Le blog de Nicolas de Rouyn

Bonjour.
Ceci est un blog dédié au vin et au monde du vin, qu'on appelle aussi le mondovino. Et à tout ce qui entoure le vin, les belles tables,
les beaux voyages, les tapes dans le dos et les oreilles tirées.
Cela posé, ce qu'on y lit est toujours de-bon-goût-jamais-vulgaire,
ce qui peut plaire à votre mère. Dites-le lui.
(Only dead fish swims in ze stream).
Les photos sont signées Mathieu Garçon, sauf mention. Pour qu'elles soient belles en grand, il suffit de cliquer dessus.
Au fait, il paraît que "l'abus d'alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération".
Nicolas de Rouyn



mercredi 22 décembre 2010

L’Ami Louis n’a pas survécu


L’an dernier, Thierry de La Brosse a disparu, victime d’un cancer foudroyant. Ce bon vivant extrêmement sympathique laissait derrière lui, entre autres, un restaurant parisien mythique et un cru qui n’a pas eu le temps de le devenir, rebaptisé Château Louis. Il avait acheté l’Ami Louis il y a plus de vingt ans et avait eu l’intelligence de n’y rien changer et de nommer directeur l’un des serveurs au motif, sans doute, qu’il s’appelle Louis et que la confusion servirait la gloire de l’établissement, c’était bien joué et le monde entier, Américains en tête, se pressait dans la petite salle si parisienne, tellement historique. Il fallait des jours pour avoir une table à déjeuner comme à dîner. De Bruce Willis à François Pinault, de Jacques Chirac à Bill Clinton, la clientèle avait de quoi faire rêver tous les patrons de restaurants bien plus huppés, bien plus fashion, bien plus déco. Ce pied de nez, supporté par une cave de rêve, une gastronomie des plus basiques et des additions délirantes, permettait à l’affaire d’être florissante. C’était ze place to be, comme disent encore les jeunes filles modernes et autres poux de cette tribu.
Mais voilà.
L’autre jour, pour honorer une jeune fille longue et émouvante, j’ai appelé l'Ami Louis pour avoir une table le lendemain. Je n’y croyais pas du tout, je l’ai eue. Nous avons déjeuné seuls dans le restaurant avec notre bahans-haut-brion 2001, perfection à un milliard d’euros. Tous les deux, sans que quiconque ne pousse la porte pendant deux heures d’horloge. Du jamais vu. De même, le téléphone était bien discret. Pour faire bonne mesure, l'après-midi en digestion cahotique, nous avons été l’un et l’autre malades, comme si nous sortions d’une infâme gargotte, une horreur. Il faut croire que c’était le cas. La longue jeune fille était furieuse. C’est idiot, il ne faut jamais faire du mal à une longue jeune fille, émouvante surtout. Et c'est dommage. Thierry, reviens.

La photo a été prise par mon invitée vers 13:30 ce jour-là, à l'Ami Louis

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