Portés par l’écho du grand ravin, me parvenait confusément les bruits d’une bataille qui enfle. Sur les réseaux sociaux, le principe est simple. Tu balances une info et ça commence sur le thème oui-non, comme à la récré. Ce Mardi Gras finissait mal. Une nunuche à peu près inconnue, ce genre de boulet, venait de sortir un petit livre sale et voilà qu’on s’empoignait. Je bagarrais quelques moments et décidais de reporter la suite au lendemain. La procrastination, voyez-vous.
De quoi s’agit-il ?
Vinobusiness, chez Albin Michel, 250 pages, c'est écrit gros, l’approximation en fait de méthode. On nous promet de l’inédit sur la quatrième de couverture. Ben non, finalement, il n’y en a pas. C’est un énième recueil de pleurnicheries sur le ton vive les petits, mort aux gros, le riche est un salaud, les gentils sont pauvres en plus d’être bio, tout ça, cette idée datée de taper sur la tête des histoires qui marchent bien.
La nunuche, qui surjoue la révolte, a décidé de se payer Hubert de Boüard, propriétaire de l’excellent Angélus. Du coup, le phonème « Hubert de Boüard » est imprimé 143 757 fois dans les 250 pages, ce qui est un peu lassant et décrédibilise totalement la charge, s’il en était besoin.
Par ailleurs, on y lit plein de grosses bêtises.
Sur les prix comparés des grands crus français, par exemple. Un authentique spécialiste interviewé par ses soins (elle n’aura sans doute pas compris ce qu’il lui a dit) nous explique doctement que les Bordelais exagèrent alors que « pour 100 euros, on a un grand cru en Bourgogne ». Moi, j’en veux bien parce que j’ai vu passer une offre pour un corton-renardes 2009 de chez Leroy à plus de 1 000 euros les 75 cl, comme ausone et à plus de 30 000 euros le magnum de richebourg 85 de chez Jayer, tarif jamais atteint par un lafite du même métal.
Mettons que je n’y connaisse rien, que je sois de parti-pris, qu’Hubert m’envoie plein de magnums sans arrêt.
Je vais donc m’intéresser exclusivement à ce que je connais bien. De Bettane + Desseauve, elle dit ceci :
Page 113 du petit livre sale |
Voilà.
L’odieuse insinuation aussi bête que sous-informée. Bête parce qu’il faudrait l’être beaucoup pour lier les notes du Guide ou l’exposition dans les suppléments que nous faisons à une présence au Grand Tasting. Sous-informé parce que Nunuche ne sait pas que pour avoir accès au Grand Tasting, il faut avoir déjà une bonne note dans le guide, il faut produire de bons vins déjà agréés par Michel Bettane et Thierry Desseauve. Et pas le contraire, idiote. J’ajoute que c’est très facile de dire non au Grand Tasting. La plupart des meilleures notes du Guide ne viennent pas au Grand T parce qu’ils n’ont rien à vendre. Vous n’y verrez jamais Rayas, Lalou Bize-Leroy et d’autres. Enfin, chaque année, une liste d’attente de plus de cent domaines impose que ce soit nous, en fait, qui ayons le grand regret de dire non.
Voilà, ma Nunuche, c’est comme ça que ça se passe dans la vraie vie, mais ça ne t’a pas empêché d’instiller ton venin et nul doute que quelques esprits faibles y trouveront des accents de vérité. Au moins quand Closer a un truc à nous vendre, ça se passe en quatre pages, pas 250.
Pourtant, quand on voit ce que tu écris sur un sujet qu’on connaît, on se dit que ce que tu écris sur des sujets qu’on connait moins doit être tout aussi mensonger. Mais les apparences du scandale font vendre et tu n’es pas la première à écrire n’importe quoi sur le vignoble, ces grands hommes, ces grands vins.
Pour conclure, deux choses.
Un, la surabondance de notes de bas de pages montre que tu t’attends à quelques procédures. Je pense qu’il n’en sera rien. Ton petit livre sale n’intéresse déjà plus personne.
Deux, la jubilation avec laquelle tu décris la manière dont tu as piégé Hubert de Boüard montre assez quelle sorte de personne tu es. Il y a un gros mot de six lettres pour ça, mais ici, c’est un blog familial, des enfants peuvent le lire, tu m’as compris.
"Ce qui fait le succès de quantités d'ouvrage est le rapport qui se trouve entre la médiocrité des idées de l'auteur et la médiocrité du public" nous dit le poète Chamfort. Le prérequis étant effectif, il n'est pas impossible que ce petit torchon qui suinte la haine sociale s'expose à quelques succès. Les médiocres et les envieux sont si nombreux qu'Albin Michel a dû adapter le tirage à la cible...
RépondreSupprimerToutes mes pensées vont aux hommes et femmes que cette charge partisane et outrancière s'emploie à démolir, ils ne m'en seront que plus sympathiques.
Ces gens se font tellement salir et si souvent que, à mon avis, ils ont le cuir plutôt résistant
SupprimerPour se faire une idée de la "déontologie" de l'ancienne pigiste de Jean-Pierre Coffe qui fait désormais dans le caniveau façon tabloïds:
RépondreSupprimerhttp://www.agriculture-environnement.fr/revue-de-livre,3/isabelle-saporta-le-livre-tres-noir,737.html
http://alerte-environnement.fr/2011/02/21/derapage-disabelle-saporta-le-temoignage-dun-arboriculteur/
Merci de ces infos et désolé qu'on ne puisse pas en faire des liens dans les commentaires
SupprimerPour info sur les articles signalés par un (courageux) anonyme:
Supprimer« Gil Rivière-Wekstein est membre adhérent de l’Afja (Association Française des Journalistes Agricoles) ». Notons que cette association au service de l’agriculture française a, entre autres, pour « membres associés » - qui paient une cotisation de 625 euros - BASF Agro, Bayer Cropscience, Syngenta Agro, Total Raffinage Marketing, Union des industries de la protection des plantes (UIPP) [1 ]..."... donc aussi neutre dans le débat que notre commentateur est anonyme.
L’affaire Giboulot, un marché de dupes
RépondreSupprimerTitre adéquat et bien (re) senti
Merci ;-)
SupprimerBon : Philippe Bidalon, dans l'Express de cette semaine (page 30) est au diapason avec nous.
RépondreSupprimerComment quelqu'un qui doit quand même avoir une intelligence minimale, peut se laisser aller à de tels niveaux sous la ceinture ?
Tu l'as déjà, L'Express ? Philippe m'en a parlé lundi soir et moi, j'attends demain matin pour l'acheter. T'as de la chance.
SupprimerJ'ai lu l'article de Philippe dans L'Express, c'est très juste.
SupprimerTrouvé au Bristol ce matin où on prépare notre prochaine soirée.
RépondreSupprimerOn te verra à Bordeaux pour les primeurs ?
J'y serai oui
Supprimerpas tombé dans l'oeil d'un aveugle ;o)
Supprimer"c'est intéressant..." (hommage à mon ami sommelier talentueux Nicolas - encore un - Geoffroy). Quand tu dis "quand on voit ce que tu écris sur un sujet qu’on connaît, on se dit que ce que tu écris sur des sujets qu’on connait moins doit être tout aussi mensonger", j'ai l'impression de revivre ma réaction après l'émission "envoyé spécial" à charge sur (contre) le vin. Ce fut la dernière fois que j'ai regardé ce programme. C'est la seule conséquence envisageable pour de telles attitudes. Bon, après, nous le savons tous que ces gens qui travaillent bien et réussissent sont des voyous haïssables alors que les cancres paresseux sans talent détiennent la vérité. Forcément. See you début avril, donc.
RépondreSupprimerOui, nous nous verrons
SupprimerPour information, cette personne sévit aussi sur Europe 1 dans des chroniques régulières sur l'industrie agroalimentaire (les méchants). Le ton est bien sûr écolo-bobo d'un manichéisme affligeant, c'est le recueil de tous les clichés archi rabachés bien sûr basés sur des études scientifiques plus que controversées (affaire Seralini sur les OGM par exemple...)mais qui confine souvent plus à l'obscurantisme.
RépondreSupprimerC'est tellement outrancier que cela discrédite totalement le propos mais effectivement, il semble hélas que beaucoup de temps d'antenne soit donné à ce genre d'individu.
Bien cordialement
Vous semblez avoir contrarié votre éminent confrère Dupont-Lajoie...
RépondreSupprimerhttp://www.lepoint.fr/vin/vino-business-le-bruit-et-la-fureur-10-03-2014-1799274_581.php
Mon très éminent confrère a fait comme moi. Il s'est laisse emporter par la passion et a dit une grosse bêtise à la fin de son papier. Rien de grave. Cette vieille histoire de paille et de poutre...
SupprimerPour avoir regardé l'émission d'hier sur BFM je trouve que ce petit surnom de "nunuche" va à merveille à Saporta. Elle passe son temps à faire des moulinets avec ses petits poings en ponctuant ses interventions, pénibles à écouter du fait de sa voix aigrelette, de "j'veux dire", "le mec", "y veut l'pognon" etc. Du verbiage de café du commerce en plus beauf encore, ce qui n'est pas peu dire...
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