Le blog de Nicolas de Rouyn

Bonjour.
Ceci est un blog dédié au vin et au monde du vin, qu'on appelle aussi le mondovino. Et à tout ce qui entoure le vin, les belles tables,
les beaux voyages, les tapes dans le dos et les oreilles tirées.
Cela posé, ce qu'on y lit est toujours de-bon-goût-jamais-vulgaire,
ce qui peut plaire à votre mère. Dites-le lui.
(Only dead fish swims in ze stream).
Les photos sont signées Mathieu Garçon, sauf mention. Pour qu'elles soient belles en grand, il suffit de cliquer dessus.
Au fait, il paraît que "l'abus d'alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération".
Nicolas de Rouyn



mardi 28 avril 2015

Primeurs 2014, deux sorties finement jouées

Les Anglais sont ravis, c’est bien la preuve. Le château Mouton-Rothschild a sorti hier son premier grand cru classé à 282 euros HT. C’est le plus petit prix de tous les mouton-rothschild disponibles sur le marché aujourd’hui. On est donc bien dans la perspective de ce que devrait être la vente en primeurs, une bonne affaire pour le client. Ce qui explique l’enthousiasme des négociants britanniques. TheDrinksBusiness publie même un tableau qui montre les prix de chacun des millésimes qu’on peut trouver chez les plus huppés des cavistes londoniens, ce qui confirme l’intérêt de cette mise en marché.

Dans le même registre et le même jour, la sortie du Château La Lagune à 33 euros HT est significative. Rappelons d’abord que le château n’a pas sorti son millésime 2013 en primeurs, ce qui rend toute comparaison impossible. En revanche, le millésime 2012 était sorti à 43,50 euros HT. On comprend la motivation de Caroline Frey, elle est de la même nature que celle du boss de Mouton. L’idée est de rendre au principe de la vente en primeurs toute son attractivité aux yeux de la clientèle des grands vins de Bordeaux.

Bravo à Mouton et à La Lagune, le marché n'attend que ça.


Et on les boira dans cette carafe Lalique

lundi 27 avril 2015

Primeurs 2014, la liste de mes envies (chapitre 1)

Cette année, on est tranquille. Pas de site-voyou pour nous faire craindre le pire. Pour autant, pas sûr que je fasse mes courses uniquement dans le classement de 1855 (au fait, c’est protégé ce chiffre magique ? Non ? Toujours pas ?).
L’émergence de cette notion de Super-Bordeaux, très bonne idée portée par Bettane + Desseauve, m’incite à aller regarder un peu plus loin que l’évidence.

Et sur quoi, je tombe tout de suite ?

Château Belle-Vue, haut-médoc. 10, 65 euros. Très bonne affaire, un super-bordeaux à ce prix-là.

Il y en a d’autres dans cette gamme de prix. Par exemple :

Château Cambon-La-Pelouse, haut-médoc. 10,60 euros. Toujours très bien fait et longtemps considéré par Parker comme un sleeper of the vintage, comprendre que c’est la bonne affaire du siècle.
Clos-Floridène, graves. 10,40 euros. Un vin créé par le professeur Denis Dubourdieu, célèbrissime œnologue et grand consultant. Autant dire un vin fin.

Moins de dix euros ?

Château-Larrivaux, haut-médoc. 8,10 euros. Le vin de la délicieuse Bérangère Tesseron. Le petit bordeaux comme on en rêve. Inutile de l’attendre des années. Là, je finis mes 2010 avec infiniment de plaisir.

En montant dans les étages de l’argent, je m’arrête sur :

Château la Fleur-de-Boüard, lalande-de-pomerol. 17,48 euros. Ce super-bordeaux est la propriété personnelle du co-propriétaire d’Angélus, Hubert de Boüard. Elle est gérée par son fils Matthieu et sa fille Coralie. Le vin est formidable, mais rarement dans sa prime jeunesse. Il faut lui laisser cinq ou six ans pour arriver à son meilleur. Et là, bonheur.
Château Meyney, saint-estèphe. 19,45 euros. Une légende médocaine vinifiée par l’excellente Anne Le Naour. Personne n’est obligé d’en avoir. Personne n’est obligé de boire du vin, non plus. Moi, j’en ai et j’en bois. Je finis en ce moment un rang de meyney 2004. J’aurai été désolé de le rater.

C’est tout pour l’instant. On attend les prochaines sorties et on en reparle. En particulier quelques spécialistes des prix contenus comme Bernard Magrez (La Tour-Carnet, Fombrauge, Grands Chênes, etc.) ou Olivier Bernard (Domaine de Chevalier). Le prix de Haut-Condissas, aussi, va me passionner. Et celui de la vedette des primeurs 2014, Carmes Haut-Brion. Il m’en faut.

Et, bien sûr, je ferai un chapitre consacré aux sauternes et aux barsacs. En discret hommage au président de la région Aquitaine, l’implacable Alain Rousset dit « le ferroviaire » (clic)


Ces vins ont été relevés sur le site ChâteauPrimeur, une structure de e-commerce qui appartient au grand groupe Duclot (Pétrus) et que nous recommandons. On n’est jamais obligé de se faire peur.





Le titre de ce post, « la liste de mes envies », est emprunté au roman de Grégoire Delacourt qui a donné le film de Didier Le Pêcheur. La famille, quoi. Les vieux frères, en tous cas.


jeudi 23 avril 2015

Ce fauteur de trouble déteste le sauternes
ou bien ?

C'est du jamais vu.
Voilà qu'un président de région, espèce en voie de disparition, appelle à une manif pour que la LGV Bordeaux-Toulouse écrabouille comme il faut le Sauternais et ses vignobles fragiles. On voit d'ici la manif et on n'a pas fini d'en rire. C'est quoi, le slogan à scander par les quatorze manifestants (selon la police, 45 selon le président de région) ? J'espère bien que Juppé va interdire ce trouble à l'ordre public. Alain, si tu nous regardes…
Ou alors, nos amis bordelais vont à la manif chacun avec une quille de sauternes (le barsac est encouragé aussi et les plus jeunes manifestants ont le droit d'apporter une demi-bouteille de Perrier, soyons œcuméniques).

Que ce projet pourri, cette idiotie ravageuse, ce saccage honteux qui faisait gagner trois minutes à personne, soit abandonné par pur bon sens, ça ne lui plaît pas du tout à ce monsieur. 
On se demande bien pourquoi, les pauvres raisons évoquées dans le tract reproduit ci-dessous ne convaincront personne.
Alors quoi ? Des copains dans les travaux publics ? Un manque à gagner, peut-être ? Un rond-point à financer ? Allons, ne cédons pas au complotisme. Je pense que c'est beaucoup plus grave. Un aveuglement imbécile, par exemple.

Je lui conseille deux choses.
1 - De faire un pas vers ses administrés. En ces temps de misère électorale, ce serait judicieux.
2 - De passer la main à quelqu'un de sérieux. Je n'ai pas de nom à suggérer.

Allez, du balai au plus vite et passons à autre chose. Tiens, je vais ouvrir une bouteille de sauternes, moi.
Le tract, un délire :








  
Le président



Madame, Monsieur,

L’avis défavorable de la commission d’enquête publique pour les projets de lignes nouvelles à grande vitesse Bordeaux-Toulouse, Bordeaux-Dax et les aménagements ferroviaires au nord de Toulouse, a suscité un vif émoi.

Or, le Grand Projet ferroviaire du Sud-Ouest est majeur.

C'est ce projet d'aménagement qui façonnera nos territoires du XXIe siècle.

Pour que le grand Sud-Ouest ne demeure pas abandonné par la grande vitesse ferroviaire, indispensable à l’attractivité et à la compétitivité de nos territoires, je vous invite à participer à une grande manifestation de soutien au Grand Projet ferroviaire du Sud-Ouest :

Le jeudi 7 mai 2015 à 10h00

A l’Hôtel de Région

14 rue François de Sourdis à Bordeaux


Mobilisons-nous tous ensemble!




Alain ROUSSET





lundi 20 avril 2015

La grâce des petites appellations

On ne me fera pas un méchant procès si je divise le monde en petits et grands. C’est comme ça et merci de n’y voir rien d’insultant, de condescendant ou que sais-je encore de péjoratif.
Il s’agit là de vins reçus la semaine dernière et que j’ai goûté à table avec une gastronomie de famille, simple comme ces vins qui s’en sont trouvé très bien. Ce sont des vins de la côte roannaise et des coteaux du Forez. Des gamays vibrants, bien en place, charnus, juteux, impeccables dans leur absolue nudité. Des vins sincères, comme disent les gardiens du temple. Je n’ai jamais très bien compris ce que ça signifiait au juste, mettons que ça s’applique ici.

De ces vins, je connaissais déjà celui du domaine des Pothiers. Le vigneron, Romain Paire, est porté aux nues par les réseaux sociaux, on n’y échappe pas. C’est à coup sûr le plus réussi des quatre, un tout petit peu, mais à peine, devant le Sérol. Il a de la profondeur, une ampleur sans mollesse, un soyeux de texture inattendu. Se dire que, du coup, cette côte roannaise vaut qu’on s’y attarde. Se dire aussi que, puisque ça plaît tant aux amis attablés, on n’est plus obligé de sortir les grands machins qui sont, plus souvent que parfois, inappropriés et réservés à de petites confréries d’amateurs passionnés.

Ces gamays qui vont si bien plutôt frais sont faits pour les bandes d’été, la gastronomie sans apprêt, le chant des cigales, les rires.
Ces rouges sont faits pour les amateurs qui n’en peuvent plus de l’équation imposée soleil + salade = rosé. Là encore, qu’on ne se méprenne pas, j’aime beaucoup les vins rosés bien faits, il y en a plein et j’y reviendrai ici, mais j’aime surtout la liberté de choix.

Et ces vins du désert de la France, qu’on appelle aussi la Diagonale du vide, ne sont pas voués à l’été. Il va de soi que ce sont aussi des vins de viandes fortes, de tables chaudes, de vents du nord. Essayez ces beaux rouges, riches et goûteux, jeunes et beaux, dites votre avis. Le mot « rustique » n’est pas autorisé.

Les vins, dans l'ordre de mes préférences :








jeudi 16 avril 2015

Vins de Bourgogne, d’Italie, de Suisse

Tout ceci le même jour. Le lendemain d’une journée consacrée à Saint-Émilion, au château La Dominique (à moins que ce ne soit le contraire) dont un 2005 de toute beauté sur la Terrasse Rouge. Le rooftop du chai de Jean Nouvel, c’est la bonne idée du plateau de Pomerol.
Mais voilà, le vin est multiple et il est impossible de se concentrer sur une seule région au risque de passer pour un fumiste ou, pire, pour un spécialiste.




Les bourgognes étaient ceux de la maison Chanzy. Reprise par un fonds d’investissement, cette maison créée dans les années 70 est désormais pilotée par la famille Jessiaume dont la maison familiale a été vendue à un Écossais en 2006 pour payer les droits de succession. Douce France. Les frères Jessiaume se sont rangés derrière le jeune (25 yo) Jean-Baptiste, fils de l’un et neveu de l’autre. Ce garçon a la tête sur les épaules, le goût du vin et celui de l’effort. Il a aussi encore quelques idéaux et il se passionne pour des choses étranges, la vinification au son de morceaux choisis de Mozart en est une. Ne dites rien et laissez-le faire, ça ne risque pas d’abîmer les vins. Nous avons goûté une dizaine de vins choisis dans une gamme qui va du bouzeron aux grands crus de la côte de Nuits dans le millésime 2013, son premier essai. Sans parler forcément de coup de maître, il s’agit de vins intéressants, de bonnes expressions des terroirs. Les côte-chalonnaise sont fruités et pleins (on n’est jamais déçu par un côte-chalonnaise, n’est-ce pas), les grands crus valaient franchement le détour et il faudra regoûter les blancs, franchement très, très jeunes.




Les vins d’Italie étaient rassemblés par Millesima dans l’Hôtel des Arts et Métiers, avenue d’Iéna à Paris. La veille, nous nous étions penchés avec application sur un Scrio 2008 du producteur référent de Bolgheri, Le Macchiole. Comme nous avions trouvé ce vin lourd, puissant, tannique et somme toute pas très aimable et que nous avions été incapables de finir la bouteille à quatre, j’ai cherché des finesses et des légèretés parmi tous les vins présentés. J’en ai trouvé. Le premier, c’était facile, il est très connu, c’est un brunello-di-montalcino, le fameux Poggio-di-Sotto applaudi pour sa délicatesse, un vin pâle comme certains pinots de Bourgogne, il laisse l’impression qu’on peut en boire des litres. Le second est l'un de mes all-time favorites, Tenuta di Valgiano 2011 à Laura di Collobiano, au-dessus de Lucques au nord de la Toscane et assez au-dessus du lot, également. Et le troisième, un autre toscan, mais plus au sud. Il s’appelle Caiarossa, il est fait par un Français et appartient à un Hollandais, aussi propriétaire du Château Le Tertre à Margaux. J’aime beaucoup le vin et le garçon qui fait ça, Dominique Génot, est assez exemplaire dans le genre winemaker (clic). Et aussi Tignanello, un super-toscan à forte proportion de sangiovese, mais ça, vous le saviez déjà. Ou encore Ampeleia, le toscan de la maison d’Elisabetta Foradori (Alto-Adige), il a les pré-requis, mais je ne l’ai pas super bien goûté cet après-midi. On y retournera une autre fois sur un millésime plus amorti.



Les vins suisses étaient servis à table et au Bristol à l’occasion d’un dîner organisé par l’épatant François Mauss et sous la houlette bienveillante de Marco Pelletier (clic), chef sommelier de cet établissement de la rue du Faubourg Saint-Honoré. Je ne sais rien ou à peu près rien des vins suisses. Ce ne sont pas un après-midi et un dîner consacrés aux vins du Lavaux, à Lausanne ou les souvenirs terrorrisés de fendants éprouvants qui m’avaient rendu beaucoup plus cultivé sur le sujet. Le vin est un long chemin. J’étais donc content de franchir cette troisième étape. Troisième et demi, en fait. J’ai aussi bu, extatique, un verre de liquoreux de chez Christophe Abbet, un vigneron du Valais avec une cote énorme, j’en ai deux magnums achetés pour un prix déraisonnable (#coteénorme) qui attendent leur heure. Et me voilà assis à côté de Gilles Besse, vigneron du domaine Germanier, une affaire familiale. Nous avons passé en revue quelques spécialités. C’est comme ça que les Suisses appellent les vins issus de cépages rares, oubliés ou juste indigènes ou qui sortent des sentiers battus par l’appellation. En blanc, un heida à la finale de jus de pamplemousse pressé, une petite arvine et un armigne-de-vétroz en vendange tardive. Très bien tout ça, mais j’ai trouvé que la grande histoire de Gilles Besse, c’était les rouges. Cayas, sa cuvée 100 % syrah en 2009, puis 2006, un vin très pur et changeant, un nez de poivre fin au début qui disparaît pour laisser place aux fruits noirs, une bouche précise, on était ravi jusqu’à ce que toutes ces beautés soient comme effacées par un 100 % cornalin encore plus pur, un vin miraculeux, 3 000 bouteilles, il n’y en aura jamais assez. Gilles Besse, qui s’appelle Gilles parce que son père aimait beaucoup le gin Gilbeys, est un type drôle et brillant, on s’est bien entendu, cette impression de déconner avec ton moniteur de ski (l’accent alpin) et d’autant plus qu’il est copain avec Fredi Torres (clic). Bon, je ne vais pas développer, mais cool, ce Valaisan.

Une pleine journée sans un grand bordeaux, c’est possible. Dont acte. Mais demain, on va descendre quelques millésimes du Domaine de Chevalier. Ah.


lundi 13 avril 2015

2014, un millésime sans
(sans Robert Parker)



Donc, il n’est pas venu et peut-être ne viendra-t-il plus. Contre toute attente, ce n’était pas vraiment un sujet de conversation dans les déjeuners, les dîners, les dégustations. À croire que ça ne faisait ni chaud ni froid à la petite foule qui se pressaient dans les chais et les châteaux.
Il avait dépêché un collaborateur, un type charmant et très fin dégustateur, qui s’appelle Neal Martin. C’est lui qui déguste pour The Wine Advocate, la revue que Parker a vendu à des investisseurs singapouriens. C’est peu de dire que tout le monde s’en fout. Il rendra ses notes, Parker les relira, elles seront publiées et voilà tout. Et plus personne n’attendra la fatidique publication des notes pour sortir son prix.
La fin d’un monde ? Certainement. La fin du monde ? Non.
Tout change et, visiblement, ce n’est un stress pour personne. Au contraire, même. De l’aveu même d’un newcomer dans le grand barnum bordelais, Jacky Lorenzetti pour Château Pédesclaux, « Le jeu va s’ouvrir ». Comprendre que de n’avoir plus une autorité univoque va rendre un peu de liberté à tous. Pour un jeune négociant très au fait des usages, Mathieu Chadronnier pour CVBG, « Il fallait s’y attendre, depuis le temps ». Là encore, guère d’émotion, il s'y attendait, tout est en place. Courtiers et négociants vont retrouver le sens premier de leur métier qui commence par la recommandation. Déguster, se faire un avis et en informer ses clients. De l’avis général, personne ne retrouvera l’emprise incroyable de Parker sur la réputation d’un château, ses prix, son avenir. Même Michel Rolland est très détendu sur le sujet, sans rien renier de ce qui fît sa gloire à lui aussi.
Ici ou là, on avance des noms. Mais personne, à Bordeaux, ne connaît vraiment Antonio Galloni et les autres Américains à part quelques aficionados très mondialisés. Il faut rappeler que ce qui avait fait le pouvoir de Robert, sa touche, ce style très riche, extrait, puissant, mûr jusqu’à l’excès est en perte de vitesse depuis un bon moment déjà, ce n’est plus un modèle. Que son initiateur et son héraut s’efface est finalement très logique. Le vin, comme la mode, est fait de mille mondes qui se côtoient et plus personne ne prend l’ascendant. Aujourd’hui que le monde cherche plus de finesse, plus d’équilibre, plus de fraîcheur, on peut s’attendre à une agrégation des avis, à des moyennes de notes émanant de quelques critiques émérites et dont sortiront de nouvelles gloires. On peut souhaiter que la démocratie internet ne rendra pas tout ça inaudible, mais ce n’est pas exclu. On peut espérer que toute une bande de bons faiseurs vont enfin trouver la notoriété et le succès qu’ils méritent.
C’est le sens du nouveau concept de Thierry Desseauve quand il évoque les « Super-Bordeaux » et qu’on sent se presser une meute d’affamés dont les vins valent plus que largement le détour et qui vont bientôt sortir du long isolement qui a été leur quotidien ces années-ci.
« Le jeu va s’ouvrir », mais d’abord, il va changer de règles. Un peu ou beaucoup, nous verrons bien, mais la roue tourne. Il est temps.


La photo vient du site anglophone The Drinks Business

mercredi 8 avril 2015

Pédesclaux, Pauillac, Lorenzetti et Wilmotte
(sont dans un chai)

Jean-Michel Wilmotte, la main, le crayon, l'œuvre


Comme promis, voici les photos du nouveau chai de Château Pédesclaux, cru classé 1855 de Pauillac. Cette acquisition récente de Jacky Lorenzetti a enfin les moyens de retrouver sa grandeur passée. En attendant, il n’est pas exclu que pédesclaux 2014 soit le meilleur rapport qualité-prix du Médoc.
Et il n’y a plus de cru classé 1855 à la traîne, désormais.

Les hommes de Pédesclaux 

Jacky Lorenzetti et son écharpe aux couleurs de son club de rugby

Jean-Michel Wilmotte, l'architecte

Emannuel Cruse, le conseiller et co-propriétaire du château d'Issan à Margaux


Le chai de Pédesclaux, nouvel emblème à Pauillac




Le château Pédesclaux pris en sandwich, comme emballé, entre deux cubes de verre. Une bonne idée qui consiste à donner un peu d'ampleur à un édifice qui en manquait.





 Les photos sont signées Mathieu Garçon

lundi 6 avril 2015

Cocaïne et cannabis, pauillac et pomerol

On devrait se réjouir des beaux succès, applaudir la performance d’un Guillaume Pouthier avec son premier carmes-haut-brion 2014, par exemple et parmi d’autres réussites. On pourrait se raconter nos plus belles agapes, nos bouteilles de rêve, ce risotto pascal à la napolitaine accompagné d’un clos-des-fées blanc 2011, autre exemple et merci, ma chérie. Non, comme ce bonheur facile est toujours en danger, c’est du constat d’un échec très grave qu’il me faut vous entretenir et qui commence à m’emmerder. En parler, je veux dire.
Les chiffres sont sortis. La consommation de cannabis, de cocaïne et d’héroïne est en progression sensible. Mais, dites-moi, on n’a pas une bande de nuls grassement subventionnée pour s’occuper de ça ? Oui, je parle des prohibitionnistes de l’ANPAA. Un budget de 80 millions d’euros par an alloués par le Ministère de la santé. Une sorte de délégation de compétence à une association dont l’historique nous enseigne qu’elle ne sert à rien ni à personne pour 80 plaques par an. Ça fait mal à mes impôts. Et aux vôtres aussi, je vous signale.



Ces gens qui s’acharnent sur le vignoble français et dont le but ouvertement avoué est d’éradiquer la consommation de vin en France (ils rêvent, les fous), ces gens touchent de l’argent au nom de la lutte contre les addictions, la toxicomanie. Nous, on croit toujours que c’est pour protéger les « jeunes », aider les toxicos. En fait, pas du tout. Le shit, la coke, la dre, tout ça, ils s’en foutent. On pourrait croire que c’est une succursale des Alcooliques Anonymes puisque le truc qui les fait bicher, les occupe à plein temps, c’est le vin. L’une des très belles choses que la France produit, l’une des plus douces de nos traditions, un secteur qui profite aux finances tyrannisées de la nation.
Ces jours derniers, on a vu les autorités pinardières se réjouir que la loi Evin n’ait pas été modifiée. Il faut comprendre « aggravée », bien sûr, mais quand même. À la place, on pourrait légitimement s’émouvoir qu’aucune avancée vers plus d’intelligence n’ait eu lieu dans cette Chambre des Députés dont on attend autre chose que cet immobilisme imbécile. Cette mauvaise manière de valider l’interdiction au lieu de l’éducation, cette idée délirante qu'en 2015, ils se croient capables de décider à notre place ce qui est bon pour nous et pas.
Mais l’ANPAA a gagné un truc, le paquet de cigarettes neutre. Tu parles d’une avancée. Comme si le commerce n’allait pas trouver aussi sec une parade pour continuer à faire aimer les marques, ce serait bien la première fois.
Et demain, le vin ? Allez lire ce qu’en dit Vincent Pousson (clic), je ne vais pas faire de copié-collé, je suis d’ac avec tout ce qu’il en dit et le développement qui l’accompagne.
Et nous, râleurs par obligation, obligés de commenter ça parce que nous croyons qu’il y a un vrai danger pour nous, nos existences, nos plaisirs, la France. C’est devenu un vrai enjeu et une excellente question à poser à tous ceux qui sollicitent nos suffrages dans toutes les consultations démocratiques à venir. S’occuper de ça en 2015 est éprouvant, cette idée d’une civilisation en marche arrière est angoissante.
Alors qu’on devrait se recueillir dans un silence ému en pensant à Anne-Claude Leflaive, la grande dame de Puligny-Montrachet dont on apprend le décès à l’instant, bien trop jeune pour mourir.

Anne-Claude Leflaive, 1956-2015




La photo d’Anne-Claude Leflaive vient du site HarperWells.com

vendredi 3 avril 2015

Les primeurs en primeur, jour 5 et clap de fin.
Un dîner entre amis, un déjeuner parfait
et une célébration grandiose

Le grand catamaran des vignes du château La-Dominique
 
Un dîner entre amis
Mes chers amis Karine Valentin et Jean-Luc Barde se sont joints à moi et à la fine équipe de MCG pour serrer de près une Anabelle Cruse (Corbin) souriante et détendue. Nous étions à la Terrasse Rouge, le roof-top du château La-Dominique qui coiffe le chai en forme de grand catamaran inventé par Jean Nouvel, parfait restaurant des vignes qui contemple le morne plateau à peine égayé par l’évocation des très prestigieux voisins, Cheval, La-Conseillante, L’Évangile, etc. visibles à l’œil nu. Au menu, corbin 2010 et la-dominique 08 en magnum. EN MAGNUM, c’est toujours mieux, comme chacun sait, mais le baby-corbin a fait mieux que se défendre.




Un déjeuner parfait
Au château Montlabert avec Alain et Philippe Castel, le docteur et consultant Alain Reynaud et une toute petite bande de blogueurs impayables. L’occasion de goûter cinq parmi les vingt châteaux de l’écurie Châteaux et Domaines Castel. Il est hors de doute que l’ensemble de ces propriétés progresse à vive allure. Les Castel ont convoqué les meilleurs consultants de Bordeaux au chevet de leurs vignobles et tous alignent cette année les bonnes notes avec un bel ensemble. À table, un très joli montlabert 10 (conseillé par Hubert de Boüard) précédait un splendide beychevelle 09, suave et plein qu’on reverra avec grand plaisir dans dix ans. Tout ceci suivi par un très jeune yquem 07, histoire de ce souvenir qu’un beau sauternes, même à déjeuner, fait la plus belle des conclusions.
Médaille d’or à une jeune blogueuse qui expliquait à la tablée l’importance du travail du vigneron. Merci d’être venue.





Une célébration grandiose
Il y a 30 ans, Xavier Gardinier faisait l’acquisition du château Phélan-Ségur, sublime demeure plantée sur une croupe qui regarde l’estuaire à Saint-Estèphe. Ses fils Thierry et Laurent célébraient ces trente années avec un dîner grande taille qui réunissait une grosse centaine de journalistes, négociants, cavistes et copains. Fine ambiance et très grand moment confirmés par les survols à répétition de phélan 01 en magnum, phélan 96 en double-magnum et phélan 89 en impériale (six litres). Pour démontrer encore et encore, s’il le fallait (il le faut toujours) l’avantage des grands contenants. Les vins étaient à leur meilleur et le 1989 en état de grâce. Une manifestation d’excellence, comme un hommage au père disparu et la confirmation des qualités du cru.
J’ajoute que c’est une idée moderne de finir un dîner signé Taillevent avec une bouteille de comtes-de-champagne 2005 Taittinger, idéale pour repartir rafraîchi.




Clap de fin
Il faisait beau (dans le ciel). À terre, c’était une autre chanson, mais l'humidité légère et la fraîcheur constante garantissaient une relative stabilité des vins. Bien sûr, certains invoquaient les basses pressions pour expliquer que des vins se goûtaient moins bien. Débat éternel.