Le blog de Nicolas de Rouyn

Bonjour.
Ceci est un blog dédié au vin et au monde du vin, qu'on appelle aussi le mondovino. Et à tout ce qui entoure le vin, les belles tables,
les beaux voyages, les tapes dans le dos et les oreilles tirées.
Cela posé, ce qu'on y lit est toujours de-bon-goût-jamais-vulgaire,
ce qui peut plaire à votre mère. Dites-le lui.
(Only dead fish swims in ze stream).
Les photos sont signées Mathieu Garçon, sauf mention. Pour qu'elles soient belles en grand, il suffit de cliquer dessus.
Au fait, il paraît que "l'abus d'alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération".
Nicolas de Rouyn



samedi 26 septembre 2015

L'honneur retrouvé de Joël Robuchon

Joël Robuchon est blanchi par la justice dans l'affaire des insultes et brimades imaginaires à La Grande Maison, à Bordeaux.
C'est une bonne nouvelle pour tous ceux qui ne crient jamais avec les loups et qui ne font pas chorus aux indignations bidons des professionnels de la désinformation. Voir ce que je disais de cette pénible histoire (clic).
Je reproduis ci-dessous le message qu'il vient de m'adresser à l'instant.

Mon cher Nicolas, 

En janvier dernier, j’ai été attaqué de manière ignoble par certains médias qui ont sali mon nom et ceux de mes proches collaborateurs en prétendant que j’aurais couvert des brimades et injures faites au personnel à La Grande Maison (Bordeaux). Un quotidien suisse a même prétendu que j’en aurais été l’auteur direct. 

J’ai engagé les procédures qui s’imposaient.
Par un jugement rendu en première instance il y a quelques jours, le tribunal de Paris a sanctionné un premier titre de presse qui m’avait ainsi diffamé.
Par ailleurs le Procureur de la République de Bordeaux après une enquête approfondie, a classé sans suite la plainte du commis de cuisine qui avait prétendu avoir subi des brimades et des mauvais traitements dans les cuisines de La Grande Maison et dont les déclarations avaient été le prétexte de la campagne de presse dont j’ai été victime. 


Je tenais à t'informer personnellement de ces décisions et, à cette occasion, te remercier du soutien que tu m’as apporté et auquel j’ai été profondément sensible. 

Joël 



Je pense que ce n'est qu'un début. D'autres médias vont sentir passer la justice et je pense tout particulièrement à un ou deux malins qui doivent se sentir tout petits, ce soir. Fallait pas y aller, les gars. Pour les détails, je vous renvoie à vos quotidiens et télés favorites, je suis sûr qu'ils vont se faire un devoir d'en informer le public.

Joël Robuchon et notre ami Daniel Benharros







lundi 21 septembre 2015

Pendant que j’y pense #28

1 Les vins d’un producteur de pouilly-fumé ne sont pas agréés par son appellation. Air connu, typicité, le succès fait des jaloux, etc. Comme souvent (Richaud, Gourt de Mautens, Domaine de Souch, d’autres, La Bégude, Pontet-Canet, Trévallon il y a déjà longtemps, etc.), ce garçon fait partie des tout meilleurs de ladite appellation. Il s’appelle Alexandre Bain et toute la blogosphère a eu l’occasion de s’émouvoir, à raison. J’ai déjà publié ce que je pense des méthodes des gestionnaires des AOC, sous la forme d’un commentaire anonyme et magnifique (clic). Recommencer à s’énerver pour une énième vilenie, non merci.

2 Un millésime pourri, ce 2004. Sûrement, mais moi, je suis tombé sur deux ou trois très belles bouteilles qui, après onze années de maturation sont au top, comme dirait l’autre. Dont le château-la-lagune, que je n'attendais pas à pareille fête ou le château-fombrauge, deux merveilles. Ou encore le côtes-de-bourg de Roc de Cambes, autre splendeur en plein épanouissement. De la relativité des petits millésimes. Ah, les propos de certains commentateurs qui poussent des soupirs exaspérés à l’évocation de ce millésime pourri. J’ai bien fait d’en acheter, tiens. Bien sûr, le mieux c’est de boire un premier cru classé dans un très grand millésime à son apogée. Ok, ok…

Grand vin, petit millésime, l'équation se confirme


3 La Cité des civilisations du vin est en phase d’approche et nous nous réjouissons d’enfin visiter l’étonnant bâtiment. Mais elle perd le mot « civilisations » au passage au motif que c’est « passéiste » et que « Cité du vin, c’est plus accrocheur ». C’est un directeur local qui parle, pas moi.
Drôle d’idée.
Je me demande à quoi ça sert, cet abandon de souveraineté. Comme si le vin n’était pas une, deux, trois, dix civilisations. Cette décision manque singulièrement de culture, de passé justement. Le fond, cher monsieur-madame, c’est ce qui manque le plus à toutes ces entreprises de vulgarisation (expliquer des choses au public). « Civilisation » n’est pas un gros mot. Et le vin, son monde, ses cités, ses citadelles ne sont pas seulement des produits de consommation. En plus, ajouter ou enlever le mot « civilisations » ne changera rien au nombre de visiteurs, dites-lui.

4 Cet été pendant que, bien calé dans un repli du mois d’août, je regardais pousser le gazon, le monde s’est énervé à cause de la LGV destinée à transpercer le vignoble de Sauternes. Pourtant, les autorités en charge s’étaient prononcées sur l’abandon de cette idée grotesque. Ben non, l’activiste hystérique qui défend ce projet du fond de son poste de haut-fonctionnaire a remis le couvert. Il n’a pas gâché le soleil, rassurez-vous, mais la vigilance s’impose.

5 De la relativité de l’info. Un domaine inconnu exploite des vignes à Montagne, Lalande et Pomerol et déclare des trucs sans intérêt, « pas besoin de bois pour faire vieillir le vin », à DrinksBusiness, qui en fait un papier, qui tweete et voilà quelques braves gens qui se demandent si, etc. Pfff. Faut-il commenter un non-sujet ? Ben non.

lundi 14 septembre 2015

Le challenge pluie - plaisir

Les pluies torrentielles du samedi ont fait place aux pluies diluviennes du dimanche. Devant ma fenêtre, l’avenir est sombre. Réagir. Ne pas laisser la mélancolie nous envahir. Voilà trois bonnes idées pour gagner contre le spleen des dimanches de pluie.
- Un champagne rosé : la cuvée « Sourire de Reims » de la maison Henri Abelé, un pur jus de griottes avec des bulles fines, le haut de gamme des sensations, très belle réussite. Bouteille de 75 cl largement sous-dimensionnée. Quand c’est très bon, passez au litre, messieurs.
- L’admirable meursault-perrières de la maison beaunoise Joseph Drouhin. Une promenade aromatique hors pair sur une trame parfaite dans le beau millésime 2005, un blanc sec et voluptueux à l’envi. Un vin de lumière.
- Une bouteille inhabituelle en provenance de Château Montus, la cuvée 2 000 jours, millésime 1994, adorable vin follement bordelais, précis, ample, somptueux de texture. Un jour de 1994, Alain Brumont, roi du tannat, a eu l’idée de laisser vieillir une part de sa production pendant six ans (2 000 jours à peu près) dans du bois neuf pour célébrer l’an 2000. C’est Chambas qui a fait l’étiquette en forme de fenêtre sur le contenu de la bouteille. Castelbajac est annoncé sur la contre-étiquette, mais je n’ai pas compris ce qu’il avait fait.
Le lundi matin, il pleuvait encore. Comme quoi.

Henri Abelé, cuvée Sourire de Reims, champagne rosé 2008

Joseph Drouhin, meursault-perrières premier cru 2005

Château Montus, cuvée 2 000 jours, 1994


samedi 12 septembre 2015

Tiens, les Français stockent du vin

Les Français, qui ont tous les défauts, quand on écoute les élites, ce qui n’est pas obligatoire du tout (et de moins en moins), ont quand même des vertus cachées. Il a suffi d’un sondage Ipsos pour EuroCave pour qu’une des vieilles lunes des marketeurs s’effondre.
63 % de Français stockent du vin.
Hein, quoi, comment ça ? Si, ils stockent du vin et voilà. Du coup, les discours débiles sur les vins prêts à boire, production imposée par un marché de jouisseurs qui veulent tout, tout de suite, tombent comme un vieux raisin botrytisé à l’excès.

« En moyenne, les Français stockent chez eux 67,7 bouteilles » dit l’étude qui illustre le propos de quelques anecdotes sur les lieux de stockage du genre « dans les toilettes » ou « sous mon lit » qui ne disent qu’une chose : la passion. Il en faut pour allonger 60 bouteilles sous la couche conjugale et pour, dès qu’on gagne un peu sa vie, acheter du vin pour le laisser vieillir (83 % d’entre eux nous, c'est énorme). Ce qui, au passage, nous renseigne sur le niveau d’intérêt des dits Français pour le vin, grosse évidence dont les politiques dans leur quête électorale si maladroite feraient bien de tirer les conclusions qui s’imposent au moment de se présenter devant leur clientèle et/ou de verser les monstrueuses subventions annuelles aux lobbies prohibitionnistes. Et puisqu’on en parle, ces chiffres sont également une négation violente du discours prohibo dans sa totalité.
Bref, que des bonnes nouvelles.

Regardez le tableau ci-dessous, il ouvre mille perspectives et il m’enchante. Il montre bien que les sous-doués des services marketing travaillent au doigt mouillé, au ressenti perso, à l’air du temps et ne parlent à personne vraiment, ne sortent dans la rue que pour la poubelle, ne réfléchissent à rien, ne lisent rien, n’envisagent les consommateurs qu’à l’aune de leur pauvre culture hors-sol.




 Merci à Fabrice Beaugrand (@fabricebgd) qui a twitté ce tableau et le lien, c'est l'arc-en-ciel de ma journée.

mardi 1 septembre 2015

« Tout est en place pour du très bon »

Les moiteurs de l’été n’ont pas empêché une rumeur persistante d’arriver jusqu’à chacun d’entre nous sur le thème « Tiens, un grand millésime ». C’est suffisamment habituel pour ne provoquer qu’un vague soulèvement de paupière, les mieux informés et les moins oublieux se souvenant qu’il y a quatre vendanges que Bordeaux n’a pas été à pareille fête.
Les communiqués de victoire en provenance des quatre coins du vignoble français ne disent pas autre chose, rédigés par les meilleurs communicants du métier. Moi, j’ai choisi d’en publier un, celui de Stephen Carrier au Château de Fieuzal (cru classé de Pessac-Léognan), parce que au bout de deux lignes tu comprends que c’est lui qui l’a écrit, avec ses convictions, sa science, son côté franc du collier.
Bref, tu y crois. Moi aussi. Le voilà :

« À Fieuzal, le cycle végétatif s’est déroulé pour le mieux avec une météo favorable qui n’a pas engendré de problème particulier à la vigne, limitant ainsi nos interventions. Du débourrement vers la mi-avril à la fleur fin mai pour les premiers merlots, les conditions ont été idéales, dans la mesure où les ceps ont pu évoluer sans contrainte avec des précipitations mesurées à 180 mm contre 300 de moyenne décennale sur notre finage. 
Pour rappel, sur cette même période, nous avions enregistré 214 mm en 2010 et 275 mm en 2009 contre 401 mm en 2013. 
S’en est suivi un mois de juillet que je qualifierai de sec (43 mm vs. 60 de moyenne décennale). 
J’ai lu et entendu parler de stress, de blocage et il a même été question d’irrigation fin juillet. En fait, rien d’alarmant nous concernant, quelques contraintes ici et là sur des vignes jeune, mais rien que l’on n’ait pas déjà observé sur le reste du vignoble les années précédentes. Sans doute les faibles précipitations au sortir de l’hiver et du printemps ont-elles amplifié cette perception d’arrêt de croissance comme je l’avais observé en 2003. Il se trouve que le travail du sol tel qu’il est fait à Fieuzal permet à nos ceps l’implantation du système racinaire en profondeur et ainsi de pouvoir supporter quelques épisodes caniculaires comme cela a été le cas en juillet. 
Et puis août a été humide, juste ce qu’il faut pour affiner la maturité avec une pluviométrie au delà de la moyenne décennale (90 vs. 57 mm). Des effeuillages sur la majorité du vignobles, quelques éclaircissage afin de décompacter quelques jeunes vignes. Cette dernière tâche a eu pour objectif principal l’aspect sanitaire plus que l’aspect quantitatif, car même si le nombre de grappes est conforme à nos attentes, le poids des baies est faible. Pour exemple, les valeurs obtenues lundi sur le poids de 100 baies de sauvignon blanc pesées à 120 g vs. 180 g de moyenne. A l’heure où je vous livre mes premières impressions sur ce millésime 2015, des épisodes caniculaires sont prévus pour les dix jours à venir avec des nuits fraîches. 
Tout est en place pour du très bon. Nous allons débuter la récolte de nos blancs la semaine prochaine en commençant comme chaque année par les sauvignons. » 

Qui mieux que lui ?