Le blog de Nicolas de Rouyn

Bonjour.
Ceci est un blog dédié au vin et au monde du vin, qu'on appelle aussi le mondovino. Et à tout ce qui entoure le vin, les belles tables,
les beaux voyages, les tapes dans le dos et les oreilles tirées.
Cela posé, ce qu'on y lit est toujours de-bon-goût-jamais-vulgaire,
ce qui peut plaire à votre mère. Dites-le lui.
(Only dead fish swims in ze stream).
Les photos sont signées Mathieu Garçon, sauf mention. Pour qu'elles soient belles en grand, il suffit de cliquer dessus.
Au fait, il paraît que "l'abus d'alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération".
Nicolas de Rouyn



mardi 6 août 2013

Les dix commandements pour réussir
dans le faux et l’usage de faux



Le vin connaît un tel engouement qu’il paraît normal qu’une population d’aigrefins s’engouffre dans la brèche pour tenter d’en tirer profit. Oui, mais. N’est pas faussaire qui veut. Pour réussir une belle carrière d’escroc, suivez nos recommandations.

1 Tout commence par un sourire. Un bon faussaire est un grand séducteur avant toute autre considération. Se rendre sympathique est le B-A-BA du métier. Intéressez-vous à votre victime, rendez service, soyez indispensable, généreux voire vertueux. Servez à boire, invitez à dîner, ne draguez pas exagérément sa femme. Soyez charmant, pas pesant.

2 Faites état de vos relations. Vous n'êtes pas tombé de la dernière pluie, vous connaissez aussi bien Robert Parker que Michel Bettane. Vous ne risquez pas d’être contredit, ils connaissent tellement de monde qu’ils ne savent plus depuis longtemps qui est qui. Ayez des anecdotes à leurs propos, c’est facile, elles sont dans tous les bouquins sur le vin.

3 Il faut tout connaître, tout savoir. Avoir tout lu. Le vin est une culture, cultivez-vous un minimum. Un maximum, en fait. Ne tombez pas pour des vétilles. Yquem n’a pas millésimé 1992, n’en proposez pas. Soyez incollable sur la carte des climats de Bourgogne. Impressionnez vos victimes par l’étendue de votre science, ayez un avis tranché (mais mainstream) sur la blogosphère. Vous êtes un professionnel, pas un leader d'opinion, ne philosophez pas.

4 La carambouille est un commerce comme un autre. Soyez incollable sur les frais de transport, les taux de change, les niveaux de TVA. Évoquez vos chais de stockage, les aléas des marchés. Ayez des photos dans votre smart-phone. Des jolies photos de bouteilles. Le vin, c’est d’abord un objet de désir en forme de bouteille.

5 Faites comme Churchill, ne vous intéressez qu’au meilleur. Les petits vignerons des appellations les moins connues ont l’avantage d’une production à bon marché, mais ce n’est pas votre propos, vous ne tenez pas un hyper-marché. Préférez les plus grands crus possibles. Si les bouteilles pèsent quasiment le même poids, le profit est sans commune mesure. En plus, votre clientèle-cible connaît les étiquettes prestigieuses, mais beaucoup moins les grandes signatures en côtes-de-thongue ou même en brunello-di-montalcino.

6 Ne faites pas déguster. Ça ne sert à rien d’autre qu’à éveiller de légitimes soupçons. Vous n’allez pas faire goûter un lafite 1928, même si vous en avez plein. De même, un vin rare se vend à l’unité, pas en palette. Le chiffre d’affaire sera réalisé plus lentement, mais plus sûrement.

7 Conviez vos futures victimes à des dîners d’amateurs. À leurs frais. Un dîner organisé par François Audouze est d’un accès facile, l’Académie des vins anciens est un moulin. Pendant le dîner-dégustation, glissez à votre « invité » que vous êtes sur la piste de quelques millésimes beaucoup plus intéressants et en bien meilleure forme. Normalement, à ce stade, il bave comme un vieux teckel et l’affaire est dans le sac.

8 Gardez la tête froide. L’ivresse des grands vins n’est pas pour vous et votre succès ne doit pas vous aveugler. Soyez sur vos gardes, un tas de gens vous cherchent. Ne vous laissez pas piéger par la force de l’habitude, comme Tapie dans l’affaire OM-VA. Si vous croisez le producteur bourguignon Laurent Ponsot dans une vente aux enchères, revenez un autre jour. C’est lui qui a eu la peau de Rudy Kurniawan, le gars est rude.

9 Soyez attentif aux étiquettes. Un « château » n’est pas un « châtelet » et si la baronne Philippine de Rothschild a bien deux fils, son vin ne s’appelle pas
« Mouton & Fils ». Même si la tentation est grande de mettre toutes les chances de votre côté, un blanc sec de la Romanée-Conti ne saurait voir les cinq flèches du logo de Lafite sur son étiquette.

10 Enfin, et c’est le plus important, soyez très bon. La pertinence de vos commentaires de dégustation endormira les plus soupçonneux. Vous n’y comprenez rien ? Aucune importance, apprenez par cœur les notules des meilleurs, personne n’y verra que du feu, la plupart des commentateurs ne font pas autre chose. Avec le Guide Bettane & Desseauve qui sort dans quinze jours, vous devriez être au point. Faites juste un peu attention à la couleur des vins au moment de parler.

Voilà, en suivant nos recommandations, vous avez quelques chances de succès. Sinon, si tout ceci vous semble trop compliqué, ouvrez un site internet.


L'image : trouvée sur l'excellent tumblr A girl called Georges



11 commentaires:

  1. Merci pour cette narration très drôle d'un Rocancourt du vin!

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  2. puisque vous parlez d'audouze soyez plus clair! c'est quelqu'un qui fait de l'achat revente de millésimes anciens et travaille pour une boite dirigée par son fiston, rien de bien grave

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    1. Rien de grave du tout. J'ai beaucoup d'estime pour François et beaucoup de tendresse pour sa passion. Relisez, je crains un malentendu.

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    2. Cela dit, l'anonyme qui demande de la clarté prête à rire.

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    3. anonyme uniquement parce que c'est le plus xsimple pour intervenir sur votre blog, c'est déjà assez compliqué pour réussir à taper le code exigé pour poster, plus compliqué que pour rentrer sur un site de la NSA aux USA, il est parano votre codeur ou quoi, il devrait se soigner!!

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    4. Disons qu'il a autre chose à vendre que son nom ; mais je dois déformer votre pensée ...

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    5. C'est le moins qu'on puisse en dire. Vous déformez, oui.

      Pour laisser un comm sur ce blog, je suis d'accord, les mec se prend pour la CIA. Ce qui n'empêche pas de signer son propos à la fin. Mais bon.

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  3. et puis pour tout vous dire si à nous deux, vous et moi avions picoler la moitié de ce que audouze a bu on serait morts alors resepct! et puis qu'il soit capable de dire que sa femme est une bonne cuisinière et oser nous monter des photos improbables de ses plats(?) c'est une grande preuve d'amour! non?

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    1. J'ai tout le respect requis pour François Audouze. On ne s'est pas compris. Et vous, vous n'avez pas relu.

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  4. LOL ,excellent et plein d'humour ...
    Lots of Love pour le Vin ,ceux qui le font , ceux qui l'aiment (et tentent de le découvrir depuis tant d'années comme moi )avec l' humilité d'une débutante toujours heureuse d'être surprise par le talent et le terroir !

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