Évidence par Caroline 2010, 24,40 euros chez les cavistes |
Propriétaire et vinificatrice de deux domaines emblématiques, elle n’aime rien tant que pousser les expériences, enrichir son savoir-faire, comprendre ce qui s’est passé autrefois, aiguiser son exigence. Elle sort ces jours-ci une cuvée baptisée Évidence par Caroline. Il s’agit d’un assemblage 50/50 cabernet-sauvignon et syrah. En soi, rien de nouveau. La nouveauté réside dans le fait que le cabernet-sauvignon vient des terres de son Château La-Lagune dans le Médoc et la syrah des vignes de son domaine Paul Jaboulet Aîné à Tain-L’Hermitage, Rhône nord. Nouveauté, vraiment ? Non plus. Ce faisant, Caroline interprète à sa façon le bordeaux hermitagé, une vieille coutume que l’avènement des appellations d’origine contrôlée n’avait pas laissé survivre. Il fût un temps où le négoce bordelais fortifiait les vins de Bordeaux avec de la syrah achetée sur la colline de l’Hermitage, une époque où ces vins ne valaient pas bien chers et faisaient de parfaits vins médecins. « La syrah ajoutait du gras à des productions souvent assez minces » dit Caroline. Pour Évidence, elle élève les vins chacun sur son terroir et achemine les cabernets à Tain pour l’assemblage. Pour des raisons administratives, elle ne peut pas assembler à La-Lagune. Puis le vin est élevé une fois assemblé en barriques, dont 10 % de bois neuf, pas plus. Cette année, il y aura 10 000 bouteilles du millésime 2010 de cette cuvée.
Chez les Frey non plus, l’idée n’est pas neuve. Depuis 2006, Caroline fait Duo, une seule barrique des syrahs de La-Chapelle, mythique cru de la colline de l’Hermitage, avec l’assemblage du grand vin de La-Lagune, c’est-à-dire cabernets, merlot et petit-verdot. Ce qui est, somme toute, très différent de la nouvelle cuvée et là, on est dans le vrai bordeaux hermitagé. Ce Duo est mis uniquement en magnums (moins quelques bouteilles pour les dégustations), ce qui signifie moins de 150 magnums par an. J’ignore le prix de ce vin ultra-rare. Pour info, Château Palmer à Margaux fait la même chose depuis deux ou trois ans.
Il y a deja quelques vignerons français qui font cet assemblage avec un certain bonheur, notamment Trevallon si je ne me trompe pas. Mais ils sont VDP. Les australiens font beaucoup ca aussi.
RépondreSupprimerBien sûr, il y en a plein. Mais avec des cabernets locaux (qui poussent sur place). L'originalité et l'innovation de Évidence est d'embouteiller des vins issus de deux zones distinctes.
SupprimerOui, vous avez raison... quand meme un peu bizarre de faire voyager les raisins... une critique: pas vraiment écolo non plus.
SupprimerThomas Duroux le fait avec quoi svp ?
RépondreSupprimerVin familial du Béarn ?
Je ne sais pas. Je ne pense pas qu'il s'agisse du vin familial.
SupprimerM2 existait déjà avec Michel Chapoutier avec des syrah de la colline d'Ermitage et Michel Rolland avec des merlots du Bon Pasteur, vins vendus lors d'enchères de bienfaisance
RépondreSupprimerJe l'ignorais. Là encore, ce n'est pas tout-à-fait la même chose, mais bon.
SupprimerPour information, le premier millésime de Palmer historic XIXth century était 2006 (en vin de table).
RépondreSupprimerCordialement
http://www.chateau-palmer.com/historical_xix_century_wine.php?langue=fr
Une fois de plus, ce n'est pas la même chose. Historic de Palmer assemble 45 % de merlot à 45 % de cabernet-sauvignon et 10 % de syrah, on est loin des proportions retenues par Caroline Frey
SupprimerBonjour,
SupprimerParlant de proportions, il me semble que c'est 70/30 pour l'Evidence. Non ?
En tout cas, c'est un vin que j'adore malgré sa jeunesse.
Evidence aussi lorsque José Pérez Arco m'a demandé d'assembler le meilleur de son millésime 2002 pour créer sa cuvée Seleccion de Bodegas Senorio de Nevada : la Syrah et le Cabernet sauvignon convolaient en noces parfaites. Cet assemblage ne s'est plus présenté comme l'évidence depuis, la maitrise des Merlot ayant fortement progressé. Nous parlons bien ici de ces deux cépages produits sur un même terroir http://www.senoriodenevada.es/
RépondreSupprimerIci, sûrement, mais là, non.
SupprimerEt sinon les règles d’étiquetage, tout le monde s'en fout?
RépondreSupprimerUn Vin de France qui mentionne 2 AOCs: Bordeaux et Tain l'Hermitage... Je pensais que seulement en Chine on trouvait ce genre de contrefaçon
Chère madame, la finesse de l'attaque est à la hauteur du manque de pratique qui est le vôtre. Il y a bien sûr une contre-étiquette chargée de véhiculer les informations qui vous intéressent.
SupprimerPas d'attaque, simplement le constat que la réglementation Française en matière d’étiquetage n'est pas respectée: mentionner une AOC sur un VDF, c'est interdit.
SupprimerSans vouloir alimenter une polémique creuse, notez qu'il n'est pas fait mention d'AOC: l'étiquette dit "de Tain-L'Hermitage à Bordeaux, France" ce qui à mon sens n'est que la mention de deux communes, reflet du voyage géographique proposé par l'assemblage (de plus Tain L'Hermitage n'est pas une AOC, contrairement à Hermitage tout court)
SupprimerVous avez raison sur la vacuité de la polémique et je suis d'accord avec vous sur l'analyse voyageuse
SupprimerDémarche intéressante, effectivement, et qui apporte un souffle de nouveauté et d'audace.
RépondreSupprimerA noter que l'idée existait également au Portugal depuis le début des années 2000 : Quinta de Cabriz (groupe Daosul) assemblait des vins issues de ses meilleures parcelles du Douro et du Priorat (cuvée Dou-rat) et du Piemont et de Dao (Cuvée "Pi-Ao"), avec l'innovation de le faire entre deux régions de deux pays différents. Un peu comme si Chapoutier réalisait un assemblage de ses vignes Rhodaniennes et Australiennes.
Pour ce qui est de l'étiquetage, sans chercher à attiser la discussion, on flirte clairement avec la réglementation (ce qui par ailleurs ne me pose pas de soucis). On se rapproche du cas d'Olivier Cousin qui a été condamné pour le motif suivant : "N'étant plus soumis aux conditions des cahiers des charges, il se devait de s'abstenir de faire référence à l'appellation"
J'aime bien le rouge, mais ce liquide est assez cher !
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