Le blog de Nicolas de Rouyn
Bonjour.
Ceci est un blog dédié au vin et au monde du vin, qu'on appelle aussi le mondovino. Et à tout ce qui entoure le vin, les belles tables,
les beaux voyages, les tapes dans le dos et les oreilles tirées. Cela posé, ce qu'on y lit est toujours de-bon-goût-jamais-vulgaire,
ce qui peut plaire à votre mère. Dites-le lui. (Only dead fish swims in ze stream).
Les photos sont signées Mathieu Garçon, sauf mention. Pour qu'elles soient belles en grand, il suffit de cliquer dessus.
Au fait, il paraît que "l'abus d'alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération".
Nicolas de Rouyn
Ceci est un blog dédié au vin et au monde du vin, qu'on appelle aussi le mondovino. Et à tout ce qui entoure le vin, les belles tables,
les beaux voyages, les tapes dans le dos et les oreilles tirées. Cela posé, ce qu'on y lit est toujours de-bon-goût-jamais-vulgaire,
ce qui peut plaire à votre mère. Dites-le lui. (Only dead fish swims in ze stream).
Les photos sont signées Mathieu Garçon, sauf mention. Pour qu'elles soient belles en grand, il suffit de cliquer dessus.
Au fait, il paraît que "l'abus d'alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération".
Nicolas de Rouyn
dimanche 29 mai 2011
Il a inventé le TupperWine
La scène se passe chez un caviste de la rue Lamarck qui s’appelle comme ça, c’est facile à retenir. Là, une grosse quinzaine de personnes d’âge, de sexe et, même, de nationalité variés sont assis-debout autour d’une grande table en bois. Il a fait beau, les gens sont détendus. Je vais assister à un TupperWine, très bonne idée de Fabrice Le Glatin, aussi blogueur (Vin sur vin, rubrique Tous ceux que j'aime, dans la colonne de droite). Sottement, je pensais que le concept du TupperWare avait été repris tel. Non. En fait, c’est juste une dégustation chez un caviste, animée par un passionné et voilà. À aucun moment, il ne sera question de vendre-acheter du vin. J’ai trouvé ça dommage, mais un jeune homme qui gratte à Bercy, au ministère, m’a expliqué que pas du tout, mon vieux, c’est beaucoup mieux qu’il n’y ait pas de « rapports marchands ». Sans doute, jeune, mais moi, il y avait deux vins dont j’aurais bien emmené un carton de six, puisque, comme souvent, il s’agit de vins à peu près introuvables, à moins d’une longue quête. Bon, vendre du vin chez un caviste, ce ne doit pas être simple non plus.
Retour au TupperWine.
On commence par un, puis deux sauvignons. Fabrice dit les notes de tilleul, la fraîcheur, d’autres parlent de pamplemousse, je trouve ça un peu mou, on ne se parle pas encore beaucoup, mais comme il n’y a pas de crachoirs, ça va s’arranger. On est sur les basiques de la dégustation et c’est ça qui est bien. Fabrice a le bagout et la pédagogie du prof qu’il est. À la fois précis et soucieux d’être compris. Il n’a pas forcément tous les mots (ou alors il ne complique pas), mais tout le monde comprend. Pour expliquer les saveurs et les arômes, il fait appel au vécu, aux souvenirs des gens présents, on en a tous, on avance. Troisième vin. Fabrice parle des cinq sens, « le vin est un spectacle », les têtes opinent. Six retardataires s’encadrent dans le décor, le chiffre d’affaires fait un bond, ya du monde maintenant, ça galvanise le Fabrice, déjà en pleine forme. Et hop, un chardonnay. « D’où ? » Une fille lâche un timide « chablis », elle a gagné. Du coup, ça part en wild, ils parlent tous en même temps et moi aussi. Mais le prof sait faire, il a vu bien pire, les classes de 35 remontés comme des cordes à piano, ce n’est pas une poignée de bobos qui va le mettre en échec. Très vite, sans que personne ne réalise vraiment, le silence se fait, on la ferme. Fabrice en profite pour expliquer le chablisien. C’est limpide. Le vin vient de chez Vincent Laroche, il précise que non, rien à voir avec Michel, on sent presque une onde de ravissement traverser l’assistance qui, pourtant, ne sait pas qui est Michel Laroche, mais vu le ton du prof, c’est mieux que le vin vienne d’ailleurs. J’ai failli intervenir pour dire le beau travail effectué par Derenoncourt avec la grande maison Laroche, tant pis, on s’en tiendra à la petite de Vincent. Fabrice est lancé. Tout y passe. Le bois et comment il se fond ou pas. C’est technique, par moments. Certains suivent, d’autres lâchent. Toujours pas de crachoir, l’ambiance à fond, je parle à ma voisine. Fabrice appuie sur l’accélérateur, nous voilà dans les verres, le pourquoi du comment des formes. Comment on ouvre une bouteille de vin. La conservation en cave. De la température de service, on passe aux rouges. « Le fruit, y en a ou y en a pas ? ». On s’accorde vite fait, y en a, ouf. C’est un anjou, cépage grolleau, la grange-aux-belles, un ou deux ricanements, pas plus, on est aux Caves Lamarck, pas au Sofitel, on glisse. Fabrice sort les plateaux de charcuterie. Il fait tout, ce garçon. Devrait avoir une stagiaire, comme tout le monde. S’en suit un fleurie, un peu raide. Fabrice explique tout, avec des formules faciles à retenir, chacun se sent un peu plus intelligent qu’avant d’entrer. Nous voilà en train d’assimiler le nord et le sud du Beaujolais. Pump up the volume, on ne s’entend plus, Fabrice hausse la voix, il remet la soirée en perspective, résume tout ce que nous avons goûté, les cépages, les régions, il dit « kimmeridgien », l’air inspiré, l’assistance suit, les gens adorent se cultiver. Bon, on ira pas jusqu’au deuxième étage stratigraphique du Jurassique supérieur, ça pourrait être mal interprété. Comme Fabrice a tout compris, il parle de l’intérêt du carafage en passant par la beauté des carafes avant de préciser l’intérêt œnologique. Autour de la table, on est plus attentifs.
Voilà un pomerol, un gombaude-guillot 2004 en magnum. Un vin soyeux, élégant, encore un peu jeune. Fabrice se laisse aller à ses travers anti-bordeaux, pourtant. Comme il est diversement suivi, il explique les rives droite, gauche, le cabernet et le merlot, il fait des impasses, c’est plus simple d’être simple, on ne va pas s’attarder. Place aux chocolats avec un maury du Mas Amiel, et Fabrice reparti dans les commentaires pointus, ce type aurait pu être missionnaire, l’évangélisation des peuples ignorants, il aurait fait ça très bien. Et voilà, c’est fini, les débats s’effilochent sur le trottoir, on pousse un peu la contradiction, pas trop. Chacun paie son écot, vingt euros. Ce n’est pas cher. Pour la même soirée, j’en connais qui vous arrachent quatre fois ça sans mollir. Autant aller au TupperWine.
La photo : dans la lumière, c'est Fabrice Le Glatin, aka Fabrice VinsurVin, qui anime son TupperWine. Florence Andrieu a fait la photo.
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Super billet ! on s'y croirait ... et c'est bien mérité : Fabrice se donne beaucoup de mal pour organiser ses tupperwine !
RépondreSupprimersympas et encourageant
RépondreSupprimerMerci pour ce billet, Nicolas, qui me permet de passer de l'autre côté de la barrière ! Un compte-rendu vivant et rythmé, comme un TupperWine, visiblement ;-)
RépondreSupprimerFabrice, tu es déjà de tous les côtés des barrières.
RépondreSupprimerc'est Michèle Laroque, pétillante...
RépondreSupprimer"Une fille" lance un timide chablis...
RépondreSupprimerBeau billet pour une belle soirée!
Quel bel article, qui me replonge dans mes folles années berlinoises à l´orée du nouveau millénaire.
RépondreSupprimerJ´avais développé la même approche autour d´une "communauté de vin" (Weingemeinschaft, dit WG, astuce pour germaniste averti) avec des amis, puis les amis d´amis, etc... Seul le mot Tuperw.. était un mot interdit.
Ce fut un an de plaisir, d´échanges inédits, de soirées grisantes à travers toute la ville et qui me permis de faire passer le message des terroirs avec une pédagogie ludique et interactive auprès d´un public non averti et soi-disant irrécupérable, le berlinois "inculte". Au début cela avait commencé dans les arrière-cuisines et les salles à manger, puis dans des galeries d´arts avec cuisine intégrée (ptit coup de pub : si vous passez dans le coin, n´hésitez pas, les touristes n´y vont toujours pas: http://www.zagreus.net/), des menuiseries-salon avec four à pain, j´en passe et des meilleures. Qui a dit que transmettre le vin c´est compliqué ?!! Rétrospectivement: que du bonheur!