Le blog de Nicolas de Rouyn

Bonjour.
Ceci est un blog dédié au vin et au monde du vin, qu'on appelle aussi le mondovino. Et à tout ce qui entoure le vin, les belles tables,
les beaux voyages, les tapes dans le dos et les oreilles tirées.
Cela posé, ce qu'on y lit est toujours de-bon-goût-jamais-vulgaire,
ce qui peut plaire à votre mère. Dites-le lui.
(Only dead fish swims in ze stream).
Les photos sont signées Mathieu Garçon, sauf mention. Pour qu'elles soient belles en grand, il suffit de cliquer dessus.
Au fait, il paraît que "l'abus d'alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération".
Nicolas de Rouyn



jeudi 8 mai 2014

Le Petit Sommelier, bienfaiteur de l'humanité

Pourquoi lui ? 
Le Petit Sommelier est très précisément le genre d’établissement dans lequel je n’entre (presque) jamais. Vu de l’extérieur, le look brasserie de gare n’a pas ma préférence. Mais ce jour-là, Thierry Desseauve y avait déjeuné et il en était revenu extatique, décrivant l’œil humide « un bienfaiteur de l’humanité » et, ceci explique cela, une carte des vins d’anthologie. Là, moi, je ne résiste pas. D’autant moins que depuis la fermeture des Enfants rouges, j’ erre dans le vaste Paris, l’âme en calanche. Le Petit sommelier est tenu par Pierre Vila-Palleja, fils de ses parents qui tiennent la maison depuis belle lurette. Et ce garçon a choisi de dépenser quelques sous pour construire une carte des vins de folie. En plus, c’est le copain de notre cher Antoine Pétrus.
Allez, une table pour deux.

L’assiette 
Au menu, cette gastronomie de brasserie qui enchante le Parisien quand c’est bon, frais, sincère et digeste. De l’entrecôte d’Angus au plat de ménage et aux poissons puisqu’on est en face de la gare Montparnasse, le tout parfaitement exécuté. En entrée, un pithiviers de canard, cèpes et bolets, ça vous pose une réputation. Soulignons enfin la qualité « brasserie » du service, un modèle du genre efficace, souriant, rapide. Le travail dans la bonne humeur, c’est assez contagieux, vous repartirez ravi.

La carte des vins 
Pour moi, toujours, c’est le plus important et c’est ce qui me distingue d’un critique gastronomique, voire d’une foodista. La lecture de la carte peut durer, elle est longue. Attention à ne pas en oublier votre invitée, le danger est là. Beaucoup de millésimes déjà un peu amortis, c’est agréable. Des verticales intéressantes (Fonsalette ou Jamet, par exemple), un pricing décent. Pas franchement cadeau, mais pas d’exagération et quelques bonnes surprises. Et la sélection est bien calée du côté du rare. Qui d’entre vous, amis lecteurs, a déjà goûté à Ojai, le vin californien (62 euros) ou aux vins suisses de Christophe Abbet ? Mais aussi les beaux hermitages, les châteauneufs, les coteaux-champenois de Bereche et Égly-Ouriet, trévallon, grange-des-pères. En blanc comme en rouge, on veut tout goûter. Et même les pages des spiritueux et vins d’après-dîner (une collection de chartreuse) vous tire des larmes. D’où l’impression que vous en prenez pour un moment dans cet établissement. Venez et repartez en taxi.



J’ai choisi ça 
Après un verre de champagne blanc de blancs extra-brut de Pascal Doquet, parfait dans sa rectitude et sa finale légèrement saline, j’ai choisi un bouquet de fleur : pibarnon 90. De la tubéreuse à la mandarine en passant par la réglisse. Plus tard, c’est le pain d'épices qui arrive pour finir sur une longue note d'abricot. Du rouge ? Oui, du rouge. Choisi en souvenir de ce même pibarnon 90 sifflé avec d’autres vieux millésimes au château de Pibarnon, il y a quelques années, en compagnie d’Éric de Saint-Victor, de son père et de sa mère à l'occasion d'un fameux débat télé, on avait tellement ri. Sept ans déjà.
La fin du dîner a vu arriver deux portos, un rouge et un blanc. Si le colheita 2000 de Poças était bien là où nous l’attendions, dans ses arômes et sa longueur, le Dalva blanc était parfaitement sublime.



L’avis du copain 
« J'ai connu Pierre il y a un peu plus de cinq ans. À l'époque, il nous rejoignait comme stagiaire au Crillon. Mais pas n'importe quel stagiaire : sémillant, dynamique et ultra-curieux. Plus tard, Pierre m'a également beaucoup aidé lors de la création de notre nouvelle carte des vins chez Lasserre. Au Petit Sommelier, il a conçu de lui-même une carte brillantissime, une carte de vignerons, de vrais vignerons. Bien mise en valeur sur le papier comme dans le verre. L'exemple d'une carte de restaurant étoilé au format belle brasserie. »
Antoine Pétrus
(Directeur de salle du restaurant Lasserre, Meilleur Ouvrier de France Sommellerie 2011, dégustateur émérite pour le Guide Bettane & Desseauve)



L’adresse 
Le Petit Sommelier
49, avenue du Maine 75014 Paris
01 43 20 95 66

Retrouvez dès lundi cette chronique sur mybettanedeseauve.fr dans la bien nommée rubrique « Les bienfaiteurs de l’humanité »

8 commentaires:

  1. Nicolas,

    L'adresse vaut plus à mon avis pour les vins que pour la nourriture, qui m'a beaucoup déçu (sur une seule visite, certes).

    Pibarnon 1990 est magnifique aujourd'hui (un vin pour amateurs patients, pas excellent tout au long de sa vie donc).

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    1. Retourne au Petit Sommelier, Laurent. Je n'ai pas été déçu du tout.

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  2. Bien que rares, les cèpes de printemps ont le goût le plus fin ; ceux en provenance des sous-bois médocains en particulier. Ce n'est qu'un avis. Quant aux arrivages de Montparnasse ...

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    1. Montparnasse était le grand port de pêche breton de Paris, il y avait le train de la marée, je ne sais pas ce qu'il en est aujourd'hui.

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    2. Si on ne joue pas le jeu, le jeu n'existe plus. Mais on dirait que ça bande encore ;-) question de flux et de reflux (on se refait Heraclite sur blog ?)
      https://twitter.com/NicolasdeRouyn

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  3. Le Petit Sommelier est une adresse plutôt sympa où j'aime bien me rendre de temps à autre... A recommander effectivement !

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  4. Ojai, moi, j'ai goûté (cf. ci-dessous, tout dépend de quelle cuvée on parle), quant à Abbet, c'est un maître, en blanc comme en rouge!
    http://ideesliquidesetsolides.blogspot.fr/2014/03/yankee-but-chic.html

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    1. Je crois me souvenir qu'ils ont trois ou quatre cuvées d'Ojai

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