Le blog de Nicolas de Rouyn

Bonjour.
Ceci est un blog dédié au vin et au monde du vin, qu'on appelle aussi le mondovino. Et à tout ce qui entoure le vin, les belles tables,
les beaux voyages, les tapes dans le dos et les oreilles tirées.
Cela posé, ce qu'on y lit est toujours de-bon-goût-jamais-vulgaire,
ce qui peut plaire à votre mère. Dites-le lui.
(Only dead fish swims in ze stream).
Les photos sont signées Mathieu Garçon, sauf mention. Pour qu'elles soient belles en grand, il suffit de cliquer dessus.
Au fait, il paraît que "l'abus d'alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération".
Nicolas de Rouyn



vendredi 7 janvier 2011

Michel Onfray, Jean-Paul Kauffmann, le vin, les mots


Mon cher ami Jean-Luc Barde, photographe de talent et plus, a réuni Michel Onfray et Jean-Paul Kauffmann, à Bordeaux. Il a provoqué une conversation passionnante autour du sujet qui nous tient à cœur, le vin, bien sûr. En voici un extrait, les vingt premières lignes. La suite est dans TAST, le magazine en ligne de Bettane & Desseauve, il vient de sortir.

Jean-Luc Barde
: Le langage du vin a-t-il évolué depuis l’arrivée de l’œnologie dans les années 80 ?
Michel Onfray : Quand on augmente le vocabulaire de la gynécologie, on ne gagne pas en précision pour parler d’amour. Aujourd’hui pour parler du vin comme du reste, on assiste à un appauvrissement de la langue, comme une sorte de populisme généralisé : 500 mots suffisent pour s’adresser à quelqu’un. Par ailleurs, le vocabulaire spécialisé du vin est assez effrayant. Je défends l’usage du vocabulaire spécialisé, mais pas son abus. On dit plus, voire mieux avec des mots qui pourraient être imprécis. Par exemple, associer un vin à un musicien : si c’était Beethoven, quel registre, sonate ou symphonie ?
Jean-Paul Kauffmann : Il y a dix ans, il y avait 300 mots pour évoquer le vin. Une universitaire en a recensé 800 dans un récent ouvrage. Nous n’avons pas gagné pour autant en précision, ce surenchérissement éloigne beaucoup de gens du vin. Une telle profusion rend la chose plus vague. Il a suffi de 1500 mots à Racine pour exprimer la complexité de l’âme humaine.
JLB : En devenant un objet de science, le vin a-t-il perdu son âme ?
MO : Je pense qu’on est dans un moment de bascule, vers une uniformisation du goût, une sorte de pensée unique, comme en politique, où on n’aurait qu’une seule langue, un seul vin de Bourgogne ou de Bordeaux. Parker n’est pas étranger à ce phénomène. Pour lui plaire, il fallait formater le vin pour obtenir la bonne note indispensable aux exigences du marché. Je suis un amateur au sens étymologique du terme, pas un spécialiste du vin, mais j’ai vu des gens qui ont commencé à faire des vins d’auteurs, sans souci de la note de Parker, des vins qui leur ressemblent, pour jouer avec l’expression de Malaparte à propos de sa maison. Dagueneau disait : « j’ai un territoire, j’ai des cépages, je joue avec les assemblages, je produis ça qui ne ressemble peut-être pas à ce que le syndicat de la production viticole nomme sancerre ou pouilly, mais moi je propose ce vin ». Avec ce raisonnement, on repart vers des vins plus subjectifs, en résistance à la mondialisation. Ces vignerons font un portrait de leur région, de leur tempérament, de leur caractère, ça m’intéresse nettement plus.
JPK : Je suis d’accord avec ce que dit Michel à propos de la standardisation du goût et je vois que les vignerons élaborent des vins dans ce sens-là. Les gens refusent deux choses qui, à mon avis, sont fondamentales pour le vin : l’acidité et l’amertume. Leur préférence va vers des vins doux, suaves, vers le sucré, la rondeur, qui est une forme d’infantilisation. C’est vrai que, naturellement, le bébé n’aime pas l’amertume. Mais je crois beaucoup en ces vins d’auteurs. Ils serviront un jour de modèle. Sans être élitiste, comme dit Gide, « le monde ne sera sauvé que par quelques-uns ».

La suite, plus de 20 pages (!) d'intelligence pure, si rare en ces temps de légèreté, est dans le n° 67 de TAST, le magazine en ligne de Bettane & Desseauve. Pour s’abonner, appeler Béatrice au 01 48 01 90 14 ou par mail bb@bettanedesseauve.com ou via le site dont voici le lien : http://www.bettanedesseauve.com/tast/tast.php
Les photos : Jean-Paul Kauffmann et Michel Onfray, photographiés par Jean-Luc Barde
L'intégrale de cette conversation est publiée ici

2 commentaires:

  1. ha ha ha ha ha, selon Kaufmann "Il a suffi de 1500 mots à Racine pour exprimer la complexité de l’âme humaine." !!!! soit il est tombé dans le panneau d'une vieille légende, soit il est tombé dans le tonneau de dégustation, c'est très drôle en tout cas.

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  2. Je vais boire un petit coup de rouge.

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