Le blog de Nicolas de Rouyn

Bonjour.
Ceci est un blog dédié au vin et au monde du vin, qu'on appelle aussi le mondovino. Et à tout ce qui entoure le vin, les belles tables,
les beaux voyages, les tapes dans le dos et les oreilles tirées.
Cela posé, ce qu'on y lit est toujours de-bon-goût-jamais-vulgaire,
ce qui peut plaire à votre mère. Dites-le lui.
(Only dead fish swims in ze stream).
Les photos sont signées Mathieu Garçon, sauf mention. Pour qu'elles soient belles en grand, il suffit de cliquer dessus.
Au fait, il paraît que "l'abus d'alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération".
Nicolas de Rouyn



jeudi 10 novembre 2011

Davos du vin. Jour 1


L’ambiance
On retrouve le lac. Il n’a pas bougé. Même les pluies diluviennes de la semaine dernière n’ont pas affecté son niveau. Il fait un temps de rêve. Réchauffement climatique ? Je dirais plutôt que c’est l’été de la Saint-Martin, il y a des fondamentaux, ré-apprenons à nous en servir. Cet après-midi, il a fait beau et chaud, un joli coucher de soleil éclairait la rive d’en face, les arbres en automne, puis le noir des sapins, plus haut sur les pentes. Dans le ciel, un petit hydravion transperce les derniers rayons.
On retrouve la Villa d’Este, cette ancienne demeure impériale ou royale, construite au XIXe siècle, ses volumes, ses stucs et ses boiseries, cet apparat délicieusement hors d’âge. Pour dîner, on mettra une cravate. Ce genre d’endroit ne devrait jamais finir. Il disparaîtra sans doute, un jour, victime de l’Alzheimer collectif, transformé en appartements de vacances. (oups, grosse erreur, renseignements pris, cette maison a été édifiée en 1568 et restaurée plusieurs fois à travers les siècles jusqu'à ce que Caroline de Brunswick, princesse de Galles et ex-future reine d'Angleterre, l'acquière et la transforme au XIXe siècle, d'où son aspect et d'où mon erreur).
On retrouve les copains, ceux qu’on n’a pas vu depuis un an, ceux à qui on a donné rendez-vous ici au cours de l’année. Moritz Rogosky et son il-caberlot, Jean-Jacques Parinet qui fait la comète à Moulin-à-Vent (magnifique 2009), plein d’autres, nous y reviendrons. Même Burtschy, qu’on croyait perdu pour longtemps, a réussi à être à l’heure à la dégustation verticale de Sassicaia, il est coriace, le bougre. On engage de nouvelles conversations avec de vieilles connaissances, Erwan Faiveley ou Catherine Péré-Vergé, Sylvain Pitiot, la star de Tart, Bill Harlan. Bien organisé, je pourrais en trois jours faire le boulot de six mois. Je ne suis pas bien organisé.


Cette verticale des vins de Sassicaia
Bref rappel. Sassicaia est ce que les Américains appellent un super-toscan, comme Ornellaia ou Solaia ou Lupicaia. Ce vin est apparu en 1968, premier millésime. Il est produit par la Tenuta San Guido, à Bolgheri en Toscane maritime. Sa particularité est d’être un assemblage de cabernet-sauvignon et d’une pointe de cabernet franc. Ce qui en fait un vin très bordeaux-like dans une version à peine plus solaire. Mais on voit bien où se situe la référence. La légende veut que les premiers cabernets de la Tenuta aient été prélevés sur le vignoble de Lafite. Le régisseur qualifie ces assertions de « bullshit ». Bon, bien.
La verticale concernait huit millésimes de 77 à 08, dans ce sens-là. Bien sûr, c’est passionnant de goûter un vin, ses évolutions stylistiques sur près de 35 années de récoltes. Les degustateurs les plus émérites de cette petite troupe, nous étions 54, ont eu un gros coup de cœur pour le 79. Pas moi. J’ai qualifié de minceur ce qu’ils appelaient finesse. Personne n’a évoqué la beauté du 82, un nez magique de grand vin en pleine forme, une bouche mûre et savoureuse, encore très fraîche, une finale épicée et longue. Le 95 aussi était divin avec un nez de truffe noire. C’était rigolo de voir tous ses vins s’entremêler, tel plus âgé rendait de l’évolution à tel autre plus jeune et déjà plus amorti. Le tout avec une vraie signature. À la fin le marquis Inciza della Rochetta, propriétaire de Sassicaia, a pris la parole pour dire quelques mots sur ses vins. Il s’exprime dans un anglais fatigué. Il a, au fond, assez peu de choses à en dire, il ne fait pas d’erreur de jugement, mais on sent que ce n’est que du vin à la fin. Nous savons bien que sur les milliers d’hectares de sa propriété de Bolgheri, seuls quelques dizaines sont plantés de vignes. Le reste est dévolu aux chevaux de course, sa vraie, sa grande passion.


Le dîner
Chaque soir, les tables se composent au gré des humeurs. Là, Ludovic David avec un magnum de marquis-de-terme 08, Fredi « Fresquito » Torrès et son associé, un homme de l’agro-alimentaire, Cécile Bassot de la Sopexa, Magalie Nay et Caroline Nottin, deux membres du Grand jury, mon pote Armand Borlant et sa femme. On s’est bien marré. Une petite théorie de vins autrichiens, un très joli chianti, d’autres aussi, un monferrato d’exception (plus sur ce vin demain), un liquoreux autrichien assez bizarre, le genre qui arrive en grandes pompes et qui se tire par la porte de service, nous attendions autre chose d’un liquoreux.
Et demain ?
On attaque le cycle de conférences avec un sujet sur l’Argentine (du vin, évidemment, pas du tango). On continue avec un thème centré autour des vins d’Autriche. Puis, dégustation de quelques vins argentins. L’après-midi sera consacré à un sujet sur les rapports entre les instances européennes et le mondovino, suivi d’une dégustation d’une verticale de la-tâche du DRC, animée par Aubert de Villaine himself, c’est l’Himalaya du jour. Et pour finir, « le bois et le vin » et « les cépages de l’Etna ». Sacrée journée. On n’est pas là pour rigoler.

Les photos : de haut en bas, petit soir sur le lac de Côme, la Villa d'Este en 1847 sur la couverture du menu, les huit verres de la verticale Sassicaia. Photos moi.

7 commentaires:

  1. Merci pour le compte rendu de la journée, tu comptes faire un résumé des présentations de demain sur ton blog ?

    ++

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  2. Dans quelques minutes, je poste un billet sur la journée d'aujourd'hui. Et même chose demain, samedi.

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  3. Olivier:
    cela donne envie de faire un grand we à Trieste tout cela!!!!

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  4. @Olivier : la Villa d'Este est au bor du lac de Côme, dans les Alpes italiennes. Trieste est sur l'Adriatique, près de la fontière slovène.

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  5. Olivier:
    Et hop petit flop pour la Villa d'Este, y a pas pas un post qui parle de Trieste histoire de me rattraper un peu...
    Pour faire diversion, bu la semaine dernière un Tokaj Oremus 3p 2006 un peu jeune mais vraiment délicieux :o)

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  6. Un monferrato d'exception..interresant!

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