Deux cuvées de Podere Forte |
Le premier, c’est Podere Forte. Un Toscan. Le monsieur s’appelle Forte, il a mis en réanimation un village entier, monté un domaine viticole, ouvert un hôtel, des maisons d’hôtes, un restaurant. Un grand morceau d’Italie, comme autrefois, comme Sassicaia, Castello del Terricio et quelques autres. Un entrepreneur avec une vista, le sens du long terme, pas le genre « take the money and run ». De tout ça, je n’ai vu que les photos et goûté les vins. Les photos font rêver et les vins donnent envie d’en boire encore. En ajoutant que ce signor Forte exploite son domaine en bio, il ne manque plus que d’aller y faire un tour. Un wine tour, bien sûr.
L’autre Italien, c’est un monsieur Fratini, charmant homme d’une courtoisie angélique. Son domaine s’appelle Argentiera, c’est à Bolgheri, Toscane maritime. Le voisin des grands, qu’on appelle aussi super-toscans. Le directeur du domaine est aussi le président de l’appellation. Échanger quelques mots avec ces deux-là, c’est comprendre comme le monde du vin italien s’est vraiment mis au service de la qualité et des vignerons. En Italie, ce sont les meilleurs qui décident, pas les plus mauvais. En Italie, il serait inconcevable de voir des grands vignerons mis à l’index par l’appellation qu’ils représentent mieux que les autres.
Féminin et masculin ? Vraiment ? |
On comprend très bien où se situe cette cuvée dans la gamme Modat. |
Enfin, je n’ai pas dit le prix Lalique. L’an dernier, François Mauss l’avait remis à un vigneron allemand, l’exceptionnel Dönhoff. Cette année, c’est le Hongrois Istvan Szepsy qui s’est vu récompensé. Grand artisan du renouveau des tokajis, il est le promoteur de l’ère post-communiste, post-productiviste. Ce prix Lalique, avec ses deux lauréats ultra-pointus, prend une bonne direction.
La question est : who’s next ? Je suis bien content de n’avoir pas à me prononcer, ce n’est vraiment pas évident.
Pour le plaisir, une dernière image du lac de Côme, photo prise deux minutes avant de partir :
Pour suivre la saga du Davos du vin, voir les six autres billets dans la colonne de droite.
Un grand merci Nicolas pour ces billets de belle fraîcheur. J'aime ces points de vue immédiats, nets et sortant des usuelles descriptions techniques pour privilégier le plaisir et/ou l'émotion.
RépondreSupprimerOui, je commence déjà à travailler sur la prochaine édition, mais crois bien que si je ne trouve pas une pointure au niveau des deux premiers "Lalique", on sautera une année.
Forte : cela mérite effectivement une visite car je ne connais aucun domaine qui ait développé aussi bien un vignoble, qu'un élevage de cochons ou un potager quasi royal.
Le village qui revit grâce à ses investissements, sans aucune publicité tapageuse, est une véritable découverte à faire.
Tu parles des Fratini : une grande famille qui cultive la discrétion à outrance, surtout impliquée dans l'immobilier (ils ont construit le Four Seasons de Florence, récemment vendu pour construire celui de Rome, un projet assez fou). Le vin est conseillé par Stéphane Derenoncourt et le dernier né, le Bartholomäus aura vite son heure de gloire.
Merci aussi de citer Modat et Chêne Bleu, deux propriétés de passionnés qui méritent d'être mieux connues.
Bonjour Nicolas,
RépondreSupprimerdeux remarques sur ce que tu viens d'écrire.
Sur la façon italienne de faire avancer les choses : oui et non ... L'essai de classification qui s'est produit avec la création des grands crus italiens n'est pas à la hauteur des espérances et c'est bien souvent un club des plus fortunés et pas forcément des meilleurs.
Sur Istvan Szepsi : j'ai eu la chance de le rencontrer à Tokaj une semaine avant qu'il ne parte à Côme.
Sa démarche pour les grands vins secs est vraiment remarquable et force est de reconnaître que le résultat est là : des vins secs de haut niveau au pays des grands liquoreux ! Les Tokaj du domaine sont quant à eux très traditionnels, riches, très riches, parfois à l'excès. Mais n'est-ce pas la qualité première de ces vins que d'être excessifs ?
Bien cordialement,
J Pérez
Ce qui est bien en Hongrie, c'est que l'acidité est là pour éviter la lourdeur, y compris sur le très généreux 6P 1999 de Szepsi).
RépondreSupprimer(je ne parle pas là d'essencia aszu ou d'essencia, à part).
C'est plus difficile en Autriche, sauf peut-être quand on a recours à la tonicité relative du cépage Scheurebe.
Laurent,
RépondreSupprimeroui pour le furmint, un peu moins pour le Haszlevelu.
Ce qui m'a frappé à Tokaj, ce sont les oppositions de style.
un 6 pt chez Disznoko titre 12.5 et 170 grammes de résiduel.
un 6 pt chez Szlepsi c'est 9/10 degrés et 260 grammes de sucre.
http://lapassionduvin.com/phorum/read.php?17,177345,810134#msg-810134
Encore un billet passionnant, c'est un réel plaisir de vous lire.
RépondreSupprimerUn amoureux du mondovino,
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