Le blog de Nicolas de Rouyn

Bonjour.
Ceci est un blog dédié au vin et au monde du vin, qu'on appelle aussi le mondovino. Et à tout ce qui entoure le vin, les belles tables,
les beaux voyages, les tapes dans le dos et les oreilles tirées.
Cela posé, ce qu'on y lit est toujours de-bon-goût-jamais-vulgaire,
ce qui peut plaire à votre mère. Dites-le lui.
(Only dead fish swims in ze stream).
Les photos sont signées Mathieu Garçon, sauf mention. Pour qu'elles soient belles en grand, il suffit de cliquer dessus.
Au fait, il paraît que "l'abus d'alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération".
Nicolas de Rouyn



vendredi 1 juillet 2022

Je me souviens d’Émile Garcin

C’était un grand dîner dans sa propriété des Alpilles. Émile me prend à part pour me faire goûter un vin inconnu de moi, la Grange des pères, un vin rouge étrange, il me dit « Je n’ai qu’une bouteille, je ne peux pas servir tout le monde ». C’était la fin des années 1990, je ne connaissais vraiment rien aux vins, j’aimais ça beaucoup, il le savait.

À l’époque, j’assurais la rédaction d’un magazine immobilier haut de gamme du groupe Figaro, Propriétés de France. Émile Garcin était déjà un agent immobilier d'importance, il avait créé un grand réseau, il était le premier d’entre tous. C’est lui qui avait poussé les feux sur la notoriété de la Provence intérieure, loin des bords de mer très courus. Il avait littéralement inventé le Lubéron, les Alpilles. Les propriétaires vendeurs l’adoraient, lui qui avait fait grimper les prix pour leurs plus grands profits.

Émile Garcin m’avait appris la Provence, ses chemins secrets, ses lieux d’exception, ses mas et ses bastides, maisons chargées d’histoire, endormies sous le soleil et le ciel, la pureté des paysages, leur austérité bienvenue, la qualité du mistral, la lumière, les petites et les grandes légendes. Il m’avait permis, fort de son adoubement, de rencontrer des gens qui, soudain, me prenaient au sérieux. Je lui dois beaucoup. Il aimait follement son pays et le transmettait très bien. Il m’avait beaucoup aidé dans la perception des valeurs de cette terre.

J’ai appris sa mort avec infiniment de tristesse, on l’enterrait ce vendredi. 

Il reste les souvenirs en foule, nous en parlions avec Mathieu Garçon, le photographe qui m’a accompagné dans cette aventure, et depuis. Malgré la tristesse, nous nous racontions telle ou telle anecdote en riant, cet antidote. Mathieu, qui aimait Émile Garcin autant que moi, avait baptisé son second fils Émile, Émile Garçon. Il lavait raconté à Émile Garcin, ils avaient beaucoup ri.

Merci Émile pour tout ce temps passé et les très bonnes leçons distillées avec autant de légèreté que de raffinement, de discrétion que d’intelligence. Le monde aura du mal à se passer de vous, nous aussi.

 

Photo Mathieu Garçon, bien sûr



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