Le blog de Nicolas de Rouyn

Bonjour.
Ceci est un blog dédié au vin et au monde du vin, qu'on appelle aussi le mondovino. Et à tout ce qui entoure le vin, les belles tables,
les beaux voyages, les tapes dans le dos et les oreilles tirées.
Cela posé, ce qu'on y lit est toujours de-bon-goût-jamais-vulgaire,
ce qui peut plaire à votre mère. Dites-le lui.
(Only dead fish swims in ze stream).
Les photos sont signées Mathieu Garçon, sauf mention. Pour qu'elles soient belles en grand, il suffit de cliquer dessus.
Au fait, il paraît que "l'abus d'alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération".
Nicolas de Rouyn



mardi 31 mai 2011

Le caberlot, cépage unique


Tout se passe en Italie. La Toscane, ses ciels, Marcello, Monica (Vitti, pas Belluci, pfff), la jolie serveuse de la trattoria et la mer en bas. Là, dans une vigne abandonnée (et pas dans la trattoria, ni dans la mer), un botaniste du nom de Bordini découvre un cépage hybride par croisement naturel qui présente tous les caractères du cabernet et du merlot. L’homme de science en cultive quelques pieds dans sa pépinière. Tout le monde se rendort. Fin du premier acte.
Wolf Rogosky, déjà propriétaire d’une maison alentour depuis 1972, se branche sur l’affaire quelques années plus tard et obtient l’exclusivité de ce cépage unique. La première parcelle est plantée en 1985, la seconde en 1999, la troisième en 2004. Le vin est baptisé Il Caberlot, contraction hasardeuse de cabernet et de merlot. C’est un micro-vignoble à la bourguignonne qui, avec ses trois parcelles, totalise 2,5 hectares. La pratique culturale plus proche de la couture que de l’agriculture, la rigueur exigeante des propriétaires, la nature du climat et voilà un peu plus de 3 000 magnums et double-magnums qui partent à l’assaut du monde chaque année. C’est le choix de Wolf Rogosky depuis la première vendange. Il embouteillle uniquement en grands formats. Ces vins rares se vendent autour de 250 euros le magnum.
Wolf est décédé en 1996. Aujourd’hui, son épouse et son fils veulent raffiner l’aventure. Il s’agit de construire un nouveau chai (très beau, bien sûr) et il faut de l’argent. Moritz, le fils, a une idée. Un peu chère, mais chic.
Moritz propose à cent investisseurs de verser 25 000 euros pour l’édification du chai et, en échange, de recevoir un magnum de caberlot chaque année pendant 99 ans. La rentabilité de l’affaire dépendant du cours de ce vin dans les ventes aux enchères. On peut assez légitimement espérer que le caberlot tiendra une belle cote en raison de sa rareté, de sa curiosité et de son origine géographique, tellement hype. La Toscane parle fort.
L’autre idée est de les boire consciencieusement, un par un, un par an, jusqu’à la fin de vos jours et de céder le solde des millésimes à venir à vos ayant-droits. Un par an, on ne peut pas parler d’addiction, et vous laisserez de vous un souvenir épatant, c’est peut-être votre dernière chance (non, c’est pour rire). Vous pourrez jouer à ne pas en boire pendant quelques années et, par surprise, offrir la verticale sublime à vos amis. Vous pouvez aussi les accumuler, à la manière d’un collectionneur sobre et un rien décevant. Le nouveau chai du caberlot est un jeu sans fin. Et le vin, vous demandez-vous ? Moi aussi. Je n’en sais rien, je n’en ai jamais bu, je le goûte ce soir. La suite au prochain épisode, donc, avec les coordonnées complètes de Moritz Rogosky si vous vous sentez de participer au grand jeu.


La photo : cette croix miraculeuse dans le ciel de Toscane, deux traces d’avions, aurait inspiré la nouvelle étiquette de Il Caberlot, photo D.R.

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4 commentaires:

  1. On en a eu à Villa d'Este : où donc traînaillez-tu ?

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  2. Je sais, Moritz me l'a dit. Je suis passé à côté comme un nigaud.

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  3. Et moi, j'ai eu la chance de la boire au chai.
    Merci à Moritz et Bettina ...

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