pas vu, sur un très beau millésime de surcroit. Qui sont-ils ces agités en pleine crise d'adolescence ? Je crois rêver.
RépondreSupprimerLe commerce est concurrentiel, dear.
SupprimerCe qui serait intéressant, Nicolas, c'est que à B+D vous interrogiez 5 ou 6 grands négociants, style Joanne et CVBG ou Johnston, pour savoir, grosso modo, s'ils ont acheté (plus, moins, égal) tant en valeur qu'en quantité.
RépondreSupprimerCela donnera une vue "pro" des choses.
Carmes : tu te calmes ! Inutile de faire monter la pression, fan de zou :-)
"Collectionneur malais" : et alors, le zeus de HK ou de Singapore, tu l'oublies ?
Tss……
Nous l'avons fait. Trois, dont un refuse de s'exprimer ("vous comprenez, en ce moment…). Les deux autres (Chadronnier pour CVBG et Ariane Kaida pour Duclot) ont été publiés par nos soins dans le quotidien Les Échos et sur le site MyBettaneDesseauve.fr
SupprimerPour Carmes, j'ai déjà réservé, mais je ne sais pas à quel prix, c'est tuant, non ?