Le blog de Nicolas de Rouyn

Bonjour.
Ceci est un blog dédié au vin et au monde du vin, qu'on appelle aussi le mondovino. Et à tout ce qui entoure le vin, les belles tables,
les beaux voyages, les tapes dans le dos et les oreilles tirées.
Cela posé, ce qu'on y lit est toujours de-bon-goût-jamais-vulgaire,
ce qui peut plaire à votre mère. Dites-le lui.
(Only dead fish swims in ze stream).
Les photos sont signées Mathieu Garçon, sauf mention. Pour qu'elles soient belles en grand, il suffit de cliquer dessus.
Au fait, il paraît que "l'abus d'alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération".
Nicolas de Rouyn



jeudi 14 juillet 2011

Les vins chinois, ça commence


Déjà, Mauss m’avait prévenu. Pendant la Semaine des primeurs et à l’occasion d’une dégustation du Grand jury européen, il avait glissé deux vins chinois au milieu de ceux de la rive droite, ce qu’il appelle des pirates, il est coutumier du fait. Certains des dégustateurs les avaient reconnus, d’autres pas. Et, au final, ces deux vins s’étaient glissés très honorablement dans le classement général, dans un milieu de peloton qui n’est pas un ventre mou. J’avais parlé avec quelques dégustateurs, ils soulignaient les belles performances de vignobles qui avaient déjà plusieurs millésimes dans les pattes. Bref, tout ceci semblait très normal.
Cette semaine, Bettane+Desseauve a organisé une dégustation de vins chinois. Un peu compliqué à mettre en place, les caisses bois couvertes d’idéogrammes qui mettent des jours à parvenir jusqu’à nous, les notices en chinois, tout ça. C’est rigolo, les étiquettes naïves, les « château-badaboum » et tous les tics de déguisement à la française. Il va falloir apprendre à vivre avec ça. Michel Bettane et Alain Chameyrat, les deux dégustateurs-maison présents (avec d’autres) en sont restés comme deux ronds de flan. Ce sont leurs mots.
Onze vins en tout. Pré-sélectionnés par nos partenaires de Hong Kong. Des rouges et des blancs. Pour Chameyrat, deux blancs étaient « parfaitement
purs », et les rouges étaient « jolis ». Certains de type bordelais s’apparentaient, dit-il, à de « beaux bordeaux-bordeaux sup ». Pour Michel Bettane, le meilleur blanc est le chardonnay 09, Tasya’s Reserve de Grace Vineyard. Un vin pur, citronné, il lui colle un 17/20 assorti d’un bravo. Le meilleur rouge étant un cabernet-sauvignon 08, Special Reserve de Helan Mountain jugé « acidulé, très fin, fruité, assez long, aux arômes floraux » et doté d’un joli 15,5/20. Le lecteur doté d’une vision plus large que strictement dégustatrice sera content d’apprendre que ce vin est le produit d’une joint-venture entre le domaine chinois et le puissant groupe français Pernod-Ricard. C’est déjà ça.
Voilà. La Chine est réveillée. Dans peu d’années, ils seront présents dans les concours internationaux et viendront chahuter les podiums. Ils seront aussi dans les rayons avec des étiquettes crédibles et des commentaires de dégustation élogieux. Ils ne coûteront pas bien cher. Ils auront le charme de l’exotisme, l’excitation de la nouveauté, on les traitera comme on le fait d’une fiancée toute neuve, on y fera très attention, on déroulera le tapis rouge, ben oui, on les invitera au 14 juillet. Ayons une tendre pensée pour Coluche, l'oracle, qui disait : « Quand les Chinois feront du vin, il faudra fermer la France. » Nous ne sommes pas sortis de l’auberge dans laquelle ils viennent d’entrer.

La photo : les deux meilleures notes de la dégustation de vins chinois

9 commentaires:

  1. Va falloir très vite apprendre à ne plus se moquer. Mon "poulain" est le SILVER HEIGHTS d'Emma Gao, un sacré bout de femme décidé à faire très bon (son mari est directeur technique à Calon Ségur).
    Au bord de la Mongolie, là où Ricard a aussi 900 hectares et où on enterre les vignes l'hiver. Voir photo sur mon blog.
    Coluche : toujours en avance d'intelligence celui-là !

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  2. Avant tout merci pour ce blog impertinent qui diffuse des informations ô combien pertinentes, il est bon de lire quelqu'un qui prend des positions (même si on peut ne pas être toujours d'accord avec lui) et non un ramassis de clichés.

    Un bref (quoique !) commentaire sur ces vins chinois. Qu'Airbus (et Boeing) soient obligés de coopérer techniquement au vu des enjeux économiques en sachant que le prochain avionneur sera Chinois (il l'est déjà comme en témoigne le salon du Bourget) amène évidemment à nourrir certaines craintes (et encore faut il ne pas confonfre avec la notion du péril jaune aux profonds relents de colonialisme ...).

    La situation est totalement différente pour le marché asiatique du vin, 1.3 milliard d'habitants qui ne consommeront jamais tous du vin (allez donc parler de Saint Emilion sur le plateau du Tibet ou dans le Sinkiang !) et une population dont les références "culturelles" sont avant tout le thé et la bière.

    Alors quoi tout est fichu et le marché chinois dont on nous rebat les oreilles est un leurre ? Sûrement pas si l'on se rappelle que les Etats Unis étaient à pau près dans la même situation il n'y a pas si longtemps. Mais le marché chinois n'est pas non plus un eldorado, c'est juste ... une marché avec sa logique.

    La classe moyenne chinoise représente 180 à 240 millions de chinois (essayez d'avoir des chiffres officiels en Chine et vous comprendrez ce léger delta) et on estime que seulement 14 à 16 millions d'entre eux consomment (consommaient encore hier ?) du vin régulièrement.

    Fort de ce constat, le fait que la Chine se mette à produire du vin (et même du bon) et d'en faire la promotion au plus grand nombre est un formidable appel d'air pour les producteurs français.

    Entre Lafite Rothschild (et les autres grands crus qui font maintenant partie de l'industrie du luxe et de l'investissement et c'est tant mieux pour notre image) et le "pinard" à 1 €, un marché du milieu de gamme est même du "subpremium" est en train de se dessiner et je ne suis pas le seul à le dire n'ayant aucun don de prophétie.

    Plus la Chine produira de vin et en fera la promotion, plus les vins français auront quelque chose à dire. N'oublions pas que les chinois ont un sérieux manque de confiance en leurs produits depuis les quelques scandales alimentaires qui ont vu le jour ces dernières années.

    Notre image en Chine est totalement liée à l'art de vivre, au bon goût et à la qualité ... à nous de ne pas les décevoir en faisant preuve d'une approche culturelle ad minima et surtout en ne les prenant pour des gogos (la courbe d'apprentissage est très rapide) ...

    Denis

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  3. Pour info, nous organisons une deuxième dégustation de vins chinois début août à Paris, histoire de pousser l'affaire dans ses derniers retranchements. Michel Bettane est très curieux d'en savoir plus. Les commentaires détaillés seront publiés dans TAST, fin août et dans Le Monde Magazine, mi-septembre.

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  4. bonjour,

    Très intéressant, je n'ai pas encore eu la chance de déguster beaucoup de vins chinois qui m'ont laissé un souvenir impérissable...

    Et peut-on participer à cette deuxième dégustation d'août ? Comment fait-on pour faire partie des heureux élus ;)

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  5. Faisons la différence entre "un souvenir impérissable" et "un net progrès"…
    Pour la dégustation, je pose la question et je vous dis.

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  6. Merci pour votre réponse, je suis vraiment curieux.

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  7. En fait, cette dégustation assez limitée a eu lieu ce mardi sans annonce préalable. Sept ou huit vins pas plus. Les premiers retours demain ou jeudi ici.

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  8. 14 vins de raisin Chinois + 5 vins de fruits dégustés sur site : Shandong, Ningxia et province de Beijing leur point fort n'est pas encore la conservation des vins et l'homogénéité des lots : http://lapassionduvin.com/phorum/read.php?7,93501,585554#msg-585554

    N’hésitez pas a déguster !

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  9. Merci pour l'adresse, j'y fonce !

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