Le blog de Nicolas de Rouyn

Bonjour.
Ceci est un blog dédié au vin et au monde du vin, qu'on appelle aussi le mondovino. Et à tout ce qui entoure le vin, les belles tables,
les beaux voyages, les tapes dans le dos et les oreilles tirées.
Cela posé, ce qu'on y lit est toujours de-bon-goût-jamais-vulgaire,
ce qui peut plaire à votre mère. Dites-le lui.
(Only dead fish swims in ze stream).
Les photos sont signées Mathieu Garçon, sauf mention. Pour qu'elles soient belles en grand, il suffit de cliquer dessus.
Au fait, il paraît que "l'abus d'alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération".
Nicolas de Rouyn



mardi 4 janvier 2011

Chidaine - sur - Loire


Il est tôt sur le coteau en pente pas très douce vers le fleuve mince. C’est l’époque de l’année où la Loire serpente entre les bancs de sable, c’est le temps des vendanges. Il fait froid, très, dans un ciel bleu dur. La petite bande de filles et de garçons qui assure la récolte a le nez rouge et les doigts gourds, ils sont là depuis le lever du soleil et le mercure doit culminer à 1°C. Bien sûr, personne ne soupire, ne renâcle, ne fait le grognon. On perçoit nettement une espèce de passion vibrer entre les rangs de vigne, les regards concentrés, les gestes précis, l’attention portée. Certains prennent des vacances pour ça, ils trouvent qu’ils ont de la chance, qu’ils en sont, une petite troupe de rebelles avec une cause, ils travaillent avec François Chidaine. Un type attachant, doux, bienveillant avec chacun. Il a commencé à travailler à la vigne avec son père
à 16 ans, puis à son compte dès 23. Aujourd’hui, à 45, c’est une idole des vins de Loire et un garçon charmant qui s’entend bien avec ses confrères, le plus souvent. Ce qui explique sans doute pourquoi il est le président de l’appellation depuis dix ans. Même Noël Pinguet (Huet, à Vouvray), aux yeux de qui peu de monde trouve grâce, le juge « sérieux ». Quasiment un compliment.
François Chidaine exploite 35 hectares en montlouis et dix en vouvray, sur la rive d’en face, tout ça en biodynamie depuis dix ans. En tout, il produit dix-huit cuvées, mais pas tout, tous les ans, ça dépend des millésimes. Il a ouvert une jolie boutique au bord de la Loire, la Cave insolite. Bien sûr, on y vend des vins de Loire, et pas seulement les siens, mais on a aussi le plaisir de retrouver quelques-unes des productions de gens qu’il aime. Trévallon, les crozes de Graillot, le domaine Hauvette, des choses de ce calibre.
Même s’il est dans le bon wagon (ses vins se vendent très bien aux USA et dans le Nord-Europe), il défend bec et ongles son appellation de Montlouis-sur-Loire et ses paysages qu’il adore, qui sont sa vie depuis le début. Il regrette l’absence d’un hôtel haut-de-gamme ou deux et d’un restaurant étoilé qui feraient du bien à la notoriété de l’endroit et lui donneraient une chance de plus dans le contexte nouveau de l’œno-tourisme.
Pour lui, le vrai problème, c’est l’expansion urbanistique à caractère pavillonnaire qui commence à miter gravement le décor. Il parle sans colère, mais sans faiblesse, il s’exprime doucement, mais il dit tout. « On est en train de devenir la banlieue de Tours et même de Paris. Pendant la journée, les villages sont déserts. Si l’appellation n’émerge pas, on est morts ». Un problème qu’on retrouve à Bordeaux, en Beaujolais, à Nice dans les vignes de Bellet, ailleurs encore, une histoire de prix du foncier. La vigne ne résiste que si le vin est connu et l’hectare trop cher pour y construire des dortoirs.

La photo : François Chidaine photographié dans ses vignes par Mathieu Garçon. Mon commentaire sur le clos-habert 08 de François Chidaine dans le post intitulé "Bu ces jours de douceur atlantique"

1 commentaire:

  1. Merci, et dire que je n'avais pas encore eu le chance de lire cet article. Bonne année monsieur de Rouyn !

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