Tout a commencé à Saint-Émilion, rendez-vous est pris chez les cinq Corbin, cinq propriétés qui se partagent à peu près le secteur Corbin sur le plateau. Longue dégustation des vins à Grand-Corbin-Despagne suivie d’un déjeuner formidable à Corbin-Tout-Court. Un rapide échange avec l’un des propriétaires me fera ravaler les questions que j’avais envie de poser au propriétaire de Corbin-Michotte, l’un des trois qui attaquent le classement 2012 de Saint-Émilion. La courtoisie, parfois, chez moi, l’emporte sur le désir de comprendre les obscures motivations.
À la place, nous nous sommes extasiés sur corbin 82, grand-corbin despagne 83 et la théorie qui s’ensuivait. Au fond, c’est très bien comme ça. Nous avons quitté ravis, mais à regret, la compagnie délicieuse d’Anabel Cruse-Bardinet, de François Despagne et de la petite nouvelle, Yseult de Gaye (Grand-Corbin-Manuel).
Ce château Corbin est une belle maison habitée toute l'année par sa propriétaire, un endroit où souffle l’envie de bien faire, c’est déjà beaucoup.
Le bassin d'Arcachon, vu de la Co(o)rniche |
J’ai abrité des virulences sur ce blog à propos de la Co(o)rniche, je les confirme, mais qu’on me permette un léger bémol. L’erreur est de trop attendre au seul motif du coucher de soleil sur le banc d’Arguin et de la déco signée Starck. Oui, c’est une gastronomie de cantine facturée avec des gros sabots. Non, le service n’est pas si méchant (ce soir-là). Et non, Starck ou pas Starck, ce n’est pas d’un confort extrême. Et merci de ne pas me traiter à nouveau de princesse au petit pois. À partir d’un certain niveau de standing (aisément reconnaissable à l’altitude de l’addition), des chaises et des tables confortables sont obligatoires, sauf à confondre marge et chiffre d’affaire.
Le lendemain, avec Verena et Alexis, dans le vent et les nuages, tour du bassin d’Arcachon en bateau pour un repérage sur le thème « qui habite où » très intéressant, suivi de quelques huîtres arrosées d'un excellent clos-des-orfeuilles, autre propriété Castel, un muscadet qui vieillira très bien. Ces deux jeunes gens représentent la part « Châteaux et domaines » de l’empire créé par Pierre Castel, une activité dont le fer de lance est la moitié du capital de Château Beychevelle et le fonds de commerce, 18 autres châteaux bordelais. Dont l’excellent Montlabert à Saint-Émilion conseillé depuis peu par Hubert de Boüard et qui devrait faire rapidement des étincelles. À ce propos, très intéressant de noter que les Castel se sont dotés de la collection quasi-complète des meilleurs consultants de Bordeaux pour faire progresser des propriétés dont les potentiels sont bien là, mais dont les performances gustatives ont laissé longtemps à désirer. Avoir passé quelques heures avec Alexis Raoux me permet de ne pas douter que le projet sera mené à bien. Et même « à mieux ».
Le soir même, rendez-vous au Domaine de Chevalier pour le Ban des vendanges 2013. Et là, grosse surprise. Vous, je ne sais pas, mais moi, au-delà de huit amis triés sur le volet, il n’y a pas de dîner possible et la perspective d’un dîner de mille couverts (1030 précisément) n’est pas le truc qui me fait accourir. Non. Je me dis qu’il faut y aller, j’y vais, c’est professionnel.
Grossière erreur pour trois raisons.
Raison 1, on est chez Olivier Bernard. Je n’y connais rien en fêtes, mais lui, oui. Il objectera que c’est Anne, sa femme, qui a tout fait. C’est vrai, mais quand même. Cet assemblage difficile de raffinement et de simplicité n’appartient qu’à lui. Vous voyez bien ce que je veux dire, le rigoureux registre intitulé « Tout est en place, mais qu’est-ce qu’on se marre ». L’instant ultime où la météo n’a plus aucune importance, seule compte la qualité de l’instant. J’ai dîné à côté du délicieux Patrick Jouin, l’architecte en charge du nouveau chai de Montlabert, un garçon qui réfléchit juste et qui dit les choses sobrement, sans en faire des tonnes, rarissime chez nos grand talents hexagonaux bien prompts à la démesure et à l’extase quand il s’agit de leurs petits travaux.
Raison 2, avec 150 bouteilles de chevalier 83 (premier millésime Bernard au domaine) pour attaquer la conversation et une suite de grands vins divins, il faudrait être drôlement maussade pour se plaindre. Au milieu du « reste », saluons un excellentissime malartic-lagravière blanc 08 et souvenons-nous que les graves blancs sont des grands blancs, un très jeune la-mission-haut-brion 98 et une impeccable verticale de guiraud (de 89 à nos jours en passant par un 01 à peine arrivé parmi nous, déjà grandiose et qui promet une vie entière de délices) en impériales complétèrent brillamment la carte des vins qui était accompagnée de centaines de magnums de billecart-salmon, un excellent champagne au dosage discret. Un des convives de notre table étant tombé sur un nid de chevalier 83, le bonheur était parfait.
Mais je ne serai pas complet sans mentionner le détail qui tue. Pendant l'apéritif, cependant que je me concentrais sur mon verre de billecart-salmon, deux longues jeunes filles émouvantes et savamment déshabillées de robes aussi diaphanes qu'elles étaient moulantes s'approchent du buffet que je squattais avec une paire de potes. Soudain, la plus jolie s'adresse à sa copine et lui dit un truc sans intérêt avec un accent du sud-ouest à couper au couteau. D'un seul coup, dommage, on se retrouve dans un épisode des Soprano.
Raison 3, le feu d’artifice. Une performance à mi-chemin entre le privé et le municipal, un truc adorable, des feux que je n’avais jamais vu avant, une belle longueur de temps et toujours les magnums de billecart. La pluie, terrassée par tant de talents, nous avait lâché les baskets et tout ceci a plongé dans la perfection. J’étais épaté. Sacrée soirée, comme dirait l’autre.
Château-guiraud 2001, sauternes de haut vol |
Les photos : NiPhone & me. Le gif vient d'un blog tumblr appelé Alice Labyrinth.
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