Le blog de Nicolas de Rouyn

Bonjour.
Ceci est un blog dédié au vin et au monde du vin, qu'on appelle aussi le mondovino. Et à tout ce qui entoure le vin, les belles tables,
les beaux voyages, les tapes dans le dos et les oreilles tirées.
Cela posé, ce qu'on y lit est toujours de-bon-goût-jamais-vulgaire,
ce qui peut plaire à votre mère. Dites-le lui.
(Only dead fish swims in ze stream).
Les photos sont signées Mathieu Garçon, sauf mention. Pour qu'elles soient belles en grand, il suffit de cliquer dessus.
Au fait, il paraît que "l'abus d'alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération".
Nicolas de Rouyn



dimanche 10 juillet 2011

Jancis Robinson, Bollinger et l’étiquette


123 mètres d’altitude pour une verticale de champagnes récemment dégorgés, c’était parfait comme idée, mais pas pour le vent dans les cheveux, l’endroit est bouclé, un bocal en plein ciel, ce n’est pas trop agréable, au moins, on voit venir la pluie. Nous étions au Jules-Verne, restaurant Ducasse au deuxième étage de la Tour Eiffel, déjà allumé ici pour des raisons de sommellerie inacceptable. Donc, là, vigilance. Tout s’est bien passé, je vous rassure. Mieux que ça, même. Il y a maintenant un vrai patron des sommeliers au Jules-Verne.
C’est la belle maison Bollinger qui était soucieuse de faire goûter un demi-siècle de R.D., de 1952 à nos jours. Nos jours, chez Bollinger, c’est 1997. Pour ce faire, ils avaient rassemblé des journalistes et des dégustateurs du monde entier. Moi, à déjeuner, j’étais entre un Norvégien ombrageux qui parlait à peine l’anglais et un Australien qui ne parlait pas. Le plan de table devait avoir été réglé pour favoriser les échanges inter-culturels, ça n’a pas trop bien marché. Il y avait du lourd, des belles signatures de la presse Vin du monde entier, dont Jancis Robinson qui posait la sienne sur les étiquettes, je n’ai pas compris à quelle intention, mais bon, j’ai pas demandé non plus. Elle était arrivée très en retard (pire que moi), après la dégustation, juste au moment du déjeuner, l’Eurostar coincé quelque part, et elle a fait la dégust en accéléré, pour elle toute seule. Jancis Robinson, elle est comme ça. Soit elle arrive la dernière, soit elle part la première. Elle avait fait le coup, une fois, à Sociando-Mallet pour la verticale des 40 millésimes, juste avant le plat de résistance, doit pas aimer la viande.
Elle se mélange pas. Bon, tant pis. Pour l’étiquette, justement.
Les vins ? Vous lirez les notes de dégustation ici ou là, les fraîcheurs comparées, les acidités relatives, les longueurs, les arômes, c’est passionnant, mais sur 13 millésimes, c’est interminable. La chose la plus étonnante (celle qui m’a vraiment fait tomber de ma chaise), c’est de constater que avant d’arriver à un vieux champagne, on a attendu le 1959 et, bien sûr, le 52. Tous les millésimes postérieurs sont incroyablement jeunes, frais, vifs. Du 61, à l’aveugle, vous pariez 90, ou 88 peut-être. Même sous la torture, jamais vous ne donnerez 61. Et, d’un seul coup, vous comprenez l’intérêt du dégorgement tardif. Oui, Récemment Dégorgé, ça veut dire Dégorgement Tardif, en fait. Une bizarrerie de langage très française, après on s’étonne que Jancis se mélange pas. Tous ces vins ont été dégorgé en vue de cette dégustation le 7 mars 2011, il y quatre mois. Sauf le 52, dégorgé en 1969. Tous étaient dosés « moderne », c’est-à-dire faiblement, à quatre grammes de sucre. L’idée est de faire vieillir le vin sans le préparer pour l’expédition. Le débat sur l’intérêt de la méthode est déjà ouvert depuis longtemps et compte son lot de commentateurs ricaneurs et d’amoureux extatiques. Moi, sans l’extase inutile, je penche plutôt vers le R.D. dont je trouve qu’il a (à cette occasion, ce jour-là, en pareille compagnie, pression atmosphérique, joies, peines, etc.) démontré ses qualités. À table, des grande-année rosé et blanc 02 ont bien emballé un grand moment de champagne. Sans dessert, à cause du VinoCamp, à 581 kilomètres de train plus loin, merci Jérôme, mais on n’est pas là pour rigoler.

La photo : le graffiti sur l’étiquette sobre-chic du bollinger R.D. 1952, c’est un autographe de Jancis Robinson. Une dédicace, peut-être ? Trop de chance.


Liste des vins dégustés ce jour-là, par ordre d’apparition :
Spécial-cuvée, R.D. 97, R.D. 96, R.D. 95, R.D. 90, R.D. 88, R.D. 85, R.D. 79, R.D. 76, R.D. 66, R.D. 61, R.D. 59, R.D. 52, la-grande-année rosé 02, la-grande-année 02, R.D. 75, BSA rosé.

6 commentaires:

  1. Ce fut une très belle démonstration de l'intérêt du R.D., mais le gagnant (pour moi) fut celui qui n'a pas été récemment dégorgé. Je donne mon classement personnel (c'est à dire fondé sur mon goût) : 1952, 1988, 1966, 1959, 1976, 1979, 1961, 1985, 1997, 1996, 1995, 1990.
    Il y a des descriptions de chaque vin sur mon blog.
    A noter une bouffe politiquement correcte sans le moindre intérêt dont un pigeon qui avait dû faire la guerre de Crimée.
    Très belle générosité de Bollinger.

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  2. Quoi de plus bel endroit que la Tour Eiffel pour faire une verticale!

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  3. @François : d'accord sur le pigeon. Moi, mes préférés faisaient partie des plus jeunes, bien sûr.
    @Armand : … et pour faire des photos de Paris sous un ciel contrasté !

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  4. Y avait du beau linge, hé, on dirait.

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  5. Récemment Dégorgé veut également dire pour ces vins: éternelle jeunesse ! Belle cure de jouvence pour tous les chanceux journalistes aux plumes éternelles :)

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  6. Pas tout-à-fait éternelle, mais c'est un peu comme une crème anti-rides qui serait efficace.

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