Le blog de Nicolas de Rouyn

Bonjour.
Ceci est un blog dédié au vin et au monde du vin, qu'on appelle aussi le mondovino. Et à tout ce qui entoure le vin, les belles tables,
les beaux voyages, les tapes dans le dos et les oreilles tirées.
Cela posé, ce qu'on y lit est toujours de-bon-goût-jamais-vulgaire,
ce qui peut plaire à votre mère. Dites-le lui.
(Only dead fish swims in ze stream).
Les photos sont signées Mathieu Garçon, sauf mention. Pour qu'elles soient belles en grand, il suffit de cliquer dessus.
Au fait, il paraît que "l'abus d'alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération".
Nicolas de Rouyn



jeudi 27 septembre 2012

"Clos" et "château", un avis contraire

Un clocher, une querelle

 Soucieux de donner au débat toute sa dimension, je publie le communiqué de presse de la Confédération paysanne de Gironde qui, par la voix de sa porte-parole Claire Laval, développe une argumentation différente de ce que j'exposais sur ce blog, lundi dernier.
Ainsi, chacun pourra se faire un avis.  

«CHATEAU» : Stop à la captation d’héritage ! 
En 2005, les négociateurs européens ont accepté que les mots Chablis, Bourgogne, Sauternes, Champagne, Chianti etc.… (dix-sept appellations en tout…) soient considérés comme des termes « semi génériques ». Ceci s’est fait sous la houlette de Philippe Casteja, membre éminent du CIVB et alors président de la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux. 
 Aujourd’hui, la Commission de Bruxelles veut autoriser l'emploi de la mention « Château » pour les vins américains sur le marché européen. Paris se retrouve isolé dans son refus de céder la mention « château » aux vins américains, ces vins élaborés en « wineries » à partir d’achats de vendanges sans aucune notion d’origine et qui gagneraient ainsi un faux air d’AOC. 
Jusqu’à maintenant, le droit communautaire réservait la mention « château » à des « exploitations viticoles exactement identifiées », produisant des vins d’AOC et disposant d’un lieu de vinification (chai, cuvier…), permettant de traiter d’une façon distincte la vendange issue des parcelles de l’exploitation. A Bordeaux, le terme « Château » est une signature d’authenticité du vigneron et une garantie d’origine pour le consommateur. Est-ce pure stupidité ou fruit de transactions opaques au service d’intérêts obscurs ? 
La Commission Européenne continue d’organiser méthodiquement l’usurpation par des vins industriels d’une image construite par des générations de vignerons. Refusons la concurrence déloyale ! Défendons et valorisons l’origine de nos vins !

Pour info, Claire Laval est propriétaire du château Gombaude-Guillot, un fin pomerol dont les vignes sont menées en bio depuis vingt ans.

Vous trouverez ici mon article sur ce sujet.

mardi 25 septembre 2012

Le TupperWine sous les ponts

Le Pont-Marie noyé de pluie, avant le TupperWine
 En cette nuit de tempête, nous avons rendez-vous sur un bateau. Une péniche amarrée sous le Pont-Marie. C’est là que Fabrice Le Glatin reçoit le monde pour un énième TupperWine. Un TupperWine, au-delà du clin d’œil malin, c’est une réunion d’amateurs organisée par Fabrice le blogueur pour initier qui veut aux arcanes de la dégustation. Fabrice y ajoute un goût prononcé pour les vins les moins connus des régions les plus ignorées. Ce qui, forcément, provoque un intérêt accru. Ce soir-là, il affichait complet et nous voilà dans le grand carré d’une péniche doucement secouée par les vagues des bateaux-mouches. Il y a la petite foule habituelle des amateurs, on reconnaît ici et là des amis Facebook, c’est amusant, en moins réseau et plus social, on ne se parle pas trop, timides ? Il y a aussi Philippe Betschart, vigneron bordelais (Graves de Viaud), Bruno Besson, alter-caviste à Ermont venu sans son garde du corps rennais, Théophile fils d’Henri Milan, fameux vigneron provençal, un jeune blogueur vice-champion du monde de dégustation à l’aveugle lors du Concours Pol Roger (bref, une pointure, son blog ici). Pendant que la dégustation se met en place, nous parcourons la péniche. D’un côté, l’autoroute urbaine des voies sur berge, de l’autre les façades altières, historiques et un peu tristes de l’île Saint-Louis. Ce qui m’évoque les ferries du Dodécanèse, les Turcs regardent la côte (turque) et les Grecs regardent le large. Nous ne regardons rien, il pleut des cordes, on n’est pas en Grèce.

Premier vin, un blanc de Loire, un muscadet qui ne ressemble pas trop à un muscadet, un vin que je connais bien et que je ne reconnais pas du tout. La température, peut-être. Ce soir-là, dans ces conditions-là, ce vin-là, cette bouteille ne m’évoquait rien. Le cépage : melon de Bourgogne. C’est l’amphibolite-nature de Jo Landron.
Ce TupperWine est consacré à six vins mono-cépage, trois blancs puis trois rouges. Le deuxième blanc, fort en couleurs, un poil oxydé, pas très bien en place, est un carignan blanc, il s’agit de Lune Blanche, un vin de Daniel Le Conte des Floris. Au troisième blanc, on évoque l’exotisme des cépages-klaxons. C’est un viognier du domaine Monier, un VDP des côtes rhodanésiennes, euh… rhodaniaises, euh… rhodésiennes. On est perdu, tout d’un coup. Avec le léger roulis de la péniche, on affiche perte de repères sur nos GPS internes. Dieu merci, un géographe en provenance d’Ermont, dans le Val d’Oise, remet chacun dans ses marques en lâchant un « rhodaniennes » salvateur.

Aux rouges, maintenant.
Comme Fabrice ne peut pas s’en empêcher, on attaque par un rouge nature (sans sulfites ajoutés à la mise en bouteille). Sans surprise, toutes les déviances aromatiques attendues sont au rendez-vous. Il aurait fallu attendre des heures pour que la réduction et les petites mauvaises odeurs s’atténuent. Ces vins qu’on goûte en se bouchant le nez… En bouche, ça se passe mieux, mais on n’est pas au paradis non plus. C’est une expression bizarre du cabernet-franc, un bourgueil de Laurent Herlin qui s’appelle Fruit du hasard. La bonne blague fuse : « on voit comment il travaille, lui ! » Tout le monde se marre, mais on est bien tombé quand même, il aurait pu être pire même s’il n’est pas très net. Le second rouge est un poil viril, avec des arômes marqués d’épices, tout ce que je n’aime pas dans les vins chiliens qu’il m’évoque irrésistiblement. Justement, c’est un carménère bordelais du Château Le Geai, un bordeaux sup. Le dernier, avec son nez en trompette, tout d’alcool et de chaleur, surprend par une bouche plus fine et plus élégante qu’annoncée. Il annonce 13,5° d’alcool, « il n’a pas voulu changer d’étiquette » rigole l’un de nous. C’est le Château Coupe Roses, un minervois 2010 en magnum, un pur grenache. « Ça, c’est bon » lance un autre. Ce sera l’avis général. Fin du Tupperwine sous les ponts et retour dans un Paris désert et trempé. Sacrée soirée.

Le Pont-Marie noyé de pluie, après le TupperWine


D'autres TupperWines racontés ici, ici et

lundi 24 septembre 2012

Une grosse, grosse affaire
en Bourgogne et à Bordeaux


Nuance et demi-teinte ne font plus partie depuis longtemps du principe même de la communication. « La viticulture bourguignonne est aux abois », c’est la première phrase d’un communiqué de presse émis par le CAVB. Bigre. Que se passe-t-il ? Les « naturistes » auraient-ils fait main basse sur les stocks de sulfites ? Un autre Chinois, annoncé par ses dollars, a-t-il l’intention d’acheter le clos de Vougeot ? Un orage de grêle installé à demeure dans le ciel clair de la côte, de Nuits à Beaune ?

Rien de tout ça. Voilà que des instances américaines ont demandé l’autorisation d’utiliser les mots « clos » et « château », ce qui aux yeux des Bourguignons et de leurs collègues bordelais est une sorte de coup de poignard dans le dos. Je vous vois bailler d’ennui. Il y a de quoi.

D’abord, rappeler que « ces termes sont libres de toute contrainte, il suffit de les enregistrer dans le cadre d’une marque pour pouvoir les utiliser », comme le rappelle finement Amélie Couture sur le site MyBettaneDesseauve.fr, citant le CAVB qui est bien conscient du droit américain.

Se dire qu’au fond ces mots ont été utilisés à tort et à travers en France d’abord. Cheval Blanc, La Conseillante, Angélus, Pavie, Fieuzal, Meyney, Tertre-Rotebœuf et tant d’autres sont-ils vraiment des châteaux ? Vraiment pas. Une maison de campagne ici, des bâtiments techniques là, une bastide provençale ailleurs, souvent des chartreuses ou de grosses maisons de maîtres. Et combien de clos n’ont plus de murs depuis longtemps ? Est-ce que ça a de l'importance ?

 Se souvenir qu’il y a belle lurette que des producteurs libanais, israéliens, américains ont baptisé leurs vins « châteaux » sans demander l’autorisation à quiconque et sans que personne ne lève une paupière.

Se rengorger de fierté en se disant que nos vins (et leurs désignations) ont tant d’attrait qu’on cherche partout à les singer et que ce n’est pas un hypothétique Château Nobody qui va faire du tort à l’excellence de la production hexagonale. Oui, même à l’export, même chez une clientèle inculte (qui n’est pas la clientèle de nos grands vins, soit dit en passant). Y voir un hommage. Un peu lourdingue, certes, mais quand même.

Et retourner vaquer à nos occupations favorites. Passe-moi le tire-bouchon.  

La photo : une poterne ancienne dans les vignes de Givry. Est-ce vraiment reproductible ? Non. (D.R.)

vendredi 21 septembre 2012

Les aventures de Pierre Seillan à Saint-Émilion


C’est tout de même extraordinaire cette soif de démultiplication. L’ubiquité du vigneron en marqueur des temps modernes. Sans nous attarder sur les flying winemakers à propos desquels tout a été dit, il y a d’autres spécialistes du je-suis-partout. Les grands collectionneurs de châteaux, de domaines, déjà. Ils ne sont pas à proprement parler des vignerons. Et il y a les grands vignerons qui ne sont pas vraiment des collectionneurs. Les uns partagent avec les autres un goût immodéré des vins qui portent leur signature. Et ce n’est pas une crise d’ego mal placée. Les uns vous parleront de stratégie, les autres de leur mission, un rapport à la terre d’essence quasi-divine. La vérité est ailleurs, mais bizarrement, ils ont tous du mal à l’avouer. Ils sont simplement passionnés dans des proportions inhabituelles au commun des mortels. Ils sont dévorés par la vigne, le vin, les mystères de la fermentation, cette envie d’épater le reste du monde avec des saveurs et des arômes exclusifs, la course à la reconnaissance. C’est une drôle d’histoire, un engagement rare, une vocation, tout ceci est très humain. Et une étonnante envie de partager, très peu… partagée, justement. C’est aussi une manière de voyager, de posséder une poignée de portables, une carte Flying Blue Silver, une importance, il y a de l’impétuosité, là-dedans. Ces hommes auraient fait merveille à la tête d’un bataillon dans les guerres romantiques des livres d’histoire. Mais les guerres ne sont plus romantiques du tout et celles qu’ils mènent à coups de bouteilles ont à faire avec la conquête d’un monde qui n’est pas le grand monde. Un univers feutré de grands amateurs qui savent le prix de leurs gourmandises.

Pierre Seillan est de ceux-là, un vigneron en prise avec la planète au sens le plus large. Le grand écart au-dessus de l’Atlantique Nord et retour, en permanence. Les lecteurs de ce blog le savent, Pierre Seillan est un de nos favoris, un chouchou de BonVivant. On l’a raconté dans la Sonoma, le voici à Saint-Émilion. On le verra bientôt en Toscane, dont la photo ci-dessus constitue un avant-goût.

Tout commence le jour où il rencontre Jess Jackson, un grand Américain au regard clair, un milliardaire comme la Californie sait en produire. Un homme de cœur pour qui l’argent allait de soi et dont la vraie fierté aura été son action en faveur des droits civiques et pas les 100 points de Robert Parker pour son vin californien. Le grand Jess, disparu l’an dernier, avait eu un jour envie d’une résidence secondaire dans la fraîcheur tempérée du nord de la Californie. Il l’avait trouvée, il y avait un jardin et quelques vignes. Mais l’idée même de l’Amérique est tenace. À sa mort, ce vignoble se comptait en milliers d’hectares, en dizaines d’étiquettes. La clairvoyance étant aussi une qualité de l’entrepreneuriat US, il a vite compris qu’il lui fallait un vignoble-vitrine, une locomotive pour entraîner tous ses autres vins. Lucide (oui, en plus), il se tourne vers la France pour trouver le right man et l’installer à la right place. C’est sur Pierre Seillan que ça tombe. Jess Jackson aura été la chance d’une vie pour ce Gersois à la carrure (et à l’accent) de rugbyman. Il se trouve, naturellement, que Pierre Seillan avait toutes les qualités requises pour relever le gant. Autrement, il aurait été vite remplacé, les Américains sont comme ça. Il a commencé avec la création du domaine Vérité, dans la Sonoma, la vallée voisine de la Napa, vers l’ouest. Un endroit fait pour la vigne et les grands vins. Là, il a mis en œuvre sa théorie des micro-crus. Patiemment, il identifie, parmi les vignes de la Jackson Family, les parcelles porteuses d’espoir. Comme il ne se trompe pas, ça marche. Les trois vins de Vérité sont nés. Un assemblage à base de cabernet-sauvignon, un autre fondé sur le merlot et le troisième, cabernet franc en majorité. Dans le même temps, Pierre Seillan se penche sur le fabuleux domaine toscan des Jackson, près de Sienne. Là, comme en Californie, il applique les mêmes méthodes. Cépages internationaux, les vignes au milieu d’une belle nature, polyculture. Aujourd’hui, on dit bio-diversité.

Et puis, un jour de canicule, on retrouve nos deux compères sur la côte. Pas la Côte d’Azur. Non, la Côte Pavie à Saint-Émilion. Là, un petit domaine est en vente. Le Château Lassègue, exemple parfait de la belle endormie. Voici 24 hectares sur le coteau, position exceptionnelle dans l’un des vignobles les plus connus du monde. Il n’en faut pas plus. Le milliardaire fait monter le vigneron au capital, le collaborateur s’associe avec son patron. Une position rare dans les grands vignobles du monde. Pourquoi ? Réponse de l’intéressé : « Nous partagions la même vision de la viticulture. Jess savait bien qu’il avait vingt ans de plus que moi et je pense qu’il a souhaité m’attacher encore un peu plus à sa famille. Il voulait aussi quelqu’un qui connaisse bien Bordeaux. Je crois que mon franc-parler, bien peu diplomatique, lui plaisait et nous avons toujours entretenu une relation honnête et loyale. » Au mois d’octobre 2003, la transaction est signée et la nouvelle aventure Lassègue peut commencer.

Premier constat, la vigne est dans un état exceptionnel. Le propriétaire d’avant était un fier vigneron et ses vignes, âgées d’une quarantaine d’années en moyenne, montées sur d’excellents porte-greffe, constituent un matériel végétal de premier ordre auquel Pierre ne touchera pas et n’a toujours pas touché, près de dix ans plus tard. Pierre ne cesse de monter et descendre le coteau, il y détermine une petite trentaine de parcelles, toutes vinifiées séparément, « J’y ai découvert une sorte de crescendo de calcaire avec des argiles fortes, c’est l’un des plus beaux terroirs qu’il m’ait été donné de cultiver. Et son exposition intégrale sud-sud-ouest est excellente. » Secrètement, il est ravi. Il sait qu’il tient là de quoi réaliser son grand’œuvre. Peu à peu, millésime après millésime, il gravit les échelons qui mènent à l’excellence. Le guide Bettane & Desseauve ne s’y trompe pas. En août 2011, voici ce qu’on peut lire sur le grand vin de Lassègue : « Peu à peu, les vins trouvent leur style, consistant et puissant, gagnant progressivement en finesse, ce qu’autorise largement le terroir. » Et, à propos du millésime 2009, Thierry Desseauve note que le tanin « est beaucoup plus fin que dans les millésimes précédents. Si le vin demeure large et ample, il possède un tout autre équilibre en bouche. » Amateur de très beaux raisins, il fait tomber les rendements. Aujourd’hui, ils s’établissent en deçà de trente hectolitres à l’hectare. Il crée un second vin, Cadrans de Lassègue, entreprend la construction d’un nouveau chai accoté au château, comme une aile en retour, mais dans la tradition. « La chartreuse à deux tours mérite sans doute d’être améliorée, mais pas d’être bousculée. Je suis issu de cette région, je voulais rester dans la pierre de Saint-Émilion. Je dois dire que je ne comprends pas bien cette frénésie architecturale qui s’est emparée de certains de nos voisins, grands ou petits. Cette région est classée au Patrimoine mondial de l’humanité. Il y a d’autres moyens de se faire remarquer. » Ça, c’est dit.

Et ce n’est pas tout. Peu à peu, de bouts de phrases inspirées en longs monologues, il se dégage une sorte de philosophie. Pas forcément des vérités, mais un fil rouge. Écoutons. « Le vin n’est pas un produit de première nécessité. Pour que le monde s’y intéresse, il faut faire très bien. Si on parvient à capturer les messages de la terre, à faire entrer le terroir en résonnance, on passe du commun à l’exceptionnel. » Ou encore, ceci. « Il faut signer le vin. Un lien doit s’établir entre la terre, le terroir, et le vigneron. Il faut aller vers le produit unique. Il y a des grands artistes et il y a de grands artisans. J’essaie d’être l’un d’eux. C’est en gardant ça dans un coin de la tête, que les vins s’élèvent, dans tous les pays. Chez les amateurs, il y a de la curiosité, parfois du snobisme, ou de l’esprit. Chacun cherche une dimension supérieure. Et la trouve, ou pas. » Ce grand spécialiste des cépages bordelais a vite fait d’être critiqué, comme d’autres avant lui. Mais il sait se défendre : « Je m’adapte à la climatologie de chacun de mes vignobles. J’observe la végétation. Les arbres, l’herbe. La force des arômes dans les feuilles m’informe sur la nature du sol. J’oriente mes vinifications en fonction de ces messages. Je n’ai pas de protocole unique. » En l’écoutant, on comprend mieux pourquoi château-d’yquem est son vin préféré, il le confirme : « La force d’Yquem, c’est la diversité de ses terroirs. C’est ce qui fait son incroyable complexité. »

Cet homme est un terrien d’une nature peu commune. Il avoue un goût particulier pour les promenades en forêt, là où la terre est plus présente, là où le téléphone ne marche pas. Et son jardin secret, ce petit vignoble dans la propriété qui l’a vu naître quelque part entre Auch et Lectoure, il n’en parle qu’avec une certaine réticence. Premier millésime : 2011. Ceux qui le connaissent savent bien que c’est là qu’il ira suivre les battements du pouls de la terre, le jour où. Quand enfin, il aura mené tous les vignobles dont il a la charge à la place qu’il leur a assignée. Sur le podium, chacun dans son appellation.


La photo : Pierre Seillan, photographié par Mathieu Garçon, en Toscane. 
Ce sujet a été publié sous une forme différente dans le numéro de septembre de Vigneron.

Deux autres sujets sur Pierre Seillan, ici et

 

jeudi 20 septembre 2012

Laurent-Perrier, elles ne sont pas vendeuses

Un haut mur qui n’en finit pas, masque difficilement les frondaisons des grands arbres de ce qui a tout l’air d’être un beau parc. C’en est un. On arrive bientôt à la grille d’entrée, l’élégance du fer forgé. Là-bas, au bout de l’allée, la façade austère et belle d’un petit château de campagne, flanqué de ses communs en retour d’équerre. La cour pavée. La belle entrée traversante qui découvre l’ordonnancement finalement assez simple d’un jardin à la française en devenir.
Nous sommes à Louvois, le château de réception de Laurent-Perrier. Une acquisition récente pour la maison de champagne, dont l’ensemble des activités s’est toujours tenu à Tours-sur-Marne, à quelques kilomètres de là. Bernard de Nonancourt habitait à côté de son bureau et ses filles ont été élevées entre les chais et les caves. Pourtant, ce château de Louvois leur ressemble. Il a de l’allure sans être un séducteur. Aujourd’hui que leur père a disparu, Alexandra et Stéphanie assurent la direction de la maison en gardant en tête l’esprit de ce père tout-puissant, « notre père a fait du champagne avec une image de la France et une perception fine de l’esprit français ». Avec humilité et réalisme, elles se sont entourées des compétences nécessaires à la réussite d’une grande marque de Champagne. Elles s’appliquent autant qu’il est possible à perpétrer le souvenir de leur père, sa vision, sa force.
Bernard de Nonancourt était un grand homme qui a traversé le siècle et sa propre vie avec infiniment d’éclat et d’altitude. Il est à l’origine de deux ou trois innovations. L’une d’entre elles mettra longtemps à s’imposer, c’est le concept du champagne sans sucre ajouté au moment du dégorgement. On dit alors qu’il est non-dosé. Il s’agit d’un champagne plus tonique que les autres, le vin blond dans sa vérité. Aujourd’hui, de nombreuses maisons embouteillent des non-dosés, pas toutes. C’est un tout petit marché réservé aux amateurs éclairés, dont l’Ultra-Brut de Laurent-Perrier aura été, en quelque sorte, l’éclaireur. Il a aussi jeté les bases d’une cuvée haut de gamme, un assemblage de grands crus dans trois millésimes d’exception, qui tient la dragée haute aux millésimés de toutes sortes qui fleurissent en Champagne. Une légende-maison veut que ce soit le général de Gaulle qui ait trouvé le nom de la cuvée dans le feu d’une conversation avec Nonancourt. Ce champagne s’appellera Grand Siècle.
Être les héritières d’une grande maison de Champagne est probablement une chance dans une vie, mais pas seulement. Ces grosses machines, comme toutes les entreprises modernes qui composent avec le public, sont lourdes et compliquées à mener. Elles exigent de l’anticipation et, s’agissant de transformation de produits agricoles, des nerfs d’acier. Alexandra et Stéphanie de Nonancourt le savent, et cela fait partie de leurs gènes comme des fondamentaux de l’entreprise. Pourtant, elles préfèrent s’exprimer différemment. « Le champagne porte une part de spirituel, on n’ouvre pas une bouteille de champagne, si on ne le fait pas à l’intention de quelqu’un. » Elles parlent aussi de la philosophie qui guide leur action, du désir de pérenniser l’œuvre entreprise, de « cette énergie qui a permis de reconstruire la France après la guerre et dont Laurent-Perrier détient une part ». Elles disent les investissements les plus récents, la modernisation permanente de l’outil de production pour poursuivre la croissance.
Seulement, ici ou là, à Reims ou à Épernay, on entend un autre son de cloche. Les plus matois des Champenois assurent que Laurent-Perrier ne tardera plus à être mis en vente. Une conjecture qui, bien sûr, agace prodigieusement les deux sœurs. C’est Alexandra, l’aînée, qui précise les choses : « Pas touche à Laurent-Perrier. Depuis longtemps, nous avons décidé de poursuivre et, depuis 2005, mon père avait tout organisé, tout mis en place dans ce sens. Ce pays n’aime pas les entreprises familiales et les héritiers. Chacun pense que tout ça vous tombe tout cuit dans le bec, alors que ça coûte très cher. L’entreprise est cotée en Bourse et la famille en possède 57 %, dont une part pour les livreurs et les salariés. Si nous avons décidé de continuer, c’est après en avoir mesuré toutes les conséquences et avec le plein accord des équipes compétentes qui assurent l’opérationnel de cette maison. Que chacun s’échine à prédire une vente prochaine, très bien. Mon père disait qu’il vaut toujours mieux être belle et désirable. C’est le cas de la maison Laurent-Perrier. » Si elle ne se met pas en colère pour autant, Alexandra de Nonancourt ne laisse aucune place à la contradiction ou aux arguties. Et pourquoi, d’ailleurs ?
2012 marque le bi-centenaire de Laurent-Perrier et Alexandra et Stéphanie ont bien l’intention d’accompagner l’héritage familial vers son tri-centenaire aussi longtemps que possible.


La photo : de gauche à droite, Stéphanie et Alexandra de Nonancourt au château de Louvois, photographiées par Mathieu Garçon. 
Ce sujet est paru sous une forme différente dans le numéro de septembre de Série limitée-Les Échos

mercredi 19 septembre 2012

Lovely Fieuzal


Les fleurs délicates des troènes embaument qui font une haie entre les voitures du parking et le chai. Plus loin, la vigne exulte entre pluie et soleil. L’été pourri, la liane adore et le vigneron, moins. « C’était pas l’année pour être en bio », dit-il. Non, cette année a juste permis d’ajouter une ride sur le front du gars athlétique qui vous tend une main large et ouverte, on voit bien le souci, il engage la conversation pile où ça fait mal en ce moment. L’agriculture est un métier difficile. Pourtant, nous sommes dans le doux vallonnement des Graves, un terroir béni, agréable à vivre, à cultiver. Ici, oubliés l’austère platitude du Médoc, les chamboulements géologiques du Libournais, il y a une élégance dans ce décor sans excès. Mais l’été pourri s’en moque, il a simplement omis le bon coup de grêle sur les vignes de Fieuzal. Le vignoble est bien le seul endroit où l’on peut admettre que le chassé-croisé du soleil et de la pluie, le chaud, le froid, le vent, la météo quoi, constituent une conversation.

Ce n’est pas compliqué d’établir un contact avec Stephen Carrier, le patron de Fieuzal. Le Champenois expatrié en terre de Bordeaux est aussi ouvert qu’il est énergique. Vite, le dialogue roule sur ses vignes, son nouveau chai, surtout. Des travaux importants, menés de main de maître dans des délais raisonnables. On aura creusé jusqu’à sept mètres de profondeur et il faut bien connaître l’endroit pour s’apercevoir qu’il a changé. C’est bien joué, ce coté rien-ne-bouge. Le faux portique d’accès a été enlevé, rendant ainsi au bâtiment une certaine simplicité de bon aloi. Dans la partie en retour d’équerre, des chambres d’amis sont en fin d’aménagement. Pour autant, le château de Fieuzal s’il rejoint le standard des grandes maisons, ne retrouve pas un lustre qu’il aurait perdu. Le château n’est pas historique.

Le vignoble a été créé au début du XIXe siècle par une certaine Lovely Fieuzal, ça ne s’invente pas. Poor Lovely n’avait que des vignes, pas de château, pas de vin blanc. Le blanc était produit en face, au château Haut-Gardère. Banque Populaire avait acquis les deux vignobles de la famille Ricard (rien à voir avec le pastis), aussi propriétaire du Domaine de Chevalier et de Malartic-Lagravière, joli portefeuille, o tempora, o mores. Au début des années 90, Banque Populaire réunit Fieuzal et Haut-Gardère. Puis le cède à l’homme d’affaires irlandais Lochlann Quinn en 2001.

Stephen est arrivé en 2007. Déjà, en 2008, la différence était sensible et saluée par Michel Bettane, très concentré sur les blancs, il dira « Je retrouve les grands blancs de Fieuzal des années 80. » L’époque où Fieuzal était une référence. Stephen Carrier le sait, il sait que la barre est placée très haut, c’est précisément ça qui l’intéresse, il sait où il va, c’est plus pratique. « J’ai arraché une vingtaine d’hectares de vignes depuis 2007. Je prévois d’en replanter une dizaine. Je veux revenir à une majorité de sauvignon. Le sémillon, c’est séduisant, mais le sauvignon assure la colonne vertébrale. Rendez-vous dans dix ans. » Des grands blancs de garde, c’est la direction.

Pourtant, à Fieuzal, les blancs n’occupent que 10 hectares sur les 90 que compte le vignoble. Soit selon les années 3 à 4 500 caisses, contre 18 à 24 000 caisses de rouges. La production se répartit entre le grand vin, château-de-fieuzal et le second, abeille-de-fieuzal. 30 % de grand vin et 70 % de second en blanc, 50-50 en rouge. Il n’est pas content avec ces pourcentages et il le dit : « Moi, j’ai appris le métier avec Jean-Michel Cazes et Daniel Llose. Je leur dois beaucoup, ils m’inspirent sans cesse dans mon travail. De leur philosophie, j’ai retenu qu’à Bordeaux, on est là pour produire de grands vins en grand nombre. Il est là, le challenge. C’est plus facile de produire 3 000 bouteilles d’une bête à concours et le reste en second vin, pas cher, vite vendu. Faire 250 000 cols de grand vin et le vendre à un bon prix, c’est une autre histoire. Cette course, c’est Bordeaux. Et pas seulement, la Champagne est dans la même logique. Quand c’est bon, il faut que ça se voie. Si les marques de champagne sont connues, c’est aussi parce qu’il y en a beaucoup. Dom Pérignon, c’est la spirale gagnante. » Il y a des sujets où il est intarissable. Celui-là, ce réalisme économique, en est un. Il n’est pas un romantique de la grappe, un inspiré du bouchon. C’est assez rafraîchissant, cette nouvelle génération bordelaise. Pour ces filles et ces garçons, les petits rendements sont un problème, pas une profession de foi. Ils n’ont qu’un seul credo, les grands vins bus par un maximum de gens. Ils ont la mémoire de ce qui s’est passé sur ce terroir d’excellence, ils n’ont aucune prétention, de leçons à donner à personne, ils s’en occupent. Produire pour vendre, cette douce évidence qui garantit les lendemains.

Fieuzal, terre rouge, donc. Il suffit de lire le Bettane & Desseauve pour se rassurer, les rouges ne sont pas à la traîne. Dès sa deuxième vendange, Stephen Carrier s’attire ce commentaire, assorti d’un joli 16/20, avec son grand rouge : « Nez épanoui de fruits rouges et noirs très mûrs, développant des notes florales suaves et un joli boisé, bouche franche, fruitée, avec des tanins vifs, de la suite et un bon équilibre. » Si ça ne donnait pas soif, ça donnerait faim.

Stephen Carrier, volubile quand il s’agit de son vignoble, de ses vins, est plus taiseux quand il s’agit de lui. Pas facile de percer la carapace. La pudeur des blessures ou de la bonne éducation. Penchons pour la seconde solution. Il a grandi dans une famille de viticulteurs vers Bar-sur-Aube, cette Champagne pouilleuse sans laquelle il n’y aurait pas de champagne. « Je ne me suis jamais posé de question sur mon avenir. Le vin était une prédestination. Pour la consommation familiale, mon grand-père faisait un rouge léger et abominable que j’adorais avec de la limonade. Et tous mes copains étaient dans les vignes. En même temps, j’avais envie de bouger. » Il y a des hivers en Champagne où l’appel du large a des circonstances atténuantes. « Premier stage dans la Napa, en Californie. Comme Michel Rolland était le consultant, il y avait plein de stagiaires bordelais. De fil en aiguille, j’ai eu les bons branchements et je me suis retrouvé dans le Médoc, à Pichon-Baron, propriété du groupe AXA, gérée à l’époque par Jean-Michel Cazes. J’ai bien passé un entretien à Latour, mais ça ne s’est pas bien passé. » Il faut quasi lui tordre un bras dans le dos pour qu’il raconte la bévue. « Trop de stress. En dégustant, je faisais tourner le vin dans mon verre et hop, il est passé par-dessus bord. La nappe ruinée. C’était fini. À Latour, on ne salope pas les nappes blanches et voilà. » Ah, ah ah. Il n’en rit pas, en fait. Il en parle mezzo voce, comme on fait d’un très mauvais souvenir, on le sent touché, lui, le gaillard large d’épaules. Plus tard, il retourne en Champagne aux côtés de Philippe Baijot, patron du groupe BCC. Un retour à la maison qui ne dure pas plus de six mois avant la belle aventure chez Cazes, et plus comme stagiaire. Un beau jour, il rencontre Lochlann Quinn. Les deux hommes croient dans leur avenir commun et voilà Stephen aux commandes de Fieuzal.

Continuons à le torturer un peu. Vin préféré ? « Pas de vin préféré. Des souvenirs pour la vie, oui, un clos-des-mouches 90 rouge en magnum. Lynch-bages 86. Bollinger La Grande Année. L’idée, c’est la curiosité, je fais le tour des vignobles en permanence. Tout, de partout, c’est ma devise. »
Hobbies ? « J’ai développé un goût un peu bizarre pour les grands stades pleins. Mon rêve ? La Coupe du monde de football au Brésil en 2014 avec mes fils. »
Du sport ? « Course à pied, tennis, foot en salle avec des copains, mais de façon sporadique, jamais dans la continuité, pas assez discipliné. » Pour finir, il se déclare fasciné par Bordeaux. C’est la Californie, dit-il. Un bémol ? « En même temps, je n’aime pas l’inertie du monde installé. Je n’aime pas les gens qui savent. L’histoire, les traditions, c’est bien, mais ça peut être un frein. »
Un jour, il partira de Fieuzal, bien sûr, mais pas maintenant. « Je veux laisser Fieuzal au plus haut niveau. Une grosse production de grands vins, à l’image de Lynch-Bages qui est mon bon exemple. » On l’avait compris, Stephen. Mister Quinn, vous êtes tranquille.


La photo : Stephen Carrier, photographié par Mathieu Garçon. Ce sujet est paru sous une forme différente dans le numéro de septembre de Vigneron

Stephen Carrier et ses collègues, ici
Directeur de château, c'est un drôle de métier ? Oui. Lire ici

mardi 18 septembre 2012

« OK, OK, j’aime le lynch-bages »


J’ai eu la chance de rencontrer le célèbre réalisateur américain à Los Angeles à l’occasion du lancement mondial du dom-pérignon 2003 en juin. Nous nous sommes parlé. Voilà ce que nous nous sommes dits. Au-delà du champagne, c’est assez édifiant. David Lynch est épatant. Interview.

Et voilà que vous plongez dans le champagne…
Oui. Les gens de Dom Pérignon m’ont demandé de travailler avec eux sur l’image de la marque.

Pourquoi avez-vous accepté ?
Money. Et aussi parce que j’avais le droit de chercher quelque chose de neuf, de jouer avec des technologies, de découvrir.

Vous aimez le champagne ?
Je ne suis pas ce qu'on appelle un grand amateur, mais je comprends pourquoi on aime Dom Pérignon.

Travailler sur ce sujet, c’était un grand changement ?
Non. Quand vous travaillez, vous plongez dans votre travail. Ce n’est pas un problème d’univers, mais de concentration. J’ai fait des publicités en Europe et la liberté d’action y est bien plus grande qu’aux USA. Et puis quand on vient vous voir en vous disant « OK, allons-y », c’est toujours très excitant.

Vous avez une méthode ?
Oui, j’en ai une, pour tout ce que j’entreprends. Rester en accord avec moi-même. Respecter mes idées. Ne jamais abandonner celles qui me semblent bonnes, et être en charge de la décision finale. On a toujours le contrôle sur ce qu’on fait, mais plus rarement sur le résultat final. C’est dommage.

C’est un sujet facile, Dom Pérignon ?
Il faut laisser libre cours aux images qui s’y associent et s’en inspirer. Les bulles, évidemment, la forme de la bouteille, une envie lumineuse. J’ai ajouté l’électricité, le feu, la fumée et des techniques photographiques. En fait, il s’agit d’une grosse journée de travail qui fait une sorte de grand final à plusieurs semaines de rêverie.

Vous sentez-vous proche de Pierre Pérignon, moine à l’abbaye d’Hautvillers ?
Oui. Il avait le goût de l’expérimentation. C’est important d’innover. Aboutir et goûter, écouter, observer, se poser la question : « Qu’ai-je fait de nouveau aujourd’hui ? ». Et tenter d’y répondre.

Votre plus grande joie ?
Être toujours en vie, avec mes neuf ans d’âge mental et mes dix-sept ans d’âge physique. Avoir toujours la capacité de m’émerveiller et la cultiver. Les idées viennent de tout, de partout, mais il faut être en position de les recevoir. Être un homme neuf chaque fois que le soleil se lève. Faire des images vivantes qui donnent envie de les traverser pour comprendre ce qu’il y a dans la bouteille.

Un nouveau film ?
Je ferai un film quand j’aurai rassemblé toutes les idées nécessaires pour le réaliser. Pour avoir du succès, il faut faire ce que l’on aime et en être fier.

Vous aimez le vin ?
Oui, le bordeaux. OK, OK, j’aime beaucoup le lynch-bages, on me l’a déjà faite celle-là (éclat de rire partagé). Ce vin m’est sans doute destiné.

Vous avez un message à faire passer ?
Je n’ai pas assez de Dom Pérignon dans ma cave.

Lire plus sur l’aventure à Los Angeles, ici.


Photo D.R. Cet entretien a été publié dans le numéro de septembre de Série limitée-Les Échos.

lundi 17 septembre 2012

Le bio-man regarde la mer


« Dans viti-culture, il y a culture. » Issu d’une dynastie de six générations de vignerons, Lionel Lavail se laisse volontiers aller au jeu de la formule. Nous ne lui en tiendrons pas rigueur, il fait si bien. Son côté éternel jeune homme affiche 38 ans, des années qu’on sent bien remplies. Depuis qu’il a quitté le giron familial et rencontré les Jeanjean, le rythme a été intense. Recruté par Antoine Leccia pour représenter la marque au Brésil, son premier voyage, Lionel Lavail n’a pas cessé de construire ce qu’on peut appeler une réussite. Et il s’est trouvé en position de s’associer avec le groupe Jeanjean pour reprendre le Domaine Cazes, 220 hectares d’un seul tenant au-dessus de Collioure et de la Méditerranée.

La passation de pouvoir entre les Cazes et les nouveaux propriétaires n’a jamais eu lieu, en fait. Lionel Lavail : « On ne peut pas faire table rase du passé quand il s’agit de gens bien. Emmanuel Cazes est responsable technique des vins et André Cazes, l’homme qui a fait la maison, s’il est à la retraite vient ici tous les jours, nous sommes très proches, il me conseille, il me tempère. »
Nous sommes dans le Roussillon, une terre bénie des dieux, ce qui lui a permis d’engager l’ensemble du domaine en culture bio-dynamique. C’est sans doute le plus grand domaine français conduit de la sorte. C’est aussi la règle dans le groupe dont il dépend. En effet, Advini (l’entité issue de la fusion entre Jeanjean et Laroche) a une règle : la viticulture propre. Sur les 1 500 hectares possédés par Advini, la moitié est en bio ou en biodynamie et l’autre moitié est en conversion. Il n’y a pas d’autres exemples d’un tel engagement sur de telles surfaces réparties sur tous les terroirs de France, Chablis, Languedoc et Roussillon, Vallée du Rhône, Saint-Émilion, Provence. Lionel en tire une raison supplémentaire d’être heureux : « Oui, je suis fier de faire partie du groupe Advini. Je ne dis pas ça par flagornerie, mais voilà une entreprise qui mise tout sur les hommes, qui comprend pourquoi le temps de la vigne est long, qui ne vous met pas le couteau sous la gorge pour faire des résultats à tout prix. »

Et le vin ?
« Ici, les rendements sont trop faibles pour faire du bas de gamme. Sans jouer l’élitisme, nous maintenons notre production dans une bonne qualité. »
Ce que confirme le guide Bettane+Desseauve qui dit ceci de son collioure :
« vin harmonieux alliant finesse et élégance, avec une belle suavité. »
Exactement ce qu’on peut avoir envie de boire.

Un vent léger se lève avec le soir sur la baie de Collioure. Ce petit port qui aurait pu avoir un destin à la Saint-Tropez n’a pas eu sa Bardot pour affoler l’Européen du nord, il est resté dans son coin à l’usage exclusif d’une poignée d’aficionados et de quelques campeurs d’où un calme étonnant. Lionel Lavail n’évoquera pas ses activités associatives et caritatives. Le Méditerranéen est comme ça.
Avec ses airs bravaches, il est d’une pudeur de demoiselle. Mais il n'échappe
pas à son sang.

La photo : Lionel Lavail dans l'encadrement de la porte d'un casot, au milieu des vignes, photographié par Mathieu Garçon. Ce sujet est paru sous une forme différente dans le numéro de septembre de Série limitée - Les Échos.


dimanche 16 septembre 2012

Les petits magnums


Il s’en est fallu de quelques semaines pour que deux des maisons les plus emblématiques du meilleur de la Champagne ne sortent leurs nouveaux flacons ensemble. Priorité à Bollinger devant Charles Heidsieck. L’un comme l’autre a retrouvé dans ses archives de vieux flacons dont les chefs de caves respectifs, Mathieu Kauffmann et Thierry Roset, ont décidé qu’ils avaient toutes les qualités du monde. Et, particulièrement, la faculté de reproduire les qualités de vieillissement propres au magnum dans un format 75 cl. Il s’agit d’une équation compliquée qui prend en compte la longueur du col, son étroitesse, le diamètre du corps, l’angulation des épaules. Tout ceci confère au vin une longévité nouvelle et une maturation plus harmonieuse. Chacun en a profité pour réfléchir longuement à un nouveau look pour les étiquettes, les capsules, les blasons. Longuement parce que dans ces maisons sérieuses, le vin passe trois à quatre ans en cave. Ce qui laisse des loisirs aux services de marketing.

Si Bollinger a opté pour un léger lifting, Charles Heidsieck a plongé — nouveau propriétaire oblige — dans une refonte complète de l’image de la marque, retrouvant au passage quelques fondamentaux historiques de la maison.
Les amateurs trouveront surtout que ces bouteilles sont très belles.

Les connaisseurs n’auront pas manqué de faire un rapprochement avec l’historique bouteille de Krug, c’est l’inspiration évidemment. Il faut dire que c’est la plus belle bouteille de champagne qui se puisse trouver. Et glissons sur la vaine tentative d’un grand opérateur champenois qui s’offusquait sottement de voir apparaître des bouteilles qui ressembleraient à la sienne, pfff.

vendredi 14 septembre 2012

Le nouveau verre Lalique
est-il seulement très beau ?


La cristallerie historique a été reprise in extremis par le premier des collectionneurs des œuvres de René Lalique, Silvio Denz, aussi connu pour être le propriétaire de Château Faugères, nouveau promu au rang de grand cru classé de Saint-Émilion. Ce garçon est également propriétaire de vignobles en Toscane et en Espagne. C’est peu de dire qu’il aime le vin.

Quand il a acquis Lalique, il n’avait pas dans l’idée d’installer la célèbre marque sur le marché très disputé des verres œnologiques. Un business largement cornaqué par Riedel, grand professionnel autrichien de la dégustation, qui détient également quelques-unes des marques les plus diffusées, Spiegelau, etc. On a vu arriver des Italiens qui peinent à imposer leurs productions. Récemment, c’est Baccarat qui a sorti un verre magique (ici) conçu par un spécialiste, Bruno Quenioux. Des franc-tireurs de talent comme Laurent Vialette, expert reconnu en vieux millésimes ou Philippe Jamesse, le grand sommelier des Crayères à Reims, ont dessiné de très excellents verres, mais sans la puissance de feu des gros acteurs du secteur.

Un beau matin, Silvio Denz reçoit un coup de fil du dégustateur américain James Suckling qui lui propose de réaliser un verre œnologique pour Lalique. Il a donné suite et voilà « 100 points », un objet d’une grande beauté.
Je l’ai testé avec un vin banal, un petit saint-estèphe 2006, ce n’était pas une très bonne idée. Le vin s’en est sorti avec le Baccarat, où il fait illusion au nez, mais pas plus. Il semble que les performances du Lalique et du Riedel soient très proches, tout ceci demande une confirmation. Je recommencerai avec d’autres vins de meilleure tenue (et d’autres dégustateurs de meilleure tenue, aussi).

En attendant, le Lalique est très séduisant, d’une rare élégance, d’une parfaite simplicité. La jambe striée à côtes dépolies offre une prise épatante, le côté anti-dérapant est plutôt sensuel, c’est bien. Pour tous ceux qui se désolaient de n'avoir pas un très beau verre œnologique, la case est désormais cochée, plus de raison de se plaindre. Le prix, 100 euros, est… comment dit-on ? Sélectif ?

La jambe striée à côtes dépolies, c'est ça



Les photos viennent de chez Lalique

mercredi 12 septembre 2012

Marie-Odile a un frère, un père, un site


Marie-Odile a un frère, un œnologue qui fait aussi de très jolies photos. Marie-Odile a également un père, c’est courant. Un œnologue catégorie « grands hommes », disciple de l’indispensable Émile Peynaud et conseiller des plus grands châteaux de la Rive gauche bordelaise.
Bienvenue dans la célèbre famille Boissenot.
Si les garçons sont plutôt œnologues, on l’a vu, Marie-Odile a choisi de créer un site de vente de vins sur internet. Non, elle ne présente pas tous les grands dans tous les millésimes à -20 %, il n’y a qu’un seul site pour ça et je ne vous le conseille pas. Oui, elle commence avec une amie brésilienne, et l’affaire en est à ses balbutiements, mais ça vaut la peine d’aller voir.

Pourquoi ?
C’est Jacques Boissenot, le père, qui signe les commentaires de dégustation des vins proposés à la vente. C'est clair, net, précis, l'homme n'est pas un poète.
L’ambition affichée est assez mesurée pour être crédible.
L’honnêteté des animateurs du site ne fait pas de doute.
J’aime bien le champagne brut zéro de Tarlant à 23 euros.

Le site s’appelle De Bordeaux et d’ailleurs. Ce qui ne signifie pas que vous trouverez des vins étrangers, mais juste étrangers à Bordeaux. Pour une Bordelaise, l’effort est louable.

Cliquez ici et visitez ce jeune site, émouvant dans son dépouillement et son offre réduite, valeureux dans sa tentative, enthousiasmant dans sa vérité. Bienvenue dans le monde difficile d'internet, Marie-O.

La photo : comme je n’ai pas de photo de Marie-Odile Boissenot, fondatrice du site, voici quelques jolis verres. Au moins, ça donne soif.

Les photos de son frère, Éric Boissenot, exposées à Brane-Cantenac et ici

lundi 10 septembre 2012

Stéphane Derenoncourt dit ce qu’il pense
du classement de Saint-Émilion


Il y a beaucoup de gagnants au grand jeu du Classement de Saint-Émilion 2012 et Stéphane Derenoncourt est l’un d’entre eux. Avec trois vins qui accèdent au statut de premiers crus classés B, c’est une belle performance.
Larcis-Ducasse, collaboration de Stéphane depuis 2002. Canon-La Gaffelière et La Mondotte, les deux propriétés de Stephan von Neipperg (l’homme qui a
« inventé » Derenoncourt) avec qui il travaille depuis 96, année de création de La Mondotte.
J’ai eu Stéphane au téléphone avant qu’il s’envole pour Beyrouth. Non, il ne fait pas partie des services spéciaux, il fait du vin au Liban aussi.

Voilà ce qu’il en dit :
« Bien sûr, il y a une justice. Je pense au Château Guadet, déclassé en 2006 et qui, ayant fait tous les efforts nécessaires depuis, retrouve son rang. C’est un joli vignoble, il est bien mené, une belle maison, une vieille histoire de Saint-Émilion. » (voir notre vidéo ici)
« À titre personnel, je suis content. »
« Et on peut aussi avoir un avis un peu plus distancié. Et là, je me dis que l’âme du classement a changé. Nous voilà maintenant dans une logique de certification mâtinée d'une dose de l’École des fans de Jacques Martin. Le côté "tout le monde a gagné" »
« Saint-Émilion était la seule appellation où les crus étaient classés en fonction des terroirs, maintenant on a l’impression que c’est très inspiré du 1855. »
« On s’aperçoit aussi que le travail paie. Celui qui veut investir au bon endroit aujourd’hui et faire ce qu’il faut peut se retrouver classé A dans quinze ans. »
« Le gros avantage, c’est le coup de projecteur mondial sur l’appellation. Très bonne chose. »


Merci Stéphane pour cet avis aussi éclairé que mesuré.




La photo : Stéphane Derenoncourt photographié de dos par Fabrice Leseigneur dans le vignes de Laroche à Chablis.

D’autres sujets sur Stéphane Derenoncourt ici et, en vidéo : ici

dimanche 9 septembre 2012

Un samedi soir dans mes verres

Une bonne table de vrais potes, un menu de princes, les vins qui vont avec. Un samedi soir au ciel, une nuit d’été. Il n’y manquait presque rien.


Champagne brut grand cru 2002, Egly-Ouriet. Non seulement c’est très bon, mais en plus le garçon qui fait ça, Francis Égly, est drôle et sympathique. Dans le genre champagne de vigneron, on est au sommet de l’échelle, la tête dans les étoiles.

Blanc Oltrepo’ Pavese 2011, Sillery, Frecciarossa. Un pinot noir de la région de Pavie, vinifié en blanc. Tous les commentaires de dégustation de Thierry Desseauve en vidéo sur mybettanedesseauve.fr, cette semaine. C'est lui qui m'a donné cette bouteille, bravo et merci.


Rouge beaune-grèves 2007, Vigne de l’Enfant-Jésus, Bouchard Père & Fils, en magnum. Une immensité qui a rassemblé la table dans une communion spirituelle rare. Les autres vins ont fait l’unanimité, mais lui plus. C’est le silence qui parle, dans ces cas-là.
Jeune, oui. Un grand vin est bon tout le temps, en fait.


Liquoreux monbazillac 1958, réserve du Theulet, château de la Fonvieille. L’acajou profond d’un Riva bien entretenu. Voilà une curiosité qui avait mangé tout son sucre, laissant une acidité de convenance et une complexité magnifique dans une symphonie d’abricots, de miel, de citron vert. Je n’ai pas retrouvé ce que j’aime tant dans les beaux liquoreux, la sensation qu’on me prend dans ses bras, qu’on enveloppe mes épaules. On l’a goûté sur une salade (melons, huile d’olive, basilic, poivres) où il a fait merveille.

samedi 8 septembre 2012

Un beau rouge sur ma terrasse


Voilà le vin d’hier soir. C’est un dalmeran 2007. Un vin d’appellation Les Baux-de-Provence. Une propriété sublime et voisine immédiate de Trévallon en plein massif des Alpilles, cette montagnette qui traverse la Provence au sud d’Avignon. Dalmeran appartient depuis quelques années à un Anglais adorable, Neil Joyce. Un type tellement content de la vie qu’il rit beaucoup, ce qui en fait un compagnon de boisson très acceptable.
Son vin, il le hisse, millésime après millésime, vers la meilleure qualité et ce 2007 en témoigne. Un vin qui change sans cesse dans le verre, j’ai appris à aimer ça avec les vins d’Hervé Bizeul et ce dalmeran est de cette engeance-là. Il n’a pas ces excès épicés et ces lourdeurs solaires de certains vins de Provence, la finesse est là. C’est un vin digeste et malgré un 14° d’alcool affiché, son équilibre parfait et sa fraîcheur le rendent très amical.
Si vous croisez autour de Saint-Rémy-de-Provence, poussez vers Saint-Étienne-du-Grès, demandez à visiter le vignoble, l’endroit est extraordinaire, c'est la plus belle propriété de Provence que je connaisse.

La photo : une bouteille vide en est la preuve, comme dirait l'autre.

vendredi 7 septembre 2012

Fricote #8, powered by Starck


Fricote, le plus cool des food-magazines, sort son huitième numéro. La petite aventure tourne à la belle histoire. Fan du premier jour, je suis chaque fois un peu plus épaté par la qualité de ce canard. Là, c’est Philippe Starck qui s’est collé à la couverture, avec l’interview à l’intérieur. Et puis, bon, laissons les jeunes gens de Fricote vendre leur sauce puisqu’ils le font très bien (aussi) :

« Avant tout, nous sommes un tube digestif ». Pas le hit de l’été dans le tourne-disque après un repas gargantuesque, on parle ici du système gastro-intestinal du corps humain. Vous savez, celui qui gargouille, se barbouille et vous joue des tours à l’étranger après cette gargote épicée. La citation est anatomiquement juste, et nous vient de Philippe Starck, notre invité de marque dans ces pages et sur la devanture de cet opus de rentrée des classes. L’Iron Man du design frappe là où ça nous parle, et revient « à l’essence des choses » : absorption, élimination, avec entre les deux étapes un maximum de choses intéressantes pour « remplir les paramètres de plaisir » (on vous souhaite en passant la même aventure à la lecture de ce numéro tout chaud, l’élimination en moins). Un tube qui ingurgite, sélectionne et expulse car au final, la vie c’est d’la merde. Et c’est bien la seule fois qu’on vous autorisera à le lire. Bonne lecture, et bonne digestion à vous, cher tube. »

Fricote#8 est chez votre marchand de journaux, faites quelque chose.

mercredi 5 septembre 2012

Le classement des blogs, et fin.


Sur ce blog, là, BonVivant, on aime bien la bagarre, la compète, les classements, tout ça. Sous réserve d'y voir clair. Là, la maison ex-Wikio donne BonVivant 24e derrière une foule de gens que je ne connais même pas et qui ont à peine publié. 24e après un mois d'activité soutenue aux termes de ce qui compte dans le classement quand on lit leur littérature ? Je ne comprends plus. Donc, assez ri. Sauf avec l'image ci-dessus (smiley avec un œil ouvert et l'autre fermé).
Je ne retire pas BonVivant pour l'instant, mais je ne joue plus. Il paraît qu'on vit très bien sans.

mardi 4 septembre 2012

Le nouveau classement de Saint-Émilion
(peut-être)


Chacun sait comment les choses se passent, tant que le classement n’a pas été publié, il n’existe pas. Perdons-nous en conjectures, c’est amusant comme jeu.

Voici à peu près ce qu’on entend dans les ruelles médiévales du fameux village, les nuits où le vent porte la rumeur :

- Angélus et Pavie passent de classé B à classé A, rejoignant ainsi au sommet de l’appellation les grands Ausone et Cheval Blanc. En écoutant bien, on apprend que cela ne plairait qu’à moitié aux classés A canal historique qui voient d’un sourcil agacé les deux nouveaux impétrants. Certain menacerait même de quitter le classement, un peu comme Latour qui quitte les primeurs, le cavalier seul étant une tentation pour ceux qui, en voyage dans les étoiles, veulent s’affranchir de la plèbe. Il va de soi que je n’en crois rien. On est là dans le ragot pur et dur. Il y en a d’autres, atroces, que je vous épargne.

- Jean-Luc Thunevin aurait obtenu pour son Château Valandraud la mention Grand cru classé. Mais le wonder-boy a d’autres ambitions. Il aurait demandé à être classé A directement. On le lui aurait refusé, il aurait fait appel. Il est toujours aussi pressé, décidément. Et pourquoi pas ? Puisque le prix est un gage de qualité et d’exclusivité, il y a longtemps que Valandraud tient le haut de la carte Gold. Alors, oui, classé A. Bon.

- Château Faugères à Silvio Denz monterait d’un cran, de grand cru à grand cru classé. Bravo, c’est mérité.

- Et puisqu'on parle de mérite, Bernard Magrez et son Fombrauge le méritent aussi ce classement en GCC, il paraît que c'est fait.

- De même pour Grand-Corbin-Despagne et Lamarzelle, précédemment déclassés.

- Le Château Destieux verrait son vin accéder à la mention grand cru classé. Normal, c’est bon. Il vient même de gagner la Coupe des crus classés à Hong Kong à l’occasion d’une foire locale.

- Et il se pourrait même que Bellevue, récente acquisition d’Hubert de Boüard, devienne aussi grand cru classé.

On pourrait continuer dans le conditionnel encore longtemps, au risque de lasser notre lecteur. On ne le fera pas. On se dira quand même que, pour ce qui concerne le ragot pourri, il y a au moins un établissement spécialisé à Saint-Émilion. Les vieilles rancœurs posent toujours un petit problème de digestion, même aux mecs sympas.

Les photos : Gérard Perse (Pavie) et Hubert de Boüard (Angélus) photographiés par Mathieu Garçon.

Remerciements et hommage appuyé à Marilyn Johnson, son blog ici.

Tous les détails du Making Of du classement, ici

Je suis spécialement content de la promotion de Gérard Perse et d'Hubert de Boüard. Pour en savoir plus sur ces deux grands hommes, c'est par ici : Perse et Hubert de B

lundi 3 septembre 2012

Deux châteaux changent de mains
(scoop vrai)



Le premier est en Haut-Médoc, il s’agit du Château Malescasse, autrefois propriété des Tesseron, acquis entre temps par Alcatel, qui se désengage aujourd’hui. C’est Philippe Austruy qui remporte la timbale. On le connaît pour sa belle Commanderie de Peyrassol qui produit, à côté de Brignoles, de beaux rosés. Une propriété splendide avec des sculptures contemporaines au milieu des vignes, effet saisissant. La bonne nouvelle dans cette histoire, c’est d’apprendre que mon excellent ami Daniel Benharros le conseille pour la gestion de Malescasse. Il a immédiatement commissionné Stéphane Derenoncourt pour reprendre tout ça au mieux. Attendre et voir Malescasse revenir parmi les meilleurs.


Le second est à Meursault et c’est le Château de Meursault himself, remarquable pour ses immenses caves voûtées du XIIe siècle et des vins qui ont repris depuis peu le bon chemin. Le nouveau propriétaire, Olivier Halley (Ze Promodès Connection), aurait payé une petite vingtaine de millions, sans les vignes, mais avec les contrats d’approvisionnement. Il se murmure entre les rangs de vignes qu’un grand homme de la Bourgogne est aux manettes de cette opération, autrement passionnante que la non-affaire du château de Gevrey-Chambertin. Ce qui lui permettrait d’ouvrir de nouveaux débouchés pour la grande maison qu’il conseille depuis quelques années. Nous verrons ce qu’il en est.

Les photos : en haut, Malescasse. Photo trouvée sur le beau site de Guillaume Jourdan, Vitabella. En bas, les caves du Château de Meursault (D.R.).