Le blog de Nicolas de Rouyn

Bonjour.
Ceci est un blog dédié au vin et au monde du vin, qu'on appelle aussi le mondovino. Et à tout ce qui entoure le vin, les belles tables,
les beaux voyages, les tapes dans le dos et les oreilles tirées.
Cela posé, ce qu'on y lit est toujours de-bon-goût-jamais-vulgaire,
ce qui peut plaire à votre mère. Dites-le lui.
(Only dead fish swims in ze stream).
Les photos sont signées Mathieu Garçon, sauf mention. Pour qu'elles soient belles en grand, il suffit de cliquer dessus.
Au fait, il paraît que "l'abus d'alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération".
Nicolas de Rouyn



lundi 5 août 2013

Un, deux, trois verres à Saint-Jean-de-Luz



Un week-end au Pays basque chez les amis mondiaux, sous un ciel basque, chargé, changeant. De canicule, il n’a pas été question. Ni sous les cyprès, ni dans les conversations. La météo n’est pas un sujet, il n’y a que la télé et tes collègues de bureau pour croire le contraire. Le vin, oui. Le beau sujet, on a beaucoup goûté et bu autant qu’on en a parlé. En cultivant la belle ivresse, on devient plus intelligent, plus aimant quand on s’aime bien. Nous ne nous sommes privés de rien. L’œil rond de la génération qui suit et qui ne comprend pas bien ce qu’on trouve à toutes ces bouteilles ne nous a pas empêché, « c’est que du vin, non ? » Non. On s’est fendu de quelques explications, faire comprendre est un sacerdoce assez doux en cette matière, le grand bout de civilisation, le plaisir, la culture.

Dans l’ordre d’apparition, assez chaotique :
- Un merveilleux magnum de Gosset grand millésime 2004 blanc. Un grand champagne qui m’a fait penser à quelques flacons de Charles Heidsieck dans une exécution plus fraîche, Charles n'a pas encore sorti son 04. Magnum fini le lendemain soir, de l’exubérance en moins, de la finesse en plus. Faites pareil, le champagne est meilleur le lendemain, quand il est bon le premier jour.
- Un magnum de sainte-roseline, cuvée La Chapelle blanc 2010, un rolle 100 % assez extraordinaire, la Provence dans la beauté de ses arômes et aucun de ses excès habituels, c’est un vin frais, pas un jus de soleil. Finement sulfité, il n’a fait mal à personne.
- Un puech-haut rosé 2012, agréable et bien fait, litchis et roses et sucre, je l’aurais bien attendu un an ou deux, histoire de faire tomber un peu de sa vigueur et de lui rendre de la couleur. Il est si pâle qu’on se croirait à Saint-Tropez. Je suis sûr que ce n’est pas l’idée.
- Un saint-joseph 2008, Reflets, de François Villard, l’un des grands hommes du Rhône-nord. Un saint-jo produit par un bon fait forcément un très joli vin. Jeune, mais dans un millésime souple, ceci compense cela. Très bon, trop jeune, un avenir radieux.
- Un vin-mystère, l’Incognito, côtes-du-rhône 2008. Un grand H sur l’étiquette. Sur la contre-étiquette, il y a écrit Paul Jaboulet Aîné en tout petit. Il s’agit d’une mini-production issue de certaines des parcelles de La Chapelle, sur la colline de l’Hermitage, le H, qui n’ont pas été millésimées en 2008 pour cause d’absence d’excellence. Caroline Frey est très exigeante et les vins destinés à La Chapelle ont fini dans la cuvée Petite Chapelle, en appellation hermitage et dans ce H, un côtes-du-rhône dont j’ignorais jusqu’à l’existence. Caroline Frey est très secrète. Je savais pour la Petite Chapelle, mais pas pour le H. Quand le caviste de Saint-Jean m’a expliqué ça, j’étais vexé comme un pou, ma position auto-proclamée d’exégète en prend un vieux coup. Le vin est très, très jeune, la syrah dans ses poivres, limite éternuement, c’est très bon, ce n’est pas ce que je préfère. Là encore, trois à cinq ans de garde seront les bienvenus.
- Héloïse 2007, Chêne bleu. On connaît cette propriété épatante, je connaissais moins ses vins. Les efforts pour faire bien sont réels et renvoient bon nombre de vins du sud à leurs chères études. On est en présence d’un jus très consensuel, fait pour plaire à chacun, un vin « international » a lâché notre hôte. Il a raison et c’est bien dommage ce manque de personnalité, d’aspérité, de différence. Il reste que c’est du beau boulot.
- Finir sur un beaucastel, châteaunef-du-pape 2003, un très beau vin qui méritait d’être encore attendu, il aurait gagné en finesse. Elle est là, perceptible, mais pas encore affirmée. Ça aussi, c’est assez vexant, mais je le savais déjà. C’était le grand vin de la soirée, tu voudrais convoquer tous tes amours pour leur faire goûter.

Le Pays basque, Saint-Jean-de-Luz, ses foules d’août, l’envahissement, les terrasses si mal tenues. Le Suisse est un bar à terrasse qui appartient, dit-on, à Camdeborde, le chef parisien tellement connu ( "dans connu, il y a nu" ). Je n’ai jamais dîné au Relais de l’Odéon, mais si c’est au niveau du café immonde bu au Suisse après quinze minutes d’attente, je n’irais pas. Pour se consoler, on a fait comme tout le monde, on a été en face, à la Baleine, des gens exquis pour un café très moyen, mais c’est déjà ça et retour bureau, le lendemain au point du jour.

Les photos des bouteilles :







5 commentaires:

  1. Que de beaux flacons!
    Petite question : vous dites vouloir attendre le Puech Haut 1 ou 2 ans, est ce possible malgré son bouchon en verre? D'où me vient la question plus générale du vieillissement de vin avec un bouchon de verre?
    Merci pour votre réponse :)

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    1. Je n'ai aucune expérience du vieillissement sous bouchon de verre. Je suppose simplement qu'il n'est pas moins performant que le bouchon silicone qui accepte très bien jusqu'à trois ou quatre ans de vieillissement. Le vin est plus réduit que sous liège, un problème qui se règle au bout de 30 à 60 minutes d'aération, au frigo pour ne pas réchauffer le vin.

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  2. Hello mon Ami.

    quelques réactions en vrac :

    le Vermentino, oui, quel cépage ! Il gagne à être développé pour donner un autre choix à la sacro-sainte paire Chardonnay-Sauvignon. Comme tant d'autres.

    Pas sûr que la couleur du rosé ne soit pas voulue : nous avons bu un rosé de l'Ostal Cazes dernièrement, bien fait, très pâle, comme "là-bas" aussi. Un point commun entre ces deux rosés languedociens, le conseiller, qui bosse pour une grosse boîte très implantée sur tout le bassin méditerranéen français et donc au point en matière gestion de la couleur du rosé. Je parie que cette dernière fait bien partie de ce qu'ils appellent "l'objectif produit" dans leur jargon.

    Le café : étonnant de constater comme il est souvent médiocre dans la restauration, à une époque où il est pourtant si facile d'en faire du bon. Le matériel est au top, la maitrise du produit aussi. Avec la marge qui est faite dessus, le consommateur pourrait quand même être satisfait. Du coup, je me suis remis au chocolat.

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