Le blog de Nicolas de Rouyn

Bonjour.
Ceci est un blog dédié au vin et au monde du vin, qu'on appelle aussi le mondovino. Et à tout ce qui entoure le vin, les belles tables,
les beaux voyages, les tapes dans le dos et les oreilles tirées.
Cela posé, ce qu'on y lit est toujours de-bon-goût-jamais-vulgaire,
ce qui peut plaire à votre mère. Dites-le lui.
(Only dead fish swims in ze stream).
Les photos sont signées Mathieu Garçon, sauf mention. Pour qu'elles soient belles en grand, il suffit de cliquer dessus.
Au fait, il paraît que "l'abus d'alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération".
Nicolas de Rouyn



mardi 23 mai 2017

Crise de pinot

C’était il y a deux ans environ, je préparais un voyage en Orégon en sifflant avec conscience et méthode le petit stock d’un restaurant que j’aime bien, l’Écailler du bistrot, rue Paul-Bert à Paris. Des pinots noirs de la Willamette (une AVA de l'Oregon, donc) en provenance d’une winery au nom italien, Montebruno, des sélections parcellaires d’une exécution particulièrement pinot noir. C’est-à-dire des vins assez pâles, pas follement tanniques, très buvables, voire torchables comme on dit dans les salons de vins alternatchifs. Des vins à 13° d’alcool quand même, mais équilibrés assez pour que ça ne se sente pas. C’était bien, j’aurai pu rester rue Paul-Bert.

Et puis il y eut l’Oregon et huit jours d’immersion dans toutes sortes de barriques de pinot noir. Les Drouhin, bien sûr, avec une préférence pour les Roserock 2014. Mais aussi ceux de Jean-Nicolas Méo (Nicolas & Jay), ceux conseillés par Louis-Michel Liger-Belair (Chapter 24) et d’autres, plein d’autres. Dont quelques millésimes anciens extraits des caves de Domaine Drouhin Oregon (ce 1998 de bonne venue) et de moins anciens (environ dix ans) découverts sur les cartes des vins des restaurants de la Willamette, Nysa a été un gros coup de cœur, millésimes 2004 et 2007. Et tous ceux rencontrés grâce à Véronique Drouhin et, particulièrement, les grandes bouteilles de Josh et Caroline Bergstrom, venus un soir en voisin assister à la Paulée de Dundee.
À ce stade, j’étais pris.
De retour en France, j’ai mis en œuvre une vaste étude des possibilités immenses du marché, étude qui dure encore. En passant par les pinots noirs d’Italie, le Riserva Mazon de Hofstatter dans le Haut-Adige, les pinots noirs de Sancerre du domaine Vacheron et ceux, incroyables, des frère et sœur Zusslin en Alsace. Et des bourgognes, évidemment, à la recherche de vins que je ne connaissais pas. J’ai été conquis par les sélections parcellaires du château de Chamirey à Mercurey (en-sazenay 2014, époustouflant) ou l’adorable irancy de Clotilde Davenne qui contient, je crois, un peu de césar en plus du pinot noir. Puis ceux de François d’Allaines que je connaissais déjà, mais que je regoûte avec infiniment d’attention. De tout ça, j’ai fait des emplettes pour ma cave. On les reverra, mais pas tout de suite. Et puis, il en reste tant et tant à goûter. La Nouvelle-Zélande, déjà et la Suisse. Et ceux de la côte est des États-Unis, les Finger Lakes, je suis sûr que c’est bien.

Tout ça pour dire et témoigner de la production du Clos des Fées. Là, Hervé Bizeul a planté du pinot noir, « on en est à la quatrième feuille », j’ai acheté des 2015 l’hiver dernier et l’autre après-midi, j’ai été goûter son 2016. Réussite totale. Finesse, arômes, légèreté (ou équilibre), un vin brillant et limpide, tu recraches pas, t’en veux encore, magique, j’en achèterai aussi. Malgré un nom à coucher dehors, limite embarrassant que, bien sûr, je n’ai pas retenu ou même retrouvé sur le site du domaine. Pas grave, je le passerai en carafe, de toute façon.

On croyait le pinot noir voué aux vignobles septentrionaux
et voilà qu'il va bien dans le sud.

En lire plus sur les pinots noirs d'Oregon, c'est ici (clic)

lundi 22 mai 2017

Mes magnums (35)
Un blanc de blancs intense

Gosset, grand blanc de blancs 


Ce qu’il fait là 
Ce n’est pas le dernier des vins élaborés par le regretté Jean-Pierre Mareigner que nous aurons le plaisir de découvrir dans les années qui viennent. Ce chef de cave emblématique de la maison a réussi à faire un blanc de blancs intense qui ne renie pas le caractère vineux des autres productions de Gosset.

Pourquoi on l’aime 
Pour son caractère inhabituel dans la famille des blancs de blancs. Il a de la finesse et de la structure, plus terrien qu’aérien. C’est un champagne fait pour ceux qui aiment le champagne pour de bonnes raisons.

Combien et combien
2 000 magnums, 117 euros le magnum.

Avec qui, avec quoi
Avec des amateurs avérés. Et à table sur une gastronomie qui va des gougères champenoises jusqu’aux huîtres en passant par le risotto. Au parmesan, bien sûr.

Il ressemble à quoi
C’est une sorte d’ovni dans le ciel bien organisé des champagnes. Vous pensez, un blanc de blancs qui n’a pas « fait sa malo », ce n’est pas ordinaire, presque un contresens. Oui, mais c’est très bon.

La bonne heure du bonheur
Quoi qu’on en dise, c’est quand même à l’apéritif que je le préfère.

Le bug
Il surprendra les dogmatiques du blanc de blancs.

Ce qu’en dit le Bettane+Desseauve
Caractère vif, mais ample, bouquet de zeste d’agrumes, de fruits blancs et de notes finement beurrées. Superbe blanc de blancs en phase avec le style vineux et intense de la maison.

Ce texte a été publié sous une forme différente dans ENMAGNUM n° 6.
Il fait partie de la série "Interviews de magnums".

Toutes les photos de cette série sont signées Fabrice Leseigneur.

Voici ENMAGNUM #07, en vente chez votre marchand de journaux depuis quelques jours :

 

dimanche 14 mai 2017

Tu vas pas me faire croire que…

Si.
Me voilà sur la petite route pentue qui longe le mur du clos des Maréchaudes. Nous sommes au pied de la colline de Corton, juste au-dessus des premières maisons du village d’Aloxe-Corton. Ce clos des Maréchaudes fait partie du portefeuille de vignes du Domaine du Pavillon, propriété historique de la maison de négoce Albert Bichot, à Beaune. C’est un monopole, comprendre que la maison est seule propriétaire de l’intégralité du clos.
L’endroit a une particularité assez difficile à cerner et, je crois, pas très répandue. Une complication très bourguignonne.
La partie haute est classée en corton grand cru, la partie basse est en premier cru aloxe-corton. À l’œil nu, la différence entre ces deux qualités est à peine perceptible. Il n’y a pas de sentier qui sépare les vignes de l’une et de l’autre appellation, pas de muret, tout juste un léger renflement de la pente, vraiment pas grand’chose. Et on peut comprendre que des esprits cartésiens ne veuillent pas y croire et rigolent doucement. En fait, comme souvent, tout se passe en sous-sol et ceci explique cela.
Au nez et en bouche, la différence est majeure, immédiatement ressentie. Le corton est soyeux, profond, délicat. L’aloxe-corton ne fait pas mauvaise figure, mais ce n’est pas pareil. On dira qu’il est expressif et généreux, mais la race est en corton. Il s’agit là du millésime 2014.




Rappelons que corton désigne un vin rouge et corton-charlemagne, un vin blanc.


mardi 2 mai 2017

Mes magnums (34) le chef de la bande
des grands champagnes

Taittinger, Comtes de Champagne, blanc de blancs 2006 



Ce qu’il fait là 
La très estimable maison Taittinger occupe une place enviable dans le décor champenois. Pour une raison au moins, l’épatant classicisme de sa production. En vestale du temple, elle garde un cap élégant, mais ferme. Taittinger ne transige pas avec le style.

Pourquoi on l’aime 
Nous aimons tous le blanc de blancs, cette sorte de sublimation de l’idée même du champagne. Parce que celui-là a une allure folle et que, donc, nous sommes sous le charme de ce vin blanc issu de raisins blancs, le chardonnay.

Combien et combien 
Production tenue confidentielle, 290 euros le magnum

Avec qui, avec quoi 
Bien sûr, il se trouvera de grands amateurs pour vanter ses compétences à table. Pas moi. Il se trouve que mon premier déjeuner « officiel » en Champagne s’est passé chez Taittinger dans leur délicieux petit château de la Marquetterie, une merveille Louis XV. Après quelques-unes des cuvées Taittinger, un grand cru classé de Pauillac dans un millésime avantageux a fait son apparition, dûment décanté. Je ne pratique plus autrement. Pas de déjeuner ou de dîner tout-champagne.

Il ressemble à quoi 
Il collectionne les « plus ». C’est le champagne de grande classe, par excellence.

La bonne heure du bonheur 
Avant de passer à table, décidément.

Le bug 
Il vient de passer près de dix ans dans les crayères de Saint-Nicaise, accordez-lui le temps de s’en remettre, quelques mois et tout ira bien.

L’autre bug
Le rosé est encore meilleur #jdcjdr

Ce qu’en dit le Bettane+Desseauve 
Grand raffinement de texture, fraîcheur minérale, allonge raffinée : parfait dans le cadre du millésime. 18/20


Ce texte a été publié sous une forme différente dans ENMAGNUM #06.
Il fait partie de la série "Interviews de magnums".

Toutes les photos de cette série sont signées Fabrice Leseigneur.

Voici ENMAGNUM #07, en vente chez votre marchand de journaux depuis quelques jours :