Le blog de Nicolas de Rouyn

Bonjour.
Ceci est un blog dédié au vin et au monde du vin, qu'on appelle aussi le mondovino. Et à tout ce qui entoure le vin, les belles tables,
les beaux voyages, les tapes dans le dos et les oreilles tirées.
Cela posé, ce qu'on y lit est toujours de-bon-goût-jamais-vulgaire,
ce qui peut plaire à votre mère. Dites-le lui.
(Only dead fish swims in ze stream).
Les photos sont signées Mathieu Garçon, sauf mention. Pour qu'elles soient belles en grand, il suffit de cliquer dessus.
Au fait, il paraît que "l'abus d'alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération".
Nicolas de Rouyn



samedi 9 mars 2013

Pendant que j’y pense (5)

Survol de l’actualité qui m’intéresse, ces jours-ci, au hasard et sans boussole.

Merci à Lionel Osmin

1 La dernière truffe de la saison, sans doute. Dans sa vérité et sa fraîcheur, sa maturité au cordeau, pain de mie grillé, beurre demi-sel de Bretagne (quoi d’autre ?). Et avec ça, un verre ou deux (ou trois) (ou quatre) d’un cairanne 04 l’ébrescade de Marcel Richaud. Huit ans, parfaite évolution, exubérant à l’ouverture et la finesse, le soyeux viennent après. Il y a des bonheurs simples qui vous expédient au paradis.


Miss GlouGlou a mis un fish-eye à son iPhone

2 Encore un trévallon. Je vous avais prévenus. Un 94 celui-là. Reconnaissable à son étiquette toute nue, comprendre sans la déclinaison de couleurs qui a suivi à partir du millésime 1995. Le père d’Éloi Dürrbach, lui-même père de Trévallon, était un artiste de renom et à la fin de sa vie, cependant qu’il s’ennuyait un peu sur ce contrefort des Alpilles, il lui est venu l’idée de créer quelque chose pour les étiquettes de son fils. Armé d’une boîte de couleurs, il a commencé une série très cohérente et, poussé par son inspiration, il a créé cinquante étiquettes différentes et toutes semblables, un exercice difficile et réussi. Aujourd’hui, Dürrbach en a encore de quoi habiller les trente-cinq prochains millésimes et, peu à peu, ces étiquettes deviennent des collectors à l’instar de celles de Mouton.
Et le vin ? Ah oui. Au premier nez, on est à Bordeaux, un bordeaux de cet âge. En bouche, la syrah vient relever l’affaire et le vin est là, plénitude et bonne humeur, la belle matière et les arômes épatants caractéristiques du cru. Sifflée avec Miss GlouGlou, il nous a semblé qu’elle était un peu poreuse, la bouteille. 75 cl, quand c’est bon, c’est court.
À propos, le millésime 2010 du Domaine de Trévallon vient de sortir. Dès que j’ai un échantillon, je vous raconte.


3 Le patron des vignerons de Champagne a allumé le feu cette semaine. La récente baisse des exonérations patronales semble l’agacer au plus haut point et on dirait qu’il a quelques bonnes raisons. Il a pris comme exemple le salaire d’un vendangeur et fait remarquer que « la somme des charges patronales passe de 44 à 109 euros ». Dans le registre trop-c’est-trop et pour bien rappeler que le matraquage fiscal a ses limites, il a piqué un coup de sang et annoncé : « On réfléchit à la machine à vendanger ». Voilà un nouveau débat ouvert en grand. Si vous lisiez L’Union-L’Ardennais, vous le sauriez déjà.
Rappelons que la vendange doit se faire à la main. Pour obtenir l’agrément de l’appellation Champagne, c’est obligatoire. Mais, comme tous les règlements, ça se discute. Et comme avec les nouvelles lois fiscales de ce gouvernement, c’est l’emploi qui sera la première victime. Environ 100 000 emplois saisonniers, pour tout dire. Ils ne savent même pas compter, les néo-gouvernants, là ? Ou est-ce délibéré ?




4 J’ai acheté un livre mince qui s’appelle Tronches de vins et ce n’est pas un recueil de commentaires de dégustation, même si il y en a quand même. Ce livre est plus préoccupé par les tronches que par les vins. Il rassemble des portraits de vignerons politiquement corrects, c’est expliqué dans l’avant-propos. Oui, la pensée unique guette aussi votre verre. Parmi les élus, des bons. Oui, plein même, évidemment. Et quelques stars indispensables à la crédibilité de l’ensemble du casting auprès d’un public large. Tous sont engagés dans une démarche bio, au minimum. On y retrouve avec plaisir quelques copains, Mathias à Bergerac, Olivier à Pomerol, d’autres encore, je n’ai pas fini de lire.
Ce livre est le fruit du travail de cinq blogueurs certainement émérites. Vindicateur et No wine is innocent (Antonin), Œnos (Eva), Du morgon dans les veines (Guillaume), La pipette aux quatre vins (Philippe) et le blog d’Olif sont les auteurs.
Où l’on apprend que le dit Olif est qualifié par ses copains de « Pierre Desproges du vin ». Et ils l’impriment. Rien que ça. On n’ose pas croire qu’il l’ait écrit lui-même. Il me vient immédiatement à l’esprit toutes sortes de citations de Desproges qui feraient bien l’affaire ici et maintenant, mais pris d’un soudain désir de charité, non, je n’ajoute rien. Cette vieille histoire d’ambulance et il faut pas tirer dessus, peut-être. Mais quand même, il doit se retourner dans sa tombe, l’estimé Desproges.
Revenons à nos Tronches. Le lancement a eu lieu au Lapin Blanc, un bar des hauts de Ménilmontant. Il y avait du monde, la belle atmosphère de cour de récré. Il y avait trois, quatre producteurs dont Iris Rutz-Rudel du Domaine Lisson. 1,5 hectares et un tout petit rendement pour 600 à 1 200 bouteilles par an. J’ai goûté avec un grand plaisir son 2007. Il y avait aussi un jeune homme qui représentait le Clos des Cimes, en Drôme. Parmi ses cuvées, j’ai fait une découverte avec son clef-des-champs 2011, sans soufre ajouté, un vin d’une grande finesse, voire subtilité. Comme quoi. Puis comme les filles n’arrivaient pas, j’ai fait dédicacer mon exemplaire par Antonin et je suis parti.




5 Et puisque c’est l’heure de la promo du papier imprimé, au tour du magazine Vigneron. Je le trouve beau et bien fait, il a plus que sa place dans l’univers du vin. Place qu’il occupe sans concurrence. Et j’ai écrit dedans un sujet sur l’icône de Gevrey-Chambertin, Éric Rousseau, que j’ai aimé rencontrer et côtoyer pendant quatre jours au bord du lac de Côme plutôt que sur ses terres, au moins il était disponible pour de vrai. C’était bien sûr à l’occasion du WWS aussi connu comme le Davos du vin.
Dans Vigneron, il y a toutes sortes de portraits dont celui réalisé par mon cher Jean-François Chaigneau sur l’homme de Haut-Marbuzet, Henri Duboscq. Excellent. Il y en a d’autres du même tonneau, Decelle par Durand-Bazin, Olivier Bernard (Mister President) par Dussard, Thierry Germain par Léa Delpont, etc. À lire et à collectionner. C’est tronches de vin aussi, mais pas pareil.


8 commentaires:

  1. Ça doit ou cela devrait exister : un livre qui associe la "tronche" du vigneron au style de son vin.
    In petto, je pense à un Charlopin (généreux et espiègle, effectivement à Rousseau (classe totale dans un minimalisme de mots), à Arnaud Mortet (exigeant pour lui comme pour ses vins), à Dubosq (costumes Scabal, vins sans chichi et souvent "supérieurs") et tant d'autres.
    Permets moi de te féliciter pour la sobre retenue dans un commentaire qui aurait pu être écrit avec une force stunamienne ! Tu fais des efforts : c'est bien ! :-)

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  2. Moi, François, je n'y crois pas trop. Nous avons tous trois exemples de vignerons qui sont des gens impossibles et qui font des vins magnifiques. Ces gens dont le vin est une merveille, mais avec qui tu n'as aucune envie de partager un dîner, faut-il cesser de parler de leurs vins, de les boire ? Certainement pas.

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  3. Yep ! De ceux là aussi, effectivement, on peut faire un bouquin.

    J'affûte ma longue liste… Et dire qu'il y a même des bourguignons sur cette liste !!!!

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  4. Bonjour Nicolas,

    heureux buveur de Trévallon. Tu notes Bordeaux au premier coup de nez et un Bordeaux de cet âge-là. Pas sûr que tu trouves un Bordeaux de cette qualité en 94.

    Amicalement,

    PS : Olif est un gars bien, très bien même.

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    1. Jérôme, tu as raison pour le millésime. Pour Olif, non. On ne peut pas avoir raison partout, tout le temps.

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  5. êtes vous si sûr qu'Olif n'est pas un homme fréquentable ? Pourquoi donc ?

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    1. Je n'ai rien dit de tel et mon avis sur ce garçon n'implique que moi. Il se trouve qu'il a choisi de se rendre parfaitement infréquentable pour moi, et moi seulement.
      Mais des tas de gens ont sûrement envie de croiser l'auto-proclamé "Desproges du vin". Moi, ça me donne envie de m'enfuir.

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