Il y a en France cette propension agaçante à toujours taper sur la tête des gens qui font bien. Ce travers est très sensible dans les commissions d’agrément chargées de délivrer l’imprimatur au nom des appellations d’origine contrôlées. Après avoir pratiqué sans vergogne et pendant des années l’agrément social (agréer un mauvais vin pour ne pas faire sombrer dans une faillite certaine le vigneron coupable de mal travailler), voilà maintenant qu’on nivelle par le bas au nom de la typicité. Régulièrement ce sont les meilleurs qui se voient refuser l’agrément. On pense à Marcel Richaud à Cairanne ou au Domaine de Souch à Jurançon, il y en a plein d’autres. Aujourd’hui, c’est le Domaine de La Bégude qui fait les frais des jalousies. Voilà le texte que Guillaume et Soledad Tari nous ont adressé, du haut de leur maquis battu par le vent et le soleil, au dessus des flots bleus, légèrement amers, mais pas trop, forts qu’ils sont de l’excellence de leur production comme de leur terroir.
« C’est avec une pointe de tristesse que nous avons rempli le formulaire de déclassement de notre vin rosé de l’appellation Bandol. Certainement lassés d’être éconduits, on peut dire que c’est un peu l’histoire d’une déception amoureuse...
Depuis plusieurs années, l’obtention de l’agrément de notre rosé était devenue un parcours du combattant, obtenu in extremis après de nombreuses procédures administratives et d’interminables débats sur ce que doit être un rosé de Bandol.
En effet, difficile de maintenir l’anonymat de nos vins couleur corail, parfaitement identifiables lors des dégustations d’agrément, au sein de rosés dont la transparence ne fait que s’exacerber, conformément à la mode actuelle.
Étant vignerons depuis cinq générations, la mode nous importe peu.
Nos vins nous ressemblent, mais sont surtout le reflet de leur terroir, du climat, du millésime, sans artifice. Ce rosé nous semblait être une expression parmi tant d’autres de cette belle appellation. À ce titre, notre précédent millésime 2010, épuisé deux mois après sa mise en bouteille, avait d’ailleurs été refusé plusieurs fois a l’agrément et avait finalement pu se nommer bandol, mais soumis à un avertissement. Un peu déconcertant quand on sait que nous sommes parmi ceux qui utilisent en plus forte proportion le mourvèdre, grand cépage de ce lieu, dans nos assemblages.
N’ayant plus très envie d’être collés, ce n’est plus de notre âge, refusés une nouvelle fois pour non appartenance à la famille des vins de Bandol, nous lui avons trouvé une nouvelle famille : Vins de France. »
Pour info, La Bégude forme avec Pibarnon et Tempier le podium qualité de l’appellation Bandol. La Bégude produit des rosés de garde épatants jusqu’à vingt ans et plus après la mise. Je sais, j’ai goûté. Des grands vins, pas du rosé de barbecue.
Le blog de Nicolas de Rouyn
Bonjour.
Ceci est un blog dédié au vin et au monde du vin, qu'on appelle aussi le mondovino. Et à tout ce qui entoure le vin, les belles tables,
les beaux voyages, les tapes dans le dos et les oreilles tirées. Cela posé, ce qu'on y lit est toujours de-bon-goût-jamais-vulgaire,
ce qui peut plaire à votre mère. Dites-le lui. (Only dead fish swims in ze stream).
Les photos sont signées Mathieu Garçon, sauf mention. Pour qu'elles soient belles en grand, il suffit de cliquer dessus.
Au fait, il paraît que "l'abus d'alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération".
Nicolas de Rouyn
Ceci est un blog dédié au vin et au monde du vin, qu'on appelle aussi le mondovino. Et à tout ce qui entoure le vin, les belles tables,
les beaux voyages, les tapes dans le dos et les oreilles tirées. Cela posé, ce qu'on y lit est toujours de-bon-goût-jamais-vulgaire,
ce qui peut plaire à votre mère. Dites-le lui. (Only dead fish swims in ze stream).
Les photos sont signées Mathieu Garçon, sauf mention. Pour qu'elles soient belles en grand, il suffit de cliquer dessus.
Au fait, il paraît que "l'abus d'alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération".
Nicolas de Rouyn
Honteux!
RépondreSupprimer...pour ceux qui donne l'agrément.
SupprimerHabituel…
SupprimerDonc si je comprends bien, le seul reproche qu'on lui adresse consiste en sa couleur? En résumé, si il était mauvais mais avait la bonne couleur, ça n'intéresserait personne?
RépondreSupprimerDécidément, nos amis français se spécialisent dans le sabordage d'une des plus importantes entités culturelles qu'ils ont! Je peine à comprendre...
(...) la mode nous importe peu.
RépondreSupprimerNos vins nous ressemblent, mais sont surtout le reflet de leur terroir, du climat, du millésime, sans artifice. Ce rosé nous semblait être une expression parmi tant d’autres de cette belle appellation.(..) Cette phrase suffit à elle-même; faire un vin qui soit à l'image du territoire sur lequel il est né, territoire qui a permis de "codifier" les "règles" de l'appellation. Pourquoi faire simple qiand on peut faire très très compliqué???
J'ai une autre affaire du même acabit dans ma besace Nicolas, j'attends quelques réponses avant de la sortir, je pense, prochainement.
RépondreSupprimerDécidément, ça n'arrête pas en ce moment !!
Anne, une chose après l'autre. L'ordre du jour c'est VdV
Supprimer;-)
Stupide !
RépondreSupprimerNe pourrait-on pas brûler tous ces réglements qui tuent le vivant sur la place publique, dans une sorte de grand auto da fé?
RépondreSupprimerPour info, goutez le Domaine du Gros Noré, vous reviserez votre podium.....
RépondreSupprimerEt vous mettriez 'Gros Noré à la place de qui ?
SupprimerVin de France, c'est pas mal... et il y en a de plus en plus. Tant pis si Bandol se prive de l'un de ses fleurons. Ce qui est navrant dans cette histoire, ce qui est honteux, comme le résume Vincent, c'est que ce déclassement intervient pour des histoire de teintes. Zut, on a encore le droit dans ce pays de faire le rosé à la couleur que l'on veut, oui ou non ?!?!
RépondreSupprimerJe ne connais pas bien les Tari, je ne suis pas fan de leurs vins, mais je suis de tout coeur avec eux !
Pardon mais je ne comprends pas: a-t-on refusé l'agrément ou l'agrément n'a-t-il pas été demandé pour ce vin ?
RépondreSupprimerGuillaume, si tu nous regardes… Tu as la parole
SupprimerUn grand merci à Nicolas de Rouyn pour ce texte et à tous ceux qui ont laissé des messages de soutient. Guillaume n'étant pas connecté et afin de dissiper le doute, je confirme que l'agrément a bien été demandé comme chaque année et que la totalité de nos lots a été refusée à l'issue de la séance .Déception encore une fois et incompréhension totale sur ce système d'agrément. En effet, comme grand nombre de vignerons qui se retrouvent dans cette situation , nous sommes pourtant foncièrement et sentimentalement attachés à notre appellation et nous aurions préféré ne pas en arriver là. Soledad Tari
SupprimerMerci de ces précisions et comme je suppose le 2011 déjà épuisé, je prendrai rang pour du 2012 de La Bégude à Bandol. Santé !
SupprimerMerci Soledad. Soyez assurée du soutien de tous les amateurs de beaux vins, soit environ 99,99% des lecteurs de ce blog et moi.
Supprimer‘’AUTREMENT’’ le 2009 de Lamery : C’est du vernis à ongles, et comme vous ne mettez pas assez de soufre, il va très vitre tourner en vinaigre expectorait avec dégoût le super dégustateur de l’INAO en mai 2011.
RépondreSupprimerDe Bayonne à Luxembourg et de Stockholm à Nice en passant par Tokyo, Londres et Seattle, des professionnels et des amateur(trice)s nul(les)s semblent prendre plaisir à ce VDF qui n’a pas droit à s’appeler bordeaux. …..CQFD.
Pour le 2010 et suivants : plus de frais d’agrément, plus de cotisation syndicale, plus d’engraissage du CIVB. VDF, c’est du prêt à porter très bien taillé dans un excellent tissu.
Ceci explique aussi cet engouement soudain pour les VdF
SupprimerC'est dommage et typique, cette histoire.
RépondreSupprimerEt pourquoi pas ajouter une étiquette sur les bouteilles avec, justement, « Ceci n'est pas un Bandol »? Ça mousserait sûrement l'intérêt des consommateurs tout en levant le nez à ce malheureux dénouement.
Quoique je comprends la logique d'identification pour des raisons de commercialisation, le nivellement par « la plus accessible des notions » n'est pas très garant de qualité. D'ailleurs, c'est souvent le contraire, comme en témoigne le goût des légumes au supermarché, ces jours-ci...
Plus triste encore, presque aucun rosé de Bandol ne se retrouve sur nos tablettes, au Québec.
Faudra que j'essaie de me rendre sur place pour apprécier. Quoique, dit comme ça, l'idée m'enchante...
Faites-le ! Bandol, c'est un beau pays
SupprimerSûr qu'une bouteille peinte par Magritte (y'en a plein, d'ailleurs) émoustillerait les ardeurs de plus d'un consommateur au fin bec et néanmoins émoussé par la fréquentation systématique des dégustations d'agrément (on dit maintenant d'aptitude, c'est plus pesant, mais c'est rémunéré); sinon, en Gironde, il existe un vin qui s'appelle le clairet - une sorte de rosé intermédiaire avec le rouge: c'est délicieux sur toutes sortes de grillades, viandes ou poissons; les paysages aux alentours de Bandol, on les imagine pleins d'incendies, surtout l'été, et sans herbe verte
SupprimerMerci pour cet article ! Les commissions d’agrément confondent trop souvent typicité et standardisation... Dommage pour ceux qui choisissent les chemins de traverse.
RépondreSupprimerMême souci pour les Bordeaux rosés et clairets.
RépondreSupprimerCette histoire de couleur nous pollue l'existence.
Certaines années, la couleur mini est difficile à obtenir pour le clairet, malgré des macérations longues qui apportent le caractère vineux attendu d'un tel vin.
D'autres fois, c'est le rosé qui malgré une macération très courte, a une couleur trop prononcée.
La dictature du marché fait que seuls les vins très pâles ont des rotations fortes.
En tant que vigneron, tout cela me gonfle prodigieusement. Ce que je recherche en élaborant du rosé, c'est le fruit, de la fraîcheur, l'élégance.
Et quand je fais du clairet, j'adore cette corbeille de fruit rouges, cette complexité, cette vinosité qui ont pour conséquence une vitesse d'évaporation prodigieuse sur table.
La couleur, je m'en moque. Mais j'ai tort. Car selon les marqueteurs c'est le critère essentiel de choix d'une bouteille.
Malheureusement, avec le terroir et les cépages bordelais, la plupart des rosés pâles sont aussi insipides qu'incolores, mais au moins ils se vendent...
J'avoue que je suis un peu dépassé, je dois vieuxconniser.
Conséquence : en 2011, j'ai simplifié, je n'ai fait que du clairet et pas de rosé.
Mes chers Zamis, le sujet n'est pas tellement de débattre sur les élus du trio de tête mais plutôt de s'émouvoir du fait qu'un si beau et grand rosé de gastronomie soit rayé de la carte de son appellation. RIDICULE !!
RépondreSupprimerA moins que Bandol ne se spécialise dans le rosé de piscine pour l'été prochain.
Déjà que ce rosé était une bombe, nous, qui avons l’œil moins pâle que les autres, on va en faire une star :)
Ici aussi, de plus en plus de déclassement en Vin de France pour des raisons parfois un peu obscures...
RépondreSupprimer"Ici", c'est où ?
Supprimerça rappelle d'autres histoires dans d'autres régions de France...la mascarade des AOC est décriée depuis longtemps. Mark Angeli en est un des célèbres exemples...et a fini volontairement par mettre tous ses vins en Vin de France.
RépondreSupprimerLa dernière mode en rosé "AOC Bandol" est le rosé pâle ou même très pâle, pour certains vins presque gris de Toul. Principalement la couleur permet d'accéder au graal de l'agrément.
RépondreSupprimerMais le pire est à venir!
Après la standardisation de la couleur, nous arrivons à la standardisation des arômes. Dixit un oenologue un peu gêné :"A Bandol, on me réclame des arômes de pamplemousse!" (rose peut-être?).
En tant qu'oenophile, un rosé du sud-est développant des arômes de pamplemousse m'évoquent de jeunes vignes ou de la suproduction ou un manque de maturité ou la combinaison des 3 défauts.
La mode est éphémère et la standardisation mène à la facilité, à la médiocrité et à l'anonymat.
Très juste. D'ailleurs les fameux anonymous sont la contraction d'anonyme et de pamplemousse
SupprimerL'AOC n'est pas un graal, pour reprendre votre expression, mais un ensemble de règles à observer pour la revendiquer, ce qui n'est pas impératif, et il doit bien exister un cahier des charges de l'AOC Bandol, publié au JO, qui les fixe; que dit-il de la couleur que devraient avoir les rosés du cru ?
Supprimerhttp://agriculture.gouv.fr/IMG/pdf/AOC_somme39.pdf
SupprimerPas grand chose concernant l'intensité et les nuances du rose...
Tout ce qui n'est pas interdit est permis, normalement…
SupprimerLe plan d'inspection (mise en oeuvre du cahier des charges) dit: "Il est convenu que la limpidité, le dépôt et la couleur ne peuvent seuls donner lieu à un avis défavorable." page 40...:
Supprimerhttp://www.vinsdebandol.com/wp-content/uploads/2010/05/PI-Bandol-+-GT.pdf
Sans vouloir m'immiscer dans ce débat, mon commentaire concrne les vins d"appellation Bandol soit achetés dans les grandes surfaces, soit venant dee négociants à desprix très bas par rapport aux grands domaines et qui font honte à l'appellation bien qu'ils soient des Bandol. C'est là que l'atorité devrait agir, beaucoup de touristes se faisant piéger par le prix et n'appréciant pas la bibine qui leur est vendue, d'oû contre publicié pour le Bandol
RépondreSupprimerLe hasard fait bien les choses!
SupprimerHier, dans un hypermarché de la région marseillaise, je tombe sur un rosé de bandol 2010 du château "X" (vin de propriété bien connu) en promotion à 9,95 euros. Je l'ai acheté et goûté hier soir; pâle, triste, austère, manquant de matière, creux, etc...
Actuellement circule sur internet une pub pour un rosé de Bandol 2009, toujours d'une propriété, à 60 euros les 12 bouteilles port compris!!! Qui dit moins?
Le début d'une lente descente aux enfers pour les rosés?
J'apporte tout mon soutien au Domaine de La Bégude -Bandol- et à la famille Tari. Faisons triompher le rose en Provence !
RépondreSupprimerNavrant !
RépondreSupprimerNavrant it is !
SupprimerOn en revient toujours au diktat de l'AOC sans lequel point de salut!Le pilonnage administratif des produits AOC nous entraîne vers une uniformisation version Europe (cf fromages, vins, chocolat, foie gras et maintenant, même les parfums au nom de l'allergie engendrée par les produits naturels )et une disparition de l'exception française! Le terroir puissant de la Bégude et le savoir-faire des Tari, qui n'ont pas ménagé leur peine dérangent...sauf les connaisseurs
RépondreSupprimer